Quelle idée aussi d'entourer cette forêt de sorte de miroirs trompe-l'oeil. Non parce que c'était vachement dangereux ces merdes, hein. Et puis, en plus, cela gâchait toute la beauté de l'endroit. Etant férue de nature et donc d'espaces de ce genre, Tweedy ne pouvait que déplorer qu'on cherche à tromper les candidats quant à l'étendue de cette pseudo forêt. On les prenait peut être pour des billes, en fait. Allez savoir. Quoi qu'il en soit, Tweedy avait bien vite remarqué la supercherie. Non pas qu'elle soit dotée d'un sens de l'observation remarquable - quoi que - mais c'était surtout qu'on ne la lui faisait pas à elle. Eh non. Et donc, la jeune femme n'eut aucun mal à percer à jour ce petit manège qui, elle en était persuadée, casserait quelques dents au fil de l'aventure. Pas les siennes, c'était certain. Et justement, tandis que Tweedy se baladait tranquillement dans le coin et qu'elle jetait quelques coups d'oeil par ci par là, elle remarqua la présence de l'un de ses camarades. Jusqu'ici, rien d'anormal. Sauf que celui-ci semblait foncer droit dans l'un de ces miroirs. Ah merde, c'était risqué ça. Que devait-elle faire, alors ? Le prévenir ? Sans nul doute. Alors, la jeune femme se lança doucement à sa poursuite, ne désirant pas non plus lui faire peur. Mais alors qu'elle croyait avoir beaucoup de marge, elle se rendit compte qu'il marchait étonnemment vite. Wow, du calme mec. Il prenait le train ou quoi, celui-là ? En tout cas, il fallait à Tweedy réagir au plus vite, avant que son camarade ne heurte cette chose dangereuse. « Hey, fais attention au ... » commença-t-elle, sans avoir le temps de terminer sa phrase. Car bien évidemment, le candidat se mangea le miroir bidon. Forcément. « ... mur » termina-t-elle alors, ne sachant pas si elle devait avoir mal pour lui ou se mettre à rire. Quoi qu'il en soit, Tweedy ne tarda pas à approcher. « Rien de cassé ? » demanda-t-elle sur un ton légèrement amusé. Mais tout de même, sii elle avait été plus réactive, ça ne serait probablement pas arrivé. Zut.

J'avais égaré mon briquet fétiche, celui que mon fils m'avait offert une année pour la fête des pères. D'accord, c'était un choix de sa mère parce qu'il est bien trop jeune que pour faire un choix de cadeau, mais j'y tenais beaucoup malgré tout. J'étais d'ailleurs persuadé que c'était dans cette connerie de forêt que j'avais égaré mon bien plus précieux. Marchant à vive allure, je décidais de retourner sur le lieu où je l'avais utilisé pour la dernière fois. Je marchais vite, préférant le retrouver avant que quelqu'un ne le fasse pour moi. « Hey, fais attention au ... » Qu'est-ce qu'elle baragouine l'autre ? J'ai pas le. BAM « ... mur » « Scheiße ! Quel est le putain de crétin qui a foutu un putain de miroir là. » Je râle, je me gratte le coin du sourcil. Là où je me suis heurté au miroir. Il faudra qu'on m'explique pourquoi ils ne nous préviennent pas de cette merde là. Parce que j'suis sûr que je vais pas être le dernier d'une longue série ... Après, la seule chose qu'ils pourront faire c'est payer les frais d'hôpitaux. « Rien de cassé ? » J'avais presque oublié qu'elle était là elle. « T'étais au courant de leur idée de génie !? » Je parlais là encore des miroirs. Si elle le savait, je la tiens pour responsable : elle m'a laisser rentrer dedans comme le dernier des imbéciles. Bref, je compte malgré tout répondre à sa question « Non, rien de cassé ... ça va. » Je regardais alors le sol, cherchant à voir si mon briquet ne se trouvait pas dans ce coin là. « T'aurais pas trouer un briquet ? Un en argent, avec des écris bleus dessus ? »

Ces miroirs, ou disons ces murs, étaient définitivement dangereux. La preuve à cet instant précis puisque Tweedy venait d'assister à une scène de parfaite horreur. En effet, l'un de ses camarades venait tout bonnement de ce manger un mur. Outch. Ce ne fut pourtant pas faute d'avoir tenté de le prévenir, la jeune femme prenait le ciel et la nature toute entière en témoins. Bon d'accord, peut être bien qu'elle avait un peu manqué de réactivité sur la fin, mais tout de même. Quoi qu'il en soit, à l'instant où le jeune homme se prit le mur dissimulé derrière un miroir trompe-l'œil, la jeune femme eut mal pour lui. Rien que le bruit qui fut audible à cet instant précis témoigna de la puissance du choc. Mais voilà que Monsieur se mettait de mauvais poil. A moins qu'il l'ait été avant, en fait. « Les gens de la Production, je présume. Une belle brochette de crétins, donc » ironisa Tweedy dans un fin sourire amusé. Bon, allez, elle pouvait bien aller vers lui et s'assurer qu'il n'allait pas décéder dans la minute, hein. Et donc, c'est ce que la petite brune ne tarda pas faire. Mais son camarade avait visiblement envie de trouver un coupable. « Un peu, je dois l'avouer. Mais ça n'est pas pour rien que tu as entendu une barge s'adresser à toi, hein. C'était légèrement censé te prévenir du danger, m'enfin ... » Qu'il voit ça comme il le voulait, hein. Puis finalement, le jeune homme daigna lui dire qu'il allait bien, qu'il n'avait rien de cassé. Encore heureux, et inespérée comme réponse. « Tant mieux » répondit-elle alors dans un sourire bienfaisant. Parce qu'elle n'avait pas le diplôme d'infirmière, hein. Elle ce qu'elle visait c'était le journalisme. Rien d'autre. Maintenant, son camarade lui parlait d'un briquet. Hm, okay. « Non, je suis navrée. Mais je peux t'aider à le chercher, si tu le souhaites » proposa-t-elle alors, faute de mieux. Avec un peu de chance, à deux, ils retrouveraient le fameux briquet et ce jeune homme se montrerait plus aimable.

Si je croisais l'idiot qui avait eu cette idée plus que pourri, je lui en ferai bavé. Je prendrais délicatement sa tête entre mes mains et la taperai contre le miroir. J'peux être violent quand on me cherche. Enfin, de toute façon ces imbéciles étaient lâchement occupés à se fendre la poire derrière leurs petits écrans. Aucun ne rappliquerait pour présenter ses excuses, c'était évident. « Les gens de la Production, je présume. Une belle brochette de crétins, donc » C'était évident que leur intelligence n'était pas au maximum pour installer un truc pareil. « Ils sont cons. » Je me contentais de constater à voix haute ce que je pensais tout bas. Je posais ma main sur mon front pour vérifier qu'aucune bosse ne pointait le bout de son nez, il semblait être normal. Je craignais cependant une mauvaise surprise qui viendrait déformer mon visage sans que je ne m'y attende, ça serait quand même quelque chose d'horrible. Cherchant à trouver un coupable, je dois bien avouer que je n'avais pas été ultra sympathique avec la candidate qui avait pourtant chercher à me prévenir de ce qu'il allait m'arriver. Elle avait juste pas été assez rapide. « Ouais, je ferai plus attention la prochaine fois que je rode dans le coin. » Je ne savais pas trop si j'étais censé la remercier ou pas, mais je trouvais cela superflu. Je me voyais mal la remercier milles fois de m'avoir prévenu d'un danger dans lequel je suis quand même rentré. Mon but premier me revint rapidement à l'esprit, c'est à dire retrouver le briquet que j'avais égaré dans la forêt. « Non, je suis navrée. Mais je peux t'aider à le chercher, si tu le souhaites » Elle, elle était gentille. Décidément, les candidats n'étaient tous pas d'affreux cons comme je le craignais en arrivant ici. Le courant semblait bien passer avec certains d'entres-eux. « Oui je veux bien, c'est un cadeau de mon fils ... Alors j'y tiens tout particulièrement. » J'suis pas quelqu'un de sentimentale, sauf lorsque l'on évoque Joseph.

Pauvre jeune homme. Se manger un mur déguisé en miroir lui même déguisé en étendue verdoyante, c'était vache. Et inutile d'être à sa place pour se douter qu'il avait eu bien mal lorsqu'il avait heurté ce maudit obstacle. Tweedy avait eu bien mal pour lui, en tout cas. Et puis, elle commençait à se sentir un peu coupable de ne pas avoir été assez rapide, ne serait-ce que de deux secondes, pour l'avoir prévenu à temps et ainsi lui avoir évité ce coup. Il était certes trop tard, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir assez mal. En tout cas, quelle étrange idée que de vouloir duper les candidats en leur faisant croire à la continuité d'une forêt qui prenait en fait fin là où commençait ces murs pour le moins vicieux. Une idée idiote ? Probablement. Quoi qu'astucieuse dans le sens où personne ne pourrait s'évader. En même temps, il faudrait être assez bête pour vouloir quitter les lieux, m'enfin. D'après ce jeune homme, la Production - qui était donc responsable de l'installation de ces obstacles - était constituée de cons. Au moins, ça venait du cœur ça. Un sourire amusé vint alors prendre place sur les lèvres de la jeune femme. Était-il utile qu'elle tente malgré tout de défendre un tantinet la Production ? Sans doute pas. D'autant plus que son camarade n'avait pas l'air d'extrême bonne humeur. Ainsi donc, Tweedy s'abstint de répondre. De toute manière, elle venait de se proposer pour aider le jeune homme à retrouver un objet qu'il avait visiblement perdu, visiblement un briquet en argent contenant des écrits bleus. Jusqu'à présent, Tweedy n'avait rien vu de semblable dans le coin. Mais elle tâcherait d'aider son camarade à retrouver cet objet. « Je comprends. Ne perdons pas de temps, donc » fit-elle, déterminée à retrouver le dit objet. La jeune femme parcourut la forêt, se faisant quelques fois de fausses joies lorsqu'un objet était identifiable au sol. Mais alors qu'elle s'était un peu éloignée de son camarade, elle remarqua quelque chose de particulier au sol. C'était le briquet. Le fameux briquet. Le cadeau que le fils de son camarade avait offert à ce dernier. Plutôt enjouée, Tweedy revint trouver le jeune homme. « Confirme-moi qu'il s'agit bien de ça » lui adressa-t-elle alors avec un sourire, en lui tendant l'objet. Si ça se trouve, ça n'était pas du tout ça. Auquel cas, elle n'aurait plus qu'à reprendre ses recherches.

Je tournais finalement la page concernant mon malheur personnel face à ces miroirs placés au mauvais endroit pour me consacrer à la recherche de mon briquet que je comptais bien évidement retrouver. J'aurais pu remuer ciel et terre pour remettre la main dessus. Tweedy semblait vouloir m'aider dans mes recherches, je pouvais déjà dire qu'elle avait meilleur caractère que moi. Si la situation inverse s'était produite, je ne pense pas que je me serais donné beaucoup de mal pour retrouver le briquet d'un compatriote. Enfin, tout le monde n'était pas comme moi dans ce nid et je l'avais très rapidement constaté. Malgré tout, le nid compte en son sein quelques têtes de cons, j'sais pas encore si j'en fais vraiment parti ou non. Tweedy s'était éloignée de moi, ainsi nous cherchions dans deux secteurs différents ce qui nous donnait bien plus de chance de récupérer mon objet fétiche. C'est au son de sa voix que je fus soulagé « Confirme-moi qu'il s'agit bien de ça » je m'étais rapidement retourné, posant le regard sur l'objet qu'elle tenait entre ses doigts. J'avais du mal à croire qu'elle l'avait retrouvé et je ne pouvais m'empêcher de sourire comme le dernier des idiots « Merci beaucoup, si tu savais comme ça me soulage de l'avoir retrouver. » J'avais l'impression que je pouvais à nouveau respirer en toute sérénité. « J'te dois quelque chose en retour, alors si tu as besoin d'un truc un jour... Hésite pas. » C'était la moindre des choses après ce qu'elle venait de faire pour moi. Je sortis finalement une cigarette du paquet qui se trouvait dans la poche de mon jeans et l'allumait avec le fameux briquet. Je fermais les yeux un instant, profitant de la dose de nicotine qui entrait dans mes poumons

Tweedy n'avait pas l'impression d'être particulière serviable, généreuse ou ne serait-ce que bienveillante. En fait, elle se posait rarement des questions quant à sa nature caractérielle. Elle était comme elle était, voilà tout. Et pour le coup, il lui avait semblé plus que naturel de proposer son aide à son camarade, qui avait donc perdu un objet qui lui était cher. Tweedy avait tendance à le comprendre, à se mettre à sa place. Elle aussi, si elle avait perdu un objet cher à son cœur, ayant une grande valeur sentimentale à ses yeux, elle aurait apprécié qu'on lui vienne en aide dans ses recherches. Et donc, c'est sans trop réfléchir qu'elle partit à la recherche du briquet décrit par son camarade. Si ce dernier était initialement venu le chercher par ici, c'est qu'il avait du perdre le dit objet non loin d'ici. Tweedy décida alors de s'éloigner un tantinet de son camarade, histoire de couvrir plus de terrain et d'avoir davantage de chances de retrouver l'objet perdu. Et alors que la jeune femme arrivait dans un petit coin de la forêt, elle ne tarda pas à apercevoir un objet non loin d'elle, tombé sur le sol, et semblant correspondre visuellement à l'objet que venait de lui décrire le jeune homme. Sans trop tarder, et après avoir vaguement observé l'objet qu'elle avait ramassé, Tweedy retourna en direction de son camarade, lui tendant l'objet et cherchant à savoir s'il s'agissait bien du briquet qu'il avait perdu. Il était probable que ce ne soit pas cet objet-ci, et donc qu'elle soit forcée de continuer ses recherches, ce qui ne l'aurait aucunement dérangé. Mais visiblement, c'était le bon briquet. Son camarade la remercia alors, ce à quoi Tweedy répondit par un sourire sincère. « Je t'en prie, c'est normal » lui adressa-t-elle alors. Là, son camarade lui assura qu'il avait désormais une dette envers elle, ce qui la fit sourire d'avantage. « J'y penserai » reprit-elle. Là, voyant que le jeune homme profitait du retour de son briquet pour commencer à fumer, elle jugea bon de s'éclipser. « Je vais te laisser. Ce fut un plaisir. » Sur ces mots, et après un nouveau sourire, la jeune femme gagna la sortie de la forêt, tout en veillant à ne pas se tromper de sens histoire d'éviter les murs. Oui, quand même.