feat Ruben

Il fait super chaud, si chaud que j'suis allongé dans l'herbe depuis ce midi sautant l'heure du repas afin de profiter du soleil. Ce n'est pas tous les jours qu'un temps pareil se profile sur l'Irlande si bien que j'ai eu envie de profiter à fond de l'énergie positive du soleil sur mon organisme. Et surtout sur mon moral à vrai dire. Il était d'usage de dire que le temps influait sur notre psychique et à vrai dire c'était totalement vrai. Non seulement s'était scientifiquement prouvé mais l'ambiance du nid s'en ressentait. Si bien que la majeure partie des candidats traînait dehors. Au milieu de l'après-midi mon estomac me fit remarquer mon oubli du déjeuner si bien qu'il faisait un bruit du tonnerre, et surtout j'avais l'impression que mes entrailles allaient exploser. C'était bizarre et douloureux si bien que je n'eus d'autre choix que de me bouger avant de mourir sur place. L'intérieur était frais, beaucoup trop frais malgré le soleil qui inondait les pièces, la cuisine était déserte tout comme les autres pièces que j'avais traversé, c'était étrange. Si étrange que j'avais l'impression d'être seul dans cette immense bâtisse, et ça me donnait froid dans le dos. J'ouvre le réfrigérateur en quête d'une collation susceptible de me sustenter convenablement, aucune envie de cuisiner quoi que ce soit à ... Seize heures trente cinq comme l'indiquait l'horloge du micro-onde. Quand même. J'étais soudainement moins surpris d'avoir faim. Un petit gâteau tout à fait appétissant attira mon attention, je le dévorais déjà des yeux si bien que je n'ai pas mit longtemps avant de me décider. Je l'attrape, son coulis de fruit rouge est un appel à sa déraison, mon dieu. J'hésite un instant quant au fait de savoir si je le déguste ici, quitte à me faire remarqué par le propriétaire du gâteau qui voudrait sûrement le récupérer ou dehors, sur la terrasse. Mon choix fut rapidement fait, grâce aux rayons de soleil qui sont venus me chatouiller le bras lorsque j'attrapais une cuillère du tiroir. Mon butin en main, je file rapidement dehors. Personne autour. Super, tel un espion je me faufile à l'extérieur et pose mon gâteau sur la table, et commence à le déguster, relativement rapidement comme si ma vie en dépendait.

Quelle belle après-midi nous été donnée aujourd'hui. Le soleil était au rendez-vous, mais tel un ermite je préférais rester à l'intérieur histoire de ne pas me retrouver victime des rayons tapants de celui-ci. J'avais une peau relativement sensible, que j'essayais au maximum de ne pas trop exposer aux raisons du soleil. Après je ne vous racontais pas les insolations ou les coups de soleil auxquels j'avais droit. Un vrai supplice. Bref, tandis que la plupart de mes camarades étaient sortis pour profiter du beau temps, j'étais resté dans la cuisine, ayant eu soudainement faim après avoir passé une bonne heure à m'essayer lamentablement à la guitare, dans la salle à musique. Pour combler cette faim qui se faisait de plus en plus grandissante à mesure que les minutes passaient, j'étais allé en douce dans le cellier chercher la fameuse boite de gâteaux que je gardais pour moi depuis un moment. Il ne restait qu'un gâteau, et je décidai de le manger aujourd'hui, en guise de quatre heures. J'arrivai donc dans la cuisine, ma boite de gâteaux à la main, et en sortis le dernier. Mmm, un appétissant petit gâteau et son coulis de fruits rouges attendait d'être mangé. Je sortis alors une assiette du placard et le plaça dessus. Mais alors que je m'apprêtais à dévorer mon festin, je pus entendre Franckie m'appeler, dans le salon. Ah bordel, pas moyen de manger en paix ici. Je me dirigeai donc vers le salon, laissant ainsi mon gâteau sans surveillance. Franckie avait juste voulu que j'écrase une petite araignée qui, de toute évidence, le terrorisait. Quand je pouvais rendre service... Ma bonne action de la journée accomplie, je me rendis à nouveau dans la cuisine quand... STUPEUR ! L'assiette dans laquelle j'avais posé le gâteau avait disparu, et celui-ci en prime. Saperlipopette ! Qui avait bien pu faire ce sale coup ? Je regardai aux alentours, il n'y avait pas un rat. Puis j'aperçus que la porte menant à la terrasse était restée ouverte. Ni une ni deux, je sortis dehors pour mener mon enquête. Je tombai nez-à-nez avec Connor, assis sur la terrasse comme si de rien n'était, en train de bouffer mon gâteau. J'avançai d'un pas vif vers lui, bien décidé à obtenir des explications. « Non mais dites-moi que je rêve ! » Il était là, tranquille, mangeant en douce ce qui m'était initialement destiné. Le vaurien, le chacal, le voleur... Il allait payer cher ce vol, et qu'importe qu'il s'agisse là d'un ami. « Bah faut surtout pas te gêner, hein ! » Je pointai du regard le gâteau qu'il était actuellement en train d'engloutir. Non seulement il venait de me le dérober, mais en plus je le surprenais en train de manger comme un véritable goret. Ah vraiment, il n'allait pas s'en tirer comme ça le Connor.

J'ai quasiment englouti la moitié du gâteau, il est tellement bon faut dire, qu'on a l'impression que j'ai pas mangé depuis plusieurs jours. C'est limite si j'en ai pas autour de la bouche, dieu merci non, j'sais quand même manger proprement. Comment ai-je pu louper ces gâteaux jusqu'à présent ? Je doutais que c'était le seul exemplaire, tout comme je doutais qu'ils soient confectionné par un candidat, peut être un reste de soirée organisé par la prod' même si je ne les avais jamais vu avant cela. J'crois que j'vais demander le fournisseur en sortant pour en commander une bonne dizaine de carton. C'est bon, bordel. J'suis entrain de me délecter, savourant ce merveilleux dessert lorsque j'entends la porte fenêtre s'ouvrir, merde. Une voix s'élève, c'est Ruben, si bien que je me retourne, la bouche pleine. Je souris, un de ces sourire caractéristique des enfants qui vienne de faire des bêtises. Visiblement c'est à lui. D'ailleurs, j'ai plus de toute lorsqu'il me dit de ne pas me gêner. Bah non en effet, je me gêne pas du tout. La preuve. J'pose mes lunettes de soleil sur la table. « Bah non pourquoi ? Tiens tant que t'es debout tu ne voudrais pas aller me chercher une bière, il est bourratif ton truc, c'est horrible. » J'plaisante évidemment, mais j'sais pas pourquoi j'ai pas l'impression qu'il ne le prenne de cette façon. Tant pis, déjà j'arrête de bouffer, et j'pose la cuillère. « Oh c'était à toi ? » Non c'était au père noel. J'ai envie de rire, c'est pas drôle et ça me saoulerait si quelqu'un était entrain de me voler mon gâteau, mais qu'est-ce que j'peux faire j'vais pas le recracher si. « Bah, tiens, je te le rends, enfin cette partie là, c'est mieux que rien. » J'ai toujours aussi faim mais tant pis, j'vais me laisser mourir à petit feux. Il doit rester un peu plus d'un quart c'est mieux que rien en réalité.

J'aurais pensé que Connor était de ceux que je ne viendrais jamais à surprendre en flagrant délit de vol. Hélas, les faits étaient là et ce gâteau se retrouvait bel et bien dans la bouche de Connor cet après-midi. Mon gâteau, plus précisément. Car oui, c'était moi qui avait été le chercher jusque dans ma planque secrète, quelque part dans le cellier. C'était également moi qui avait sorti une assiette pour l'y poser. C'était à moi que ce petit gâteau revenait de droit. Et pourtant, en l'espace d'un instant, on m'avait dérobé mon bien. J'en venais presque à maudire cette foutue araignée qui avait détourné mon attention, laissant ainsi le champ libre et permettant à Connor de s'introduire en douce dans la cuisine afin d'y prendre la première chose à bouffer qui lui était tombée sous la main. Le gâteau était au beau milieu de la table, on pouvait difficilement le rater. Et en gros goinfre qu'il était je supposais même qu'il s'était littéralement rué dessus, tel un ogre affamé. Si je pouvais aller lui chercher une bière ? Et ma main dans sa figure, ça le tentait aussi ? Il y avait des limites, tout de même. Je n'étais la boniche de personne ici, et ça n'était pas prêt de changer. « Ou alors tu bouges tes fesses et tu vas la chercher toi-même, ta foutue bière mon Coco. » Sur ce il posa sa cuillère. Il me demanda alors si ce qu'il venait d'engloutir était à moi. Sans blague. Il se foutait de ma gueule ou bien ? « Non non, tu sais je viens juste faire le gendarme et te reprocher de bouffer un gâteau que je n'avais absolument pas prévu de manger. Normal, quoi. » Autant dire que oui, ce gâteau était le mien, et que j'appréciais très moyennement le fait que Connor ait cru bon de me le voler. Il proposa finalement de me rendre le gâteau, enfin, ce qu'il en restait. Autant dire quasiment rien. Ah il s'était bien fait plaisir le Connor. « Bah putain. Avec ça c'est clair que je ne vais pas m'étouffer, hein. Oh et puis garde-le. J'en veux pas. À vrai dire tu m'as coupé l'appétit. » Parfaitement, je n'avais même plus faim. Cette réaction de ma part pouvait paraitre un peu excessive pour un simple gâteau. Mais qui était ce mec qui, la première semaine, avait explosé de rage pour un verre de menthe à l'eau ? Et bien, c'était moi. Cela résumait bien la situation actuelle.