Je sors de ma valise un énième livre, elle est remplie de bouquins, puisse que cette année, il n’y a pas de bibliothèque dans la maison. Apparemment ils essaient de tuer le coté intellectuel de l’émission, bref. C’est le bouquin sous le bras, que je sors de ma chambre, je vais dans le salon. Mince, je vois le blond que j’essaie d’éviter depuis le prime. On fait un cache-cache, involontaire pour lui, volontaire pour moi. Je vais donc devoir me trouver un nouvel endroit. Hm, cherchons un endroit où personne ne viendra ... Les cachots, c’est une évidence pour moi, par contre c’est un peu glauque pour aller lire un livre là-bas, peu importe, peu importe, j’irai. Mes pas m’amènent dans les cachots, enfin, devant la porte que je pousse doucement du plat de ma main. Et non, je ne suis pas seule. Ennio est aussi présent. Il me salue, je souris vaguement. « Oui, on s’est jamais parlé. » Je lui confirme alors. Il me pose une question, je m’arrête. « Là, tout de suite ? ... » Je lui demande vivement, merde, je viens de perdre deux secondes. Je prends un seconde pour réflechir, les cachot, ça me rappelle pas mal de choses. « Ca me rappelle ma cave en Israël, les chaines en moins bien sûr, j’y allais souvent quand j’étais gosse. C’était assez marrant. » Je réponds alors dans un murmure. C’était vrai, on avait une grande cave sous la bâtisse dans laquelle on habitait tous, je me souviens, on y allait à plusieurs, genre dix ou quinze, juste pour l’adrénaline, ou pour se faire peur au choix. J’avais toujours peur moi, bien sûr en grandissant, cette cave est devenue assez banale pour moi. Revenons à Ennio, que faisait-il ici ? Mon regard dévie sur son bras, et j’aperçois ses tattos. « Le troisième tatoué de la maison. » Je commente en observant de plus près les dessins noirs qui ornaient son bras. J’ai toujours aimé les tatouages, d’ailleurs, c’est pour cela que j’avais commencé à parler à Sami, pour ses tattos. Un peu bizarre, j’imagine. Résumons, on a Sami, Loxias, et Ennio. « Qu’est-ce que tu es venu faire ici ? » Je lui demande finalement, en relevant la tête pour croiser son regard.

Première fois que je lui parlais, vraiment étrange. En même temps faut dire que mon groupe ici est très restreint, et que je ne suis pas tellement bavarde, une fois que la discussion est lancée, c’est bon, mais sinon, j’ai tendance à préférer la solitude. Et ici, elle est très rare malheureusement, vous pouvez imaginer comme certains jours, j’ai du mal, avec les candidats. Bref, son ‘parfait’ m’interpelle, je ne veux pas qu’il croit qu’on a des coutumes bizarres en Israël, non pas du tout. Non mais ça me rappelait juste ma cave, parce que le reste de ‘mon chez-moi’ est tout à fait normal, et puis, on avait fini par aménager correctement la cave . « Ils se sont sans doute dit qu'ils allaient continuer sur leur lancée, après les jolies poupées abandonnées par leurs parents la saison dernière, c'est les punko-tatoués abandonnés par la société cette saison-ci. » me dit-il, j’arque un sourcil avant de répondre. « Ils aiment parfois faire dans le cliché faut croire. » Je lui réponds alors. « Je... Je n'sais pas si... Je veux dire... » Avant de continuer sur son hésitation : « D'accord. D'accord, je vais te le dire. Oui. Oui, c'est ça. » Termine-t-il. Je vois bien qu’il fait exprès de faire durer la chose, c’est mal. « Aller, accouche. Dis-moi. » Je lui demande, narquoise. C’est que je ne suis pas très patiente comme fille et je le sais. Bon cette expression, on la sort plus aux filles j’imagine, à vrai dire, j’en ai rien à faire, j’ai l’excuse de ‘je ne suis pas française’ alors je ne manie que vaguement leur expression. Il finit par parler, enfin, il cherchait seulement des lunettes ? « Oh, que je suis déçue. » J’annonce, je m’attendais à un truc un peu plus important vu le temps qu’il avait pris pour me l’avouer. Des lunettes, tout simplement. J’avise la pièce, je pivote légèrement, non, elles ne doivent pas être là, en même temps, des lunettes aux cachots ... Je vois son regard qui s’accroche sur la couverture de mon livre, il finit par me demander ce que je lis. Tom-Tom et Nana suppose t-il. J’esquisse un sourire amusé. « Je suis un level au dessus quand même, n’abuse pas. » Je m’entends répondre. « C’est ‘Vampires’ de Thierry Jonquet, son roman inachevé. Tu connais ? » Je lui demande alors. Le roman n’était pas fini bah parce que l’auteur était mort de maladie, il me semblait bien, j’avais lu un article recemment, mais je ne me souvenais plus des détails de sa mort. Peu importe. « Un livre plutôt glauque, j’essaie de me mettre dans l’ambiance, tu vois. » J’invente, et désignant avec ma main libre, d’un geste plutôt vague, la cave.

« Quel public difficile ! » Me dit-il. Je souris simplement, eh oui, je suis très exigeante comme fille, il vient de l'apprendre. Non mais bon, je m’attendais à mieux que la recherche d’une simple paire de lunettes, faut dire. Bref, sa blague à part, on parlait de ma lecture désormais. Tom-Tom et Nana, je n’en n’avais jamais lu pour dire, je m’étais mise à lire très tard, genre ... vraiment très tard, vers la vingtaine quoi. Avant soit je n’avais pas le temps ou soit je n’en n’avais pas l’envie, et puis j’étais toujours assez bonne pour trouver des excuses pour ne pas ouvrir un bouquin, très forte je vous assure. « Rassure-moi, tu ne m'inclus pas dans ce que tu appelles l'ambiance ? » Je me marre, je lève les yeux au ciel. Bien sûr que non, quoique, il pourrait très bien aller dans ce roman des plus étranges. « Non, tu n’es pas dedans, t’inquiète. » Je lui réponds, bien sûr que non, je ne le comprends pas dans le style glauque, du tout. Puis il me demande de quoi cela parlait, à part de vampires, évidemment. « D’un roumain qui trouve le corps d’un homme empalé selon d’anciennes traditions. Et y a une enquête qui part, suite à ce meurtre. » Je lui débite d’une traite, c’était à peu près ça le résumé, je ne peux pas lui en dire plus, je n’en suis qu’au début. Je viens juste de passer le cap des vingt premières pages, je ne me presse pas. Et franchement autant vous dire que j’ai failli refermer le livre une bonne dizaine de fois, à cause des détails sanglants, je suis plutôt visuelle comme fille, et là, dans ce bouquins, tous les détails sont au rendez-vous, donc je suis servie. « Là je suis au passage de l’autopsie, c’est tout à fait charmant. » Je lâche, avec une certaine ironie, non, c’était juste macabre, je me demande pourquoi je m’inflige une lecture pareille dès fois, ah oui, je sais, parce que je m’ennuis assez facilement ici. La lecture c’est mon passe-temps, mon moment de solitude. Si j’ai peur d’être frustrée en ne connaissant pas la suite ? Je secoue négativement la tête. « Non, je peux imaginer la suite comme je veux, c’est plutôt pas mal. » Je lui réponds. « Ca m’évite d’être déçue si la fin ne me plait pas. » J’ajoute alors avant d’aller m’appuyer contre un des murs du cachot.

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