WITH WADE
ASMAA
NIVEAU I

De blanquette, j'avais toujours peur. Évidemment. Pourtant j'essayais d'avancer dans la cours de la ferme comme si de rien était. Ouai, style, je marche sifflotant, mains dans les poches. Promenons-nous dans les bois et compagnie. Sauf que, bah non, j'étais carrément pas rassurée. J'évitais de tourner trop la tête vers la bête. Je n'étais là que pour prendre quelques œufs au niveau des poules (ahah, évidemment). Je marchais alors plutôt d'un pas rapide, priant pour rejoindre le poulailler le plus rapidement possible, tout mettre dans mon panier tout aussi rapidos pour m'en aller faire mon omelette, sans blessure. Ouaiii, j'suis toujours persuadée qu'elle pourrait venir me foncer dessus, parce qu'elle aime pas les moutons et moi j'en suis un, de mouton, bah oui, mes cheveux. D'ailleurs, je songeais de plus en plus à me les lisses... Ouai, pour changer ! Avant de m'en aller, ça serait bien non ? Arrivée au niveau des poules, je remplissais petit à petit mon panier posé au sol. En fait, pour tout avouer, j'aimais pas trop les omelettes. Ce n'était qu'un prétexte pour voir les poules. J'aime pas blanquette, mais j'aime bien les poules, bah oui, voilà. Puis, une oreille toujours aux aguets, sait-on jamais, j'entendais un drôle de bruit. Vraiment très drôle... Vraiment trop bizarre... Je n'osais plus vraiment bouger du coup, déglutissant la salive que j'avais en bouche. Un bruit oui, mais qui se rapprocha d'un coup et qui me fit peur. Je me retournais. Je lâchais les deux œufs que j'avais dans la main immédiatement, avant de remarquer finalement qu'il ne s'agissait pas de blanquette, mais de wade. RAAAAAAAW. Je passais ma main sur mon front, gênée par ce que je venais de faire. Je fronçais un peu les sourcils en la direction du jeune homme, avant de me baisser avec plus de honte qu'un humain devrait avoir. Mes joues devaient être rouges carmin, oui, même avec ma peau bronzée.

Tout se passa si rapidement, que je ne pu empêcher les dégâts. Les œufs étaient à terre. Quelle maladroite je faisais, vraiment. En plus, en public, pour arranger les choses. J'étais accroupie, au dessus de ces œufs. Je ne pouvais plus rien y faire, pourtant je restais plantée là. « C’est moi qui t’ai fais peur comme ça ? Je suis désolé, je ne voulais pas te surprendre » Mes yeux clairs se relevèrent sur Wade, cause de cette malheureuse fin pour ces œufs. Cause sans le vouloir. Je bougeais lentement ma tête de haut en bas pour lui signifier que oui, c'était lui qui m'avait fait peur. « C'est pas grave ! » Ajoutais-je doucement, avec un léger sourire. Non, évidemment, ce n'était pas grave, il n'avait pas à s'excuser. Il n'avait rien fait. J'étais simplement un peu trop peureuse. « C’est vraiment dommage, ils sont super bon les œufs en plus » J'esquissais un sourire, baissant de nouveau les yeux. Voilà. Il me gênait encore plus. Pire que ça, j'avais honte d'avoir gâché ces œufs, maintenant. Merci, bravo, au revoir. Je fondrais bien en larme pour ça, mais je ne pouvais pas : pour qui il irait me prendre à présent, déjà qu'il devait bien rire de mon comportement. Je ne répondais alors rien. Finalement, je collectais au creux de ma main les morceaux de coquille malheureusement vides, avant de me relever et faire face à Wade. « Tu vas bien ? » Je regardais un peu ailleurs, avant de poser mes yeux sur lui. Pas directement dans ces yeux à lui. Vraiment trop confuse pour ça. « Bien sûr. Pourquoi ça n'irait pas ? » J'espérais ne pas avoir été trop expansive avec lui, par le passé. J'espérais qu'il ne sache rien à mon propos. Il est nouveau : je souhaitais qu'il y ait au moins une personne ici, ignorant mes changements de personnalité, d'humeur ; mes problèmes de drogue. Mon état « normal » était celui-ci. Celui que j'avais espéré cacher de tous. Malheureusement c'était raté. « Je suis juste un peu... Maladroite. J'ai cru que... Blanquette était derrière moi... » Avouais-je, en pinçant mes lèvres, avant de lui retourner sa question par politesse : « Et toi ? Tu vas bien ? Tu te plais ici ? »

« Non mais ce n'est pas grave tu sais, elles en pondrons d'autre » C'est vrai, c'était bête d'en faire tout un plat pour ça. Je n'avais qu'à me retourner et en reprendre des tous frais. Je lui adressais un sourire, secouant lentement ma tête de haut en bas. Évidement, ce n'était pas bien grave... « Blanquie ? Mais elle est adorable ! Faut pas en avoir peur. » J'esquissais un sourire plus que gêné. Oh s'il savait ! Il m'avait suffit entendre de quelqu'un qu'elle pourrait m'attaquer, pour me faire flipper. Oui, Blanquette était devenu un monstre à mes yeux... « Malheureusement, j'en ai peur, si... » Je me sentais ridicule, d'avoir peur de la chèvre. D'une simple chèvre. Une petite bête sans antécédent, quand même ! « C'est ridicule ! » Avouais-je en triturant les coquilles. Finalement, je changeais de sujet, lui posant la question à l'envers. « La forme oui. Tout le monde est sympa avec moi, le village est cool... Alors ouais, je me plais ici. En tout cas je n'ai pas encore envie de m'enfuir » J’acquiesçais d'un mouvement de tête. Tant mieux. J'étais dans le même cas oui, je n'avais aucune envie de m'en enfuir ! Et en ce qui concernait Wade, je l'aimais bien, oui. Je ne connaissais rien de lui, mais il me semblait très sympa et très gentil. Et un peu foufou aussi, non ? Je mordillais ma lèvres inférieur. « Mais t'es sure que tu vas bien ? Je sais pas, je te trouve...différente » Je bloquais un peu son visage. Je me forçais à sourire, mais malheureusement j'avais bien compris où il voulait en venir. Enfermé ou non avant de venir dans le jeu, il suffisait de me voir une journée pour se rendre compte que quelque chose clochait chez moi. Malgré mes grandes tentatives de tout cacher. Je ne savais que dire, en fait, il me désarmait avec une petite phrase. Toujours avec ce sourire forcé, je préférais la négation, qu'être honnête, comme d'habitude quoi... « Je vois pas de quoi tu parles... Je t'assure ! Tout va très bien ! » Ce n'était pas un gros mensonge : effectivement, tout allait bien en ce moment même, malgré ma peur de Blanquette et ces œufs qui venait de m'échapper. Seulement, ça me dérangeait un peu qu'il insiste et je fuyais alors son regard, regardant ailleurs. Je changeais de nouveau de conversation, revenant à Blanquette. « Tu m'aiderais à aimer Blanquette ? »

« Si tu le dis...Tant mieux alors. »J ’acquiesçais d'un mouvement de tête. Il laissait tomber, c'était mieux ainsi. Je n'étais pas vraiment encline à parler de ça, avec lui, avec quiconque ; autant partir sur de bonne bases avec lui et ne pas me laisser à tout dévoiler sur moi. Sur ma partie « sombre ». Alors je préférais me taper la honte en lui disant que j'avais peur de la chèvre que de lui dire que j'étais une toxicomane. « Bien sur ! Cela ne peut pas en rester là entre vous deux. Attends, je vais la chercher.  » Je le regardais en silence. Paniquée évidemment. Je ne savais pas comment il allait s'y prendre pour me la faire aimer, mais je lui souhaitais bonne chance. Non parce que les chèvres, ça ne relevait pas d'une phobie, mais elle, je ne l'aime pas du tout. En fait, ce n'est même pas ça, elle est jolie, tout ça... C'est juste qu'on a pris un mauvais départ ! Wade revenait avec la bête et je fis, machinalement un pas en arrière, me sentant sérieusement pas bien. « N'aie pas peur » Je lâchais un léger rire. C'était plus facile à dire qu'à faire hein ! J'étais presque à la limite de trembler comme une feuille. « Regardes elle est inoffensive. » Oui oui, certes, sa couleur blanche me semblait être celle de la pureté oui, mais je sentais tout de même mon cœur battre à cent à l'heure. S'il l'approchait encore plus de moi, je sentais que j'allais tomber dans les pommes. Je regardais Wade la caresser. Je plissais mes sourcils : j'étais partagée entre l'envie de m'approcher ou de prendre mes jambes à mon cou... « Tu peux approcher. J'ai grandi dans une ferme, les chèvres je connais, et je me suis jamais fait agresser par une, t'inquiètes. » Je voulais bien le croire... D'ailleurs je le croyais bien évidemment totalement crédule. Je me mordillais alors la lèvres inférieur en approchant doucement, trèèèès doucement de Blanquette. Genre, pas à pas, tout doucement. « Regardes, elle ne demande qu'un peu d'amour. » Je ne pouvais m'empêcher de sourire, amusée, avant de lui lancer enfin : « Arrête ! Laisse moi me concentrer ! » Oui, je voulais l'être totalement, sait-on jamais, être en possession de tout mes moyens pour courir, si elle venait à me pourchasser. Une fois proche de la bête, je tendais ma main vers celle-ci, pour venir toucher son dos. Oooooooh mon dieu. « J'crois que je ne me sens pas bien ! » Lui avouais-je, en touchant toujours la chèvre. Je me reculais rapidement, lui tournant même le dos, quand même bien fière de moi il faut bien l'avouer !