Dani

MARDI 25 SEPTEMBRE, 16H45
QUARTIER D'ARAGON, ÉPICERIE.

Une épicerie. Ils avaient vraiment pensé à tout, et pour un gourmand comme moi avoir la possibilité de se servir comme ça, en aliments, était le plus beau des cadeaux que la production pouvait me faire. Après avoir pénétré à l'intérieur de celle-ci, mes yeux trouvèrent de multiples étagères et bacs réfrigérés - je ne savais tout simplement plus où donner de l'attention. Mais avant que je n'eus eu le temps de me saisir de quoi que ce soit - et dieu sait que je n'étais pas là par hasard, car mon ventre criait famine - des pas se firent bientôt ouïr juste derrière moi. À l'entente de ces derniers, j'entrepris de me retourner et vis alors au seuil de l'épicerie un garçon qu'il m'avait déjà été donné de voir dimanche, lors du prime. Impossible de me souvenir de son nom - me l'avait-il seulement appris ? - mais son visage, en revanche, je m'en souvenais. On va dire qu'il était de ceux dont les traits ne s'oublient pas facilement. Mes lèvres s'étirèrent dans un fin sourire, tandis que je fis quelques pas vers lui, tout en fourrant mes mains dans mes poches, pour paraitre plus "décontract'". « Salut. Je sais pas si tu te souviens de moi, tu m'as abordé dimanche. » Tu parles, des gars il en avait peut-être abordé une dizaine et donc, rien ne garantissait qu'il se souvienne seulement de moi. Ça devait lui faire une belle jambe, tout ça, en fait. « Comment tu m'as appelé déjà ce soir-là,... ah oui, "poto" ! Ça... veut dire que tu veux devenir mon ami ? » repris-je maladroitement. Bon dieu ! Je n'arrivais pas à croire que j'avais dit ça à un type que je connaissais à peine et qui, d'un instant à l'autre, allait très certainement me prendre soit pour un cinglé, soit pour un idiot fini. Là en fait, ça m'aurait vachement arrangé qu'il ne se souvienne pas du tout de moi, même si cela devait me couter de vivre un terrible moment de solitude.

On m'avait pas dit, lorsque j'ai postulé pour venir ici, que nous, candidats, allions devoir nous faire à manger pour pouvoir survivre. Oui, je dis survivre, parce que dans mon cas, c'est clairement comme ça que je le vois. La cuisine et moi ? ça fait cinquante-deux. C'est un peu n'importe quoi, en fait. Ça m'arrive de faire un truc bon.. tous les quinze jours, allez. Sauf que je le donne à mon chat, je pense que le bougre en a plus besoin que moi. Il est limite anorexique, le mec, quoi, ouf ou pas ? Bref. C'est donc affalé sur le canapé du salon, enfin, si ce pauvre sofa ne décide pas de s'effondrer après que mon poids l'ait suffisamment sustenté (hm), que je me dis que je n'ai pas mangé ce midi. Purée, j'ai foutu quoi, moi, à c't'heure là ? Normalement y'a pas quelqu'un qui fait à manger pour tout le monde ? Non ? C'est pas comme ça, ici ? Paies la solidarité, hein.. J'imagine qu'à l'avenir je devrai me constituer mes repars moi-même, parce qu'on ne dit pas qu'on est mieux servi par soi-même ? Je divague, soit. Je me lève donc un peu difficilement, un peu fatigué également, et je me dirige vers l'épicerie, enfin, si j'en trouve le chemin. J'ai jamais eu le sens de l'orientation, c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, actuellement. Genre, je me baladais en ville, histoire de rejoindre l'aéroport, pour rentrer chez moi, et je me suis trompé d'endroit, et depuis, bah, j'suis là. Je crois que c'est une fin heureuse, enfin, s'ils ne me tuent pas, ou ne me mangent pas. Bref. Je pousse la porte de l'épicerie et tombe sur un mec, enfin, c'est plutôt lui qui me tombe dessus (haha). Je le reconnais. Non, en fait, pas du tout. Il me balance que je l'ai abordé au prime de dimanche. Ah ! oui ! mon poto, c'est lui ! Un sourire vient naître sur mes lèvres et je l'écoute attentivement. Il me demande si je veux être son ami, enfin, il avait conclu ceci, donc. Mon sourire augmente un peu plus, j'ai jamais dit non à de nouveaux amis. Et puis, moi, je traîne qu'avec des beaux gosses, j'veux dire, mes potes, à moi, ce sont juste trop des bombes. Et vu que ce mec est plutôt pas mal, je me dis que ce serait cool qu'il fasse parti de mon groupe, t'vois ? Très bien. Je m'approche de lui, je lui fous ma main sur l'épaule -oui c'est devenu une habitude. « Ouais grave ! J'dirai même que t'es mon meilleur poto ici, jusqu'à présent. Cool ou pas ? » Sachant que je lui ai jamais vraiment parlé.. d'ailleurs je sais seulement son prénom, Mounia. Un truc dans le genre, ça doit pas être très loin de ça. « J'suis Dani, au fait, et toi ? Ouais nan laisse tomber je sais déjà ton prénom. Tu viens de quel pays sans indiscrétion ? » Il a pas la peau d'ici. Je l'ai pas non plus, c'est pour ça que je dis ça. Hm.

J'avais l'impression de m'être montré parfaitement ridicule et stupide avec ce garçon qu'il m'était donné de voir pour la seconde fois depuis le début de l'aventure. Ma petite référence à dimanche soir pouvait passer, ce qui s'en suivi en revanche déjà moins. "Tu veux devenir mon ami ?" Non mais j'avais quel âge pour lui demander une telle chose ?! « Ouais grave ! J'dirai même que t'es mon meilleur poto ici, jusqu'à présent. Cool ou pas ? » Sa main fut posée sur mon épaule. J'allais finir par en avoir l'habitude. Il semblait se souvenir de moi. Bon, ça n'aurait peut-être pas été le cas si je ne lui avais pas brièvement remémoré l'épisode du prime de dimanche, néanmoins. Quoi qu'il en soit je considérais que nous partions tous deux sur de bonnes bases. Avec ce type, étrangement, je me sentais plutôt à l'aise. « Méga cool tu veux dire ! » m'exclamais-je, peut-être un peu trop jovialement. Hop, à peine l'aventure débutée que déjà je m'étais fait un ami, et pas des moindres s'il vous plait ! Ce mec, aussi déluré soit-il, semblait sympathique. Il me tardait d'apprendre à le connaitre, car il était pour moi évident que nous pourrions, au final, devenir de véritables potes, pas seulement pour l'image et entretenir le délire de la chose, non, de vrais amis comme ils s'en forment dans ces émissions, de temps à autres. « J'suis Dani, au fait, et toi ? Ouais nan laisse tomber je sais déjà ton prénom. Tu viens de quel pays sans indiscrétion ? » Oh qu'il se rassure, je ne le trouvais pas le moins du monde indiscret. Aussi, nous étions à présent les meilleurs amis du monde, et j'autorisais mes plus proches amis à me poser toutes les questions qu'ils souhaitent. De quel pays est-ce qu'un petit rigolo comme moi était issu ? « Du pays de Mohamed Morsi. [...] D’Égypte en somme. » Je ne vivais peut-être plus en Égypte, mais je restais malgré tout informé des changements effectués au pays, comme de la récente prise en fonction du nouveau président de la république arabe d'Égypte. Je restais persuadé du fait que si je m'étais contenté de lui balancer le nom sans enchérir derrière avec le pays, ça lui aurait fait une belle jambe. « Et toi, d'où tu viens, BFF ? » Dani, ça n'avait aucune consonance particulière alors il était susceptible de venir de n'importe où. J'attendais maintenant de lui qu'il éclaire ma lanterne, histoire que je me couche moins bête ce soir.

C'est marrant, j'avais remarqué avant, d'ailleurs, et c'est vrai que j'ai une certaine facilité à approcher les gens et à leur parler. Du genre, dans la normale. Je suis capable de parler de tout et de rien, avec n'importe qui, n'importe quand, et surtout avec n'importe quoi. Ouais, la plupart des temps les gens sont des cons. Mais bon, que voulez-vous, ils ne peuvent pas tous être comme moi. Oh ! bref. Oui, donc, je disais. J'ai un grand sens de la parlotte et taper la discut' avec quelqu'un que je ne connais pas forcément n'est pas un soucis. Enfin, parler, ou faire autre chose. Comme toucher les seins de Pénélope alors que je n'ai encore jamais croisée son regard, lors du prime, ou bien encore de venir embêter Malik en posant ma main sur son épaule. Poser une main sur l'épaule d'un mec que vous ne connaissez pas, ça vous arrive souvent ? On est bien d'accord ! Du coup, je me dis que dans ce genre de jeu, c'est une qualité. Je pense pas qu'on m'en voudrait d'être ouvert avec les gens, n'est-ce pas ? C'est donc en posant ma main sur son épaule -comme d'hab', en fait-, comme de vrais potes, que je lui dit que c'est mon meilleur pote, ici. Et pourtant, on a pas échangé une quantité incalculable de mots. Non, à vrai dire, on s'est jamais vraiment parlés, mais c'est quand même celui avec lequel je me sens le plus proche. Ouf ou pas ? Bref ! Il me répond que c'est méga cool et ça me fait sourire. Il est super méga supraaa(aaaa) cool aussi, ce type. Et pourtant, ça fait même pas une semaine qu'on est là. Mais bon, il parait que les "sentiments" sont décuplés par millions ici. Tu m'étonnes.. On en vient à parler un peu plus sur nos vies personnelles, enfin, pour le coup c'est plutôt la sienne que je veux savoir. D'où il vient, prénom, nom, âge, profession, numéro de carte bancaire et le code. Au mieux, hein. Au pire, je lui casse la gueule. Non, c'est une blague ! Je casse pas la gueule à mes potes, voyons ! Pour qui vous me prenez sérieux. Il me balance un truc incompréhensible à mes yeux, et il finit simplement par dire qu'il vient d'Egypte. Ehh ! c'est pas loin de chez moi, ça ! Mon sourire s'intensifie et il me retourne la question, ajoutant également un surnom tout à fait charmant. « P'tain mec on est comme des frères ! J'viens du Maroc, c'est juste à côté, nan ? Enfin, c'est pas très loin, quoi.. » J'ai dit une connerie -encore- ou pas, là ? J'pense juste que rien que le fait que nous venons du continent africain, fait que nous avons un lien, déjà d'office. Enfin après je sais pas, hein.. ça restera mon ami malgré tout.. Je souris, comme un débile -toujours-, et je retire ma main de son épaule pour venir la poser sur une étagère qui se trouve derrière nous. Mon doigt vient valser sur celle-ci, et puis, je me demande un truc. « Tu crois qu'ils ont du Nutella, ici ? T'aimes Wagner ? T'aimes bien ce jeu pour l'instant ? Tu penses que la vie mérite d'être vécue ? Est-ce que tu crois que.. ou bien.. » En fait, c'était plusieurs trucs, mais bon.. « J'ai un poussin. Il s'appelle Miguel. Je l'kiff trop.. » Et là, il va se dire "putain le mec cinglé qui me parle de Wagner puis de son poussin, ouf quoi". Mais je crois qu'on a dépassé le stade des présentations, non ? Ouais, du coup je deviens un peu plus "intime" en lui disant que j'ai un poussin, Miguel. Ouais.

J'étais son meilleur poto, il venait de le dire lui-même. Cette vision de nos rapports me plaisait bien, même si cela faisait un peu bizarre de voir ça sous cet angle puisque nous nous connaissions encore très peu. En fait, je ne connaissais réellement de lui que son prénom, Dani. Et il connaissait le mien, mais également mes origines car je venais tout juste de lui confier venir d’Égypte. « P'tain mec on est comme des frères ! J'viens du Maroc, c'est juste à côté, nan ? Enfin, c'est pas très loin, quoi.. » Ainsi donc Dani et moi venions tous deux d'Afrique du Nord. Je n'aurais jamais soupçonné un instant qu'il eut été marocain, car tout à fait franchement il ne portait pas les traits communs aux marocains comme moi je portais les traits communs aux égyptiens. Mais passons, il disait être marocain, et sur ce je voulais bien le croire. Et il avait raison, puisque nous venions de la même région du monde, nous étions un peu comme des frères lui et moi. « Effectivement, c'est pas bien loin. Mais toi marocain, j'aurais jamais cru ! » Avec ses grands yeux bleus, il serait facilement passé pour un anglais, ou un irlandais. Par contre moi, avec ma peau basanée, on devinait un peu d'office que j'étais arabe, bien que mes yeux verts pouvaient aussi laisser planer le doute. « Tu crois qu'ils ont du Nutella, ici ? T'aimes Wagner ? T'aimes bien ce jeu pour l'instant ? Tu penses que la vie mérite d'être vécue ? Est-ce que tu crois que.. ou bien.. » Wow wow wow pourquoi toutes ces questions ? À peine en énonçait-il une nouvelle que j'avais déjà oublié la précédente. Du coup, pas facile de donner une réponse à chacune d'elle. Mais était-ce seulement ce qu'il attendait de moi ? Et attendez, ce n'était pas tout, car Dani n'avait semble-t-il pas fini. « J'ai un poussin. Il s'appelle Miguel. Je l'kiff trop.. » Un poussin maintenant ! Du coup, je me sentis obligé de lui révéler certaines choses à mon sujet. Mais par où commencer... « Le seul truc que j'ai retenu, à part le nom de ton poussin, c'est que tu te demandais si la vie valait la peine d'être vécue... et je pense que oui, frèro, sans aucun doute même. » Moi la vie, je l'avais toujours vécue à fond et la croquais à pleines dents depuis toujours, malgré les crasses qu'elle m'avait apportées. J'étais un hyperactif quoi, si vous préférez. En parlant de ma vie, justement... « Ça reste entre nous, mais je me pose pas mal de questions sur moi. Ou, plutôt, sur ce qui me... plait, tu vois. » Et là il n'était aucunement question de cornichons, nutella ou imprimés indiens. Je venais de faire référence au fait que depuis quelques temps maintenant, je n'étais plus sûr de rien concernant mes préférences s... bah, vous voyez, pas besoin de faire un dessin. Les femmes, les hommes, les deux... C'était un peu le chaos total dans ma tête. Pourquoi le lui en parler ? Bah, on était de grands potes maintenant, des frères même. Et il m'avait fait une sacrée révélation sur son poussin, alors j'avais enchéri sur une sacrée révélation sur moi, tout aussi intime, et probablement tout aussi difficile à avouer, oh oui c'est certain.

Putain, les mecs, attendez trente secondes, l'Egypte, quoi ! C'est ouf ou pas ? J'veux dire.. en venant ici, j'ai pensé croiser que des anglais, des irlandais, surtout, ou bien même des français. Mais un égyptien ! C'est pas très loin de chez moi, quoi ! Et, même si ce ne sont pas des pays frontaliers, on vient tous les deux d'Afrique du Nord, et au fond c'est le plus important, non ? Déjà que je l'aimais bien, ce mec, là, je serai carrément capable de lui baiser les pieds, s'il me le demandait. Ouais, je suis content avec un rien. Et là, c'est le meilleur moment de ma journée. Je crois que ce type, je suis pas près de le lâcher d'une semelle. Il est sympa, en plus. Que demander de plus ? Pas grand chose, je suis d'accord. Un sourire béa collé au visage, il me balance, en gros, que je ne ressemble pas à un marocain. En effet, c'est assez problématique, c't'histoire. « Beh, en fait, si tu veux, c'est tout con. Mes parents, sont irlandais, tu vois ? Ils ont déménagé au Maroc pour je ne sais plus quelle raison, et je suis né là-bas, et on y est restés.. » quand je dis "on", je parle de mon père et moi. Ma mère ? Je crois que j'ai pas vraiment envie d'en parler, là. Je sais pas où elle est, je sais plus vraiment la tête qu'elle a, la pauvre. Enfin ! peu importe. Je décide de stopper la petite histoire là, je crois pas avoir envie de continuer, en fait. Je souris, par la suite, et lui pose tout un tas de questions. Certaines ont un sens, d'autres non, et pourtant, elles sont toutes importantes pour moi. Le nutella, c'est ma vie. J'écoute Wagner dans mon bain, ce jeu va définitivement nous marquer un peu tous la vie, même si ça ne fait pas même une semaine qu'il a débuté, et pour la vie.. disons simplement que je me pose cette question. Oh ! non, je ne pense pas à la mort ou tout ces trucs là. Non, du tout ! Je me demande juste pourquoi on est là, sur cette planète. Mais je me dis, par la suite, que si on y est, c'est qu'il y a bien une raison, non ? Enfin, peu importe, les questions philosophiques de ce type, c'est pas trop mon truc, mais vous l'avez remarqué, sans doutes. Je lui dévoile l'existence de mon poussin. Un petit poussin que j'ai eu, genre, y'a pas si longtemps, et dont je m'occupe tous les jours. Miguel. Et des fois, je lui colle une fausse moustache, et je lui demande l'heure en espagnol. Bon, il me répond pas, mais ça me fait délirer alors que je recommence jusqu'à ce que je me rende compte que je ne sais PAS, parler espagnol.. « Tu penses ? » Je lève les yeux au ciel, du genre "je réfléchis". « Ouais tu dois avoir raison. » Je vrille à nouveau mon regard vers lui, et je souris. Il doit être le genre de mec qui mord la vie à pleines dents, lui. Et en soi, il n'a pas tort. Enfin bref.. Il prend la parole une nouvelle fois.. pour dire.. un truc que j'ai pris quelques secondes à comprendre. « Oh. » Je le regarde, je plisse les yeux. « Oooh. » Je crois que j'ai véritablement compris. « Oh oh. » il va me prendre pour un taré, c'est ça ? Je crois que je me grille, moi, et de plus en plus, et de jour en jour.. « Okay. » Je souris. Ouais, j'ai très bien compris ce dont il voulait parler. De sa sexualité, tout ça. Et au fond, je crois que je m'en fous. Non ! Pas m'en foutre dans le sens que ça ne m'intéresse pas, non, point du tout. Mais plutôt le fait que.. bah ça me gêne pas, quoi. Je veux dire, gay, bi, hétéro, zoophile, il restera mon pote. Quoi que zoophile.. j'aurai peur pour mon poussin.. « T'inquiètes ça reste entre nous BG. » que je dis, en passant mon bras derrière sa nuque. Perso, moi, je me pose pas ce genre de questions. C'est nichons, nichons, nichons (..) tout le temps. Bon, il m'arrive, ô, parfois, lorsque je suis bourré, de faire des trucs pas très catholiques avec des garçons. Mais ça, c'est une autre histoire, n'est-ce pas..

Contre toute attente, il s’avéra que je n'étais pas le seul candidat en provenance d'Afrique du Nord. Bon, je ne vivais plus en Égypte depuis trois mois environ, mais je restais lié à ce pays où j'avais grandi, et vécues mes plus belles années malgré le sort s'étant abattu sur nous il y a quelques temps maintenant et la peur engendrée par l'actuelle situation au pays. Dani quant à lui disait être Marocain, ce que j'eus tout de même un peu de mal à croire, au vu de son teint très clair et de ses yeux bleu océan. « Beh, en fait, si tu veux, c'est tout con. Mes parents, sont irlandais, tu vois ? Ils ont déménagé au Maroc pour je ne sais plus quelle raison, et je suis né là-bas, et on y est restés.. » Voilà qui expliquait bien des choses. Et du coup, je comprenais mieux maintenant, c'était plus clair dans mon esprit. Je ne trouvais pas ça con par contre, c'était atypique voilà tout. Dani était donc né et avait vécu au Maroc, tandis que ses parents étaient irlandais, ce qui pouvait expliquer le fait qu'il ne ressemblait pas à un marocain à première vue. S'en suivirent tout un tas de questions, et une révélation concernant son poussin, Miguel. Déjà, je lui fis savoir qu'à mon sens, la vie valait réellement la peine d'être vécue. Et je le pensais sincèrement, car je partais du principe qu'avec de la volonté, on pouvait réaliser tous ses rêves, même les plus fous, et donner ainsi un sens à sa vie. Cela ne servait à rien selon moi de se morfondre en acceptant une vie qui ne nous plait pas - on a beau se dire parfois contraints de faire telle ou telle chose, mais ce n'est pas vrai, car dans la vie, on a toujours le choix. « Tu penses ? » fit-il, avant de poursuivre « Ouais tu dois avoir raison. » Je ne pensais pas avoir raison - j'aurais juste aimé que plus de personnes eurent été amenées à penser de la sorte. Prenez le métro le matin et regardez les tronches tirées par les autres passagers. Désolant, hein ? Un peu de joie de vivre, c'est possible ? Et ça n'était pas valable que pour le métro londonien, c'était un peu partout pareil en fait. De nos jours, l'homme avait tendance à baisser trop facilement les bras, sans se battre. Et c'est ce que je trouvais le plus dommage. Je décidai, à mon tour, de me confier à lui. Je fis un aveu qu'il sembla avoir du mal à saisir, sur l'instant. « Oh. » Quelque chose me disait que ça n'allait pas tarder à monter au cerveau. « Oooh. » Là, aucun doute, il venait de comprendre. « Oh oh. » Comme il disait, oh oh ! Ça n'était pas une chose facile que d'avouer se chercher encore, ne pas connaitre son orientation sexuelle. C'était même éperdument gênant comme situation, et je regrettais déjà de le lui en avoir parlé. « Okay. » Je redoutais maintenant qu'il me voit différemment, qu'on ne soit plus vraiment des "potes". Mais il ne semblait pas réagir très mal, et dans un sens ça me soulageait. Je n'avais pas non plus l'impression que régnait une certaine incompréhension, donc à priori il ne se méfiait pas de moi, je veux dire, il ne craignait rien venant de moi, comme le fait que je puisse lui sauter dessus, tout ça... Loin de moi cette idée hein !! « T'inquiètes ça reste entre nous BG. » Je sentis bientôt son bras se glisser derrière ma nuque, tandis que je poussai un long soupire de soulagement. Je ne doutais pas une seconde du fait qu'il allait garder cela pour lui. Dani ne devait pas être de ceux qui s'empressaient de divulguer la moindre petite information qu'ils étaient amenés à apprendre. J'avais confiance en lui, même si on ne se connaissait que depuis peu lui et moi. « Et donc tu as un poussin, hm... » tentais-je pour changer de sujet. Ouais non, ça ne le faisait pas du tout, là, on était plus trop dans l'ambiance. Mais je ne savais plus où me mettre du coup. Sur quoi axer notre conversation à présent ? « Dis-moi,... tu penses réussir à protéger ton secret aussi longtemps que tu resteras en jeu ? » Et oui, pourquoi ne pas parler de ce que nous avions tous en commun ici, à savoir nos secrets respectifs. Par là je lui demandais si, déjà selon lui, son secret était susceptible d'être trouvé ou s'il était trop complexe pour être décelé par quiconque, mais également si c'était pour lui facilement dissimulable, ou non. Libre à lui de me répondre, ou pas, je ne voulais pas faire l'indiscret. Et qu'il se rassure, je ne tentais pas non plus de lui soutirer subtilement des informations concernant son secret, franchement, je n'avais rien d'un grand joueur et je partais du principe, absurde celui-là, que je n'avais ni le sens de la logique, ni le sens de la réflexion permettant de mener à la découverte d'un secret.