Tout ce que j’avais pu accumulé au courant des deux dernières semaines venaient de venir à bout de ma maigre résistance, Ezéquiel et ses agissements, mes querelles incessantes avec Andreas et l’intervention inutile de Syssoï au prime, sans compter notre charmante récompense avait réussi à venir à bout de moi. Rien que d’en parler, et voila que je craquais. Impossible de retenir les sanglots, ni même les larmes qui se mirent à couler le long de mes joues. J’avais totalement eu raison de croire que je n’étais pas prête, que j’étais psychologiquement loin d’être apte à reprendre ma vie après les deux dernières années, ces deux années de calvaire après la mort de Sebastian. Ironique, d’ailleurs, de pensées à lui dans ces moments, alors qu’un autre homme – qui n’était visiblement pas lui – me consolait, passant ses bras autour de mon être. Comme à une bouée de sauvetage, je m’accrochais à lui, totalement dépassé par les évènements. « Calmes toi. C’est fini… Il ne peut rien te faire, tu sais. » Rien de mal ne pouvait m’arriver, bien sûr que je tentais de me rassurer. La production n’était pas démente au point de laisser un être aussi sadique faire joujou avec moi sans intervenir si les choses allaient trop loin… non? Êtes-ce ce qui avait détourné Ezéquiel de son but, ce soir-là, au salon? La présence des caméras, des centaines de regard fixé sur lui, sur nous. Le souvenir de cette soirée éveilla de nouveaux frisons dans mon corps, et j’étouffais un nouveau sanglot, blottit contre Keelan. « Et puis, je ne le permettrais pas. » Il tentait de se montrer rassurant, mon sauveur, mais contre l’homme qu’était son partenaire, personne, pas même lui, ne pourrait réellement me protéger. « Tu ne devrais pas le laisser t’atteindre, c’est ce qu’il cherche à faire. » Facile à dire, mais quel genre de conseils était-ce là? Il était naturellement menaçant, et semblait lire en moi comme dans un livre ouvert. En sa présence, il m’était incapable de canaliser mes craintes, mes doutes, mon sentiment d’impuissance et de faiblesse. Le mieux serait encore d’éviter d’être sur sa route, de me tenir loin de lui… mais il me retrouverait. Toujours. Ce n’était pas qu’une impression, mais plutôt une forte conviction. Au bout d’un moment, une dizaine de minutes, voire même plus – j’avais depuis longtemps perdu le compte –, les sanglots se firent de plus en plus rares pour finalement cesser, et seuls quelques larmes avaient laissés traces de leur passage sur mon visage. Mes yeux étaient rougis d’avoir pleuré, mais la fatigue se lisait en eux. Il se faisait tard, mon corps ne supporterait pas de rester éveiller bien longtemps encore. Je me détachais légèrement de Keelan, juste assez pour croiser son regard. « Me laisse pas toute seule, ce soir. » dis-je d’une toute petite voix, tel une enfant.

Je voulais me montrer réconfortant, mais je me sentais quelque peu impuissant. J'aimerais pouvoir faire plus. Faire disparaître ces vilaines larmes de son joli visage. Qu'elle n'ai plus à craindre Ezéquiel. Mais tant qu'il serait dans ce château, je doutais que ce sentiment disparaisse. Monsieur ne semblait pas prêt de lâcher le morceau. Alors tout ce que je pouvais faire, c'était être présent pour la demoiselle. Elle resta dans mes bras, de longues minutes. Peut importe le temps qu'il faudrait pour la calmer, je n'avais pas l'intention de partir. Finalement, elle se détacha légèrement de moi. « Me laisse pas toute seule, ce soir. » J'essuyai délicatement un de ses larmes sur sa joue.  « Je ne vais nul part » Elle était fatiguée, moi aussi. Il était temps qu'on aille se coucher. La journée avait été longue. Je me levai, pour achever de me déshabiller et rester en boxer. Je m'allongeai sur mon nouveau lit donc pour la soirée, prenant soin de choisir le côté le plus proche d'Ezéquiel.  « Bonne nuit » fis je à Anabel qui avait prit place à mes côtés.

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