Une clope entre les lèvres, je marchais calmement le long du lac avant d’apercevoir le majestueux (hm) pont qui le recouvrait en partie. Et sur ce pont : Anabel. La candidate était plutôt sympa et j’appréciais sa compagnie alors je me dirigeai vers elle et, alors que ma clope était terminée, je la balançai dans l’eau du lac sans un regard pour le détritus polluant. Je montai ensuite sur le pont et souris a la jeune femme avant de faire. « Bonsoir. » dis-je alors que je posai mes coudes sur le bord du pont. « Ca va, remise du prime ? La robe était moche, mais toi t’es bien. » dis-je haussant les épaules. Ah, cette robe, parlons-en, c’était carrément affreux en fait. Quoi que celle de ma partenaire n’était pas top non plus et j’avais été légèrement hypocrite quand je l’avais complimentée sur sa tenue. Oops ? Je me redressai ensuite et ressortit mon paquet de cigarettes de ma poche avant de le tendre vers Anabel. « T’en veux une ? » demandais-je à la candidate. Je ne l’imaginais pas fumer mais on sait jamais…

Une autre semaine approche à sa fin, et celle-ci me parait beaucoup plus longue que les autres, sans trop savoir pourquoi. Il faut dire que ma baise de morale, en début de semaine, a largement affectée celle-ci… mais je pense que je m’en sors plutôt bien, enfin, je crois. Je reste encore fragile, je le sens dans toutes les fibres de mon être. Ma seule consolation : que cette semaine se termine pour que l’on passe à autre chose, et tout simplement repartir à zéro, celle d’après. J’étais posée sur le pont, ayant décidé d’aller prendre l’air après mon souper, quand des bruits de pas me firent réaliser que j’avais maintenant de la compagnie. « Bonsoir. » Tournant la tête vers mon interlocuteur, je reconnu Finnick. D’un signe de tête, je le saluais à mon tour. « Ca va, remise du prime ? La robe était moche, mais toi t’es bien. » Je me retiens de soupirer face à sa remarque, cependant, je lève les yeux au ciel avant de les fermer quelques instants, secouant imperceptiblement la tête, tentant d’oublier ces derniers mots. Je me tourne finalement vers lui. « Oui, ça va, mais je suis contente qu’elle se termine bientôt. Je pourrai léguer mon affreux trophée à quelqu’un d’autre… » Je n’ai pu m’empêcher de faire une remarque à ce sujet, et je m’en mords finalement la lèvre inférieur. « T’en veux une ? » Je fais non d’un signe de la tête. Je ne fume pas, je n’ai jamais fumé, et ce n’est pas aujourd’hui que je commencerai à la faire. Je n’ai aucune intention de repartir d’ici avec une quelconque addiction à une drogue néfaste pour ma santé. « Non, merci, je ne fume pas. » lui répondis-je quand même… au cas où il n’aurait pas compris. Mais j’en doute. Il est loin d’être idiot. Du moins, il n’en a pas l’air.

La candidate n’apprécie pas tellement ma remarque, de fait j’ai été bien plus gentil que ça avec elle, auparavant, mais c’est fatiguant d’être gentil a tout bout de champs, c’est tellement plus simple pour moi d’être franc, direct. Voire même méchant. Dumbledore l’a dit : le bien n’est pas le choix le plus facile. « Oui, ça va, mais je suis contente qu’elle se termine bientôt. Je pourrai léguer mon affreux trophée à quelqu’un d’autre… » Je lève les yeux au ciel. « Tu devrais jeter ce truc, ou alors j’y mets feu. » dis-je simplement. Non mais franchement je ne comprends pas pourquoi elle le garde, comme le fait de dormir dans le canapé. C’est clair, j’ai du mal à suivre la demoiselle de temps à autre. Elle refuse ensuite de prendre une cigarette et le dis même tout haut au cas où je n’ai pas compris. « Ok ça en fera plus pour moi. » dis-je en en sortant une de mon paquet, je la glissai ensuite entre mes lèvres et l’allumai, prenant soin de ne pas cracher la fumée dans le nez de la candidate, tout de même.

Quand je lui fais la remarque que ma seule envie est de me débarrasser de ce trophée si peu glorieux, il lève les yeux au ciel, presque découragé. « Tu devrais jeter ce truc, ou alors j’y mets le feu. » À mon tour, je roule du regard en soupirant. Pourtant, ça ne me semble pas si simple à mes yeux, moi, alors que lui semble avoir réponse à tout. Ce trophée, bien qu’il ne représente clairement rien à mes yeux – ne serait-ce qu’un mauvais souvenir -, s’il venait à disparaître, qui sait comment le russe chroniqueur pourrait réagir. Après tout, il s’agit de sa magnifique création – hm – et je n’ai clairement pas envie de me mettre à dos l’un des membres de la production. « Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Remarque, si un jour il tombe en ta possession, tu en disposeras comme tu l’entends. » Libre à lui de le faire flamber ou disparaître d’une quelconque façon, ça ne me regarderait plus rendu-là. Bien que, de toute évidence, je ne souhaitais à personne de recevoir ce titre si peu prestigieux. « Ok ça en fera plus pour moi. » affirma le candidat lorsque je refusais son offre de prendre une cigarette qu’il m’offrait. Tant mieux pour lui, s’il voyait plutôt le bon côté de la chose. Il évitait même de me rejeter sa fumée au visage, ce qui était honorable de sa part. Je me détournais tout de même, m’accoudant à la balustrade. Mais finalement, ma tête se tourna à nouveau vers le candidat, même si je restais dans ma position. « Tu es sérieux, quand tu dis que je suis… ‘bien’ ? » Je me pose cette question, justement, maintenant que j’ai passé outre le premier commentaire qui m’a fait. Ce ‘bien’, je me demande ce qu’il veut dire, à ses yeux. Que je suis moins moche que la robe? Que je suis jolie, de son goût? Que je suis... baisable? Sait-on jamais, avec les hommes. Cette assertion me parait si vague.

« Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Remarque, si un jour il tombe en ta possession, tu en disposeras comme tu l’entends. » Déclara la candidate. Je me demandais pourquoi elle désirait garder ce trophée ridicule alors que de toute évidence elle avait du mal à avaler la pilule. Ceci dit, ça m’étonnerait que le trophée me tombe dans les mains un jour, je suis né avec un sens inné de la classe et du bon gout. Pas de chance. Non et puis le nombre de fois que ma mère m’avait engueulé dans les boutiques quand j’étais gosse parce que mes choix étaient ‘pourris’ ou ‘affreux’ ou même carrément ‘a brûler’ m’avait faire acquérir un certain sens de la mode. Bref, je ne répondis rien, me contentant de consommer ma deuxième cigarette en dix minutes de temps, mes poumons réclamaient de la nicotine et vite, je faisais l’effort de ne pas fumer à l’intérieur et surtout pas devant Tweedy qui petait déjà un plomb sur cette pauvre Aj a chaque fois qu’elle dégainait une clope. Ce qui me laissait peu de temps pour m’encrasser les voix respiratoires. « Tu es sérieux, quand tu dis que je suis… ‘bien’ ? »demanda-t-elle, je crachai la fumée de ma clope et tournai la tête vers la candidate. Un petit sourire en coin je déclarai. « Tu es mignonne. » La première fois que j’avais discuté avec elle c’est ce que j’avais pensé, Anabel était mignonne. Elle n’était pas particulièrement ‘sexy’ ou ‘canon’ mais elle était mignonne. Un peu le genre de femme dont on veut prendre soin, pas le genre qu’on a envie de se faire. Enfin je ne préciserai pas car elle risquerait de mal le prendre.

Il ne fait pas vraiment de commentaire sur ma remarque, et ça vaut peut-être mieux, en fait. Cette histoire me rend un brin susceptible à chaque fois que l’on en parle, ça me saoulait à force. Cependant, je doutais que ce dit-trophée tombe un jour entre ces mains. Il avait une certaine classe, et je ne le voyais vraiment pas se mériter le titre du pire look de la semaine. Mais bon, qui étais-je pour juger. À tord, j’avais cru que cette robe était ‘joli’ après tout… Je pouvais bien me tromper sur son compte aussi. Et au final, c’était ce russe, Syssoï donc, qui décidait. Remarquez, je doutais qu’il ait eu la science infuse, côté mode (contrairement à, je ne sais pas, Malo, qui travaillait dans le milieu), mais puisqu’il s’était mit dans la tête de faire sa fashion police, nous allions devoir le supporter encore un petit moment. Tant qu’il changeait de cible la semaine dernière. Une autre semaine à me trouver dans ce palmarès, et je crois que j’étais aussi bien de mettre le feu à ma penderie, tiens. « Tu es mignonne. » me répondit finalement Finnick, quand je le questionnais sur ce ‘bien’ dont il m’avait qualifié. J’haussais légèrement un de mes sourcils. On faisait ce genre de commentaires à des gamines, généralement… pas à des femmes. À mes yeux, ça signifiait que j’étais… jolie, mais pas assez pour les faire tous tomber. Mais ça m’allait aussi. Je n’étais pas venu ici pour faire ma séductrice. « Tu as quel âge, au fait ? » lui demandais-je, comme ça, sans raison. Je me rendais compte que j’en savais si peu sur lui, au final, malgré toutes les discussions que nous avions pu avoir.

Après que j’eus qualifié Anabel de mignonne, je la vis hausser un sourcils comme si ce compliment de la satisfaisait pas assez et là, ce fut a mon tour de hausser un sourcil. Elle pourrait me dire merci, en plus elle avait carrément été à la pêche au compliment en me demandant des précisions. « De rien. » fis-je, un peu amer. Non mais ça me tuait qu’elle ait l’air de... le prendre comme ça. Finalement elle allait peut être bien avec Andreas. Hm. « Tu as quel âge, au fait ? » demanda-t-elle ensuite. Je ne voyais pas tellement ce que cette question venait faire ici mais peut importe. « 24 ans. Et toi ? » Dis-je finalement, je ne lui donnais pas plus de… 22 ans. Aller 23 à la limite mais il était pour moi clair qu’elle était jeune. Enfin ceci dit on m’avait souvent dit que je ne faisais pas mon âge non plus.

Aucunement, je n’avais cherché à récoltée un compliment de part. Ce n’était qu’une simple question qui n’avait aucun autre but que d’éclairer ma lanterne. « De rien. » Oops, il me semblait bien avoir oublié quelque chose, dans toute cette histoire. Et voilà qu’il me le fait amèrement remarquer. « Désolé… je m’excuse, j’ai pas tellement l’habitude avec ces remarques…, je ne sais jamais vraiment comment y répondre. » Un petit sourire peiné accompagnait le tout. En vrai, cela me mettait carrément dans un inconfort dont j’arriverais difficilement à me débarrasser, sauf si je décidais de changer de sujet, comme je venais tout juste de le faire, en le questionnant sur son âge. Je n’avais pas voulu le froisser, loin de là. « Vingt-quatre ans. Et toi? » Pile poil l’âge que je lui imaginais, en y pensant bien. À une année de près, en fait, puisque je l’imaginais avoir plutôt vingt-trois ans. Mais j’avais presque visés juste, avec ma supposition. « J'ai vingt-six ans. » Que je ne faisais pas vraiment. J’avais toujours eu cet air de gamine qui me collait au visage, ce visage enfantine, angélique. Une femme-enfant. Ça faussait toujours la perception que les autres pouvaient avoir de ma personne. Et parfois, ce pouvait avoir un bon côté. D’autres, un mauvais. Je manquais parfois de crédibilité, et il me fallait faire des prouesses pour arriver à faire comprendre aux gens qui j’étais plus mature, plus vieille que je n’en laissais paraître.

« Désolé… je m’excuse, j’ai pas tellement l’habitude avec ces remarques…, je ne sais jamais vraiment comment y répondre. » Bon, au moins elle semblait réellement désolée d’avoir complètement occulté le fait que je la complimentais. De plus mes compliments étaient plutôt rares c’est aussi pour ça que j’avais été en quelque sorte outré de son manque d’intérêt flagrant. Et puis merde je pouvais bien me permettre de le lui faire remarquer, c’était impoli. Je fis un geste de la main, portai ma cigarette à mes lèvres et crachai la fumée, a nouveau dans la direction opposée a la candidate et fit simplement. « Ca va, c’est pas une insulte, rassure-toi. » si j’avais voulu l’insulter croyez moi je me serais surement pris une gifle comme avec Tweedy, depuis que ma partenaire m’en avait foutue une j’étais a peu près certain qu’elle n’était que le début d’une longue série de gifle que je pourrais me prendre d’a peu près toutes les candidates et peut être même d’un homme mais lui il en recevrait une en retour. Je suis d’accord sur le fait qu’on frappe pas une femme, mais un mec je le laisserais surement pas faire ! « J'ai vingt-six ans. » J’ouvris de grands yeux ronds en la regardant et je me permis même de la mater avec un peu plus d’insistance et secouai la tête, ahuri. « Tu te fous de moi ! Tu ne les fais pas. Remarque c’est un avantage pour plus tard. » Faire plus jeune que son âge c’était toujours bon à prendre.

« Ca va, c’est pas une insulte, rassure-toi. » Il semblait afficher une sorte de détachement face à tout ça, mais je me doutais que mon attitude, bien qu’involontaire, l’avait agacé. Ça me désolait, je ne l’avais pas fait exprès en plus… « Merci, alors. » fit-je, me mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Certes, un peu tardif tout ça, mais l’attention était là quand même, non? Je m’en voulais un peu d’avoir passé outre son commentaire. Mieux valait tard que jamais, comme le disait le dicton. Je le questionne alors sur son âge, et bien sûr, je m’attends à ce qu’il me rende la pareille. Seulement, sa réaction, lorsque je lui annonce mes vingt-six ans, me prend au dépourvu. Il semble être… hm, comment dire, choquer ? Son regard me scrute de bas en haut, et je détourne la tête, un peu mal à l’aise de cette enquête visuelle. « Tu te fous de moi ! Tu ne les fais pas. Remarque c’est un avantage pour plus tard. » Ah, voilà qu’il explique tout. « Non, non, je suis sérieuse, j’ai mes cartes d’identité pour le prouver, aussi. » Je souris en affirmant la chose – je doute qu’il veuille vraiment les voir, c’est plus pour le côté comique de la chose. « Mais tu n’es pas la première personne à me dire ça… c’est… flatteur. » Aujourd’hui, la différence n’était pas si frappante que ça, mais imaginez si à trente, ou quarante ans, j’ai toujours cette même allure candide, jeune, angélique. Dans ma vie personnelle, la personne qui partagerait ma vie ne s’en plaindrait surement pas, mais je me doutais qu’au boulot, ça me nuirait plus qu’autre chose. J’allais devoir me surpasser pour faire entendre ma voie, et pour que l’on croit en moi et en mes compétences. « Tu me donnais quel âge, en fait? Je suis curieuse. »