Laoise ~ Chambre J&J - 9h09

Je n’ai pas dormi. Je repense encore à ce que je peux faire cette semaine. Faut que je teste des trucs. Ça fait longtemps que je n’avais pas joué. Oui, ça fait longtemps. Mon arsenal offensif me manque, mes catalogues de sexes et mes nuits roses me manquent aussi. Je n’ai pas dormi cette nuit, tout simplement par ce que je n’en en avais pas envie. Je me suis levé plusieurs fois, je me suis camouflé dans l’obscurité avec ma peau et à chaque fois, je rencontrais quelqu’un qui avait une envie pressante, ou quelqu’un qui voulait tout simplement boire, sans réellement faire de la discu’, simplement se rencontrer, s’entrechoquer visuellement et poursuivre là ou chacun voulait y’aller, sans faire de mal à personne. Je m’y suis habitué maintenant. Pour moi, j’ai attendu des heures devant une statuette, puis des heures devant un tableau, puis, puis et puis. Mon horloge interne m’indiqua que c’était le temps ou plusieurs candidats s’étaient décidés enfin à se lever, et la preuve, j’aperçus Lamo (Malo version scrabble classique) qui s’étais levé en premier, toujours le premier celui là pour se rafraichir les idées et être le connard le plus présentable du nid. M’ouais il avait du style ce tailleur. Pour moi, qui n’avais pas fermé l’œil de la nuit, j’avais décidé de voguer librement et attendre que la plupart se réveille pour enfin chopper une Valentina qui m’expliquera les prototypes de larmes, ou bien ‘baignoire’ pour me faire un dessin et m’apprendre à le reproduire… Les deux que je voulais rencontrer n’étaient donc pas encore là, chose qui me poussa donc à aller voir du côté de la chambre, l’autre chambre afin de trouver une occupation provisoire. Je regarde un peu et je remarque une conne, toujours endormie. C’est la fille des p’tis jeux débiles de la Chapelle. J’ai rien à faire, j’ai rien à perdre, donc je m’avance. Je regarde un oreiller, celui de Lamo peut être, je me positionne dans le lit et je l’attrape. Elle dort toujours. Sympa la façon dont elle dort celle là. J’attrape l’oreiller et je l’enfonce sur sa tête, ouais j’ai des manies bizarres on m’a dit. Je commence à compter dans ma tête, j’ai pas trop envie de l’étouffer et me retrouver avec un corps derrière, non non, je compte donc, toujours pressant sur sa tête… 1…2…3..1..2..3 ouais car je ne sais compter que jusqu’à 3 grand max, parfois 4, mais quand j’arrive à ce seuil, j’ai mal à la tête. J'exagère. Bon je crois que c’est le moment X pour que je lâche. Je lâche. 15 secondes donc… Une femme peut résister quinze secondes sous la pression malsaine d’un oreiller, je le savais pas ça dis donc, et qu’elle s’emballe pas la petite, c’était qu’un test, un tout petit…

Je viens de commettre un acte violent ? Non, pas vraiment. Je n’ai fait que jouer. En Allemagne, dans mon Allemagne, à Munich, l’oreiller est considéré comme étant une arme. Ici, ce n’est qu’un objet ou les candidats doivent poser dessus la tête et dormir. Et je ne l’ai pas utilisé pour la tuer ou autre truc du genre, non, si je voulais la tuer, ça aurait été d’une manière plus subtile, et loin des caméras. Je note donc. Quinze minutes, c’est tout. Quinze minutes de résistance, après, c’est la mort. J’ai retenu. La prochaine fois, je lève à dix, comme ça, la victime aura le temps de respirer un peu plus, car l'état ou cette jeune fille m'est apparue, franchement, j'risquais fort sur ce coup, et puis je savais pas qu'elle était si fragile cette pouffe. Bon, je reviens vers elle. Elle s’est détachée, se levant du lit et optant pour quelques mètres, genres des tenues sécuritaires. Je note et je décortique sa phrase réflexe. Si y’a quelque chose qui cloche avec moi, bah tout ! Tout tout ! Et puis, c’est bon lolita, je vais pas te bouffer. « Je voulais te dire ‘Salut’ » Ouais, mais je vous jure, ce n’était pas méchant. Enfaite, c’était plus un test, une expérimentation, mais c’était aussi mon ‘salut’ bizarroïde. Mon excuse parait bidon pour elle ouais, car elle est absurde, comme la totalité de mon être d’ailleurs. Bon, calme-toi lolita, je voulais juste voir combien de temps tiendrait une fille sous un oreiller sous une force supérieur ou égal à celle de dieu… Bah quinze minutes… C’est peu je trouve. « Calme-toi » Toujours froid et percutant, ça m’aide pas cette foutue voix de merde. Je veux la calmer, mais mon cerveau me sort des atrocité sexuelles horribles, que si j’ouvre la bouche, on risquera de me virer pour avoir essayer de buter cette conne en plein sommeil, et d’avoir essayer de la toucher sensiblement… Ouais, carrément. Première initiative donc, je vire ces satanés idées de ma tête, et seconde initiative, je réfléchi à un truc pour la rassurer. C’est bon j’ai trouvé ! « Regarde » Je lui fais signe de suivre mon doigt. « Là-bas, caméra N°1. » Je désigne de mon pouce la caméra qui se situe derrière moi, dans mon dos. « Là, la caméra N°3. » Avec l’index, je désigne celle un peu excentrée, sur la gauche. « Camera N°2 » Ma préférée, celle qui me fait face. Pas la peine de faire coucou au public, ça casse le mythe. Je la désigne avec le petit-doigt. « Caméra N°4 » Avec le majeur, je viens de faire le tour de toutes les caméras non ? Bah ouais normal, j'connais l'emplacement de chacune d'elle dans ce foutu nid du X. J’ai fait tourner tout mes doigts aussi non ? Bon maintenant, qu’est ce qu’elle doit comprendre. Faut que je lui explique ? Pas la peine. Elle prend mes quatre phrases, elle les assemble pour obtenir ceci : Je ne vais pas te tuer alors qu’on est filmé, sois pas conne. Ouais, quatre phrases monosyllabiques peuvent en dire autant, surtout avec moi. Maintenant, rassurée lolita ?

Elle change d’attitude, et ceci même quand je tente de la rassurer avec le peu de moyens que j’ai. Je lui montre les caméras, sous prétexte que je ne pourrais jamais lui faire du mal dans cette pièce, alors quoi demander de plus ? Signer un pacte de non-violence ? Ça suffit pas, Hitler l’a violé par le passé, ça se peut qu’il m’arrive la même chose. Donc moi, dans mon coin et l’autre brebis à treize-milles kilomètre de mon emplacement initial qui n’a pas changé, elle commence à me balancer ses citations en provenance de My litle poney. Donc t’as été une fille bien c’est ça ? Sympa et tout ? Et alors, on va pas fêter ça quand même ! T’es pas la seule qui a essayé de me comprendre dans ce foutu nid, t’es même pas la seule qui a voulu m’accepter comme je suis. Hors m’accepter revient automatiquement à accepter mon comportement, je comprends pas la contradiction. Nous sommes dans un pays libre non ? Et puis elle parle de limites… C’est quoi cette merde ? Je connais pas, et j’ai pas envie de toujours me cogner à des barrières, genre violation des droits d’auteur, de jeunes mariées ou bien encore le respect des autres. C’est pas mon truc. « Moi aussi je suis sympa avec toi » La preuve, j'ai pas encore décidé de te lapider ma chère. C’est clair au moins. Et puis elle me demande de dégager... pourquoi ? « J’ai fait quelque chose de mal pour dégager ? » Euh j’crois pas non. J’ai juste voulu tester le temps de résistance d’une femme sous un oreiller, c’est pas un truc dangereux ça, pas pour moi non, car plus dangereux, elle imagine pas ce que je peux faire la petite. Et puis je lui ai pas expliqué que je voulais lui dire SALUT BORDEL avec gentillesse, elle comprend pas mon langage ou quoi ! Je commence à remarquer son changement d’attitude au fur et à mesure qu’elle me balance ses phrases qui semble traverser un corps indifférent et un esprit complètement out, pour ne pas dire inexistant... Intéressant son nouvel état. J’ignore ce qu’elle semble vouloir me dire, genre à propos des gens normaux. Je n’en suis pas un, te faut des jumelles ou des binocles pour le constater par toi-même ? T’as des yeux non ? Alors dis-moi lolita : Est-ce que je ressemble à un mec normal ? La réponse : Oui, je ressemble, mais je le suis pas vraiment. « Tu as des émotions intéressantes… » Pour elle c’est complètement du hors-sujet, mais ce nouvel état auquel elle vient d’accéder juste maintenant et très intéressant. Alors c’est ça ce qu’on ressent lorsqu’une personne essaye de nous dire salut avec un oreiller ? Je note dans ma tête. « C’est quoi ? » Ouais c'est quoi au juste ce truc que tu viens de sentir, juste là ? Genre, traduction s’impose : Tu peux nous parler de cette expérience ‘pseudo-dramatique’ que tu viens de vivre en l'espace de quelques secondes ? N’oublie pas de mentionner les émotions, ça, c’est très important ma jolie…

Elle m’explique le procédé de la colère. Un état d’esprit que je n’ai jamais senti auparavant, me contentant d’être vide d’esprit. Elle a de la chance de pouvoir sentir, toucher les choses et les distinguer, distinguer ce qui est bon, ce qui est mauvais, ce qui est mangeable ou immangeable, faisable ou pas, et selon sa définition de la colère, de la tristesse et de l’incompréhension, j’en déduis que mon acte était donc quelque chose de mal. Vous n’imaginez pas combien de fois j’ai commis le mal sans savoir que ce l’était… Non vous n’imaginez pas du tout. Elle me pose alors une question, une question qui a le don de susciter plusieurs autres questions, l’une de ces nombreuses questions qui comportent en eux des questions dont il serrait préférable de ne pas leur trouver de réponses. Ce que je ressens si ce n’est pas de la colère… Bah rien, c’est simple. Il faut comprendre que mes actes, je ne les juge qu’après leurs exécutions, et non avant comme les gens normaux. Quand je commets quelque chose, je n’en déduis la gravité ou le degré de validité qu’avec le comportement et la réaction de l’autre. C’est pour ça que je ne vie qu’a travers autrui, me nourrissant de ses réaction pour créer mon propre comportement. « Je n’ai jamais ressenti de la colère. » Je ne rigole pas, ce n’est pas du fantastique, ni de l’irréel, je suis bien un handicapé des émotions. « A la place, je ressens du vide et… » Je cherche un mot enfaite, un mot que mon cerveau trouve après quelques secondes de recherche. C’est finalement un groupe de mot que je vais lâcher, n’ayant pas trouver mon bonheur. « Quelque chose d’incomplet. » Oui, incomplet. Quand à sa deuxième question, elle a le don de me bercer les sens, légèrement, comme si c’était le résultat de sa colère, tout simplement. Les mégots de la colère, des mégots que je vais ignorer facilement parce que répondre à cette question n’a aucune valeur, sur tous les plans. A quoi ça sert de répondre à ce genre de questions ? Accentuer le doute par un oui ? L’apaiser avec un non ? Je ne crois pas qu’elle le devienne, vu que selon son comportement, le mien a été grave, même très grave « La colère change-elle un jour ? » Cet état est il durable ? Est-ce qu’elle restera toujours ainsi, en colère contre tout le monde ? Ou juste contre moi ? Ou bien est-ce tout simplement un état provisoire ? Là encore, je ne sais pas du tout…

(désolé pour le retard)

La colère s’attenue, l’amertume reste. Et l’amertume reste longtemps. C’est donc les paroles de cette jeune femme. Parfait. C’est ce que j’attendais. Une autosatisfaction parcoure mon corps. Si elle s’attend à ce que je m’excuse, franchement, je n’en vois pas l’intérêt, elle ne m’intéresse pas, et si j’ai foutu cette théâtralisation dont elle en a largement gonflé les intentions, c’est bien pour quelqu’un d’autre, et j’avais longuement mes raisons. Tout ce que je voulais était de tester ce que sentirais une personne après avoir été affligé de cette manière. Pourquoi l’avoir choisi ? Tout simplement parce qu’elle correspond au profil de personne que je recherche, vu que celle que je vise, lui ressemble partiellement. Elle était donc le meilleur rat de laboratoire possible, parmi tous ces candidates, et les résultats que j’ai obtenus ont été très concluants pour ma part. Cette étape est donc une réussite. Je recule. Je n’ai plus rien à faire ici. Cette fille n’était qu’un pion, et le restera toujours pour moi. Il existe toujours des personnes comme elle qui servent entre autre à quelque chose, et elle a bien servi cette fois. Je recule une deuxième fois, signe que cette entrevue s’est terminée. Tu ne me verras plus jamais petite, plus jamais. Faire du mal n’est pas un péché, mais faire du mal sans raison est un péché, c’est ce que je m’entête à penser, à croire et à appliquer. Peu importe les outils utilisés, seul le résultat compte. « C’est tout ce que je voulais savoir. » Rencontre terminée. Je m’éclipse, je disparais même, avec de nouvelles idées en tête. Les chances pour qu’elle me rencontre une nouvelle fois seront infimes, non pas parce que je regrette mon acte, ou bien que j’ai pitié d’elle, non, c’est plus par ce qu’elle a jouer son rôle, et que son rôle s’est finalement achevé là, dans cette chambre. Cette fille aura contribué énormément à la suite de mon plan, mais elle ne le sait pas, personne ne le sait, et ça m’arrange…

sujet terminé pour Ezéquiel.