L'extérieur était sûrement tout aussi fascinant que l'intérieur du nid, en tout cas, il offrait des possibilités énormes en ce qui concerne la photographie. Bien sûr il y avait eu des dératés par ici aussi, comme la réplique du pont des soupirs et ses barques en forme de cygne, mais, le panorama était tout de même particulièrement splendide. Si bien que j'ai décidé de sortir mon petit bijou de ma valise. C'est vrai que voir l'appareil de Sochanna ce matin m'avait soulagé, je crois que j'aurais déprimé toute l'aventure si je n'avais pas pris l'initiative d'apporter le mien. C'est vrai que j'avais eu l'occasion de voir les candidats photographier tout et n'importe quoi durant la saison dernière. Mon appareil en main, je commence à mitrailler les lieux, un simple travail de repérage, loin de moi l'idée de me lancer dans mon art sans avoir au préalable pris le temps d'analyser les lieux comme il se doit. J'entrais pour la première fois dans les écuries sans me soucier de savoir si quelqu'un y était déjà. A vrai dire, même si les autres ne me dérangeaient pas outre mesure, j'ai encore un peu de mal à me mettre à l'idée qu'ils sont susceptible de débarquer dans une pièce sans prévenir. Ils n'ont aucune raison de prévenir qu'on se le dise, néanmoins ça m'éviterait de sursauter comme je viens justement le faire, en entendant la voix fluette de Laoise. Elle a raison, c'est vrai que l'intérêt est moindre maintenant. Néanmoins, ils peuvent servir à tellement de chose, oui oui tellement. « C'est un baisodrome bucolique à mon avis. C'est super cliché je te l'accorde, mais l'amour dans la paille ça existe, et j'crois que les producteurs y ont vu là une opportunité à saisir je suppose. » Dans une émission où tous les moyens étaient bons pour s'envoyer en l'air, je suppose que je ne dois pas être loin de la réalité. « Laoise ?! Hum oui c'est bien toi. » Je lui souris, totalement sûr de ce que j'avance, je ne dis pas que je dis pas que je cautionne cette perversité aveuglante, mais c'est un fait. « Mettre des chevaux en contact avec des personnes aussi extravagantes qu'incontrôlable tels que Andreas ou Santiago, c'était avant tout les protéger si tu veux mon avis. » Et puis soigner les chevaux c'est beaucoup de travail, et ça demande de l'expérience ainsi que du temps, ils ne pouvaient pas prévoir qu'un candidat puisse être capable d'une telle responsabilité.

C'est vrai que dans un point de vu totalement pratique, cette pièce ne servait à rien sans chevaux. Le pire c'est qu'elle était imprégné par l'odeur, une odeur si forte qu'on aurait pu croire qu'ils se cachaient là, dans un coin mais qu'il nous était impossible de mettre la main dessus. Sauf que non, et encore heureux. Visiblement mon idée ne plut pas du tout à la demoiselle qui affichait une mine de dégoût, même si elle ne dit rien, son regard ne trompe pas. D'ailleurs, je ne me suis pas trompé non plus concernant son prénom. J'deviens bon mine de rien. Même si j'ai une bonne mémoire, j'ai surtout les oreilles qui traînent et je crois que cette grâce à ce petit défaut que j'ai réussi à mettre un prénom sur ce joli visage. Sauf qu'elle ne connaissait pas le mieux. Comment lui en vouloir puisque nous n'étions là que depuis moins vingt quatre heures. Le contraire aurait été étonnant. « Slavin... » Je réponds simplement à sa question, tandis que je poursuis ensuite sur les chevaux. Je marque un point, bien sûr que je marque un point. Mon appareil photo toujours entre mes mains, je le passe finalement autour de mon cou afin d'être moins susceptible de le faire tomber. « Tu es déjà monté à cheval pour être aussi déçue ? » Question comme une autre, je me vois mal repartir comme j'étais arrivé donc, ouais, l'usage voulait qu'on poursuive la conversation, d'une manière comme une autre. C'était celle que j'avais choisi. Tandis que je m'appuyé contre le rebord du box, les mains dans les poches.

Pourquoi elle me regarde ainsi ? J'ai l'impression d'avoir dit quelque chose de mal dès que j'ai prononcé mon prénom. Sisi je te jure c'est de cette manière que je me prénomme. J'suis censé faire quoi ? Dire quoi ? Et puis soudainement elle ouvre la bouche pour me poser une question des plus étranges. « Euh si c'est moi ! Elle t'a dit quelque chose de mal à mon sujet ? » J'en doute, elle avait l'air de plutôt m'apprécier ma partenaire, mais j'sais pas on sait jamais. Peut être que c'est un leurre et qu'elle colporte des choses étranges à mon sujet. Hum, non pas possible m'enfin, j'sais pas. Je me gratte la tête légèrement gêné. Et puis elle répond à ma question comme si c'était une évidence, oui ça l'est sûrement à ses yeux. Mais j'dois lui rappeler que j'en sais rien moi ou ? Je peux pas m'empêcher de sourire lorsqu'elle me raconte l'anecdote au sujet des chevaux et de son frère. « Et finalement la conclusion ? Les chevaux ou ton frère ? » Spontanément, j'aurais tendance à répondre chevaux en ce qui me concerne, pas que j'aime pas mes frères mais... « Ma question est trop étrange, t'es pas obligé de répondre. » J'souris, elle va finir pour me prendre pour un dingue. Je le suis sûrement quelque part, mais je n'ai pas le temps de répliquer qu'elle change de sujet à son tour. Super. Photographe, j'suis prêt à lui demander comment elle sait, et là, mes yeux se pose sur mon instrument. Ah oui c'est vrai. « Oui tout à fait. » Et je ne peux pas m'empêcher de le prendre à nouveau dans mes mains. Obsession vous avez dit ? Totalement. « T'as déjà posé ? Parce que si tu veux, j'ai mon appareil justement et ce sera gratuit alors... » La gratuité quel argument infaillible, non mais j'vous jure. Evidemment, elle ne doit pas se rendre compte du montant d'un shoot avec un cadre comme celui-ci mais quand même. Je lève les yeux au ciel désespéré de ma propre connerie. Mon dieu, j'pouvais être crétin parfois.

Comme j'aurais pu m'en douter, elle me laissa imaginer qu'il se racontait des choses ignobles dans mon dos, bah tiens. C'est un peu comme si je lui avais donné le bâton pour me fouetter. J'arbore une moue boudeuse, secouant la tête de gauche à droite frénétiquement. « Il fallait bien que ça arrive, elle est trop parfaite pour être vraie ! » Je lance, presque désespéré par cet aveux. Oui bien sûr qu'elle est parfaite, dans ses imperfections tout du moins. Et là, j'suis sûr que mes yeux de Chat Potté ont eu raison de sa bonne foi, puisqu'elle m'avance aussitôt qu'elle blague. Oui bah ça je m'en doutais forcément. Je souris un peu plus franchement, balayant cet air de martyr de mon visage. « Les petits frères se sont les pires si tu veux mon avis ! » Je lui assure comme si j'étais un pro sur la question, bien sûr j'avais une base sur laquelle je pouvais m'appuyer pour comparer mais tout de même. Bref, j'raconte de la merde ou bien ? Enfin la suite n'est pas mieux, mais par chance, Laoise bon public rentra dans mon jeu. « Non j'blague, c'est un book contre du sexe, technique infaillible. J'suis doué dans mon genre alors elles ne résistent jamais devant la qualité des photos du coup, on baise... » J'plaisante, elle le saisit que j'plaisante j'espère ? Mon air désabusé face à une telle remarque doit jouer en ma faveur j'imagine. D'autant qu'elle continue dans le délire. Ah parce que c'est supposé être sexy là ? Bien sûr je commence le shooting pour ne pas la vexer, une chance que ce soit du numérique quand même. « T'as plutôt l'air d'une nana constipée mais attends, j'vais arranger ça. » Je pose mon objet, je m'approche d'elle et lui ébouriffe les cheveux légèrement, une crinière sauvage ça a tendance à renforcer la sexytitude. « Déjà mieux ! » J'reprends ma place plutôt satisfait du résultat. « J'sais pas, imagine mon appareil c'est LE type que tu rêves de te faire, tu le veux, tu le veux tellement que t'essaye de le lui faire comprendre. » Je shoote à nouveau, après réflexion j'propose autre chose, non pas que je doute de ses capacités mais on ne sait jamais. « Sinon t'es pas obligé de sourire, le naturel c'est ultra tendance, même Vogue l'a adopté ! » Ouais bon, j’enjolive légèrement, mais au pire, ça fonctionnera et sinon, sinon ce n'est pas la fin du monde.