◁ à fleur de toi.

slavin, lundi vingt-et-un mai, dix heures douze.

Le vertige n’avait jamais vraiment été une source de problème pour la jeune femme mais il fallait bien avouer que c’était sacrément impressionnant vu d’aussi haut. Le vent en ce début de matinée était assez fort et faisait voler sa chevelure autour d’elle. Heureusement, elle avait enfilé un tee shirt à manche longue au dessus de son débardeur en prévision de sa sortie. Ayant aperçu l’appareil photo de Sochanna, il était certain qu’elle pourrait faire de beaux jets ici. C’était vraiment extraordinaire, le genre de vue qui vous coupe le souffle. Depuis une semaine déjà, elle remerciait chaque jour le ciel de sa présence ici mais aujourd’hui elle mesurait un peu plus encore la chance qu’elle avait. Elle n’avait jamais vu un tel environnement et encore moins fait parti. C’était cela aussi l’expérience, apprendre, grandir. Voir des choses qu’elle n’aurait pas pensé voir, entendre des choses qu’elle n’aurait pas du entendre. Malheureusement pour elle, Aria avait du mal à se défaire de ce qu’elle avait assimilé au prime, à savoir qu’elle côtoyait des gens se livrant à l’inceste. Ça la rendait clairement malade et elle se disait pour la énième fois qu’elle devrait peut-être partir. Après tout, rester c’était accepter non ? Elle pouvait supporter le fait qu’ils livrent au coït la première semaine mais entre frère ? Non, elle ne pouvait pas l’avaler. Au bout d’un moment, elle se rendit compte qu’elle avait tellement appuyé ses mains sur les pierres qu’elle s’était entaillée la paume gauche. C’était une toute petite blessure mais quelques gouttes de sang glissaient le long de son poignet. « Mince. » Elle se retourna pour rentrer à l’interieur soigner cela et percuta quelque chose qui n’était pas là lorsqu’elle était arrivée. Relevant la tête, elle comprit pourquoi étant donné que c’était un candidat. « Oh, je suis désolée. » Elle posa ses mains sur son torse tout en se reculant et assimila trop tard qu’elle saignait. Et effectivement, en retirant sa main elle constata une petite tache de sang. Se mordillant la lèvre, elle fixait la tête en étant réellement embêtée. « Oh, je suis vraiment désolée, je n’ai pas pensé à ma main et … » Il fallait qu’elle se calme un peu. Inspirant profondément, elle expira lentement et essaya de reprendre le dessus. « Je suis désolée. » Ce devait être un record d’excuse.

La nuit avait été courte, trop courte. Après le prime, j'avais assisté à la fête qui avait eu lieu afin de décompresser, elle s'était éternisé jusqu'au petit matin et je n'avais pas eu le courage de rejoindre mon lit. Je 'avais sûrement pas le courage de rejoindre la jeune femme qui occupait mon lit pour être plus précis. Et puis le canapé n'était pas si mal. Il était petit, mais pas si mal. Oui bon peut être que j'avais légèrement mal au dos néanmoins, c'était le moindre de mes soucis. Non, la confrontation inévitable avec ma partenaire m'occupait trop l'esprit pour songer à mon bien être et au petit confort de ma nuit. D'autant qu'avec un réveil aux aurores, j'avais eu la chance d'assister au lever de soleil sur le lac, et d'immortaliser l'évènement évidemment. J'avais passé un long moment dans le parc afin de profiter de la magnificence du cadre extérieure jusqu'à ce que je me rende compte des remparts et de la vue imprenable qu'ils devaient offrir. J'ignorais pourquoi mais ce lieu m'était encore inconnu, et ça n'arrivait rien à voir avec un quel conque manque de temps, bien au contraire. Je n'avais pas le vertige non plus, non la raison, si raison il y avait, elle était ailleurs. Quoi que finalement, c'était peut être l'escalier en colimaçon qui m'avait découragé. Ouais, c'était sûrement ça. Essoufflé, j'avais rejoins le chemin de ronde, mais là, obstacle. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un vient de me heurter. Je baisse la tête parce qu'à vrai dire, je m'étais contenté d'observer la vue époustouflante. Il s'agissait d'Ariana, la jeune femme qui avait demandé de l'aide pour nettoyer les dégâts causé par son partenaire. « Pas de problèmes, ça va ? » Je demande tandis qu'elle pose ses mains sur mon torse une fraction de seconde. Je comprenais pas pourquoi elle me regardait avec autant d'embarras jusqu'à ce que je baisse la tête vers mon tee-shirt et la tache qu'elle y avait laissé. « Ne t'en fais pas, c'est rien, en plus je l'aimais pas tant que ça celui-ci. » Je lance essayant de détendre l'atmosphère tandis qu'elle s'excusait une nouvelle fois. « Mais attends fais moi voir ça, c'est pas profond j'espère ? » Même si je n'attendais pas vraiment son autorisation puisque je lui avais déjà attrapé sa main afin de vérifier l'ampleur des dégâts.

Se mettre dans des états pareils était tout simplement stupide. Comme si ça allait l’aider en quoi que ce soit. La solitude était surement proscrite aussi, raison pour laquelle elle ne se sauva pas tout de suite en rentrant dans un autre candidat. Un flot d’excuse un peu maladroites sortit de sa bouche avant qu’elle ne s’auto censure et la ferme. Comme il attrapait sa main elle lui la laissa et haussa les épaules. « Ça va, ce n’est pas grand-chose, un peu de désinfectant et un pansement feront l'affaire. Mais merci. » Mais il suffisait qu’elle y porte une plus grande attention pour commencer à avoir mal, c’était toujours pareil. « Tu es médecin ? » Comme il n’avait pas hésité une seule seconde, cela semblait une option plus que plausible. Ou alors il était plein d’attention ce qui était tout aussi plaisant. Elle en profita pour observer sa main et plissa légèrement le nez. Elle ne s’était pas fait mal volontairement mais au final, elle se l’était tout de même infligé toute seule. « Oh et je le trouvais plutôt sympa moi. » Comprenant qu’elle sortait ça d’un peu nulle part, elle précisa rapidement. « Ton tee shirt, si tu me le donnes je pourrai surement réussir à faire partir la tache. » Elle lui lança un sourire un peu plus assuré avant d’ajouter à la suite. « Enfin pas maintenant, il ferait trop froid et … » Nouvelle censure, elle racontait vraiment n’importe quoi c’était affligeant. « Dis, tu t’y connais en yoga ? » Ou quoi que ce soit d’’autre qui permette de calmer ses nerfs en pelotte. Même si elle n’était pas spécialement souple, elle aurait accepté n’importe quoi qui la distraie un tant soit peu. « Ou ce sport là ou quand ils le font les gens ont l’air d’être au ralenti. » Un sport de combat chinois surement dont elle n’avait aucune idée du nom mais qu’elle savait surtout réputé pour recentrer les idées. Elle devait lui paraitre complètement folle, et était à deux doigts de le penser elle-même d’ailleurs. Elle retint de justesse une nouvelle excuse pour son comportement et se contenta de lever le regard vers le sien pour essayer de le décrypter.

Dans le genre, je te pique ton doigt, laisse moi regarder bien que je n'y connaisse rien de toute façon t'as pas le choix, on ne fait pas mieux. Elle se laisse faire tout en m'assurant que ce n'est rien. En effet, je pense que d'ordinaire j'aurais sûrement fait une blague sur une amputation, un début de gangrène qui sait. Mais rien de tout cela. « C'est vrai, ça ne saigne déjà plus. » Je confirme en lui adressant un sourire. C'est vrai que vu sa réaction pour m'avoir percuté, il est peu préférable de la faire flipper avec une histoire tordue puisque non, je ne suis pas médecin, et non je n'ai pas envie de lui prodiguer des soins d'urgence en cas de malaise imminent. D'ailleurs c'est la question qu'elle me pose. « Non du tout, j'suis photographie. » Rien à voir de prêt ou de loin avec la médecine. « Mais j'ai des enfants. » J'imagine que ça doit expliquer pas mal de choses, ou peut être que j'suis simplement super altruiste. Y'a de ça j'pense. J'arque les sourcils, surpris par son changement soudain de conversation avant de comprendre qu'elle pale subitement de mon tee-shirt si bien que j'ris doucement. « Moi aussi c'était pour essayer de dédramatiser la situation surtout. » J'ai fini par lui avouer de toute façon ça n'avait pas d'importance de toute façon je peux pas poursuivre puisqu'elle enchaîne de suite. « Je m'en occuperais après ne t'en fais pas, mais c'est gentil. » C'était mignon de la voir balbutier ainsi, j'sais pas j'trouve ça super touchant, super doux. Elle a l'air super douce de toute façon. « Très peu. » J'ai dû assister à des séances de méditation durant la deuxième grossesse de mon amie mais j'y suis allé plus pour elle que pour y trouver une quelle conque manière de méditer. « Le tai-chi ? Non plus. » J'ai soudainement l'impression d'être totalement inutile pour le coup. « J'utilise la musique pour me détendre, t'as moins l'air stupide, et t'es pas obligé de te tordre dans tous les sens pour pratiquer. Et plus, tu peux partout et à n'importe quel moment. Tu devrais essayer. » J'imagine que si elle a évoque deux techniques de relaxation ce n'est simplement pour faire bien. J'sors mon Ipod et le lui tend. . « Radiohead c'est ce qui me fait planer en général, c'est encore mieux que ... » Je m'interrompe et lui adresse un sourire gêné, Slavin, tu parles trop ma parole. « n'importe quelle méthode de relaxation new age. »

Photographe. Aucun rapport avec la médecine effectivement, il est juste prévenant. Elle n’avait jamais vraiment comprit de quoi vivait un photographe concrètement mais elle n’y connaissait pas grand-chose. « Et tu photographie … Des gens ? » Il était tout à fait possible qu’il travaille avec des mannequins ou comme ça. Qui porteraient les créations de Malo et qui seraient en train de prendre un cours d’autodéfense donné par AJ. Elle esquissa un sourire tout en se disant qu’il fallait vraiment qu’elle commence à poser des limites à son imagination, ça commençait à devenir un peu dingue. « Owh. » Petite interjection typiquement féminine n’ayant d’autre sens que celui de trouver ça mignon. A ça se joignirent ses yeux de cocker plein d’admiration. Elle adorait les enfants, vraiment et savoir qu’il en avait la rendait étrangement heureuse. Très étrangement oui. Sa deuxième réaction aurait été de demander si c’était vrai mais elle retint sa question. Il n’allait pas s’écrier et non, c’était une blague. « Ils ont quels âges ? » Comme il avait utilisé le pluriel, elle en avait déduit qu’il en avait plusieurs. Nouveau regard de cocker lorsqu’il avoue ne pas avoir de problème avec son tee-shirt. « Merci. » Elle lui adressa un sourire en levant légèrement la tête pour pouvoir observer son visage plutôt que son torse. Dans cette maison, elle a vraiment l’impression d’être naine à certains moments. Comme il proposait lui-même de le nettoyer, elle préféra ne pas trop en faire et hocha simplement la tête. Le traquer pour qu’il lui donne son tee shirt à laver ne semblait déjà pas une bonne idée dans son esprit alors elle se doutait que la mettre à exécution ne lui apporterait pas grand-chose. A tout ses balbutiements et ses questions sans queue ni tête, il répondit calmement et ne se moqua point. Elle lui en était reconnaissante quelque part parce qu’elle aurait eu du mal à se justifier. Malheureusement, ou heureusement pour ses muscles, il ne connaissait aucune des techniques prouvées relaxantes. Elle se mordilla la lèvre et envisageait de le trainer à la salle de sport pour qu’ils apprennent le yoga ensemble lorsqu’il proposa sa propre méthode de relaxation. Ariana le regarde quelques secondes avant de faire la navette entre son i pod et ses yeux. Finalement, elle tend la main pour s’emparer de l’appareil. « Merci. » Et finalement elle tend à son tour la main pour le lui rendre. « Tu veux bien le mettre alors, s’il te plait ? » Elle ne voulait pas trop fouiller dans sa musique, et n’aurait de toute façon pas su quelle chanson choisir. « Tu veux bien écouter avec moi ? » elle était bien décidée à ne pas rester seule et Slavin était gentil et attentionné, tout ce dont elle avait besoin en ce moment. « Je pense que si tu me racontais un de tes souvenirs les plus heureux ça marcherait d’autant mieux. » Un sourire en coin s’imposa sur les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle s’asseyait au sol, le dos appuyé contre le rempart de pierre. C’était moyennement confortable mais ils seraient protégés du vent. Dans la foulée, Aria lui tendit la main pour qu’il la rejoigne.

La question d'Ariana a tendance à me faire sourire tant elle parait naturelle dans sa bouche. « Oui des gens, des mannequins souvent, des anonymes parfois, mais c'est de plus en plus rare. Et des objets, des lieux aussi. » J'fais un peu de tout, j'ai pas de domaine de prédilection parce que je n'aime pas la monotonie, j'suis assez multi-tâche, multi-facette parce que j'trouve qu'il y a tellement de chose à photographier dans le monde que je pourrais difficilement me cantonner à une seule chose. Elle réagit comme tout bonne femme qui se respecte à l'évocation de mon statue de père, ça faisait souvent cet effet par ailleurs, j'sais pas pourquoi, peut être qu'un homme qui déclare avoir des enfants de manière naturelle ça ne cours pas les rues, j'sais pas puisque moi je ne l'ai jamais caché. A personne. « Ma fille à six ans et demi et mon fils a quatorze mois. » Je dois avoir ce superbe sourire niais visé au visage toujours présent quand j'évoque mes enfants, et là bizarrement, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qu'ils doivent être entrain de faire, bien qu'en toute logique, l'une doit être à l'école tandis que l'autre doit être avec sa mère quelque part dans les rues de Paris. « Et toi tu en as ? » Quoi qu'elle est super jeune à bien y repenser, mais il n'y a pas vraiment d'âge pour être mère, elle a l'air particulièrement apte à s'occuper d'enfant, elle a cette façon d'être avec les autres et elle est mariée aussi, j'sais pas trop. J'espère que j'suis pas entrain de la déranger avec mes questions bizarres. De toute façon elle change de sujet et malheureusement, je ne me montre pas très utile puisque j'suis incapable de l'aider d'une quelconque façon c'est pour ça que j'propose ma propre méthode. Elle est très probante sur moi, avec un peu de chance, elle saura l'apaiser un peu. Elle accepte puisqu'elle attrape mon Ipod, pour me le rendre aussitôt. « Bien sûr. » J'suis entrain de chercher jusqu'à ce que j'trouve la bonne.Je lui donne à nouveau le baladeur sur la bonne chanson, elle n'aura qu'à presser la touche play lorsqu'elle le souhaitera.J'suis prêt à la laisser tranquille mais elle me propose de rester écouter avec elle. « Oui bien sûr, avec plaisir. » Aria n'est pas ce genre de personne que je prenais plaisir à éviter au contraire, sa compagnie est plutôt agréable, alors bien sûr que j'décide de rester avec elle. Sa question suivante décrocha un rire de ma part. J'sais pas trop pourquoi d'ailleurs, peut être parce que je n'aime pas trop parler de moi, en tout cas pas de cette part de moi. J'suis entrain de puiser au fond de ma mémoire, je fais le tri dans ce qui est racontable et ce qui ne l'est pas. Elle me tend la main pour que je m'assoie à ses côtés, je l'attrape et colle mon dos contre le mur de pierre. « C'est sûrement la chose la plus stupide qu'il soit, mais j'crois que mon souvenir le plus heureux c'est ma rencontre avec la mère de mes enfants. Elle a totalement changé ma vie à bien des niveaux. J'étais arrivé en France depuis quelques semaines seulement, j'étais émerveillé par Paris si bien que je n'arrêtais pas prendre des photos, de tout et n'importe quoi, j'étais très jeune et j'étais assez inexpérimenté dans le domaine. J'étais installé dans l'herbe, c'était au printemps et il faisait incroyablement beau, et elle était là avec ses amies non loin. Je ne l'ai pas vraiment remarqué j'étais trop occupé à griffonner. Elle est venue m'aborder un peu plus tard, mais évidemment je n'ai rien compris, j'ai essayé de lui dire que je ne parlais pas un mot de français et j'ai bien compris qu'elle maîtrisait mal l'anglais. Mais finalement on est resté quatre heures à essayer de communiquer, elle étudiait aux Beaux-Arts et j'imagine qu'elle a réussi à voir des choses dans mes dessins. Et puis je ne sais pas comment l'expliquer on est venu à se revoir, plusieurs fois, on s'est immédiatement compris, et on s'est aimé presque aussitôt... » Mon coeur s'est accéléré durant toute la durée de mon récit, me remémorer cette rencontre à laquelle je n'ai pas pensé depuis presque quinze ans m'a fait prendre conscience que sans elle, je ne serais pas devenu l'homme que j'suis aujourd'hui et cette sensation est bizarre.

Il ne se moque pas d’elle et de sa question étrange. Il répond simplement, calmement sans condescendance. Elle lui sourit pour l’en remercier et assimile alors ce qu’il dit. Il photographie tout et n’importe quoi. Peut-être que c’était ça être un artiste, ne pas se focaliser sur quelque chose en particulier mais s’intéressait à toutes choses. Mais elle n’en savait rien et sa garda donc de tout commentaire. « Ça te dérangerais de me montrer un jour ? Comment tu fais, en quoi ça consiste, tout ça ? » Elle se mordilla la lèvre tout en levant la tête sur la fin de sa phrase pour lui faire ses yeux de chien battus. Elle ne faisait même pas exprès, les adopter simplement dès qu’elle demandait un service. Si elle pouvait ressortir de ce jeu moins ignorant ce serait une grande victoire et en apprendre plus sur la photographie pouvait être très intéressant. Le faire avec Slavin peut-être encore plus parce que sa présente était rassurante. Pas seulement parce qu’il ressemblait presque à un géant inébranlable de son point de vue, plus près du sol, mais aussi parce qu’il dégageait quelque chose de bienveillant. Et il ne s’était pas moqué d’elle, elle s’imaginait donc pouvoir lui poser toutes les questions qui lui passeraient par la tête sans avoir l’air trop idiote. Parce qu’en général, des questions elle en avait beaucoup. Et n’aimait pas les garder pour elle, appréciant en connaitre le plus possible sur ses interlocuteurs. Aussi la questionna-t-il sur ses enfants ce qui ne manqua pas de faire naitre un sourire sincère sur ses lèvres. Le sourire niais du parent qui parle de ses enfants. Elle-même esquissa un sourire en le voyant et hocha la tête après sa réponse. Une fille et un fils, il ne devait pas s’ennuyer tous les jours. Et avec autant d’écart entre les deux il n’avait pas fini d’en baver c’était certain. « Moi ? » Des enfants ? Tout le monde finissait tôt ou tard par lui poser cette question, comme si être marié entrainé irrémédiablement le fait d’avoir des enfants. « Je suis un peu jeune pour avoir des enfants. » Ce qu’on lui avait répété tellement de fois qu’elle connaissait tout le discours par cœur. « Tu ne crois pas ? » Son avis l’intéressait réellement mais peu certaine de pouvoir supporter la réponse, elle détourna le regard vers le ciel le temps qu’il s’y attelle. Et rapidement, ils se retrouvèrent dos au rempart pour écouter une chanson qu’elle n’avait jamais entendu. S’il avait prit sa main pour s’installer à ses côtés, elle ne la lui avait pas rendue, avait désespérément de contact humain et le contact de sa peau contre la sienne la rassurait. Il avait raison, ça aidait un peu. Mais son discours beaucoup plus. Un sourire fit peu à peu son apparition sur ses lèvres en entendant cette rencontre somme toute magique. « Ça fait vraiment rêver tu sais. » Elle n’était pas certaine qu’il s’en rende compte alors elle préféra le commenter. « Vous êtes toujours ensemble ? » Comme il ne l’avait jamais mentionné, elle s’imaginait qu’ils s’étaient séparés à un certain point ou quelque chose comme ça. « Tu habites toujours à Paris ? » Paris, la ville de l’amour. Ça aussi ça faisait rêver. « Tu crois qu’avoir des enfants peut obliger deux personnes à rester ensemble quoi qu’il arrive ? » S’ils ne se sentaient plus en phase par exemple. C’était une question qui la taraudait beaucoup, est-ce que les enfants pouvaient changer radicalement un couple. « Tu es croyant ? » Elle lui lâchait un peu toutes les questions qui lui venaient sans bien savoir pourquoi. Sans doute avait-elle besoin de faire le ménage dans son esprit et qu’il était patient et ne semblait pas s’en formaliser. « La chanson est bien au fait. Merci. » Elle le remerciait plus pour sa compagnie que pour les chansons mais c’était agréable aussi en fond sonore.

Cette fille est la gentillesse incarnée, elle est bonne sans chercher quoi que ce soit en retour, j'imagine que c'est pour cette raison que j'suis aussi complaisant. J'pense que d'ordinaire j'aurais fait preuve de sarcasme à un moment donné, parce qu'au fond, je suis pas du tout méchant, surtout pas de manière gratuite. « Chacun à sa façon d'appréhender un sujet à travers sa propre sensibilité, mais je peux essayer de te faire découvrir mon univers, oui bien sûr. » J'en serais même très flatté, c'est toujours sympa de pouvoir faire partager sa passion d'une quelconque manière à une autre personne, d'autant plus lorsque cette personne y montre de l'intérêt. Comme j'aurais pu m'en douter, elle semble presque étonné que je lui retourne la question concernant les enfants. Après tout c'est un schéma classique en général, après le mariage, suivant de près ou de loin des enfants. Et parfois lorsque les protagonistes sont jeunes l'enfant les pousse au mariage, alors cette question ne me semble pas si absurde que cela. Elle me demande d'ailleurs mon avis sur la question, mais semble fuir mon regard, comme si elle craignait mon jugement. « Je ne pense pas qu'il y ait réellement d'âge idéal pour être parent, dans le sens où tu peux être totalement responsable à dix-huit ans et ne pas l'être à trente ans. » J'sais pas si ça la rassure, c'est pas forcément le but, je ne fais que donner mon point de vue sur le sujet, peut être qu'il diffère parce que j'suis moi même un parent, j'en sais rien. J'sais juste que certains ne sont pas fait pour enfanter, ça c'est certain, et c'est aussi certain que l'âge n'a absolument rien à voir là dedans. Ma main n'a pas quitté celle d'Ariana lorsqu'elle lui me l'a donné, j'ai bien l'impression que ça l'aide à se détendre un peu je ne peux qu'en être ravi. C'est certain. J'avais été tellement pris par ma propre histoire que je ne remarqua que bien plus tard le sourire de la jeune femme. C'est par un sourire semblable au sien que je la remercie de sa déclaration. « Non on est plus ensemble. C'est sûrement bizarre à concevoir mais on a jamais vraiment été ensemble de manière conventionnelle.» Parce que notre histoire a beau être superbe, magique ou je ne sais quel qualificatif, on est pas compatible de cette manière. C'est bizarre de s'en rendre compte mais finalement on s'y fait rapidement. « Je peux pas me résoudre à quitter Paris. Tu vis où toi ? » Tout à coup j'ai l'impression de me faire assaillir de question, si bien que je ne peux m'empêcher de sourire. « Je ne pense pas, si t'es malheureux avec ton mari, ou ta femme je pense pas qu'il faille rester pour les enfants parce que forcément ils le sentent et ça leur retombe dessus d'une manière ou d'une autre. Mais je suppose que tu es croyante et que le divorce ne fait pas parti de tes convictions si tu me poses la question; » J'suis pas entrain de juger, j'fais simplement une constatation, c'est tout ce que j'peux en déduire. « Oui je crois en Dieu mais j'suis pas pratiquant, il m'arrive de m'adresser à lui encore même si j'suis persuadé qu'il ne doit plus m'écouter depuis longtemps. Mais je ne crois pas en lui au point de m'asservir et de renoncer à ma liberté. » J'suis pas entrain de lui dire comment se comporter ni comment envisager la religion, je lui fais simplement part de ma conception, de mon rapport à elle. Je ne lui demande pas de comprendre non plus, mais je suppose qu'elle ne m'interroge pas dans ce sens. D'ailleurs elle me remercie et moi je lui offre un sourire sincère en retour qui vaut sûrement que des mots.

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» L'amitié sans confiance, c'est une fleur sans parfum. [08.01 - 20h04]

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