GABY

Cette fameuse pièce, je n’y ai pas mis les pieds depuis mon retour. Plutôt étrange quand on y songe, puisque j’ai longtemps été la serial buzzeuze de cette émission. Cela dit j’ai du cesser mon activité une fois mon secret découvert, et il me manque toujours 500 euros pour appuyer sur la gâchette. En prévision de cette possibilité, je me dis qu’il est peut-être temps pour moi de me remettre en scelle, histoire de ne pas perdre la main. Je me rends donc dans la salle des merveilles, équipée comme il se doit pour cette expédition : un sac à dos contenant une bouteille d’eau, un paquet de kinder, un foulard rouge, un stylo indélébile, des feuilles et un rouleau de scotch. Je suis seule, tant mieux. Je pose mes affaires sur le sol, constatant que mes renseignements sont exacts. Cette pièce est loin de bien porter son nom, on se croirait plutôt dans la chambre noir d’un photographe de renom qui viendrait de déménager en oubliant d’éteindre la lumière. Je m’assois au centre, trouvant en vérité cette ambiance assez rassurante, fouillant dans mon sac pour en retirer le morceau de tissu que je noue autour de ma tête sur mon front, comme un pirate. Mission indice en cours. J’attrape un chocolat que j’engloutis en dix secondes, montre en main, tout en m’emparant du Velléda et d’une feuille de papier. Je m’approche du mur, la positionnant contre celui-ci avant de gratter avec le cul du stylo. J’ai l’espoir de faire apparaître quelque chose, dissimulé sous le noir. Cependant je n’obtiens rien de concluant sur cette partie de la pièce. Je me décale un peu lorsque Gabrielle fait son entrée, détournant mon attention de ce dur labeur. Je dois avoir l’air un peu folle, dans cette position, aussi je m’empresse de lui expliquer. « Ils attendent quoi pour nous filer des indices, que le jeu soit terminé ? » Non parce qu’honnêtement, je note un certain relâchement de la part de Cupicon. Ses coups de fil lors du prime deviennent répétitifs, ses missions je n’en ai jamais vu la couleur, et ses interventions se font de plus en plus rares. Il se prend des vacances ? Il se désintéresse de nous ? Il anime d’autres émissions de télé réalité ? Je m’interroge. Je me tourne complètement vers la rousse, laissant mes investigations de côté en retournant près de mon sac. Je tends un Kinder dans sa direction, faisant la moue. « Parce que je n’sais pas toi, mais moi je suis loin de me refaire une belle cagnotte . . . » J’esquisse une petite grimace, signifiant par là que je n’ai pas la moindre idée du secret de qui que ce soit, et que je me suis mise en tête que peut-être, des trucs sont cachés là, juste devant nos yeux.

Elle a décidé de s'y mettre à la chasse aux secrets, parce que jusque là, elle était franchement mauvaise, la seule personne qu'elle aurait pu potienciellement buzzer c'était barrée il y a des semaines, elle se retrouvait sans idées, ni cibles, c'est dommage. Elle se rend pour la première fois dans la salle des merveilles, toute noir, c'est quand même étrange comme choix de couleur, noir, si sombre. Gabrielle pousse la porte de la pièce, et tombe sur Sixtine, entrain de gratter le mur avec son stylo, elle s'immoilise un instant, les sourcils arqués, une moue septique sur le visage. Elle faisait quoi là ? « Ils attendent quoi pour nous filer des indices, que le jeu soit terminé ? » Elle a tellement raison, la blonde lui tend un Kinder, la rousse la remercie d'un léger sourire. « Parce que je n’sais pas toi, mais moi je suis loin de me refaire une belle cagnotte . . . » La rousse se marre, c'est vrai Sixtine a été mise à sec part Syssoï. Il est quand même très observateur puisse qu'il a trouvé plus de deux secrets, la rousse est contente d'être sa partenaire, car, son secret n'aurait pas fait long feu, comme cela de Moore, ou de Sixtine. La rouquine se demande même qui est la prochaine victime du russe, allez savoir, cela pouvait-être n'importe qui. « Pareil pour moi, je n'ai absolument aucune idée. » soupire t-elle une brin déçue en se laissant tomber avec douceur et délicatesse sur les genoux, tout près de Sixtine qui s'était rapprochée de ses affaires. Gabrielle s'installe en tailleur sur le sol, et décortique minutieusement l'emballage de son Kinder qu'elle laisse tomber sur le sol, avant de croquer dans le chocolat. Punaise, ça faisait vraiment longtemps qu'elle n'avait pas mangé de surcrerie, non pas que Gaby suivait un régime particulier, mais elle n'en mangeait pas tout simplement, elle voulait préserver ses dents en fait, et son dentiste par la même occasion. « J'aurai bien voulu partager mes pseudos pistes avec toi, mais je suis dans le même cas que toi, voire pire, j'ai l'impression d'être aveugle tu sais. » murmure t-elle en souriant parce ouai, niveau secret, elle est complétement hors course la française, à côté de la plaque, complétement à la ramasse, on ne peut pas faire pire qu'elle.

Eh oui, aussi malheureux que ça puisse paraître, je n’ai même plus de quoi buzzer. Goliath est bien plus efficace que moi pour percer les autres à jour, et dieu sait que je me donne du mal. Par exemple, la demoiselle qui se tient face à moi, je serais incapable d’émettre une hypothèse sur ce qu’elle nous cache. C’est l’une des candidates derrière lesquelles je suis loin, trèèèèès loin en ce qui concerne les secrets. Je devrais peut-être tenter de torturer son partenaire, de me jeter sur lui, de le noyer, de le menacer avec une bouteille brisée, afin qu’il me lâche des indices sur la rousse. Mais je suis presque certaine de perdre. Je suis relativement rassurée de savoir que je ne suis pas seule, puisqu’elle me confirme qu’elle non plus, n’est pas très perspicace dans ce domaine. J’attrape un autre Kinder, l’engloutissant aussi rapidement que le précédent. Moi et le chocolat, c’est une grande histoire d’amour à laquelle je suis incapable de mettre un terme. J'aurai bien voulu partager mes pseudos pistes avec toi, mais je suis dans le même cas que toi, voire pire, j'ai l'impression d'être aveugle tu sais. Aveugle, c’est un mot qui me semble approprié à la situation. Moi aussi j’ai ce sale sentiment, et je me cogne à tous les coins de mur. Je lui tends alors le marqueur et la feuille de papier, les yeux luisants. « Tu veux pas me dessiner un indice sur le tien ? » Ouais je sais, l’espoir fait vivre. Je l’observe dans le blanc des yeux, me mordillant la lèvre. « Est-ce que tu es chatouilleuse ? » Comme si ça a quelque chose à voir dans l’histoire. Cela dit j’ai une petite lueur dans le regard qui ne présage rien de bon.