~ malo and sochanna

Le souffle court. Les pulsations d'un cœur hanté par des spectres du passé. Ses cheveux couleur miel ondulent à mesure qu'il remue, dans un état de semi-conscience, au creux de son lit. Il se débat, en proie à de vicieuses chimères qui, de leurs griffes insidieuses et glaciales, aiment à racler l’intérieur de son ventre, léchant avec violence ses côtes, pétrifiées une fois de plus. Les rideaux filtrent les rayons du soleil déclinant. C'est le début de l'après-midi. Il se réveille en sursaut, la respiration haletante. Ses mains effleurent ses mèches blondes. De la sueur perle sur son front. Le corps moite et le regard fébrile, il observe les alentours. Personne. Il se redresse pour s'asseoir sur le bord du lit, étendant ses jambes sur les draps de soie. Il saisit sa canne qui trône près de la table de chevet. Il se lève en s'y appuyant. Il sent une douleur remonter le long de sa jambe infirme. Il ne bronche pas, ses pieds le mènent de l'autre côté de la pièce. Il traverse le dressing sans saluer les candidats qui s'y trouvent. Habillé d'un bas de pyjama en coton, il l'enlève pour se retrouver en caleçon. Il entre dans la salle de bain, son pyjama sous le bras. Il jette un regard furtif sur un des miroirs. Il s'avance devant l'un d'eux. Il s'examine un instant. Sa mine déconfite ne l'enchante guère. Il caresse les poches de cernes, signes d'un manque de sommeil évident. Il soupire et file dans une des cabines de douche. Il enclenche un des robinets. L'eau se déverse sur son corps d'un jet majestueux. Un soupir de contentement s'échappe de sa bouche. Les gouttes revigorent les moindres parcelles de peau. L'eau est la bonne température. Elle glisse sur son corps à moitié nu. Il se lave. Une fois terminé, il sort de la cabine le cou entouré d'une serviette rouge bordeaux. Il entoure son corps mouillé de la serviette, au niveau de la taille. Il retourne auprès des miroirs. Il remarque sa plaie à l'arcade sourcilière ne s'est pas encore cicatrisée. Du sang continue d'en couler. Il s'empresse d'appuyer dessus pour empêcher l'hémoglobine de se déverser d'avantage. Il entend des petits pas venir dans sa direction. Il se retourne et sourit à la nouvelle venue. - Tu tombes bien. J'avais justement besoin d'une infirmière. Ses traits s'adoucissent. Il la dévisage en silence, attendant qu'elle ouvre sa jolie bouche.

Prendre une douche est toujours une épreuve pour la jeune femme. Elle n'apprécie ni le contact de l'eau sur son visage et son corps, encore moins le fait de sentir les moindres courbes de son corps épousées par le jet d'eau qu'il soit chaud ou glacé. C'est encore pire depuis qu'elle est ici. Elle étouffe lorsqu'elle est obligée de passer par la salle de bain. Un mal être que personne ici ne peut comprendre. Personne. Elle n'a encore jamais mis un orteil dans la piscine, encore moins dans l'eau qui borde la plage. Elle n'a même pas passé un haut de maillot de bain. Si elle dévoile ses jambes le haut de son corps est toujours couvert. Elle a du mal avec la nudité, encore plus avec le fait de se trouver nue dans une douche. Elle sait que les caméra la filme, elle sait aussi que de rester immobile et habillée d'un maillot de bain microscopique dans la cabine en fixant avec rage le pommeau de douche accentue l'image étrange que la jeune femme renvoie déjà. Elle sait aussi que le calme de la salle de bain ne durera pas longtemps. C'est maintenant où jamais. Elle n'apprécie pas de son donner en spectacle mais elle ne peut envisager de ne pas récurer complètement sa peau un tic acquis depuis plusieurs années. Elle se déleste de son haut de maillot et c'est très rapidement qu'elle procède à sa toilette, comptant à voix haute pour s'occuper l'esprit et occulter le fait qu'elle se trouve sous une cascade d'eau. Elle compte, se récite les tables de multiplication à l'envers tout en se frictionnant les bras, le ventre, la poitrine, le cou, elle replace le haut sur ses formes et tourne le dos au caméra, espérant qu'aucun zoom ne sera fait sur son dos. Elle lave ensuite méthodiquement ses cheveux blonds avant de s'attaquer au bas de son corps. Elle quitte son maillot, et lave méthodiquement sa peau. Elle compte toujours. Lorsque la moindre parcelle a été récurée elle coupe l'eau et alors seulement cesse de compter. Elle se drape dans une épais peignoir avant de quitter son maillot de bain. Enveloppée ainsi elle quitte la douche et se fige en réalisant que les vêtements posés près du lavabo on disparut. Pestant et râlant elle quitte la salle de bain, soulagée qu'on l'eut une offert une "possibilité" de se vider l'esprit par cette farce. Elle découvre ses vêtements sur son lit, elle fronce les sourcils persuadée d'avoir emmenés avec elle ceux-ci lorsqu'elle s'était dirigée vers la salle d'eau. Étrange. Ses vêtements sous le bras elle retourne vers la salle de bain, frissonnante dans son peignoir, les restes de la grippe l'ayant terrassé ce week-end. Dans la salle de bain elle découvre Malo, son sourire se fige et s'agrandit lorsqu'il parle. "Ah les hommes, tournez les talons cinq minutes et les voila en train de se vider de leur sang sur le carrelage." Une nouvelle distraction pour oublier l'expérience traumatisante de la douche. "Assied toi sur le bord de la baignoire, super Sochanna va t'arranger cela." Elle lui adresse un sourire chaleureux, qui n'a plus rien de mécanique. Elle fouille dans plusieurs tiroirs avant de trouver l'objet de ses convoitises. De l'antiseptique et du coton. "Ça risque de piquer." Annonce t-elle en se nichant entre ses jambes afin d'atteindre son visage. Elle applique doucement le coton, le retire lorsqu'il grimace et souffle délicatement sur la plaie pour atténuer la sensation de brûlure.

Elle lui rend son sourire. Le sien, plus léger, en demi-teinte. Il l'observe en silence tandis qu'elle s’affaire pour s'occuper de lui. Une lueur amusée brillait dans les iris bleus du jeune homme. Lors de leur incident près des remparts, elle lui a été d'une grande aide car elle a exécuté avec perfection toutes les procédures pour arrêter l'hémorragie. Résultat, l'arcade sourcilière abîmée. - Ah les hommes, tournez les talons cinq minutes et les voila en train de se vider de leur sang sur le carrelage. Elle trouve coton et antiseptique dans une armoire, suite à fouille assidue de tous les placards avoisinants. - Assied toi sur le bord de la baignoire, super Sochanna va t'arranger cela., ordonne-t-elle en arborant un sourire plus naturel. Il s'exécute, il se laisse choir sur le bord glacé du baignoire. Un frisson parcourut l'échine. Il la sentit s'approcher de lui quand il la voit se caler entre ses jambes. Il ne cille pas à la vue de ses bras nus. Elle se penche pour atteindre son visage. Sa main vient appliquer le coton sur la plaie douloureuse. Il grimace, signe que le produit agisse sur sa peau. - Ça risque de piquer. Pour atténuer l'irritation, elle souffle dessus. Ce qui étire d'avantage le sourire du blond. Il baisse son regard et observe la ligne parfaite que forme l'ossature de son cou gracile. Il détourne tout de suite les yeux quand il s'aperçoit qu'il était en train de la reluquer. Un écart de conduite qu'il rectifie en évitant soigneusement de la dévisager. Il lâche d'une voix un peu gênée. - Je devrais me blesser plus souvent. Cela fait du bien d'être dorloté de temps à autre. Surtout par une jolie femme. Il sent son souffle sur son visage. Il plonge ses prunelles dans les siennes, puis dit d'une voix suave : - Tu t'es remise de ton rhume à ce que je vois.

Dans sa vie Sochanna avait soignée de nombreuses petites blessures. Écorchures aux genoux de ses amis au Rwanda, petites plaies de son père sur les jambes, piqûres de moustiques de sa mère. Elle avait souvent endossée le rôle de l'infirmière pour ses proches, fille de médecin ses connaissances en médecine étaient vastes mais très limitée en termes de "capacité" à soigner. Le sang ne la dérangeait pas mais, elle connaissait ses propres limites. Une coupure à l'arcade était dans ses moyens aussi s'employa t-elle à nettoyer la plaie, essayant de ne pas penser qu'elle ne portait qu'un peignoir de bain pour tout vêtement et que celui-ci bayait légèrement à la poitrine, elle n'avait que trop maigris ces derniers mois. Je devrais me blesser plus souvent. Cela fait du bien d'être dorloté de temps à autre. Surtout par une jolie femme. Sochanna maudit sa peau de blonde et la légère rougeur qui montait à ses joues. Elle n'avait plus l'habitude d'être proche d'hommes. Hamad avait brisé ses défenses par sa gentillesse et son soutient. Quant à Malo, il lui inspirait confiance, peut être car ses manières étaient à l'opposée de ce qu'elle avait connu jusque là. Son regard la trouble, elle rougit encore un peu et oublie momentanément qu'elle était censé souffler sur sa blessure pour atténuer la douleur de l'antiseptique. "Je crois que la production n'apprécierais pas que je te laisse te vider de ton sang sur le carrelage, ça fait désordre." Tu t'es remise de ton rhume à ce que je vois.Pour toute réponse elle recommença à tamponner sa blessure avec son coton. "Merci pour le thé, je crois que je ne t'ai pas remercié, sauf en grognant telle une bête sauvage." Elle se força à soutenir son regard. Ici elle arrivait parfois à être l'ancienne elle, cette femme sûre d'elle, séduisante, à l'aise dans son corps et dans sa tête.

Les membres de son corps s'engourdissent au fur et à mesure que le visage de la jeune femme s'approche du sien. Il peut entendre les pulsations de son palpitant. Son peignoir laissait entrevoir une peau dénudée et parfumée. Il tressaille. Une sensation étrange parcoure tout son être, l'irradiant d'un sentiment de bien être absolu. Il fronce légèrement des sourcils, ne comprenant pas la provenance d'une telle émotion. Il la couve de son regard de velours, découvrant avec amusement la couleur rosée des joues. Elle rougit. Ce qui lui arrache un sourire de contentement. - Je crois que la production n'apprécierais pas que je te laisse te vider de ton sang sur le carrelage, ça fait désordre. Il acquiesce. Elle continue d'appliquer le coton sur son front endoloris. Il grimace de temps en autre lorsque le produit pénètre dans sa peau d'albâtre. La douleur s'atténue lorsque le souffle de Sochanna vient effleurer la plaie. Ne la quittant pas des yeux, il sent ses prunelles s'attarder sur lui. Les iris de la belle laisse entrevoir son trouble. - Merci pour le thé, je crois que je ne t'ai pas remercié, sauf en grognant telle une bête sauvage. Il lâche un petit rire. - Mais de rien. Elle aime le thé autant que lui. Cela a lui été naturel de lui emporter une tasse surtout quand on est malade. Sa main vient se déposer sur son front pour vérifier sa température, puis ses doigts descendent pour caresser ses joues. Il répond en murmurant : - Au moins, tu n'as plus de fièvre. Ils se dévisagent un instant. - D'où viens-tu, Sochanna ? Ce moment est idéal pour apprendre à se connaître. En plus d'être d'une beauté à couper le souffle, elle semble être douée d'une intelligence singulière. Le caractère mystérieux de sa présence ne la rend encore plus attirante aux yeux de l'anglais. Une attirance qu'il ne peut nier. En trois ans, aucune femme n'a réussi à capturer son attention. Elle est belle comme l'on est indécent. Elle renvoie une image faussée d'elle au reste du monde. Elle ne peut le duper avec ses faux-semblants.

Il était passé lui tenir compagnie quelques minutes entre deux crises de fièvres et d’éternuements, une attention qui l'avait touché puisqu'elle avait permis à la jeune femme de se réchauffer à l'aide d'une bonne tasse de thé. Elle faisait une très mauvaise malade, elle en avait pleinement conscience, son père avait toujours dit qu'elle était la plus mauvaise malade qu'il eut eut à soigner. Malo avait été patient avec elle, et très doux. Sochanna lui rendait la pareille en soignant la coupure dont elle était en partie responsable, résultat d'une malheureuse collision qui avait provoquée l'entaille et à rebours la grippe/rhume de Sochanna puisqu'ils avaient atterrit dans la boue. Il la troublait, par son timbre de voix, son regard, sa douceur. Elle n'avait fréquenté que peu d'hommes depuis deux ans, très peu pour ainsi dire aucun, si ce n'était son père et de vieux amis journalistes. Son retour en Irlande avait signé le glas de sa vie d'autrefois, la Sochanna qui s'était installée en Irlande était différente de celle qui en était partie quelques années plus tôt. Elle ne recula pas lorsqu'il caressa sa joue après avoir vérifié sa température en plaçant sa paume sur son front. Son sourire faiblit, troublée elle se noya dans son regard quelques instants, il la troublait. La proximité entre eux ne la gênait pas, aussi étrange que cela puisse sembler, elle n'avait pas rechigné au contact de sa peau contre la sienne. Ses yeux s'assombrirent légèrement. Oui, il la troublait. Elle ne l'expliquait pas cependant. Au moins, tu n'as plus de fièvre. "Ma mère vérifiait en m'embrassant sur le front lorsque j'étais enfant." Cette information lui échappa si innocemment qu'elle rougie de plus belle. Elle était loin de l'image de poupée allumeuse que lui avait collée la production à son entrée. D'où viens-tu, Sochanna ? "D'ici et d'ailleurs. Je suis née au Rwanda par erreur, ma mère avait trop tardé avant de rentrer pour accoucher en Irlande. J'ai passé quelques mois là bas mais j'étais encore trop jeune pour supporter la chaleur et les conditions de vie. Alors ma mère m'a ramené en Irlande, j'ai vécu quelques années ici avec ma mère, mon père faisait les navettes d'un contient à l'autre. Et puis nous l'avons rejoint en Afrique dans une clinique d'urgence. J'ai fais la navette entre les différents pays d'Afrique jusqu'à l'adolescence. J'ai étudié la photographie en France pendant trois ans avant de repartir en Afrique... Je suis d'un peu partout, du moment que j'ai auprès de moi un appareil photo je peux m'installer n'importe où." Répondit-elle observant de plus près la blessure. Elle se pencha vers le lavabo et y récupéra des strappes et de la gaze. "Et toi ? D'où est-ce que te viens ce superbe accent ?" Elle découpa méthodiquement les strappes, concentrée sur ce qu'elle faisait, elle s'interdisait de penser à leur relative proximité. Elle ne faisait que le soigner. Alors pourquoi avait-elle l'impression, sous le feu de son regard, qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert ?

Apprenant par hasard, en traînant de chambre en chambre, que la jeune femme a été malade, il n'a pas pu s'empêcher d'aller lui préparer un thé. Il s'est souvenu qu'elle l'aimait avec un peu de lait et beaucoup de sucre. Il s'est préparé un pour lui également. Il le lui a apporté sur un plateau et s'est assis au bord du lit. Il a voulu la remercier pour l'avoir soigné près des remparts. Il l'a regardée boire son thé, tout en discutant avec elle et en lisant un ouvrage de technique de couture à côté. Elle s'est alors endormie. Lors de son sommeil profond, il l'a observé en silence s'agiter dans ses draps. Il a caressé son visage et son front brûlant où il est venu déposer ses lèvres. Il prit ensuite une petite serviette imbibée d'eau qu'il a déposé sur son front avant de sortir de la pièce. Mais apparemment, elle ne s'est pas souvenue de ce baiser. Tant mieux. Elle dit en rougissant : - Ma mère vérifiait en m'embrassant sur le front lorsque j'étais enfant. Un petit rire échappe de la bouche du couturier. - Ma mère vérifiait en m'embrassant sur le front lorsque j'étais enfant. Son visage s'approche du sien, il murmure à son oreille d'une voix suave : - Tu veux que je le fasse aussi ? Elle rougit de plus bel. C'en est presque adorable. Le jeune homme est surpris de se voir aussi attentionné avec cette femme. Agréable sensation. Elle élude cette question en répondant à une autre qu'il lui a posée : - D'ici et d'ailleurs. Je suis née au Rwanda par erreur, ma mère avait trop tardé avant de rentrer pour accoucher en Irlande. J'ai passé quelques mois là bas mais j'étais encore trop jeune pour supporter la chaleur et les conditions de vie. Alors ma mère m'a ramené en Irlande, j'ai vécu quelques années ici avec ma mère, mon père faisait les navettes d'un contient à l'autre. Et puis nous l'avons rejoint en Afrique dans une clinique d'urgence. J'ai fais la navette entre les différents pays d'Afrique jusqu'à l'adolescence. J'ai étudié la photographie en France pendant trois ans avant de repartir en Afrique... Je suis d'un peu partout, du moment que j'ai auprès de moi un appareil photo je peux m'installer n'importe où. Elle est une enfant du monde. Il n'a pas de points d'attache. Le monde entier est sa maison. Telle une vagabonde, elle mène une vie de découverte. La proximité entre elle et lui. Il sent ses doigts délicats effleurer son visage. Il se laisse bercer par les battements de cœur de la belle blonde. - Et toi ? D'où est-ce que te viens ce superbe accent ? Il lui sourit, tout en ne la quittant pas du regard. - Je suis né en France, dans le Sud. Ma mère était française et mon père, anglais. J'ai grandi à Londres, dans un manoir avec ma grand-mère. Ma langue maternelle est tout de même le français. Donc je n'ai pas hésité à faire mes études de stylisme, dans une grande école à Paris. Il soupire et la dévisage, il poursuit : - Je n'ai pas eu la chance de voir le monde, comme toi. J'aurai tellement aimé voir les merveilles que cachent cette Terre. Malheureusement, je n'ai jamais le temps. Je suis souvent occupé. Je délaisse mes amis, ma famille. Une des mèches de cheveux de la reporter s'est échappé. - Je ne me souviens même plus quand j'ai été aussi proche d'une femme. J'avoue que ça me manque un peu. Les doigts de l'anglais vient placer la mèche rebelle derrière son oreille tandis qu'elle continue à soigner sa plaie d'un air appliqué.

Sochanna n'était pas une "bonne" malade. Elle était encore moins une bonne "séductrice". Elle n'avait pour ainsi dire jamais eut à faire d'efforts pour s'attirer l'attention et les regards des hommes. Sa plastique parfaite, qu'elle devait autant à la génétique qu'à la pratique régulière de sports divers, ainsi que son érudition avaient toujours fascinés les hommes. Que ce soit en Europe ou dans les "pays du Sud". Au Moyen-Orient ses cheveux blonds fascinaient, elle passait rarement inaperçu. Elle avait eut des amants bien entendu, mais ils n'étaient que de passage dans sa vie, elle était trop éprise de son travail pour se concentrer sur autre chose, sur quelqu'un d'autre. Elle était jeune. Elle n'éprouvait pas le besoin de se poser, de construire quelque chose de durable. Elle était jeune. Elle avait le temps devant elle. Enfin elle le pensait à l'époque. Et aujourd'hui encore. La solitude ne lui pesait pas. Tout du moins elle ne lui pesait pas avant son entrée au Château. Au contact de ses gens si différents elle avait réalisé que le vide qu'elle avait fait autour d'elle à son retour était peut être une erreur. Elle se plaisait ici. Elle ne fuyait plus les contacts. Plus maintenant. Elle avait encore du mal à se faire à l'idée de tant de personnes sous le même toit mais elle s'épanouissait pour la première fois en deux ans. Elle reprenait pied dans la réalité. Tu veux que je le fasse aussi ? La teinte carmin de ses joues s'accentua. Seigneur voila qu'elle rougissait comme une adolescente le soir de son bal de promo. Elle n'avait pas réagit au contact d'un homme depuis très très longtemps. Trop longtemps ? Elle était proche d'Hamad bien sur mais, pas de cette façon entre eux les bases étaient clairement définies. Avec Malo c'était... Plus abstrait. Je suis né en France, dans le Sud. Ma mère était française et mon père, anglais. J'ai grandi à Londres, dans un manoir avec ma grand-mère. Ma langue maternelle est tout de même le français. Donc je n'ai pas hésité à faire mes études de stylisme, dans une grande école à Paris. Il fut assez charitable pour ne pas faire de commentaires sur la légère rougeur de ses joues. Un gentleman c'était certain. "Nous nous sommes peut être croisée dans la Capitale qui sait. J'étais brune à l'époque... Une manière de me rebeller contre la blondeur naturelle que m'avait légué ma mère et de nier le fait que l'Afrique me manquait." Elle parlait, parlait, parlait encore. Elle avait plus parlé avec lui qu'au cours de la semaine. Pourquoi jacassait-elle ainsi ? Pour masquer son trouble. Probablement ? Je n'ai pas eu la chance de voir le monde, comme toi. J'aurai tellement aimé voir les merveilles que cache cette Terre. Malheureusement, je n'ai jamais le temps. Je suis souvent occupé. Je délaisse mes amis, ma famille. Elle comprenait. Elle comprenait réellement. Son métier était très prenant, elle avait beau travailler dans la même région du monde que ses parents, elle avait très peu vu son père et sa mère durant ses missions. Ils se retrouvaient plusieurs fois par an en Irlande, pour les fêtes notamment. "Tu sais j'ai vu peu de merveilles durant mes voyages. Surtout l'horreur, les guerres, la famine, les camps de réfugier, des charniers aussi... J'ai très peu voyagé pour mon plaisir. Le Kosovo, l’Afghanistan, l'Egypte, la Syrie et tant d'autres pays. J'ai fais un voyage en Inde il y a cinq ans pour voir le Taj Mahal... C'était magnifique." Elle lui sourit, revoyant encore les magnifiques clichés qu'elle avait faits durant ce cours séjour mais, une fois encore, elle s'était rendue dans un pays où l'extrême pauvreté côtoyait l'opulente richesse. "Je vois très peu mes parents. Ils sont pourtant ma seule famille. Mais ils savent que je les aime. Nous avons tous des métiers prenants... Les tiens le savent, j'en suis sure." Ajouta t-elle en caressant son visage d'un regard. Elle se pencha légèrement pour poser les premiers strappes sur son arcade. Il s'était tout de même sacrément ouvert. La caresse de ses doigts sur son visage la stoppa en plein mouvement, tout comme ses dernières paroles. Je ne me souviens même plus quand j'ai été aussi proche d'une femme. J'avoue que ça me manque un peu. Elle ne rougit pas cette fois. Elle se contenta de le regarder longuement dans les yeux. "Pourtant tu habilles des femmes tous les jours..." Argua t-elle en reprenant son travail d'infirmière. "Et là, je suis là..." Murmura t-elle si bas qu'elle ne fut pas sure qu'il l'eut entendu. Sochanna qu'es-tu en train de faire ? A jouer avec le feu on finit par se brûler les ailes, pensa t-elle en le dévisageant à nouveau en posant une nouvelle strappes.

Séduire une femme pourrait sembler factice aux yeux de certaines personnes, mais la séduction émane d'elle-même. Le jeune homme sait faire la distinction entre séduction et "drague" (un mot qu’exècre le couturier). Il reconnaît être doté d'un charme naturel, mais il déteste l'user comment moyen d'obtenir ce qu'il souhaite. Il reste maître de lui-même, de ses pulsions. Il ne fait jamais de gestes brusque. Tout est dans la délicatesse. Comme sa mère le lui a appris. Respecter une femme et ses désirs est primordial. En aucun cas, il ne doit forcer les choses. Elles doivent couler d'elles-mêmes. C'est ce qui est en train de passer entre cette jeune femme et lui. Une forme d'attraction est née, résultant d'un rapprochement physique. Il ne peut le nier. Cette femme est désirable. Comment ne peut-il pas être attiré par elle ? Ses cheveux d'or, enivrants et soyeux. Ses yeux clairs, ses longs cils, ses lèvres fines. Un visage dont les traits en sont admirables. - Nous nous sommes peut être croisée dans la Capitale qui sait. J'étais brune à l'époque... Une manière de me rebeller contre la blondeur naturelle que m'avait légué ma mère et de nier le fait que l'Afrique me manquait. Il acquiesce, un sourire béat aux lèvres. Sa raison endormie, il a cessé de réfléchir, de se restreindre. De tout refouler, y compris ses bas instincts peut être épuisants. Surtout pour lui, car il met ses nerfs à rude épreuve. Sochanna réveille en lui des désirs longtemps dissimulés par une culpabilité irascible et un deuil pesant. D'une oreille attentive, il boit les paroles de la reporter en ne la quittant pas du regard. - Tu sais j'ai vu peu de merveilles durant mes voyages. Surtout l'horreur, les guerres, la famine, les camps de réfugier, des charniers aussi... J'ai très peu voyagé pour mon plaisir. Le Kosovo, l’Afghanistan, l'Egypte, la Syrie et tant d'autres pays. J'ai fais un voyage en Inde il y a cinq ans pour voir le Taj Mahal... C'était magnifique. , dit-elle un sourire aux lèvres. De plus, elle ajoute : - Je vois très peu mes parents. Ils sont pourtant ma seule famille. Mais ils savent que je les aime. Nous avons tous des métiers premiers ... Les tiens le savent, j'en suis sure. Le regard du blond se voile d'une légère tristesse en entendant le mot "parents". Il a perdu les siens depuis des années. Sa seule famille qu'il lui reste l'a renié. Sa dernière chance d'avoir une famille est morte ce soir-là dans cet accident. La voix séduisante de la belle le réveille de sa torpeur : - Pourtant tu habilles des femmes tous les jours ... Ses lèvres s'étirent en sourire charmeur. - Quand je suis au travail, je suis différent. Je me dois d'être professionnel pour éviter tout débordement. Je ne mélange jamais plaisir et affaire. J'habille les plus belles femmes du monde, oui. Néanmoins, très peu m'ont bouleversé. Certes, j'ai été attiré par quelques unes mais cela n'allait jamais loin. En plus, je ne touche pas toutes les femmes de la même manière., réplique-t-il en caressant les cheveux de l'irlandaise. - Chacun de mes touchers exprime un sentiment particulier. De l'amitié, du désir, de l'amour ... J'avoue être quelqu'un de tactile. Je ne peux pas m'empêcher. Il lâche un petit rire. Il la voit se pencher sur lui pour déposer une autre strappe. Elle murmure, à peine audible : - Et là, je suis là... Il frissonne. Son cœur s'arrête un instant. Un peu décontenancé, il fait mine de n'avoir rien entendu en lui répondant : - D'ailleurs, mes mains sont trop baladeuses. Si, cela te gène dis-le moi. A part, si tu veux que je continue ... Les minutes défilent et il commence à sentir le danger profiler au loin. Sa raison lui crie d'arrêter avant qu'il ne regrette son acte. Malo le sait. Il ne doit précipiter les choses et surtout, lui donner des raisons pour qu'elle s'attache à lui. L'attachement, c'est ce qui le terrifie le plus. Malheureusement, il s'est attaché à beaucoup de personnes dans ce nid. Et elle, elle en fait partie.

Elle remarqua la tristesse visible dans ses yeux lorsqu'elle aborda le sujet de la famille. Il devait avoir perdu quelqu'un, elle connaissait ce regard, elle l'avait vu de nombreuses fois. Sur le visage de femme au Rwanda, en Syrie et dans les yeux des parents de David lorsqu'elle s'était présentée à la porte de leur maison quelques mois plus tôt. Il lui avait fallu près de deux ans pour trouver le courage de sonner un beau matin chez eux. La douleur du deuil, du chagrin. Elle avait capté cette tristesse avec son appareil photo des dizaines de fois. La douleur, les émotions brutes, fortes, destructrices, c'était avec ces sentiments qu'elle gagnait sa vie, qu'elle touchait les lecteurs des magazines ou des journaux pour lesquels elle travaillait. "Je suis désolée." Souffla-t-elle en le regardant dans les yeux. Elle ne voulait pas ramener à la surface de douloureux souvenirs. Elle essaya de chasser ses souvenirs en continuant à parler. Il voulait apprendre à la connaître, il serait servi. Ses parents devaient se demander ce qu'on avait glissé dans le verre d'eau de leur fille durant la nuit. Chaque jour elle changeait un peu plus. Ici il était moins difficile de reprendre le contrôle de sa vie, peut être car personne ne savait où presque, elle eut une pensée pour Hamad, qui elle avait été auparavant. Quand je suis au travail, je suis différent. Je me dois d'être professionnel pour éviter tout débordement. Je ne mélange jamais plaisir et affaire. J'habille les plus belles femmes du monde, oui. Néanmoins, très peu m'ont bouleversé. Certes, j'ai été attiré par quelques-unes mais cela n'allait jamais loin. En plus, je ne touche pas toutes les femmes de la même manière. Elle hocha imperceptiblement la tête, elle comprenait cela, devoir toujours être professionnel, garder la tête froide. Elle avait connu cela aussi, autrefois, quand elle se trouvait en plein milieu d'une guerre notamment. Ne jamais prendre parti. Rester neutre. Se détacher de la souffrance que l'on observait pour ne pas être soit même à jamais blessé par ces "visions" d'apocalypse. Chacun de mes touchers exprime un sentiment particulier. De l'amitié, du désir, de l'amour ... J'avoue être quelqu'un de tactile. Je ne peux pas m'empêcher. Elle avait remarqué qu'il n'éprouvait pas de difficulté à toucher les autres, ce qui n'était pas le cas de la jeune femme. Quoi que les choses se furent arrangées depuis qu'elle avait fait ses premiers pas au Château. Elle n'appréciait d'ordinaire pas les contacts tactiles, elle n'appréciait pas non plus la vie communauté. Mais elle ne fuyait pas Malo. Au contraire. Peut-être était-ce parce qu'il ne marquait aucune hésitation, parce qu'elle ne captait rien de trop dangereux dans ses yeux. Il ne la blesserait pas. Elle le sentait. Elle avait toujours eut un instinct excellent. Sauf ce jour-là, il y a des années. D'ailleurs, mes mains sont trop baladeuses. Si, cela te gène dis-le moi. A part, si tu veux que je continue ... Elle sourit, amusée, en posant la dernière strappe sur son arcade blessée. Elle hésite un instant, sonde son regard et son sourit se fait doux. "Tu ne me gêne pas... Ce qui est très rare crois moi." Elle n'avait pas peur du contact avec lui, elle ne l'appréhendait pas. Elle avait changé, pas avec tout le monde mais avec Malo... Lui c'était différent. Du bout des doigts elle vérifia que les strappes tenaient fermées les bords de la plaie. Le sang ne coulait plus désormais. "Je crois qu'il te faut tout de même un pansement..." Ajouta t-elle en attrapant sur le lavabo un rouleau de pansement. "Tu sais que tu fais très ... Bad Boy avec cette blessure de guerre."