W/ ZHARA

Anticipation has a habit to set you up... Assis en tailleur dans un coin de la terrasse, Milan avait sur les oreilles le casque de son iPod, et ça faisait presque une heure qu'il se trimballait avec Arctic Monkeys à fond dans les tympans. Les autres devaient sans doute être en train de bouffer, ou alors ils avaient peut-être déjà fini, ou pas encore commencé, peu importe, du coup, il était seul à l'extérieur. Pas plus mal. Il détestait écouter du son lorsqu'il n'était pas seul, ou du moins, lorsqu'il y avait avec lui des personnes relous qui ne lui foutaient pas la paix. Il ne parvenait pas à en profiter correctement, du moins. Paradoxalement, lorsqu'il mettait son casque pour échapper aux conversations chiantes autour de lui, il parvenait à être totalement captivé par sa musique, et ne faisait plus attention au reste. En l'occurrence, il avait juste envie de se refaire l'intégral du groupe anglais. Putain, il adorait ce groupe. Et putain, il adorait cette chanson. The View from the Afternoon. Bizarrement, c'était jamais les plus connues qu'il aimait le plus. Bref, paupières closes, bougeant la tête sur le rythme, il était pris par son air drums, mimant des bras les gestes du batteur. Mon dieu, une vraie machine, ce type; il n'osait même pas imaginer comme il devait se niquer les mains chaque fois qu'il jouait ce morceau en live.

Finalement, je parvenais a être de bonne humeur au bout de quelques jours. Je n’avais pas non plus envie que mon cher ami, Baptiste, me voit comme une traitresse mais flute, j’avais bien le droit de profiter mon aventure et puis le soleil pour une africaine c’est un peu comme l’eau pour un poisson, oui, rien que ça. Un sourire béat était peint sur mon visage depuis le début de la journée et encore maintenant alors que je venais de manger, je décidai d’aller dehors. Le soleil était couché depuis deux heures maintenant mais les températures étaient encore supportables (avec une veste chaude). Au début, je n’avais pas vu Milan, puis finalement je le vis assis dans un coin en train de mimer les gestes d’un batteur, il ne manquait plus que les baguettes et la batterie en fait. On peut dire qu’il fait du … ‘air drum’ comme certain font du air guitar. Bref, je ne dis rien, il avait ses écouteurs, c’était un peu inutile de parler par contre je le trouvais presque passionnant là (et surtout très drôle).

C'était crevant l'air drum. Sérieux. On disait souvent que la batterie c'était l'instrument des branleurs, parce qu'on est assis et tout, mais ça se voit que ces gens n'ont jamais essayé vraiment de jouer de la batterie. Parce que bon dieu. Cela dit, Milan aurait bien voulu savoir jouer de la batterie pour de vrai, et pas juste en agitant ses bras dans le vide. Il devait avoir l'air un peu con, n'empêche. Enfin, ça se voyait qu'il était pas en train d'essayer de chasser les mouches, parce qu'il avait les yeux fermés, et l'air à la fois emporté et concentré, mais quand même. Du coup, il faisait pas trop attention à ce qui se passait autour de lui, et si quelqu'un avait été en train de le filmer pour faire le buzz sur youtube, bah il ne l'aurait jamais su. La chanson se termina. Holy shit. Pourquoi les chansons duraient jamais éternellement ? Les putains de chansons, s'entend. Parce que les daubes à la Lady Gaga, c'était plutôt pourquoi existent-elles ? En soupirant un peu, il sortit son paquet de clopes de sa poque arrière, en fourra une entre ses lèvres et l'alluma, se laissant tomber sur le dos, une main sur le ventre, l'autre sur sa sèche. Il resta comme un ça un court instant, avant de tourner la tête. C'était lui où il y avait un flash brun, pas très loin ? Son regard tomba en effet sur Zhara. La religieuse de la maison, parait. La copine de Sonny, aussi, parait. Enfin là, pour lui, elle n'était que Zhara, vu qu'il ne la connaissait pas plus que ça. Relevant l'un des côtés de son casque, il l'observa un court instant. « Bonjour ? » fit-il avec un léger sourire un peu ironique. Elle l'espionnait ou... ?

Finalement le candidat s’allongea, je rêve il ne m’avait même pas vu ? J’étais quoi, une plante ? Finalement il me remarqua et releva un coté de son casque. « Bonjour ? » Je hochai la tête « C’est effectivement ce qu’on dit quand on sa voit. » puis, parce qu’on était un petit peu le soir et parce que j’étais d’humeur a être a cheval sur la langue, je dis « Bonsoir, Milan, dis… Tu joues vraiment de la batterie ? » Pour connaitre les gens, il faut s’intéresser a eux, en posant des questions par exemple. Ca donne l’impression d’avoir une certaine importance, ou pas, enfin je sais plus, c’était dans un de mes cours de psycho, un truc que le prof a lancer comme ça alors que je dormais a moitié dans l’auditoire.