S'il avait existé un guide du parfait candidat de télé-réalité, l'exploration des lieux serait sûrement arrivé en tête des choses indispensables à effectuer. Un bon moyen de ne pas se perdre, de retrouver les pièces indispensables en un temps record aussi. Comme la salle de bain, il est toujours important de pouvoir prétendre à une bonne hygiène à tout moment, et elle restait l'endroit qui abritait l'armoire à pharmacie, très utile en cas de choc frontal intentionnel. Ainsi que les toilettes, c'est bête, mais c'est sûrement l'endroit que je repère le premier, ou peut être qu'il s'agit de la cuisine, se nourrir c'est ce qui arrive en tête du guide du parfait aventurier. Mais là n'est pas la question puisque la nourriture nous était fourni en abondance dans un endroit tel que celui-ci. Au plus grand damne de certains par ailleurs, les statistiques démontrant qu'un individu lambda qui se respecte à tendance à se jeter sur la nourriture de façon incontrôlée pour palier l'ennui. Et dans un lieu tel que celui-ci, l'ennui frapperait sans doute plus tôt qu'on se l'imaginait. Si bien qu'avec cette nonchalance qui me décrivait tant, j'ai parcourus les lieux, m'attardant davantage sur certaines pièces, ma curiosité s'étant trouvé rassasié par une pièce, une pièce en particulier, plus curieuse que les autres. Et plus lugubre aussi, beaucoup plus lugubre. Et c'est ce qui me fascinait. Aussitôt, je me suis approché de ces murs abîmés, envahi par la poussière blanche. Je les observe avec minutie, avec les yeux brillant d'un enfant qui vient de découvrir ses cadeaux le matin de Noël. Comme si ce qui se trouvait devant moi résultait d'un trésor inouï, je suis entrain d'observer l'intérieur d'une cellule avec minutie lorsque j'entends des pas se rapprocher du lieu où je me trouve. Je redresse la tête par instinct, une jeune femme blonde et yeux clairs. Je souris. « Salut ! Tu peux rentrer, c'est bon, j'ai fini d'explorer les lieux, identifier l'emplacement des caméras, si tu souhaites abuser de moi sans être vu, je te conseille cet endroit là bas. » Je lui montre un écart très mince, un mètre tout au plus dans le coin opposé de la pièce, une sorte d'angle mort. « Mais, ça t'expose au risque de te faire prendre sur le vif par l'un de nos colocataires dans une position compromettante... » Je grimace, le pire c'est que j'ai l'air tellement sérieux que deux solutions se posent à elle, me prendre pour un gros pervers, ou un débile profond. Et à bien y réfléchir, j'ignore ce qui me valoriserait le plus. J'finis par rire. « Pour la 651ème fois de la journée, je m'appelle Slavin, et toi ? »

Ne me demandez surtout pas comment je me suis retrouvée dans ce couloir sombre et humide, à faire le pied de grue devant une cellule inoccupée –fort heureusement-. Je l’ignore totalement, puisque je cherchais la cave à vins en vérité. J’ai ouï dire qu’elle renfermait des délices, et j’aurais bien aimé vérifier cette information par moi-même. Mais il me paraît relativement évident que je me suis trompée d’endroit, j’ai du rater un tournant ou le petit malin à qui j’ai demandé mon chemin aura trouvé ça amusant de me conduire tout droit vers ce lieu lugubre. Je suis parfaitement immobile et encore surprise de me trouver dans un tel endroit lorsque l’on m’aborde sans prévenir, un sursaut secouant ma fine silhouette. « Quel galant homme . . . » Je laisse échapper ces mots dans un murmure en croisant les bras, si bien que je suis persuadée qu’il n’a rien entendu. Non vraiment, on ne m’a jamais suggéré de m’allonger avec autant de délicatesse. L’espace d’une seconde j’éprouve comme une légère frayeur en imaginant que tous ces candidats ne sont que des goujats en quête d’une bonne . . . ‘‘baise’’ comme disent les gens de nos jours, cependant mon cœur s’apaise au bout de quelques secondes de réflexion. Non, pas tous. Je hausse un sourcil lorsqu’il reprend la parole, un tantinet déçue. « Vraiment ? C’est dommage j’aurais préféré t’attacher pour accomplir mon forfait. » Je fais allusion aux chaînes enfoncées dans le mur derrière lui. Je ne sais pas s’il distingue l’ironie dans ma voix, mais j’imagine qu’il ne doit avoir aucun mal à percevoir l’éclair qui zèbre ma pupille l’espace d’un instant. Je m’approche de quelques pas, me retrouvant à la bordure de la cellule tandis qu’il se présente en riant. Cela dit cela n’apaise en rien ma première impression, plutôt désagréable je dois dire. « La seule position compromettante dans laquelle on risque de me trouver, ce sera en train de t’enfoncer une aiguille dans l’oeil joli cœur. » Déformation professionnelle de couturière. Je dois l’admettre, je n’ai aucun humour lorsqu’il s’agit des femmes et de ce genre de suggestions lubriques. On me l’a souvent reproché et je tente de faire des efforts, vraiment je vous assure, mais là tout d’suite, ça ne fonctionne pas. Aussi je referme la porte de la cellule sur le candidat en poussant de toutes mes forces, le piégeant dans la petite pièce qu’il était probablement en train d’inspecter. Ah ah, gros malin, tu fais quoi maintenant ? Mais au moment où je m’apprête à fermer le loquet, je me rends compte que ces ingénieux types de la production ont retiré le verrou. Flûte de zut, j’ai l’air d’une pauvre idiote là, non ? Je regarde le candidat par la grille taillée dans le bois, riant nerveusement en le libérant. « Je plaisante voyons, moi c’est Swann. » Swann la pauvre gourde. Et s’il a l’intention de m’infliger des représailles, je n’aurais plus qu’à hurler ou le supplier de m’épargner, parce qu’avec ma force de moineau il est évident que je ne fais pas le poids. Je lui tends la main pour formaliser cet échange, lui présentant le dessus de celle-ci comme pour exiger un baise main en relevant le menton. Nous sommes bien dans un château, n’est-ce pas ? Il me semble que les hommes doivent se comporter comme des princes et non comme des geôliers en manque d’aventures sexuelles, non ? « Alors Slavin, je vois que ces cellules t’inspirent particulièrement, une impression de déjà vu ? » Eh oui voyez vous, je ne perds pas de temps pour partir à la chasse, moi.

Je la voix ouvrir la bouche, je pourrais presque croire qu'elle a prononcé un mot, mais je n'entends rien. Si bien que je grimace, perplexe. Bon, j'fais quoi je lui demande de répéter au risque de me faire passer pour un fou qui invente tout où je laisse couler ? Après avoir pesé le pour et le contre pendant environ deux secondes et demi, je décide de laisser couler. Elle finit par exprimer sa déception, même si ses iris lumineuse me prouvent le contraire. Si bien que je souris face à sa remarque. « C'est totalement envisageable ma belle ! Totalement envisageable. » Non pas que j'ai des tendances sadomasochistes en réalité, parce que c'est loin d'être le cas. Seulement, s'il y a bien un truc qui joue en ma défaveur c'est ma capacité inexplicable à ne pas parvenir à dire non à une blonde qui a du répondant. Ma faiblesse en somme, qui m'a à bien de nombreuses reprise joué des tours par le passé. Mais elle ne semble pas prendre mes dires pour une plaisanterie, ou alors elle a une façon bien à elle de plaisanter. « Oh je vois, t'es du genre violente toi. J'adore ça... » Je souffle, sans me départir de ce sourire exagéré et ... Ouais, exagéré et faux qui plus est, c'est clairement le mot là, elle va devenir dingue, hurler au viol ou je ne sais quelle folie dans le genre. Sauf que non, au lieu de cela, elle referme la porte de la cellule. J'ai envie de lui dire qu'elle perd son temps si elle compte m'enfermer, sauf que je ne dis rien. Je me contente de la laisser faire, elle va finir par s'en rendre compte. Et bingo, ça ne tarde pas à arriver. Je ne peux contenir un éclat de rire plus longtemps. Tandis qu'elle me libère non sans ajouté qu'elle ne plaisante. « Evidemment ! » Swann, immédiatement, j'ai la chanson de Dave qui me vient en tête, quelle culture, je m'impression totalement. Mais je me retiens d'une quelle conque remarque à ce sujet. D'autant qu'elle me présente sa main. Je comprends le sous-entendu, la galanterie ça coule dans mes veines. Enfin techniquement non, c'est plus une chose que j'ai apprise à force de côtoyer les français mais soit. « Enchantée Swann ! » Je lance avant de déposer un baiser sur sa main que j'effleure à peine. Tel un gentleman. Et puis je me recule quelque peu, on ne sait jamais, elle peut être prise de violente pulsion, il vaut mieux que je garde mes distances. « T'es clairement entrain de me demander si j'ai fait de la taule ou je rêve ? Non attends, c'est à cause des tatouages non ? Parce que c'est un méchant cliché tu sais. » Elle a sûrement pu en voir certains dépasser de mes avant-bras, ou pas. J'occulte aussitôt sa question, parce que ... Et bien pare que ça m'amuse voilà tout. « Et toi, t'es une princesse ou un truc du genre ? » Encore et toujours un cliché, mais que voulez-vous, on fait avec ce qu'on a !

Le baise main se fait dans les règles, aussi je ne manque pas de placer ma main libre sur ma hanche pour incarner la parfaite stature de la princesse que l’on salue. Je suis sur le point de lui tapoter la tête pour l’embêter, mais il ne manque pas de se reculer aussitôt, prévoyant semble-t-il une distance de sécurité. Pas d’inquiétude, je n’ai pas d’aiguille sous la main. « T'es clairement entrain de me demander si j'ai fait de la taule ou je rêve ? » Moi ? Non voyons, je ne ferais pas une chose aussi évidente ! Et pourtant . . . Je laisse mon regard glisser sur ses bras d’où j’entraperçois un tatouage, que je n’aurais sans doute même pas remarqué s’il n’avait pas signalé leur existence. Mais ce genre de gribouillis fait à l’encre, je les trouve plus séduisants qu’autre chose. Si tous les tatoués devaient être passés par la case prison, alors je connais quelques anciens détenus qui m'ont menti. Il ne se prive pas à son tour d’émettre une hypothèse qui me fait doucement sourire. « En parlant de cliché . . . C’est à cause du baise main, de mes manières exemplaires, de mon langage dénué de toute vulgarité ? » Non en fait, je ne préfère pas savoir. « En attendant, tu n’as pas répondu à ma question. » Je note en haussant un sourcil provocateur, comme s'il n'avait pas fait exprès. Je suis persuadée qu’il fait exprès pour garder quelques cartes en main, histoire de m’embrouiller un peu. Cela dit je ne suis pas prête à jeter l’éponge aussi facilement, et à la chasse aux secrets je suis à peu près sûr de parvenir à convaincre un auditoire influençable de part mes talents d’orateur. « Tu sais en toute logique il est plus intéressant de se faire dérober sa cagnotte dès les premières semaines. » Je commence, plantant mon regard dans le sien en m’adossant au mur. « Dix-mille euros, ce n’est pas encore une somme très importante. Tu perds pour mieux gagner, récupérer ta cagnotte en double en mettant à nue celle qui te l’a dérobée dans un premier temps. » C'est-à-dire moi, au cas où il n’aurait pas encore compris que je suis une veuve noire qui tisse une toile autour de son argent. Je me décolle habilement du mur pour me rapprocher de sa silhouette, innocemment, réduisant sa distance de sécurité à néant. J’ai les iris luisants, et la langue qui vient humidifier ma lèvre supérieure. « Epargne-nous une chasse inutile dont nous connaissons tous les deux l'issue. » Oui bon je sais, ça peu paraître tendancieux cette conversation, et n’importe qui me connaissant doit-être en train de se tordre de rire devant son petit écran. Parce que si je transpire la luxure et le désir, mes émois ne sont dirigés que vers cette cagnotte qu’il traîne lourdement derrière lui et dont je souhaiterais le débarrasser par pure bonté d’âme. Un large sourire colgate fend soudain mes lèvres, sans prévenir, à l’image d’un avocat fier de sa plaidoirie, et je lâche un « Convaincu ? » enjoué en croisant mes mains derrière mon dos. « Je peux aussi t'hypnotiser si ça n'a pas marché. » Je lui propose en perdant quelque peu mon sourire, haussant les épaules.

La blonde peroxydée m'interroge même si juste après, elle semble préférer que je garde le silence et qu'elle me relance sur le sujet des cachots et d'un quelque conque souvenir. Je souris. « Oui entre autre... En attendant, c'était volontaire. » Je réplique, légèrement provocateur, tandis que je croise les bras contre mon torse, elle se trompe si elle croit que je vais lui révéler une information de cette importance alors qu'elle vient - rappelons-le - de me menacer avec une aiguille. Bien que sa détermination n'a pas d'égal à en croire le petit discours dans lequel elle se lance. Elle accroche mon regard de ses iris claires, impassible, je laisse tout de même ma bouche s'étirer en un fin sourire. Et c'est donc à ce moment là que je suis censé réduire ses espoirs à néant ? Ah non, pardon, elle n'a pas terminé, elle se rapproche même. Elle croit sûrement réussir à m'intimider, c'est vrai que sa carrure est telle que je suis pris au piège, c'est incontestable. « Tu t'es pas dit que ces dix-milles euros étaient peut être la seule chose que j'ai de donner une vie décente à mes cinq enfants ainsi qu'à leur mère malade ? Ou peut être que la seule chose que je veux de toi ne se monnaye pas ? Enfin y'a des filles qui se font payer, c'est une manière comme une autre de gagner sa vie, mais non, pas toi.. » Non, je ne suis pas du tout entrain d'insinuer qu'elle pourrait éventuellement se prostituer, au contraire, j'suis entrain d'insinuer qu'elle n'en a pas le profil. « Et sinon y'a un truc qui coince dans ton petit arrangement, quel est l'intérêt que je te laisse me prendre ma cagnotte si c'est pour la récupérer ensuite ? Non, j'sens bien que tu risques de me couillonner... Donc tu rêves Le Cygne ! » Ferme et définitif, je ris, parce c'est juste impossible de garder mon sérieux avec son sourire braqué sur moi. « Hypnose ? C'est bien, tu es déterminé, mais pas suffisamment pour imaginer me piéger. » Traduction : t'as beau être belle comme un coeur et user de tous les artifices, j'suis aussi muet qu'une tombe, tu perds ton temps ma petite. na ! Mon regard se durcit, légèrement seulement, simplement pour lui montrer ma propre détermination. L'avantage avec ce genre de discours c'est qu'elle était claire quant à sa présence dans le jeu, elle était là pour dénicher les secrets et faire la main basse sur les cagnottes par la même occasion. « T'es flic sinon ? Détective privée peut être ? » J'sais pas je demande, ou peut être qu'elle abuse des séries policières qu'ils nous diffusent à la télévision et qu'il m'arrive de regarder par temps de pluie.