J'lis dans le salon, avachi dans l'un des fauteuils, attendant patiemment que l'heure avance pour me mettre au lit. J'aime pas y aller tôt, en plus, c'est mieux si Adie est bien endormie, j'risque moins de la réveiller. Bref, j'lis un livre qui ne me passionne pas tant que ça, et là j'remarque des taches rouges sur mon tee-shirt blanc. L'horreur. Putain c'est quoi ça ? J'relève la tête, et là, illumination. Mon nez. Comment pourrais-je oublier les superbes morceaux de cotons que j'ai dans le pif ? Et bien il semblerait qu'ils ne soient plus efficaces ces cons puisque mon tee-shirt, fait office d'absorbant. « Et merde. » Je peste en me touchant le nez, et il dégouline le salop. Putain. J'jette mon bouquin sur canapé, je me lève et enlève mon tee-shirt quitte à ce qu'il soit foutu, je me le colle sous le nez, en espérant qu'il arrête de couler à un moment donné. Au moins, ce n'est plus douloureux. J'arrive dans les toilettes en trombe. Y'a une armoire à pharmacie sur le mur. Je l'ouvre sans lâcher la pression sur mon tee-shirt. J'ouvre, je fouille, mais j'suis pas sûr de savoir ce que j'cherche en réalité. Tout ce que j'sais c'est que j'commence à avoir mal à la tête. J'entends quelqu'un arriver. Finnick. Je le salue de ma main libre. Je tente un sourire pour atténuer le fait que j'sois torse nu, le nez en sang dans les toilettes. « Dis, tu t'y connais toi en saignement de nez ? » Je demande finalement alors que je viens de me faire attaquer par une multitude de bandes qui viennent de sauter, toute seule de l'armoire à pharmacie.

C’est fou le temps que je peux passer à n’absolument rien faire du tout. Je crois que je viens de passer deux heures dans les écuries à regarder le mur d’en face, ça devait être super passionnant pour la production, ça, tiens. Mais en fait j’écoutais de la musique et dans ma tête, c’était une véritable explosion de pensées en tout genre. J’étais surtout concentré sur l’aprè-jeu en fait, j’imaginais milles et un scenarii de mon éviction, de mon retour chez mes parents, de la discussion dans le salon qui n’allait pas manquée de me faire chier, de l’hypothétique crise cardiaque – sous le choc que je sois un : incestueux et deux : en couple avec une fille ‘pauvre’ – de ma grand-mère. De moi qui finis par en avoir marre et par monter dans ma chambre, de ce que j’allais faire ensuite. Et ça, ça me prends deux bonnes heures, dans le foin, jusqu'à ce que j’ai mal au cul. Rester assis si longtemps, ça fait mal au cul oui. Du coup je me lève, je me frotte le séant pour enlever la paille, je passe mes mains sur mon visage et avec un soupire je rentre au château. Au passage je note que la nuit est tombée, tiens… Je ne m’en étais pas rendu compte. Bref, autant rejoindre mon lit à cette heure. Sur le chemin de la chambre je passe près des toilettes et là, je vois Evan torse nu, un t-shirt taché sous le nez, qui me fait un salut de la main et qui tente un sourire. J’arque un sourcil. « Dis, tu t'y connais toi en saignement de nez ? » Alors, il a de la chance, oui. « Tu dois appuyer sur la narine qui saigne, ne penche pas la tête en arrière. Au bout d’un moment le saignement va s’arrêter. » Et oui, c’est pas compliqué hein. Je baisse la lunette de la toilette derrière lui. « Assied toi. » Dis-je en ouvrant la pharmacie, j’attrape un du coton dans la pharmacie et le lui tends. « Mets quand même ça, au cas où. » Promis mon truc fonctionne hein, mais bon… Hm.

J'avoue c'est bizarre de saluer Finnick qui passe par ici, comme si de rien était alors que mon nez pisse le sang, mais bon, j'vais pas me mettre à pleurer, et l'implorer de m'aider non ? Enfin, c'est vrai que j'ai eu l'heure d'une chochotte dans la salle de bain ce matin, mais bon, c'était assez exceptionnel dirons-nous, un écart de conduite de ma part, un très gros écart, mais un écart. Bon une chance que le candidat ne soit pas un gros con insensible, parce qu'il me renseigne. Il me dit, d'appuyer sur la narine qui saigne, oui bon ça j'fais déjà, enfin il me semble. J'appuie sur ce que j'peux et avec un tee-shirt c'est pas de la tarte. Par contre, il me dit de ne surtout pas pencher la tête en arrière. Hein ? Je le regarde légèrement incrédule. « T'es sûr de toi là ? Tweedy m'a dit totalement l'inverse ce matin. » Ceci dit, elle m'avait l'air paniqué, elle ne savait pas trop ce qu'elle disait, ou faisait, ou alors, il se plante. Enfin, j'cherche pas à les mettre en compétition juste que ça s'arête enfin. Je le vois baisser la lunette des toilettes, il me demande ensuite de m'y asseoir. « D'accord. » Je m'exécute, c'est vrai que ce sera plus pratique. J'enlève le tee-shirt, et j'sens le sang couler encore, merde. Bon, sinon ça s'arrêtera un jour que j'puisse respirer à nouveau convenablement ? Il me tend du coton de la pharmacie, le truc que j'cherchais en vain. « Ah merci, j'arrivais pas à le trouver. » Je le récupère, et retire mon tee-shirt vraisemblablement foutu, et merde. Je soupire, mais fourre le truc dans mon nez. Et là, on dirait que ça ne coule plus. « Que Dieu te bénisse, et qu'il te laisse rester ici dimanche pour te remercier de m'avoir sauvé. » Ouais, c'était ma façon à moi de le soutenir, il méritait de rester, il était cool, et puis, non j'sais pas, je l'aime bien ce Finnick.

En remontant dans le château pour aller dans la chambre, je ne me doutais pas une seconde que j’allais trouver Evan dans les toilettes, le nez en sang et torse nu, qui plus est. Et pourtant, c’est exactement ce qu’il était arrivé, la vie offrait bien des surprises n’est-ce pas ? Et pas forcément les meilleures, c’est clair que je n’aurais pas souhaité à quelqu’un d’avoir une hémorragie dans la narine. Et j’abuse à peine. « T'es sûr de toi là ? Tweedy m'a dit totalement l'inverse ce matin. » Je plisse les yeux, bon va falloir donner un cours de secourisme à Tweedy hein parce que c’est quand même un peu la base. « Certain, j’avais une nounou qui avait un diplôme de secouriste et elle nous a toujours dis ça. » D’ailleurs toutes mes nounous en avait un, de diplôme de secourisme, imaginez un peu qu’un des précieux héritiers de la fortune de mes parents meurt tragiquement dans un accident stupide – genre un saignement de nez – ce serait malheureux non ? Surtout quand il en reste plus qu’un parce que l’autre à voulu voler de ses propres ailes, encore plus tragique. « D'accord. » Fait-il quand je lui dis de s’asseoir sur la toilette refermée. Et il s’exécute. Evidemment Evan n’a pas perdu beaucoup de sang, la tête ça saigne beaucoup, c’est impressionnant, mais c’est pas son saignement de nez qui va le mettre K.O. Finalement je cherche un peu dans la pharmacie après des cotons et quand j’en trouve je les tends à Evan. « Ah merci, j'arrivais pas à le trouver. » Dit-il en prenant les cotons. « Derien. » me contentai-je de répondre. Finalement après quelques instant et après que evan se soit bouché une narine avec du coton, le sang arrête de couler. « Que Dieu te bénisse, et qu'il te laisse rester ici dimanche pour te remercier de m'avoir sauvé.» Je lâche un rire et hausse les épaules. « Que la production passe mon acte héroïque à la télévision, dans ce cas ! » Ceci n’est pas du tout un message envers la production pas du touuuuut ! Ahem. Finalement je me poste contre le lavabo – qui ne va pas craquer non il est bien fixé, hein ? – et lui demande. « Tu t’es fais ça comment ? » Il ne fait pas particulièrement chaud, ce qui a tendance à faire éclater les vaisseaux sanguins dans le nez – j’avais tout le temps ça quand j’étais gosse – donc j’imagine qu’il s’est cogné ?