D IS FOR DANGEROUS.
W/ SLAVIN, 6 JUIN (12H57)

Comment était-il possible que j’arrive à cuisiner quoi que ce soit dans cet état de fatigue si extrême que ça en devenait ridicule ? Demandez à mes doigts si c’était une bonne idée! Il vous répondrait par la négative, assurément. Rien qu’à voir le pansement temporaire au bout de mon index – que j’avais accroché du bout de mon couteau en tendant de le prime dans le tiroir –, ou l’autre, sur mon pouce – là, du coup, c’était plus sérieux, mais au moins, ça ne saignait plus. N’empêche, je m’obstinais quand même à continuer la préparation de mon dîner… avec une lenteur d’escargot, mais je voulais tout de même qu’il me reste quelques doigts à la fin de la journée, hein! Sur le feu, une préparation de soupe tomate chauffait, et je m’affairais à découper quelques légumes pour agrémenter le tout. J’avais aussi mis quelques œufs à cuir avec leurs coquilles : j’en aurais besoin, plus tard, pour me faire ce sandwich dont je rêvais depuis la veille. Une bonne odeur commençait à se faire sentir dans le coin, et j’avais, au préalable, préparer plus que nécessaire de ce repas. Au cas où quelqu’un s’inviterait dans la cuisine. Slavin, par exemple. Je ne disais pas son nom par hasard : il venait effectivement de pénétrer dans mon champ de vision. Relevant la tête, je le saluais en souriant. « Hey, bonjour ! » fit-je, tout heureuse malgré mon visible épuisement. J’aurais mieux fait de me concentrer sur ma tâche, car ce qui devait arriver arriva. « Ouch ! » À nouveau, l’un de mes doigts se trouva sous la trajectoire de mon couteau. Je retins un sacre entre mes dents, me contentant de me mordre la lèvre inférieure.

Je n'ai pas d'heure particulièrement pour manger, parce que j'aime pas la routine, je mange lorsque j'ai faim, souvent ça dépend de l'heure à laquelle je me suis levé le matin en général. Je mange rarement avant treize heures et rarement après quinze heures. J'évite la foule de la cuisine qui se rue sur le réfrigérateur comme des vautours se jetterait sur un corps en décomposition. C'est effrayant parfois. Mais là j'sais que la masse à déjà quitté les lieux, c'est pour ça que je me rends sereinement dans la cuisine, parce que mine de rien, il fait faim là quand même. Une bonne odeur m'interpella, oh cool avec un peu de chance ça m'éviterait de faire la cuisine en plus. Pas que j'aime pas ça, ni rien, mais c'est sympa de goûter la cuisine des autres, découvrir d'autres saveurs. Et puis vu l'odeur, j'pense que ça ne devrait pas être trop mauvais. Enfin encore faut-il que la personne en question accepte de partage, y'a quand même des crevards dans le nid. Et j'entre et découvre avec joie le joli minois d'Anabel à qui j'adresse immédiatement un sourire. « Bonjour ma belle, oh ça sent super bon. » Je m'approche doucement du plan de travail où elle se trouve afin d'essayer d'identifier ce qu'elle est entrain de préparer. Et puis elle poussa un petit cris. Du sang, un couteau, et Slavin qui réagit au quart de tour. « Attends, il faut passer ça sous l'eau, viens par ici. » Je la guide vers l'évier et ouvre celui-ci, et découvre avec stupeur ses doigts molestés. « Il va falloir qu'un adulte t'apprenne à te servir d'un couteau jeune fille ! » Je lui dis de la même manière que si je faisais la leçon à ma propre fille, tandis que je coupe le jet d'eau et que je lui propose un torchon propre que je viens de sortir du placard pour essuyer sa main, alors que je me dirige vers la trousse de premier soins d'appoint afin de lui penser ses blessures.

« Bonjour ma belle, oh ça sent super bon. » De la belle visite comme Slavin, alors que je m’affairais à la cuisine, me faisait grand plaisir. Je me doutais bien que ce n’était pas que pour mon charmant minois qu’il était venu là. J’avais plutôt l’impression que l’appel du ventre gargouillant l’avait conduit jusqu’ici. Mais j’avais prévu le coup, et je me réjouissais que ce soit lui, plutôt qu’un autre. « Je partage, si tu en veux. » lui proposais-je même, avant que sauvagement, le couteau que je tenais entre les mains ne s’attaquent à l’un de mes doigts. Prise trois du massacre, à croire qu’il préférait ma chaire fraiche plutôt que ces jolis légumes frais. Ma main laissa retomber sur le comptoir l’arme du crime alors qu’un léger cri de douleur traversait la barrière de mes lèvres. « Attends, il faut passer ça sous l’eau, viens par ici. » Par chance que Slavin veille au grain, par chance aussi qu’il soit dans les parages. Je ne supporterai pas une nouvelle fois la vue du sang, après la troisième prise, vaudrait peut-être mise que je lâche l’affaire, non? La cuisine ce n’est pas pour moi, aujourd’hui. Il me traine jusqu’à l’évier, et guide ma main sous l’eau qui coule, avant de remarquer que ce doigt-ci n’est pas le seul dans sa condition. « Il va falloir qu’un adulte t’apprenne à te servir d’un couteau jeune fille ! » me chicane-t-il, et j’affiche une moue coupable, voir désolé. « Oui, monsieur. » Je lui réponds, un léger sourire amusée au bout des lèvres. Ce n’est pas dans mes habitudes de me couper de la sorte, je le jure! Mais aujourd’hui, ce n’est tout simplement pas une bonne journée pour faire de la cuisine. Le courant coupé est coupé et il me tend un torchon, avant de s’éloigner pour aller chercher la trousse de premiers soins. Je m’avance à mon tour. « Laisse, je peux le faire, tu sais. » Totalement crédible, suis-je, avec mes trois doigts en piteux état.

Quel plaisir de découvrir Anabel dans cette cuisine, plutôt qu'une personne comme Ezéquiel, quoi que j'suis pas sûr qu'il mange ce type. Ou alors, peut être des bestioles qu'il chasse un peu comme Timon et Pumba dans la forêt, un gars comme lui, ça ne peut pas manger de la nourriture normale. Ou peut être de la viande, de la viande rouge crue, avec le sang lui dégoulinant sur le menton et ... Et rien. Bref. Elle me propose de partager, quelle adorable jeune femme, vraiment. « Avec plaisir, j'sais pas ce que c'est mais ça sent tellement bon que j'serais idiot de refuser. » Enfin, j'dis ça, mais j'ai bien failli manger un truc au jus de doigt puisqu'elle vient de se le couper là toute suite. Mais par chance, j'suis réactif et la vue du sang ne m'effraie pas, donc j'amène la jeune femme vers l'évier pour laisser évacuer le sang, et puis j'en profite même pour la taquiner. Elle me fait sourire avec son air désolée. Et puis je vais faire l'armoire à pharmacie. « Ah oui, ça ne fait aucun doute, avec trois doigts en moins. » Je me moque une nouvelle fois, non sans sourire. Je sors du désinfectant, parce que la lame n'est pas super propre. Une compresse pour nettoyer et puis des pansements, et je m'approche d'elle. « Attention ça va piquer, mais si tu veux, papa te fera un bisou après ça. » Je lui tapote doucement le crâne, oui bon là, j'en fais trop c'est certain, mais peu importe. Je prends mon rôle à coeur, c'est tout, et puis voilà, son doigt est nettoyé, et son pansement posé. Je lui adresse un sourire et jette tout le superflu. « Voilà, maintenant je nettoie et je prends le relais d'accord ? » Le sang dans les légumes j'aime pas trop moi, j'sais pas elle, mais bref. Je passe le couteau sous le jet d'eau et remet un peu d'ordre là dedans. « Je t'écoute chef ! » Je lui lance alors que je suis prêt devant le plan de travail avec les légumes.

« Avec plaisir, j’sais pas ce que c’est mais ça sent tellement bon que j’serais idiot de refuser. » Un large vint étirer mes lèvres. Au moins ne doutait-il pas de mes capacités culinaires. En dehors de mes quelques problèmes de couteau actuel, j’étais plutôt assez doué dans le domaine. Si, si, je vous jure. Un de mes seuls talents, d'ailleurs. « Ah oui, ça ne fait aucun doute, avec trois doigts en moins. » Il se moque, il ose le salaud ! Non pas que je le pense réellement, mais je dois tout de même dire cette pensée à rapidement traverser mon esprit, s’effaçant au moment ou il m’a gratifié de son charmant sourire. Hm, comment voulez-y vous que je lui en veuille, après ça. Qui plus est, il semblait bien en contrôle de ce qu’il fallait faire pour remettre mes doigts dans un état convenable, je me laissais donc guider, affichant néanmoins une moue boudeuse au visage, telle une gamine prise en faute. « Attention, ça va piquer, mais si tu veux, papa te fera un bisou après ça. » Il me tapote la tête d’un geste affectueux et je lui tire une grimace moqueuse. Je laisse échapper un léger sifflement de douleur quand le désinfectant s’infiltre dans ma plaie pour la nettoyer. Pas que ça fait mal, je ne suis pas une si petite nature que ça… en fait, oui, c’est douloureux, je ne vais pas m’en cacher, d’accord! Mais Slavin assure comme un pro, et la petite opération ne prend que quelques minutes. Il me sourit avant de m’annoncer qu’il en a terminé. « Voilà, maintenant je nettoie et je prends le relais d’accord ? » S’il veut, je peux bien tenter de le diriger dans la cuisine, même si je déteste qu’on touche à mes affaires quand je suis en pleine préparation d’un repas. Situation d’urgence oblige, cependant, je sais m’y faire. « T’oublierai pas quelque chose ? » que je lui demande, en penchant innocemment la tête sur le côté. Hé, oh, mon bisou promis ! J’y tiens, moi. Bon, tant pis, hein, s’il a oublié. Pas de crise en vue, donc, pour protester contre ce terrible manquement à ses tâches parentales. Il s’affaire à débarrasser le comptoir des dernières traces du massacre, nettoie le couteau à qui je jette un regard noir, puis je sens qu’il est fin prêt. « Je t’écoute chef ! » Bon, d’abord, je veux éviter d’être sur son chemin, voilà pourquoi je m’installe sur l’ilot central, ainsi j’aurai une bonne vue d’ensemble de ce qui se déroule dans mon air de jeu favorite. « D’abord, hm… s’ils restent quelques légumes, tu peux les ajouter à la soupe. Sinon, bah, je suppose qu’on s’en passera. » Une soupe tomate avec un assaisonnement en sang, non merci. « Ensuite, j’crois que les œufs sont prêts… on va, enfin, tu vas en avoir besoin pour préparer les petits sandwish en accompagnement. Y’a du jambon, de la salade et de l’avocat au frigo, j’ai vérifié. » J’avais une idée assez précise de ce que je voulais préparer, avant qu’il n’arrive et que je me charcute un doigt. Il me fallait rester fixer sur celle-ci, et tenter d’insuffler à Slavin tout mon savoir pour qu’il reproduise à merveille ma vision.

Spoiler:

Elle ne réagit pas, elle ne me file pas une tape dernière l'oreille lorsque je me moque d'elle. C'est le sourire ça, personne n'y résiste, non personne. Même ma fille commence à le maîtriser et j'ai déjà pu me rendre compte de l'étendu des dégâts, elle a même failli m'avoir la coquine. Mais là n'est pas la question, non, il est plutôt question du doigt ensanglanté d'Anabel, enfin il est dans un meilleur état que ce qu'il n'a été, mais ce n'est pas gagné. Heureusement, elle n'a opposé aucune résistance au fait que je désire la soigner. J'avoue qu'elle aurait sans doute heurté mon ego, mais fort heureusement, elle ne l'a pas fait. La demoiselle se montre docile lorsque j'applique le désinfectant, je note tout de même le petit sifflement qui s'échappe d'entre ses lèvres. Quant à moi, ça me fait esquisser un sourire limite décelable, alors que j'applique religieusement le pansement. J'suis carrément fier de moi même si je n'ai pas accompli une si grande mission, j'suis content de mon oeuvre que j'admire quelques secondes. J'suis entrain de ranger mon matériel chirurgicale lorsqu'elle me rappelle à l'ordre. J'suis surpris, je reste interdit durant quelques secondes mais lorsque je la vois pencher la tête, je comprends immédiatement. Je m'approche, et dépose un baiser digne de ce nom sur sa joue légèrement rosie par le choc je présume. Et je me détache, en la regardant légèrement de biais. « Ça va mieux maintenant ? Je peux éventuellement te lire une histoire pour t'endormir si tu y tiens. » Et puis je retourne à mes activités l'air de rien, même si là, j'attends simplement qu'elle me donne ses indications quant à la marche à suivre afin de terminer comme il se doit son repas. J'suis carrément doué en cuisine sans vouloir me vanter, mais le fait est que ça reste son repas et que je n'ai pas envie de le gâcher. Les légumes. Hum, je fais une légère grimace en découvrant l'étendue de la catastrophe. « Il reste une demi carotte et une branche de cèleri, je suppose que ça devrait faire l'affaire. » C'est pas comme si on avait le choix, je les cisèle à la vitesse de la lumière. J'voudrais pas me la péter mais mes doigts moi, ils sont impeccable. J'ajoute les petits légumes à la préparation et remue légèrement. Les oeufs maintenant. « Les oeufs sont cuits, chef ! » Je coupe le feu, et pour arrêter la cuisson, je les passe immédiatement sous un léger filet d'eau froide, je laisse couler un petit moment, puis les réserve pour la suite. Direction le frigo, salade, jambon, avocats, checked. Je dépose mon butin sur le plan de travail. « D'accord et maintenant ? » Je demande, en remuant encore la soupe, comme un élève assidu que je suis.

Spoiler:

Un petit rappel à l’ordre pour une histoire de bisou, qu’est-ce que je peux être capricieuse des fois, ce n’est pas possible. Mais il m’en avait fait la promesse! Il n’allait tout de même pas me décevoir en oublier de me donner ce qui m’était dû. Certes, il lui faut un petit temps de réaction avant de comprendre où je veux en venir avec ce petit aparté, mais à voir mon air innocent, faut pas chercher bien loin. Ma joue s’en trouve couverte d’un bisou digne de ce nom – on croirait presque entendre ce ‘smack’ typique – alors qu’il s’exécute. Et même si j’ai joué le jeu, je ne peux m’empêcher de rougir devant le geste. Ah, c’est pas possible, ça! « Ça va mieux maintenant ? Je peux éventuellement te lire une histoire pour t’endormir si tu y tiens. » Je souris devant son hilare proposition. « Non, tu sais, je crois que ça ne sera pas nécessaire. » Faudrait déjà que j’arrive à faire autre chose que des siestes d’une heure et moi… Remarque, peut-être que s’il me borde en me racontant une histoire, je viendrai à bout de mon insomnie. Tiens, ça mérite quand même une certaine réflexion. C’est ce à quoi je m’occupe pendant que Slavin se charge de mettre de l’ordre dans la cuisine. Il prend mon relais. On ne pourra pas dire qu’il n’aurait pas gagner son dîner, celui-là. « Il reste une demi carotte et une branche de céleri, je suppose que ça devrait faire l’affaire. » J’hoche la tête en signe d’assentiment. « Les œufs sont cuits, chef ! » Ça, je m’en doutais, puisque je le lui avait demandé de les retirer du feu, et c’est ce qu’il a fait. Il se charge ensuite de sortir du frigo le nécessaire à la préparation des sandwichs, qu’ils déposent sur le comptoir. « D’accord, et maintenant ? » Son regard se pose sur moi, attendant d’autres instructions. C’est presque mignon. « Bah, en attendant que la soupe soit prête, je suppose qu’on peut passer à l’étape du montage des sandwichs. » J’en profite pour descendre de l’ilot ou je m’étais installer pour aller chercher le pain dans le garde-manger, puis reviens. « Je peux t’aider… enfin, tu coupes et j’assemble. C’est pas terriblement dangereux comme tâche, ça. » Il faut que je m’active, je déteste rester planter là à regarder les autres travailler, surtout lorsqu’il s’agit de quelque chose que j’ai commencé, et que j’ai bien l’intention de terminer.