Artie & Moore

La bibliothèque, ou le savant repère des intellectuels de ce nid... ou de ceux qui cherchaient un endroit paisible pour faire un peu n'importe quoi, et par n'importe quoi j'entends bien sur s'envoyer en l'air entre deux étagères d'encyclopédies. Personnellement, je ne trouvais pas cet endroit bien pratique ni assez éclairé pour ça. Après, chacun était libre de satisfaire ses besoins naturels où bon lui semblait, hein. Donc je n'étais pas un intellectuel, je n'avais pas non plus dans l'idée de me taper quelqu'un en ce présent lieu, alors dites-moi un peu ce que je venais foutre ici ? Et bien, je n'en savais pas plus que vous, très honnêtement. J'étais passé devant la porte, celle-ci était entrouverte, j'étais donc entré et... voilà. Maintenant je me sentais un peu con, et surtout pas du tout à ma place, un peu comme un ourse polaire dans la jungle, quoi. Et qu'est ce que j'allais foutre ici, maintenant ? Bonne question. Une question à laquelle je n'avais pas de réponse à donner, à vrai dire. Il était un peu plus de quinze heures et ma foi je n'avais rien de bien excitant à faire cet aprem'. Alors je pouvais très bien tourner en rond, m'amuser à remettre à leur place tous les livres qui traînaient, mais je n'allais probablement pas réussir à échapper à l'ennui, par contre. Le silence était pensant. Très pesant. Mais bientôt l'ouverture de la porte le brisa. Un bruit qui attira d'ailleurs mon attention, si bien qu'en train de marcher vers la fenêtre, je retournai subitement vers la porte pour en trouver l'origine. Tout allait bien, ça n'était qu'Artie. Allez savoir ce qu'il venait faire ici, le Sir Artie. Je n'étais pas mécontent de le voir, hein, que ce soit bien clair. Seulement avec lui on ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre. Bon, autant briser l'abcès, non ? « Monsieur le Duc, Sir, votre Majesté... Que me vaut le plaisir de vous voir ici ? » Le vouvoiement, je vous l'accorde, était plus superflu qu'autre chose. Sans rire j'en venais presque à lui faire une révérence. Presque. Bah ouais, je tenais à ma dignité, moi. Il n'était pas né celui devant qui je serais amené à m'agenouiller, ou ne serait-ce que ployer. À moins que ce quelqu'un ne soit une femme...

Regardez-moi cette petite merveille… Un origami ! Preuve qu’il se faisait chier à un niveau vraiment pas possible sans sa Oona chérie. D’habitude, pour faire un origami, il avait besoin d’une feuille blanche ou colorée (logique) mais aussi d’une vidéo lui expliquant les différentes étapes pour le créer, car tout seul, et malgré toute son ingéniosité et son cerveau réactif tranchant, il n’y arrivait pas, il plantait devant un petit bout de papier qu’il finissait par froisser et jeter dans une benne à ordure, signe d’échec, toujours, c’était le même scénario. Toujours ! Bon là c’était encore pire, il n’avait ni de vidéo, ni de feuilles, mais juste un livre, un bouquin qu’il méprisa d’un regard vu que le contenu était vraiment minable –pour vous donner un aperçu, le thème principal tournait autour de la Chine et son fabuleux redressement qui lui à permit de devenir une super puissance- C’est intéressant non ? Pas vraiment, faut dire que les livres qu’on leurs administrait ici, dans la bibliothèque (qui à part l’appellation n’avait rien de cela) montrait à quel point la production les prenaient pour des cons. Le niveau était si faible que même Moore arriverait à les lire sans difficulté, ces foutus livres. Revenons au recueil et à ce qui lui arriva, lorsque le Sir jeta son dévolu sur lui, à noter que ce fut son premier réel crime (les livres, c’était sacré dans la famille) de déchirer une page afin de s’en servir pour sa création artistique. Néanmoins il avait des arguments solides pour appuyer son acte méphistophélique qui n’avait pas vraiment besoin d’être défendu, c’était au cas ou un connard venait à se pointer pour le poursuivre en justice ; donc de un la couverture était franchement horrible, et de deux, la thèse était bidon, les chinois ne sont pas arrivé à ce qu’ils le sont actuellement juste par ce qu’ils sont nombreux, regardez les poils de Ruben par exemple, ils sont nombreux, même très nombreux, mais à part ça, ils ne servaient vraiment à rien et ne démontraient aucun signe d’évolution, que ça soit sur le plan politique ou économique (peut être que ça avait servi à attirer Moore, mais encore là, ce n'était pas un argument de taille) … Bref, maltraitant la page pour en faire du grand n'importe quoi, il se résolut à cacher son crime et la meilleur façon de le faire était de rendre gentiment le livre, comme si de rien n’était… à cet heure-ci, personne ne devait pointer là-bas… Du coup il s’élança, essayant par tous les moyens de cacher durant son trajet le corps meurtri du pauvre petit livre offensif… Il arriva finalement à destination et fut surpris de voir Ruben. Il est sérieux ? Ce n’est pas une maison close monsieur, il faut un badge pour entrer et le badge, il résidait dans le cerveau. Monsieur Ruben l’ouvre donc, se voulant accueillant, comme toujours. Il voulut lui rendre son vouvoiement avec des épithètes cherchant à l’honorer, mais il ne trouva rien… Non mais il devait quand même y’avoir un truc pour le glorifier non ? « Bonjour Ruben… » Finalement, il ne trouva rien… Dommage, Artie était vraiment prêt à te donner un compliment... Il lui demandait ce qu’il faisait là [...] Ce n’est pas ce qu’on appelle du culot ça ? Faudrait voir ce que lui faisait ici et non pas l’inverse… « Je cherche un préservatif … » Sarcasme, regard de faucon, attitude d’assassin. Il changea subitement de forme pour sourire, on ne va pas le persécuter, non loin de là, il ne le méritait pas le petit Ruben. Il pose sa grenouille pseudo-origami sur la table et le regarde, sourire sur les lèvres. « Je voulais juste déposer ceci… » Avec grace et éloquence, il fait signe au livre qu’il tenait fièrement, ou pas… Moore fit son apparition... oula… Il avait été stupidement prit en sandwich par le couple patate… Manquait plus qu’une barre et la bibliothèque se transformait en… Bref, il fut ravi de les voir, surtout Moore. « Félicitions ! » Alors là, son commentaire se voulait carrément sarcastique encore une fois, mais elle, elle comprendra surement le fait qu’elle soit en couple avec monsieur -ce qui n'avait rien de bien glorieux en somme- et qu'Artie cherche à les féliciter, alors que lui, dans son intention il voulait souligner cet admirable effort, celui de pointer son nez ici, dans une bibliothèque.. Les caméras filment cet instant magique ou pas ?... Dans le fond, hormis ses sarcasmes, il était vraiment heureux pour elle, mais il ne voulait pas le montrer, ce n'était pas Artinien, souvenez-vous...

(désolé pour la longueur)

Moi à la bibliothèque ? Ouais je sais ça semble vraiment étrange hein ? Mais ça arrive de temps en temps. Je suis pas conne hein, je sais que beaucoup de personne le pense que j'ai un cerveau très lent et que je connais rien à rien mais non. Ok j'ai pas fais d'étude et je presque faillit repiquer ma dernière année de lycée mais ça c'est pas important. C'est pas pour ces raisons qu'on peux ma cataloguer de fille conne et stupide. Après je m'en fichais parce que du coup on me sous estimait et j'avais un avantage sur ces gens là, pouvant leur prouvé quand je le souhaite que j'en connais des choses malgré les apparences. Bon bref je vais pas partir en croisade montrant à tout le monde que je suis pas conne je m'en fiche. Et puis en faite je n'avais pas particulièrement envie de venir à la bibliothèque aujourd'hui je suis passé au hasard au détour d'un couloir et j'ai vu Artie s'y engouffré. Je me suis dis que ça pouvait être une occasion de parler avec lui tranquillement, rien qu'avec lui. Mais quelque chose m'empêche d'enter j'entends la voix de Ruben. Je fronce un sourcil qu'est ce qu'il fou à la bibliothèque ? Il a dut se tromper de porte. J’écoute tranquillement leur conversation. Ruben vouvoie Artie, mais qu'est ce qui lui prend, il peut lui parler normalement hein. Je reste devant le pas de la porte les regardant discrètement. « Je cherche un préservatif … » Même sans voir son visage je pouvais comprendre que c'était un sarcasme à la Artie. Un léger sourire se dessine sur mon visage, fin mais bien ici. J'écoute la suite en poussant un peu plus la porte faisant un pas de mes pieds nus dans la pièce des intellectuels dont je ne fais semble-t-il pas partit du tout. « Je voulais juste déposer ceci… » Bon rien de croustillant alors je finis par me montrer d'un pas de velours j'entre entièrement dans la pièce. Artie me repère immédiatement, j'arrive à hauteur des deux hommes et les regard de manière impassible.  « Félicitions ! » dit-il d'une manière plus que sarcastique. Mes sourcils se fronce je ne comprend pas qu'est ce qu'il veut féliciter. Le fait que j'entre dans la bibliothèque ? Non parce que je vois rien d'autre. A moins qu'on félicite un couple qui se forme ? J'en sais rien j'ai pas l'habitude de ce genre de choses. Alors j’opte pour la première des solutions. Je soupire, bon c'est bon t'as finis de me prendre pour une attardé Artie ? Sérieusement ? T'ai-je pas prouvé que j'avais plus de ressource que ça ? Je ne fais aucun commentaire, je me saisit de son origami bien moche d'ailleurs ça se voit que c'est pas son truc le pliage. Bon ok je peux pas ne pas faire de commentaire. « Tu nous félicite pour quoi au juste ? Ce matin j'ai fais trois pompes mais je suis pas certaine que ça mérite des félicitation. Alors éclaire nous, l'intello ? » dis-je d'une manière mesquine. J'avais ma petite idée bien entendu et je savais qu'il voyait en nu des personne stupide qui viennent pour la première fois dans un bibliothèque. Pour Ruben je sais pas, mais moi.. non. Alors puisque ça semble être le seul doté d'un cerveau dans cette pièce d'après lui alors qu'il s'en serve, et qu'il m'explique. Je croise les bras tranquillement et le regarde d'une manière assez insistante mais sans la once d'un reproche, je le connais bien le Artie comme il me connaît bien et qu'il ne peux pas imaginer une bonne réaction de ma part s'il continue à pensé que je suis stupide, de quelqu'un d'autre je m'en contre fiche mais de sa part c'est un signe de mépris infini.

« Bonjour Ruben… » Je n'étais désormais plus seul dans cette bibliothèque, et ça n'était peut-être pas plus mal après tout. On était toujours mieux à deux, non, vous ne pensez pas ? Et puis c'était Artie, quoi, y'avait quand même pire comme compagnie. « Je cherche un préservatif … » Je ne pus d'empêcher d'écarquiller les yeux à cette remarque du Sir. « Heu... d'accord. » Dommage pour lui je n'en avais pas sur moi. Qu'il était drôle alors, le Artie parfois. Ça sentait la grosse blague à plein nez, mais je pouvais bien passer outre. Si ça l'amusait lui, c'était encore le principal. Un instant plus tard, Artie posa un bidule de papier sur la table non loin de moi. C'était pas franchement joli, mais je préférais encore ne rien dire histoire de ne pas le froisser. « Je voulais juste déposer ceci… » Voilà qui était fait. L'attention d'Artie fut ensuite attirée vers la porte par laquelle il venait d'entrer, et la mienne également. Moore était là, elle aussi, et venait d'arriver comme une fleur. Un grand sourire prit alors possession de mon visage, tandis qu'Artie s'exclama « Félicitations ! » Attendez, pourquoi il nous félicitait, au juste, le Sir ? Mmm, surement pas parce qu'on s'était mis en couple, ou alors cela m'étonnerait vraiment de lui. N'était-ce pas plutôt là une référence tout à fait subtile au fait que Moore et moi n'étions pas considérés comme étant les gros cerveaux du nid ? Oui, ce devait être plutôt ça. Sympathique. « Tu nous félicite pour quoi au juste ? Ce matin j'ai fais trois pompes mais je suis pas certaine que ça mérite des félicitation. Alors éclaire nous, l'intello ? » demanda Moore, tandis que je restais moi aussi tout à fait sceptique au sujet des soudaines félicitations d'Artie. Je n'étais dupe de rien, hein, qu'on se le dise. Y'avait pas non plus écrit "blaireau" sur mon front. « Ouais vas-y, balance. Ce suspens va nous tuer. » Alors, à quoi étaient dues ces félicitations ? Et bien nous ne tarderions sans doute pas à le savoir. C'était maintenant une question de secondes. Seulement je m'inquiétais un peu tout de même. Artie était une vraie pipelette quand il se décidait à parler. Une fois lancé, on ne pouvait plus l'arrêter.

Il faut dire que ces deux là se comprenaient plutôt bien. Entre eux, il y’avait une symbiose perceptible alors que leurs deux personnalités étaient censés s’entrechoquer pour donner du néant enfaite, ils divergeaient vraiment qu’Artie ne pensa pas un jour que Moore allait tomber sur son charme, et vis-versa. Il y’avait quand même quelques points en commun –et pas la peine de les citer- mais Moore avait donc trouvé en Ruben un substitut à sa personne. Ok. Il ne lui en voulait pas, loin de là, au contraire, la voir avec quelqu’un d’autre que lui l’apaisait à un degré pas possible, ça lui donnait le sentiment qu’il n’avait rien à craindre pour elle, elle était entre de bonnes mains et l’autre avait intérêt à assurer car il ne voulait pas qu’il lui brise son cœur, ça serrait carrément inadmissible et intolérable pour sa personne. Toucher Moore vernirait à le toucher incontestablement. A présent, les deux le ‘sandwich’ et l’incite à répondre, l’oblige même. La fuite n’est pas une option à envisagé, il voulait parler aux deux, mais pas en même temps, car ce qu’il avait à dire à l’un différait complètement de ce qu’il allait communiquer à l’autre, sans préciser que l’autre ne devez pas être présent. Ruben en rajoute, ils sont un peu trop curieux mais bon, il va leur répondre. Il est calme, placide et concentré, il recule afin d’élargir son angle de vision pour les englober tout les deux. C’est bon il peut gérer là. Premier jet pour Moore… « Sincèrement parlant, je voulais vous féliciter tout d’abords pour votre incroyable courage à venir franchir la porte de ce lieu, rassurez moi que vous ne pensiez surtout pas à… Mais ce n’est pas tout.. » Les voir tous les deux ici c'était l’irréalisable qui se réalisait. étaient-ils en quête de nouvelles sensations ? Ou bien voulait-il tout simplement lire comme les autres gens du nid ? Petit sourire donc qui s’estompe après quelques secondes pour le finish. Maintenant, place au sérieux. C'était toujours dans ses habitudes, deux ou trois petits sarcasmes pour bien s'échauffer et ensuite, balancer le plus important. Qu'on le prenne pas trop mal, Sir Artie s'obstinait à croire qu'ils étaient crétins mais ce n'était pas une raison que ça le soit. Bref, il voulait maintenant savoir si leur relation c’était du solide ou bien que c'était juste de passage, et ça tombait très bien il n'était que dix-sept heure, ils avaient tous le temps derrière eux… « Je voulais aussi vous féliciter pour votre engagement et j’espère que votre amour puisse être un jour éternel… » Le dernier mot était dans sa place ou pas ? Car même s’ils étaient en « couple », ça basculait parfois, preuve que ce n'était pas encore stable, il ne connaissait pas la nature exacte de leurs sentiments réciproques pour juger, ni l’état de leur relation. Il rajoute, toujours aussi gracieux que d’habitude, mais cette fois, vers Ruben. « Et sache aussi que ce que tu as fait avec Oona ne serra pas facilement oublié » Car oui, il tenait à le remercier pour son soutien. Si elle avait réussi à tenir deux semaines sans lui, c’est bien grâce à ce poilu quand même. Ça il comptait le lui dire en tête à tête mais bon, Moore était présente et ce n’était pas un réel problème, même si c’était en partie très personnelle. Maintenant, il voulait savoir une autre chose… « Je voulais savoir à présent si, vous aviez des projets d’avenir en tête ... ? » Il ne savait pas comment ils allaient réceptionner ceci, il attendait quand même une réponse, ça allait éclaircir quelques points, et s’il vous plait, pas de contradiction. Les avaient-ils mit mal à l’aise ? Peut être, c’était sans oublier un sujet très délicat qu'il voulait aborder il y'a de cela quelques temps, c'était le moment ou jamais !

J'étais contente de retrouver Artie mais pourquoi il nous faisait son show là. J'ose espéré que c'était parce qu'il y avait Ruben et qu'avec moi il aurait su être plus doux et moins sarcastique a moins qu'en faite il n'ai pas vraiment oublié notre altercation. Ruben à son tour insiste pour qu'Artie précise sa pensée. Ce qu'il finis par faire après une réflexion Artienne, et un pas en arrière pour ? Je ne sais pas. Toujours ce qui ressemblait à une grenouille de papier dans la main je le regarder intensément. Il s'adresse à moi semble-t-il. « Sincèrement parlant, je voulais vous féliciter tout d’abords pour votre incroyable courage à venir franchir la porte de ce lieu, rassurez moi que vous ne pensiez surtout pas à… Mais ce n’est pas tout.. » Ah d'accord il pensait qu'on allait s'envoyer en l'air dans la bibliothèque c'est ça ? « C'est pas la première fois que je viens ici, si je devais recevoir des hourra à chaque fois... » Pour son insinuation sur un moment de baise je la laisse de coté je viens déjà de le couper et je sais très bien qu'il n'aime pas ça alors je me tais et le laisse continuer dans sa lancée. « Je voulais aussi vous féliciter pour votre engagement et j’espère que votre amour puisse être un jour éternel… » Je ne pu empêcher un rire sortir de ma bouche. Pas une moquerie non pas du tout. Je réagissais simplement à sa phrase d'une manière spontanée. Euh il blague ? Je suis même pas certaine que ça va duré jusqu'à la fin de la semaine alors éternel ? « Et sache aussi que ce que tu as fait avec Oona ne serra pas facilement oublié »  La je ferme mon esprit j'ai rien à faire avec cette conversation. Et je veux rien avoir à faire avec celle-ci. Ensuite ? Ou bien c'est terminé mon cher Artie ? Ah ban non.  « Je voulais savoir à présent si, vous aviez des projets d’avenir en tête ... ? » Là je suis terriblement mal à l'aise parce que je sais qu'il attends une réponse. Et une réponse sincère. Le truc c'est que je suis pas certaine de pouvoir lui fournir une réponse qui va le satisfaire. Je repose la grenouille sur la table et fronce les sourcil sévèrement. C'est quoi ce gué-tapant ? J'aurais préféré qu'il m'en parle en privé plutôt qu'avec Ruben à coté de moi. J'éclaircis ma gorge. J'ai pas envie de répondre. Mais je vais répondre. « Sincèrement je n'y ai pas réfléchis, tu comprendra aisément que pour moi c'est une première alors si je dois au bout de quelques jours pensé avenir je crois que je vais pas m'en sortir alors la seule planification que j'ai fais c'est me levé en même temps que Ruben demain matin pour un petit déjeuné est-ce suffisant ? » dis-je légèrement irrité à la fin. Ouais ça me saoule sa question. J'ai l'impression de retrouver devant un conseillé matrimoniale et pas devant mon ami, le meilleur de mes amis, Artie.

Artie n'avait plus le choix. S'il voulait sortir de cette bibliothèque en chair et en os, il allait d'abord devoir cracher le morceau et expliquer plus amplement le fait qu'il venait de nous féliciter. Nous y avions tous les deux, Moore et moi, vu là une insinuation pas franchement glorifiante, mais nous accordions tout de même à Artie le droit de s'exprimer. Car oui, il nous intriguait avec ses félicitations, le Sir. « Sincèrement parlant, je voulais vous féliciter tout d’abords pour votre incroyable courage à venir franchir la porte de ce lieu, rassurez moi que vous ne pensiez surtout pas à… Mais ce n’est pas tout.. » Ah c'était donc bien ça, il y avait bel et bien là une référence à notre soi-disant intelligence très limitée. Mais pas seulement, puisqu'il était également question d'une supposée envie de notre part de venir nous envoyer en l'air ici. Bah bien sur, dans un endroit pareil. Non merci quoi. « C'est pas la première fois que je viens ici, si je devais recevoir des hourra à chaque fois... » Il en allait de même pour moi. Moore n'avait pas hésité à le couper, je décidai donc de faire de même. Je bénéficiais aussi de la liberté d'expression. « Pareil, j'ai déjà mis un pied dans cette bibliothèque à plusieurs reprises déjà. » Artie pu enfin en placer une et continuer sur sa lancée. « Je voulais aussi vous féliciter pour votre engagement et j’espère que votre amour puisse être un jour éternel… » Ha ha. Artie avait forcément bouffé un clown à midi. Moore décida de ne pas réagir. Moi, par contre, je décidai de ne pas laisser passer cette remarque que je jugeais comme étant un affront. « À quoi bon parler d'éternité, on se connait depuis deux mois, peut-être trois et encore. » Je vivais dans le présent, et je n'avais que faire du futur. Si futur il y avait véritablement pour notre couple, tant mieux. Mais pour le moment nous n'en étions pas là. « Et sache aussi que ce que tu as fait avec Oona ne serra pas facilement oublié » Ah, cette remarque était pour moi. J'esquissai un sourire, comme par compréhension. Oh allez, il en aurait fait autant pour moi, non ? Enfin, en admettant même le fait que Moore aurait pu être affectée par mon départ, ce dont je doutais tout de même un peu. « Je l'ai autant fait pour toi que pour elle. » J'avais de l'affection pour Artie comme pour Oona. De plus, ils faisaient tous deux un joli couple. Enfin c'était mon avis. « Je voulais savoir à présent si, vous aviez des projets d’avenir en tête ... ? » Je manquai alors de m'étrangler à l'écoute des dernières paroles d'Artie. Des quoi ? Projets de quoi ? Non, je ne comprenais pas les paroles d'Artie. Moore entreprit la première de lui répondre. « Sincèrement je n'y ai pas réfléchis, tu comprendra aisément que pour moi c'est une première alors si je dois au bout de quelques jours pensé avenir je crois que je vais pas m'en sortir alors la seule planification que j'ai fais c'est me levé en même temps que Ruben demain matin pour un petit déjeuné est-ce suffisant ? » Oui, à mes yeux c'était amplement suffisant. Je l'aimais, bien sur, mais de là à s'imaginer où on en serait dans deux mois, dans un an, dans dix ans... Fallait tout de même pas pousser. « Premièrement je te trouve bien indiscret Artie. » Est-ce que je lui demandais s'il avait des projets d'avenir avec Oona ? Non. Bah voilà. « Ensuite sache qu'avant Moore, je n'étais jamais tombé amoureux. Jamais. Donc pour moi aussi c'est une grande première. » Il y avait une première fois à tout. Des sentiments comme ceux que je ressentais actuellement pour Moore, jamais je ne les avais ressenti pour personne avant elle. « Enfin, j'ai pas du tout envie de regarder vers l'avenir. Je préfère me contenter de ce que nous vivons dans l'instant présent. Advienne que pourra, comme on dit. » Je sortais ce proverbe dès que j'en avais l'occasion. Avec cela, je pensais tout de même qu'Artie pourrait être capable de comprendre le message. Je ne faisais aucun projet d'avenir avec Moore, sans doute parce que l'avenir m'effrayait. Allez savoir de quoi serait fait demain...

Bon. La première « félicitation » était sarcastique et bidon. Et d’après ce qu’il avait vu durant le dernier prime et maintenant, ce couple n’était plus disposé à rigoler. Il nota le changement de Moore qui prenait à présent tout au premier degré, mais pourquoi ? Était-ce les effets néfastes de son nouvel statut, car il fallait bien l’avouer elle était franchement plus comme avant, signe que l’ère de gloire était terminée. Ok. Fini les rigolades donc, lui qui faisait des efforts à sortir de son enveloppe ‘sérieuse’ et miteuse de chaque jours, il était fixé à présent, et qu’on ne vienne plus lui dire ‘éclate toi un peu tu es venu pour ça’… Bref, pas la peine de s’attarder sur ce détail il ne valait pas la peine. Il s’en fichait vraiment qu’ils viennent dans une bibliothèque ou pas ce qu’il voulait souligner c’était cette première fois ou il allait lui-même la voir, ou le voir car à présent c’était une brochette Moore-Ruben et non Moore toute seule ou Ruben tout seul. Revenons. La deuxième était quand à elle un peu trop exagérée à leur goût… C’était le même cliché lorsque quelqu’un parlait de prolongement etc etc on se marrait de lui on rigolait on ne le prenait pas au sérieux alors que c'était le contraire… il voulait vraiment leur dire que tout était possible que ça pouvait vraiment durer longtemps si les deux s’impliquaient dans l’affaire et y mettaient des siens, mais non… voyons, il paraîtrait encore une fois pour Monsieur indiscret et on lui reprocherait d’être peroxydé par les narines ou sous l’effet de huit kilos de morphine ou je ne sais quoi… on s’obstinait à penser que c’était juste provisoire et que ça allait un jour finir par s’estomper. D'accord. N’empêche, mauvais départ, même s’ils allaient crier le contraire pour se rassurer que leur couple était stable et inébranlable. C'était comme un auto-mensonge, mais en plus pire car c'était de la pure illusion, ça se voyait qu’il ne croyait pas en ce mot « l’éternité », entre de guillemets qui ne signifiait vraiment rien pour eux, ou presque rien. On pouvait comprendre Moore en vue de sa première relation et son caractère flamboyant mais l’autre, Ruben, il n’arrivait vraiment pas à le comprendre, il pensait qu’il serrait plus impliqué et plus sérieux. Il fallait bien que l’un d’eux soit positif quand même. Ce qu’il note c’est qu’ils sont vraiment sérieux dans leurs trucs, mais sans trop y croire. Ruben l’ouvre est s’explique à son tour. On dirait comme s’il avait peur de révéler ses réelles ambitions et qu’il ne tenait pas à révéler son propre point de vue, car là il n’avait fait que reprendre les répliques de Moore, en plus profond. Il paraissait moins crédible du coup. Affaire à suivre. Etait-il influencé par Moore ? Ou bien cherchait-il à garder sa part de vérité pour lui en ce moment en vue de la présence de sa dulcinée… Sir Artie était sûr et certains que si elle n’avait pas été présente, ça aurait été une toute autre réponse… Du moins, pas celle là qu’il fournit en cet instant… « Ruben… Je cherche à voir comment vous vous comportez... Ce n'est pas un argument certes, mais on ne va pas se mettre à cacher nos petits secrets comme des gamins, nous avons quand même accéder à un stade ou ta phrase paraîtrait déplacé non ? » C’était en réponse à sa première intervention. Il était toujours calme et se voulait convaincant. Pour lui, la réplique était très déplacée, même si Ruben avait bien évidement le droit de le dire car c’était après tout quelque chose qui le regardait Moore et lui. Artie n’avait rien à faire avec eux, il ne devait même pas leur parler si c’était ainsi, si la seule fois ou il s’intéresserait à leur cas on allait le plomber avec une réponse pareille. « Vous avez peur de l’avenir c’est ça ? Ne vous vous êtes jamais dit que les moments présents allaient tout d’un coup s’estomper et disparaître… que l’un de vous aura le regret de ne pas avoir eu à planifier le futur ? Surement non car… *il se tourne un peu plus vers Ruben* Je croyais vraiment que tu avais ton idée, que tu étais conscient que ce que vous viviez en ces instants ne peut être nullement voué à une existence éphémère… Regarde, tu as 33 ans, à cet âge là, tu devrais déjà avoir une idée, une famille, des enfants, des responsabilités… Je crois que tu as aisément dépassé le temps consacré à l'amusement, arrivé à cet âge, on devient mature et on commence à réfléchir au futur, et non pas à le fuir... » Là, il avait vraiment trop parlé, même trop. Il avait pulvérisé le record de la réplique la plus longue durant toute son aventure, et ceci pour des personnes dont ils ne connaissaient absolument rien, hormis leurs vécues dans le nid et quelques brides de leurs passés. Si après ça on l’envoie valser, il se barre. Direct. Sans rien savoir. Après tout, il se mettait en mal pour rien... enfaîte non, Moore n’était pas ‘rien’, c'était tout ce qui le retenait ici, et puis normal qu’il lui veuille du bien, c’est sa meilleure amie, souvenez vous, et pour une amie, il était prêt à tout. Si cette dernière pensait qu'au contraire, il se prenait du mal pour rien, qu'elle le lui dise, ouvertement, ça n'aura aucun impact, ça n'aura rien d'affligeant, mais qu'elle le dise gentiment. il se dira qu'il aurait quand même essayé de faire médité ces deux petites cervelles et les inciter à réfléchir... Rare où ils trouveront des Artie qui avaient le courage de mettre un sujet aussi complexe sur la table... Un Artie, ça ne court pas les rues... Un Artie ça part Dimanche aussi donc c'est la dernière fois où ils se parlent, alors autant parler sur quelque chose de complexe non ?

Cette conversation ne me plaisait pas. Je savais qu'il n'avait pas une image lisse et parfaite de ma personne mais je commençais à être lassé qu'il me prenne toujours pour une idiote alors oui je répondais assez sèchement à ses questions et je ne cachais pas le faite que cette conversation ne me plaisait pas du tout. Faire des plans moi ? Hm.. non je suis trop effrayé par l'avenir pour faire ce genre de chose et mon cher partenaire de toujours le sait bien. Par contre je pensais entendre un différent discours de la part de Ruben, enfin je crois que j'aurais espéré qu'il ai des plans parce que ce n'est pas moi qui en aurais même lorsque je serais plus à l'aise avec cette relation je ne suis pas certaine d'en avoir je vis au jour le jour depuis des années maintenant on ne change pas de genre d'habitudes.  « Enfin, j'ai pas du tout envie de regarder vers l'avenir. Je préfère me contenter de ce que nous vivons dans l'instant présent. Advienne que pourra, comme on dit. » Je le regarde un instant en silence, je crois que j'aurais aimé qu'il réponde autre chose. Mais bon, je le comprends je suis pas facile comme fille, je suis pas le genre de fille avec qui on voit son avenir. Et puis je venais de dire exactement la même chose à son sujet. Je n'écoute pas le commentaire d'Artie sur une possible phrase déplacé de la part de Ruben. J'ai qu'une envie c'est partir mais semblerait que mes pieds soit bien fixé au sol. « Vous avez peur de l’avenir c’est ça ? Ne vous vous êtes jamais dit que les moments présents allaient tout d’un coup s’estomper et disparaître… que l’un de vous aura le regret de ne pas avoir eu à planifier le futur ? Sûrement non car… Je croyais vraiment que tu avais ton idée, que tu étais conscient que ce que vous viviez en ces instants ne peut être nullement voué à une existence éphémère… Regarde, tu as 33 ans, à cet âge là, tu devrais déjà avoir une idée, une famille, des enfants, des responsabilités… Je crois que tu as aisément dépassé le temps consacré à l'amusement, arrivé à cet âge, on devient mature et on commence à réfléchir au futur, et non pas à le fuir... » Je crois que je me suis perdu au moment où le mot enfant, famille et responsabilité ont été prononcé dans ce discours très Artie. Il ne croit pas que c'est un peu tôt pour parler de ce genre de chose. Et en plus c'est le genre de choses qui me fait littéralement flippé. Je décide de sortir de cette mini torpeur. « Tu me connais Artie. » dis-je dans un premier temps d'une voix plus calme. « Ruben commences à me connaître aussi, et il sait très bien que la meilleure façon de me faire fuir est de parler installation, présentation avec la famille.. et pire parler d'enfants... » Je ris légèrement. « Artie ça fait que quelques jours, peut être que dans ton monde en deux jours on planifie déjà le mariage mais dans mon monde les mariages se brisent en aussi peu de temps. » Je suis toujours calme et étrangement sincère. Et pourquoi je parle mariage au faite ? « Ce que je veux dire, c'est que oui... je crois que j'aimerais bien qu'un jour on en parle.. Je crois.. » dis-je levant les yeux au ciel honteuse face à cette révélation alors que Ruben est dans la même pièce. Je m'approche alors d'Artie écarquille les yeux et chuchote. « J'aurais aimé qu'on en parle en privé. » dis-je entre les dents avant de me remettre à ma place initiale et continuer ce que j'étais entrain de dire. « Mais pas maintenant, sinon je vais me mettre à flipper et à faire des conneries comme toujours. » dis-je d'un ton las. Je me connais bien, je sais exactement comment je fonctionne, j'ai peur de l'avenir, j'ai peut de l'amour, j'ai peur d'un tas de chose malgré mon apparence de fille extrêmement forte qui se laisse jamais marché sur les pieds. Je suis une vraie trouillarde. « Et qu'on parle plus de ces horribles choses qu'on appelle enfant, parce que le jour où un petit machin tout moche et tout fripé sortira de mon putain de va.. sortira.. de là. * Je montre le bas de mon corps* et bien ce jour là n'arrivera jamais. » Oui je venais de dire que je ne voulais pas d'enfant, est-ce si étonnant de ma part. Je veux pas reproduire les mêmes erreurs que ma mère ou mon père, je ferais une terrible mère. J'espère que cette révélation ne va pas faire flipper Ruben, ou le décevoir. Mais bon il devant s'en douter non ?

Je me sentais un peu perdu dans cette conversation qui commençait à prendre un tournant radical. Artie n'était pas malveillant, loin de là. Il ne cherchait surement pas à s'immiscer un peu trop entre Moore et moi, et il ne cherchait pas non plus à nous mettre mal à l'aise d'ailleurs. Seulement, il n'était pas loin de faire tout ça. En effet, le Sir avait évoqué notre relation, à Moore et à moi, et un terme avait particulièrement attiré notre attention à tous les deux... Il était en effet question, chez Artie, d'un possible amour éternel. À cela j'avais rétorqué que Moore et moi ne nous connaissions que depuis quelques semaines, et qu'il était bien trop tôt encore pour envisager quoi que ce soit. Seulement, ma réponse n'avait semble-t-il pas franchement convaincue Artie. Non, pas vraiment. « Ruben… Je cherche à voir comment vous vous comportez... Ce n'est pas un argument certes, mais on ne va pas se mettre à cacher nos petits secrets comme des gamins, nous avons quand même accéder à un stade ou ta phrase paraîtrait déplacé non ? » Hum, peut-être un peu déplacée oui. D'ailleurs j'en venais à regretter de l'avoir débitée cette phrase. Je préférais ne pas répondre pour le moment. Artie semblait avait autre chose à nous dire, et il était certain qu'après cela Moore voudrait à son tour prendre la parole. Question de principe et de politesse, je préférais m'exprimer le dernier. « Vous avez peur de l’avenir c’est ça ? Ne vous vous êtes jamais dit que les moments présents allaient tout d’un coup s’estomper et disparaître… que l’un de vous aura le regret de ne pas avoir eu à planifier le futur ? Surement non car… Je croyais vraiment que tu avais ton idée, que tu étais conscient que ce que vous viviez en ces instants ne peut être nullement voué à une existence éphémère… Regarde, tu as 33 ans, à cet âge là, tu devrais déjà avoir une idée, une famille, des enfants, des responsabilités… Je crois que tu as aisément dépassé le temps consacré à l'amusement, arrivé à cet âge, on devient mature et on commence à réfléchir au futur, et non pas à le fuir... » Gloups. La fin de son monologue s'adressait tout de même très sérieusement à moi, et j'en devenais tout blanc d'un coup. Il venait juste de me renvoyer en pleine figure mon âge assez avancé, et tous les projets qui accompagnaient celui-ci. Seulement c'était très délicat de parler de ça devant Moore qui, semble-t-il, n'avait pas franchement la tête à penser à tout ça à son âge... « Tu me connais Artie » reprit alors Moore. « Ruben commences à me connaître aussi, et il sait très bien que la meilleure façon de me faire fuir est de parler installation, présentation avec la famille.. et pire parler d'enfants... » Un petit rire s'échappa, puis la belle brune continua. « Artie ça fait que quelques jours, peut être que dans ton monde en deux jours on planifie déjà le mariage mais dans mon monde les mariages se brisent en aussi peu de temps. » Peut-être en effet qu'Artie vivait dans un monde imaginaire, allez savoir. « Ce que je veux dire, c'est que oui... je crois que j'aimerais bien qu'un jour on en parle.. Je crois... » Moi qui avais baissé les yeux au sol, plus intimidé qu'autre chose par notre présente conversation, les relevai finalement à l'écoute de cette réponse de Moore. Elle venait de révéler qu'un jour, oui un jour, elle aimerait qu'on en parle tous les deux. Je n'en attendais pas tant. J'espérais au moins qu'elle ne se forçait pas à dire ça afin d'éviter de me décevoir. Ensuite, Moore s'approcha d'Artie avant de lui murmurer un brouhaha assez incompréhensible. « J'aurais aimé qu'on en parle en privé. » J'espérais qu'elle ne disait pas du mal de moi. J'en venais presque à me sentir de trop d'un cou, mais restais ici parce que j'avais moi aussi des choses à dire, après ça. Elle reprit sa place initiale, et continua de plus belle. « Mais pas maintenant, sinon je vais me mettre à flipper et à faire des conneries comme toujours. » C'était exactement ce que je voulais éviter, lui parler de ça pour la voir prendre peur. Quand elle se mettait dans cet état là, j'avais peur moi aussi, mais pour elle. Je savais ce dont je devais éviter de parler avec elle. Le mariage, les enfants, les projets d'avenir en faisaient partie. Seulement, là j'étais coincé. J'allais devoir en parler, que ça lui plaise ou non. Et pas sur que mon avis sur la question lui plaise réellement. « Et qu'on parle plus de ces horribles choses qu'on appelle enfant, parce que le jour où un petit machin tout moche et tout fripé sortira de mon putain de va.. sortira.. de là... et bien ce jour là n'arrivera jamais. » Outch. Prends ça dans ta gueule Ruben. Difficile de masquer ma surprise et ma déception une fois cette réplique de Moore lancée comme une véritable grenade en pleine tronche. Elle ne voulait pas d'enfant. Elle ne voulait pas d'enfant. Okay. J'allais devoir me faire à cette idée. J'avais décidé de me taire pendant plusieurs minutes, mais je n'étais pas absent, oh non loin de là. Au contraire j'avais absolument tout écouté et enregistré de la moindre de leurs paroles. Le moment était venu pour moi de m'exprimer. Trop de choses sur le cœur. Trop de choses à leur dire à tous les deux. Alors, par qui je commence ? « Bon, Artie. Je vais pas revenir sur ma réplique que tu as jugée déplacée, tout simplement parce que je la retire. Je retire aussi tout ce que j'ai pu dire lors de ses cinq dernières minutes. Je retire tout, absolument tout. » À quoi bon mentir ? Me réfugier derrière Moore et me contenter de dire la même chose ? La seule chose réellement sincère que j'avais été amené à dire tout à l'heure était le faire que Moore était bien la première personne dont j'étais tombé amoureux, et également que j'évitais de regarder vers l'avenir. « Parce que je ne veux pas mentir à nouveau, je vais me montrer clair, net, précis, cash. Oui, j'ai peur de l'avenir. Oui à mon âge je pense qu'il est grand temps de me poser. Oui, bien sur, j'ai de grands projets plein la tête et rêve, comme tous les hommes à un certain âge, de fonder une famille, avoir des enfants, vivre dans une grande maison, avoir un chien, des voisins sympathiques avec qui faire un barbecue, ramasser mon journal le matin en chaussons sur le pallier... » J'étais très sérieux en disant ça, même si cela ressemblait fortement à une caricature de la parfaite vie de famille par excellence. « Je ne m'amuse plus Artie, plus maintenant. Je réfléchis au futur, c'est logique, mais je me voyais mal parler de tous mes projets alors que Moore se trouvait juste à côté. Tu comprends on a pas les mêmes envies, pas le même âge. Elle est encore dans sa jeunesse, moi j'ai la trentaine passée et ma mère ne cesse de me relancer sur la sujet : "trouve-toi une gentille petite femme", "donne-moi des petits-enfants"... » Ma mère ne pouvait compter que sur moi pour le lui en donner, voilà pourquoi elle me pressait tant. Tara était partie et ne donnait plus aucun signe de vie. J'avais donc deux fois plus de responsabilités, et c'était très lourd à porter. Je me tournai finalement vers Moore, avant de m'adresser directement à elle. Au point où j'en étais, je pouvais bien balancer encore quelques révélations. « Moore, sache que même si notre couple est encore tout nouveau, je prends cette relation très au sérieux. Le fait est que tu es la première à qui j'ai un jour été amené à déclarer mes sentiments, alors je pense que je t'imagine toi et personne d'autre comme étant... » Je baissais les yeux. Allais-je le dire, au risque de paraitre tout bonnement ridicule ? « ... celle qu'il me faut. La femme de ma vie, si tu préfères. » Je savais qu'avec tout ça, Moore avait d'ors et déjà de quoi prendre peur et donc de fuir. Mais je continuai, non je ne souhaitais pas m'arrêter en si bon chemin alors que je trouvais enfin la force de débiter tout ce qui restait enfoui depuis déjà trop longtemps. « Tu ne veux pas d'enfants. Je le conçois... pour le moment. Mais peut-être que tu seras amenée à changer d'avis un peu plus tard ? Il me semble que chaque femme rêve un jour de donner la vie. Tu es très jeune, tu as la vie devant toi. Seulement essayes juste de concevoir que pour moi, à mon âge, avoir des enfants représente bel et bien un projet. J'aurais des enfants, Moore, c'est certain. Quand, je ne sais pas, mais c'est certain. » Il était hors de question que je passe à côté de ma vie et que je me retrouve à cinquante balais passés assis dans mon bureau, toujours seul et enchainant les conquêtes, largué depuis belle lurette et toujours sans enfant. « Je suis désolé si tout ceci te fait peur, te projette là où tu ne souhaitais pas t'aventurer. Seulement contrairement à toi je n'ai pas la jeunesse devant moi. Comme le dit Artie je dois sérieusement commencer à y penser. » J'ajoutai juste quelques derniers mots, avant de rendre la parole à qui voudra s'exprimer. « Et je terminerai par dire que malgré tout ce qui me fait défaut, je suis un réel optimiste. Si Artie nous imagine encore ensemble dans un bon bout de temps, alors j'y crois aussi. Voilà. » J'avais envie de pousser un soupire, mais je me retins. Ils ne se rendaient probablement pas compte à quel point dire tout ça m'avait demandé un réel effort. Je ne m'étais encore jamais confié à quiconque sur mes projets d'avenir, et d'un coup tout était sorti. Qu'est ce que Moore allait penser de tout cela désormais ? Ma réponse allait-elle satisfaire Artie qui semblait tout à l'heure me reprocher de ne pas me montrer sincère ?