Il avait beau être plus de quatre heures du matin, Aria n’arrivait pas à fermer l’œil. A force de tourner et virer, elle avait presque juré avoir entendu le pauvre Marcus et avait donc quitté le lit. Mais en pyjama et à cette heure là, elle n’avait pas grand-chose à faire. N’étant absolument pas une amatrice de thé, elle ne pouvait pas en boire pour essayer de se détendre ou quelque chose comme ça. A court de solutions et après avoir fait trois fois le tour du château, elle attrapa un plaid dans le salon et sortit dans le jardin. Heureusement le temps était clément et l’air était relativement doux. Elle était tout de même contente d’avoir emmené de quoi se couvrir. S’emmitouflant dans le tissu, elle s’allongea à même le sol, les yeux rivés sur les étoiles. La nuit était étonnement belle et c’était une belle soirée pour observer les constellations. Elle n’y connaissait absolument rien mais cela ne l’empêcher pas de jouir de la beauté de la chose. Aria n’habitait pas tout à fait en ville mais il était rare qu’elle ait une vue aussi dégagée de chez elle. C’était agréable, le calme, la sérénité. Cela changeait un peu des ronflements et des discussions de sa chambre. Elle sentait qu’elle ne s’endormirait pas pour autant mais elle prenait une pause. Une pause animée puisqu’elle entendit qu’on approchait derrière elle. Préférant ne pas prendre le risque de bouger et de dégager les pans du plaid, elle attendit que l’intrus s’avance légèrement avant de prendre conscience du fait qu’il ne la voyait peut-être pas. Pour ne pas se faire piétiner, elle se manifesta donc. « Tu n’arrives pas à dormir non plus ? » Elle ne voyait pas très bien qu’est ce qui l’amènerait ici à une heure aussi indue si ce n’était pas le cas mais mieux valait poser la question. « Je partage le plaid si tu veux. » Il était juste assez grand pour deux si cela ne le dérangeait pas de s’allonger à même l’herbe.

Étrange. Une sensation étrange ne l'a pas quitté depuis le réveil. Il n'a pas senti la présence de sa femme depuis quelques jours. Même depuis le début de l'aventure. Cela l'a perturbé pendant un moment, car elle ne vient plus hanter ses nuits, ses rêves, ses cauchemars. Son visage s'efface de sa mémoire. Les souvenirs d'elle périssent au fur à mesure qu'il prenne ses aises au sein du nid d'amour. Depuis sa mort, il n'a pas cessé d'être rongé par la culpabilité. Une culpabilité qui l'a hanté des jours entiers. Elle s'est comme envolée, laissant un jeune homme perplexe et décontenancé. Il est en proie à une peur terrible. Celle de l'oubli, du trou noir. Il ne veut pas l'oublier. Il veut encore la garder près de lui, il veut s'endormir en pensant à elle car son cœur lui appartient. Mais ce qui le trouble encore plus, c'est que son palpitant ne bat plus quand il pense à Viola. Il sait que ses sentiments vont s'évanouir également. Ce sont ces pensées qui l'ont empêchées de dormir ce soir-là. Comme à son habitude, il erre dans la maison une tasse de thé à la main essayant de comprendre ce qui le tracasse autant. Une fois son thé terminé, il a décidé de prendre l'air. Se promener pour se aérer la tête. Ses pas le mènent vers le parc. Nuit étoilée et vent frais. - Tu n’arrives pas à dormir non plus ? Une petite voix l'interpelle. Il ne reconnaît pas la silhouette qui s'esquisse dans la pénombre. Au premier coup d’œil, la physionomie appartient à une femme. Il acquiesce, il sourit et s'assit à côté d'elle, sa canne à la main. - Je partage le plaid si tu veux. Il répond d'une voix sereine : - Ce serait avec plaisir. Il imite la jeune fille qui s'est allongée dans l'herbe. Un frisson de plaisir parcoure son corps au contact du sol. - Que c'est agréable. Ariana, c'est ça ? Moi, c'est Malo. Le visage de son interlocutrice lui apparaît à la lueur de la voûte étoilée au-dessus d'eux. - Qu'est-ce qui vous tracasse, jeune fille ? , demande-t-il d'un ton amical.