dans cinq cents mètres, tournez à droite, puis tenez votre droite [22/05 20H35]

feat. Jamie

J'avais décidé de poursuivre mon exploration. Et la suite, c'était le labyrinthe. Suite logique, bien entendu. Je ne parvenais déjà pas à me repérer dans le château, j'avais un sens de l'orientation plutôt désastreux, mais j'allais quand même me foutre avec joie dans une situation des plus embarrassantes. C'était comme si je signais ma perte, que j'entamais mon errance dès le premier pied posé entre ces arbustes si parfaitement taillés. Comme toujours, je n'avais pas réfléchi avant d'agir, et voilà que je me retrouvais au milieu de ces gigantesques murs de verdure, âme en peine au milieu d'un méandre de couloirs végétaux, incapable de retrouver mon chemin. Après vingt minutes à tourner en rond sans trouver la moindre solution, ni avoir le moindre indice au sujet d'un éventuel rapprochement de la sortie ou au contraire d'un enfoncement au cœur de la bête, je commençais à sérieusement envisager de faire des trous dans leurs vertes palissades, tout droit jusqu'au bout. Ca me paraissait tout de même un peu compliqué, mais ce serait toujours probablement moins long que d'attendre que mes jambes me guident vers la sortie. Ce fut d'une pensée si pessimiste que je fus subitement sortie, dans l'horreur, par des bruits puis enfin un visage face à moi. Je ne pus contenir le hurlement qui voulut s'échapper d'entre mes lèvres, bien que j'assimilais peu à peu les traits de cet intrus. Le stress avait dû jouer, et il commençait à faire nuit, je n'en pouvais plus d'être ici. Le labyrinthe happait toute mon énergie. « Dieu merci. Quelqu'un. » Maintenant que je me suis remise un peu des mes émotions, mes idées recommencent à prendre un cours normal, et ma reconnaissance faciale s'active. Hmm. Jamie c'est ça, l'un des deux frères, qu'a couché avec Santiago et fait je ne sais pas trop quoi avec son propre frère ? Je hausse les épaules, tic nerveux destiné à moi-même alors que je chasse tous ces potins de ma tête. Arrête de te parler intérieurement, Sive, t'as l'air carrément cinglée de l'autre côté. « Dis-moi que t'es là parce que t'adores les labyrinthes, que celui-là tu l'as déjà fait cent fois, et que tu connais la sortie. Si tu pouvais ajouter qu'en plus j'étais sur la bonne voie, ça flatterait mon ego... » J'aimerai bien sourire, au moins, mais mon épuisement est clairement visible, j'en viens à dire et faire n'importe quoi. J'angoisse facilement, et être coincée dans un labyrinthe... Si l'idée était excitante au début, ça l'est beaucoup moins à présent.

Sérieusement. Ce nid allait venir à bout de ma personne avant même que les candidats, aussi ravageurs, hargneux et cannibales soient-ils aient planté une dent dans ma chair. Épouvantable. Et dire que j'avais été stupide pour réitérer l'expérience du labyrinthe. Oui, au final ce n'était peut-être pas le nid qui aillait me pousser à bout mais bel et bien mes propres choix. Et les dés m'avaient pourtant prévenu. Six, le chiffre que je détestais par dessus tout. Ni négatif, ni positif, il tranchait en un juste milieu le quota maximum autorisé. Inutile de préciser qu'il n'y avait rien de plus aléatoire que ça... ou qu'un labyrinthe. Aucune logique ne suivait, je marchais, arpentais, me désespérais, frottant mes mains l'une contre l'autre espérant qu'un génie ne s'échappe des entrailles de ma paume. Comme vous pouvez vous en douter, sans grand succès. Au final, j'allais me retrouver comme la semaine précédente, perdu, blasé et totalement stupide. Oui, stupide, c'était le mot. Là tout de suite, j'étais stupide. Alors quand une voix s'éleva dans la pénombre tombante, mon visage ne put qu'éclairer les environs, comprenez moi, cette solitude s'apparentait à un désert à mes yeux, rien de bien plus joyeux. Sive était mon oasis. Ouais. « Dieu merci. Quelqu'un. » un léger rire s'échappa de mes lèvres « Tu l'as dit. » repris-je en enfonçant un peu plus mes mains dans mes poches tout en scrutant le petit bout de femme qui se tenait face à moi « Dis-moi que t'es là parce que t'adores les labyrinthes, que celui-là tu l'as déjà fait cent fois, et que tu connais la sortie. Si tu pouvais ajouter qu'en plus j'étais sur la bonne voie, ça flatterait mon ego... » mon sourire s'étira un peu plus « Ce que j'aurais aimé que tu sois fière de me trouver... Malheureusement, j'crois que j'vais devoir te décevoir. J'tourne en rond depuis au moins une trentaine de minutes. » dis-je en laissant jaser ma tête de droite à gauche avant de reprendre « Mais dans mes remords les plus sincères je peux toujours t'être utile, non ? Genre j'pourrais... » allez, imagination, active toi, trouve un truc ingénieux pour une fois « J'pourrais être une raison de plus pour que tu veuilles sortir d'ici ? Genre ça activerait ton instinct de survie, tu vois ? » ouais bon, j'avais dit inventif, pas profond.

Les haies avaient beau être magnifiquement bien coupées, pour moi, elles s'apparentaient à des ronces gigantesques, prêtes à prendre vie et déchirer ma chair. Plus il parlait, faisant taire mes espoirs, et plus je voyais leurs griffes avides de venir à bout de ma personne s'approcher vers moi, me rendant presque claustrophobe. Ce dédale était drôlement bien foutu. Un jeu d'enfant n'eut-il pas suffi pour éveiller notre intérêt ? Non, il fallait nous pousser dans nos retranchements, susciter nos craintes, afin de pouvoir percevoir l'étendue de nos capacités. Le labyrinthe était pour moi comme le reste du château : il m'égarait et me laissait là en proie à de vives émotions, face à mes doutes et mes incertitudes, prête à faire jaillir la noirceur de mon être. Ils donnaient vie à mes cauchemars. Et pourtant, au milieu de la pénombre de mes pensées et du soir qui se présentait à nous tel un menaçant individu à cape noir, un sourire illuminait mon visage. L'angoisse sur celui-ci ne s'était pas évaporée pour autant. Elle gardait de son éclat autour de mes sourcils, sur mon front, dans mes iris tremblantes. « Trente minutes... Et on n'a pas réussi à se croiser tout ce temps-là. Voilà qui ne va pas me rassurer... » Puis ce fut à mon tour de laisser un léger rire perturber le silence de la nuit naissante, alors qu'il évoquait un instinct de survie supposé prendre forme face à lui. « Pourquoi penses-tu que j'aurais une raison de vouloir te fuir ? » J'avais repris un air sérieux. Mes méninges se mettaient à nouveau à bourdonner. J'inspectais les horizons, comme dans l'attente d'un indice quelconque, puis le ciel s'assombrissant. « Tu crois que, si on ne parvient pas à sortir d'ici, ils vont envoyé les hélicos, ou quelque chose comme ça ? Ils ont des hélicos ? » Questions idiotes. Au pluriel. Peu importe.

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» sunday bloody sunday † dimanche 9 décembre, cinq heures cinq

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