Poussée par un intérêt historique, je me laisse guider dans les escaliers menant vers le niveau inférieur du nid d'amour. La température semble baisser un petit peu plus à chaque pas qui m'approche des cachots, si bien que je croise les bras sur ma poitrine, et l'air est chargé d'une humidité presque désagréable. Pour couronner le tout, j'ai du mal à ne pas plisser le nez face à l'odeur âcre que dégage la rouille, autant dire que c'est bien le dernier lieu du château dans lequel je passerai mes journées. Les grilles qui délimitent les différentes cellules ne sont assurément pas là pour rendre l'endroit davantage accueillant. Cela dit, ma curiosité me pousse à m'engager un peu plus profondément, laissant mes pas venir rompre le silence oppressant qui m'entoure. J'inspecte le moindre recoin, jusqu'à arriver au niveau d'une cellule déjà occupée par un candidat. Et pas n'importe quel candidat, puisqu'il s'agit justement de mon partenaire. Un léger sourire s'empare de mes lèvres. Il ne semble pas m'avoir entendu, si bien que je profite de tout l'effet que produit ma voix qui vient résonner jusqu'aux creux de ses oreilles quand je prend enfin la parole pour signifier sa présence: « Des affinités avec tout ce qui est lié aux menottes, peut-être ? » Je le regarde un brin moqueuse, avant de faire quelques pas dans sa direction. « Je ne te juge pas, certains ont des fantasmes ô combien bien plus tordu que celui-ci... »

Je glisse mes mains dans les poches arrières de mon jeans, abordant un léger sourire aux bords des lèvres, tandis qu'il me répond. « C'est ça, mais généralement je préfère menotter les autres plutôt que moi. » Je lève les yeux au ciel d'une manière un peu trop théâtrale et évidente pour être naturelle, l'air de vouloir dire "à d'autres". « Sur la défensive. Ca veut tout dire. » je poursuis, en haussant les sourcils avec un sourire narguant. En réalité, je n'imagine pas véritablement Marvel comme adepte des pratiques de ce genre, mais qu'est-ce que j'en sais ? « Oh oui, je pense que les tiens le sont certainement mille fois plus. » Je pose ma main sur ma poitrine, l'air outrée. Plus innocent, tu meurs. Il franchit les derniers mètres qui nous séparent pour venir se positionner tout près de moi. Même peut-être un peu trop à mon goût, entant que sage demoiselle. « Quels sont tes fantasmes les plus fous, chère camarade ? » Je me retourne brusquement, espérant secrètement que mes longs cheveux blonds viendront fouetter doucement son visage. « Et ça te concerne parce que... » dis-je, l'invitant à compléter ma phrase, en faisant quelques pas à travers les cachots. « Non, mais sincèrement, je suis une fille très saine. D'accord, j'aime bien les pompiers, les militaires ou ce genre de choses, mais à peu près comme toutes représentantes de la gente féminine digne de ce nom. »

Bien entendu qu'il l'a mérité. Et j'espère même que ça lui a fait un tant soit peu mal. Enfin, autant que des cheveux peuvent se montrer douloureux avec une faible vitesse contre de la peau et à ce propos, j'ai un doute. Je suis une dame et je veux être traitée entant que telle. « ...parce-que je suis ton partenaire ? » darde-t-il d'un air goguenard. Je lève les yeux au ciel une nouvelle fois face à une réponse aussi arrogante, ne sachant si je devais me montrer excédée ou amusée. « C'est bien un truc de mec, ça. On vous désigne une fille comme étant votre partenaire avec qui vous avez à partager un lit, et ça y est... Vous dormez à poil et vous permettez de poser des questions incovenantes. » Et qu'on ne vienne pas me dire que ça n'a rien à voir avec les hormones. Je suis prête à parier que la majorité des mâles hétérosexuels du nid d'amour se frottent les mains avec satisfaction depuis dimanche soir. « Tu me déçois, je te pensais plus imaginative. En plus ce ne sont que de purs clichés, il faut l'admettre. »Je ris doucement. C'est vrai que sur ce coup-là, je ne fais pas vraiment preuve d'originalité. En même temps, l'image de l'homme en uniforme risquant sa vie jour après jour est loin d'être répulsive.« Ose me dire que si une nana entrait là tout-de-suite dans la pièce, vêtue façon infirmière lubrique, tu ne tenterais rien... » Je m'arrête quelques instants, avant de reprendre en coulant un regard vers les fameuses menottes accrochées au mur: « A moins que tu sois davantage branché femme sadomasochiste ? »

Lorsqu'il me parle de l'éventualité de dormir nu dans notre lit conjugal, je lui lance un regard assez éloquent pour se passer de mot. Il ne manquerait plus que ça. Devoir partager ma couche avec un homme ne m'enthousiasme déjà guère, si Marvel se met à faire ce genre de caprices, je ne donne pas cher de sa peau me connaissant. « Alors j'ose, parce-que non, je ne ferai rien à une demoiselle pauvrement déguisée en infirmière. » Mais bien sûr. Je me retiens de lui proposer d'avoir la même conversation dans plusieurs semaines, après qu'il ait vécut une abstinence de tout semblant de vie sexuelle pendant ce qui pourrait prendre des allures d'éternité. « A la rigueur. Tout dépend de si elle se revendiquait innovante dans son masochisme ou non. » Je fronce légèrement les sourcils, un sourire mi-figue mi-raisin aux lèvres. Mon partenaire peut se montrer parfois assez effrayant. Comme cet instant précis où il me regarde fixement d'un air inquiétant, dans un silence absolu, après m'avoir balancé une phrase de la sorte, dans qui plus est un lieu loin d'être des plus réconfortants sans tout cela. « Je plaisante hein. Je suis pas comme ça. » finit-il par reprendre, à mon plus grand soulagement, dissipent par la même occasion le léger malaise qui s'est installé dans les cachots. « J'espère bien. De toute manière, même si tu ne veux pas te l'avouer, je suis sûe que tu fantasmes également sur un quelconque cliché. Les secrétaires peut-être ? » je le questionne, relançant le débat.