slavin

Parfois, un moment de folie nous prend. En fait, y’a pas de réelle explication à un comportement, sauf quand celui-ci est prémédité. Puisque dans cette situation, on peut savoir exactement pourquoi on l’a fait, qu’est-ce qui nous a poussé à agir ainsi, ou tout du moins, on essaie de comprendre. Je ne fais pas exception à la règle. Il m’arrive, parfois, d’agir sous l’impulsion, comme n’importe qui. Cela entraine souvent de mauvaises répercussions dans ma vie, mais je ne regrette jamais rien. Enfin, presque jamais. Comme en ce moment, dans cette pièce dédiée à la musique, j’agis complètement sous l’impulsion. Parce que habituellement, jamais personne ne me verrait dans une telle situation compromettante. Je suis seule, j’ai envie de décompresser. Je regarde la collection de disques que la production nous offre, recherchant quelque chose à écouter en cette après-midi ennuyeuse. Plusieurs groupes m’intéressent, mais un artiste, dont je n’aurais vraiment pas soupçonné qu’il se retrouverait ici me donne automatiquement le sourire. Cependant, je ne sais pas si j’ai réellement le courage d’écouter cette chanson, là, maintenant. Elle fera ressortir de nombreux souvenirs, cependant, ceux-ci restent joyeux, je ne vois donc pas pourquoi je ne le ferais pas. C’est pourquoi je me décide donc à faire résonner cette vieille chanson, qui me rend le coeur lourd et léger à la fois. C’est difficile à expliquer. Je monte le son un peu plus, la pièce étant maintenant totalement plongé dans cet univers joyeux qui ne me ressemble en rien, mais qui me touche profondément. Les yeux fermés, je me met à chanter les paroles que je connais par coeur, me laissant aller au rythme de la musique, dansant tranquillement puis avec un peu plus de vigueur. J’ai surement l’air ridicule. Non, en fait, c’est certain que j’ai l’air ridicule, mais je m’en fous. Je m’en fous parce que je m’amuse. Je suis la London joyeuse, celle qu’on ne voit jamais, en gros. Je me déhanche d’une façon nonchalante, les bras dans les air, ma tête se secouant alors que je souris toujours autant. J’aimerais bien qu’elle soit avec moi en ce moment. C’est ce qui me traverse l’esprit. « Ain’t no mountain high enough, ain't no valley low enough, ain't no river wide enough, to keep me from getting to you... » Alors que la chanson est sur le point de se terminé, que je suis debout, déchaînée, sur les coussins, j’ouvre les yeux pour voir une personne en face de moi, qui me regarde. Fuck. Non mais il est con là, il aurait pu partir en voyant que j’étais là. Me laisser vivre mon moment à moi, moi toute seule et déguerpir. Il fait chier. Je perd automatiquement mon sourire, alors que je le fixe, ne laissant plus voir aucune émotion. « T’as pas autre chose à faire... ? » demandais-je en allant fermer la musique, n’ayant plus envie d’écouter cette chanson, subitement. Autant je ne suis jamais contre la compagnie de Slavin, autant que j’aimerais bien qu’il foute le camps et me laisse seule en ce moment. Mais j’imagine que je ne peux pas vraiment compter là-dessus.

Je m'ennuie. Je m'ennuie fermement, et ça a tendance à me casser les burnes. Parce que j'déteste m'ennuyer. J'ai pas envie de dessiner, j'ai besoin d'action, un truc qui me fait remuer, perdre de l'énergie. Parce que j'sens que si je fous rien, j'vais encore me coucher à pas d'heure et me lever en plein milieu de l'après midi. On a rien de particulier à faire, ici, mais quitte à être là, j'préfère profiter pleinement de mes journées. Tout le monde à l'air occupé, c'est fou, mais moi je n'arrive à rien. Que dalle. J'ai même passé plus d'une heure à regarder Adie à fabriquer des bijoux, j'ai mené la vie dur à une lanière de cuir, je l'a molesté, trituré et finalement abîmé. Je l'ai même pris en photo, tout en la faisant râler. J'dois avoir cinquante clichés de la mains droite de ma partenaire, autant de sa main gauche. Et puis j'suis parti parce que je voyais bien que me voir remuer, retourner tout le dressing la dérangeait plus que je ne l'aurais voulu. J'ai voulu écouter de la musique mais mon Ipod n'a plus de batterie, alors, j'ai dû me résoudre à aller dans la salle de musique pour le recharger sur l'un des plugs et écouter de la musique, allongé comme une merde sur les coussins. C'est bien aussi, c'est pas très énergique comme activité mais ça à l'avantage de me plaire. Parce que pour dire vrai, j'crois que j'ai la flemme d'effectuer une quelconque activité physique. J'sais pas encore ce que je vais écouter, mais y'a un nombre incalculable de CD, j'pense que je ne devrais pas avoir trop de mal. J'pousse la porte et là, j'ai le loisir d'assister à un spectacle que je n'aurais pas soupçonné un seul instant. Bizarre, j'peux imaginer Tweedy, Evadne danser à ce point là, mais là c'est London qui se déchaîne comme jamais. J'imagine que j'aurais peut être pu partir et rebrousser chemin sauf que non, je reste. J'suis fasciné par cette facette de sa personnalité. J'ai légèrement l'impression de faire irruption dans son intimité. J'devrais pas, mais pourtant, je referme la porte pour que personne ne décide de se ramener et je m'appuie contre la porte et l'observe, les bras croisés contre mon torse. La musique ralentit, elle s'arrête et me découvre là. Elle est surprise et lorsque London perd le contrôle de la situation, lorsqu'elle n'en est plus l'unique maîtresse, elle ne supporte pas. Je l'ai remarqué, ça m'a frappé dans la chambre la dernière fois. Je sais qu'elle n'est pas contente de ma présence, mais j'ai pas envie de partir. Elle a beau danser de manière énergique, elle était fragile lorsqu'elle danser, à fleur de peau, et non j'peux pas partir. « Non comme tu peux le voir. » Je réponds sur un ton égal aussi sien, et puis je m'avance vers elle. J'suis tour près. « Qu'est-ce qui se passe ? » Ma voix se fait plus douce, c'est un automatisme. Je doute qu'elle ne me réponde, ce serait bien étonnant de sa part. Alors j'cherche une parade, un moyen de lui permettre de s'ouvrir sans que j'en suis le responsable. « J'prends que ce que tu m'offres, c'est toi qui contrôle, je le sais, tu le sais. » Pourquoi j'dis ça ? Allez savoir. Quoi qu'il en soit c'est que je m'assois sur le petit sofa, tout lui laissant de la place si elle le souhaite.

« Non comme tu peux le voir. » Avant même qu’il n’ouvre la bouche, je savais qu’il n’était pas pour partir. Y’a, dans un sens, une toute petite, petite partie de moi qui est contente d’avoir quelqu’un à mes côtés en ce moment. Enfin, plutôt de l’avoir lui à mes côtés. Mais cette petite partie est moindre a comparé au sentiment de frustration que je ressens. Si je suis capable de lâcher mon fou, j’ai aussi tendance à me refermer aussi vite que cela est arrivé. Et là, Slavin vient définitivement de voir un côté de ma personnalité que je voulais cacher aux autres habitants. Le genre de moment privé, qui dévoile beaucoup, beaucoup plus qu’une simple danse banale. Je suis attachée sentimentalement à cette chanson, comme à plusieurs autres. Parce que moi, oui, moi London, je suis capable d’avoir des sentiments, des émotions. Des vrais, pas de sarcasme ni de mensonges. Faut pas se méprendre, ça arrive rarement. Slavin se décide à approcher de moi, me regardant, me fixant. Le pire, c’est que juste à sa façon de me regarder, j’ai l’impression qu’il a saisit. Même si c’est impossible. « Qu'est-ce qui se passe ? » Il est doux, je n’aime pas ça. J’aurais tellement préféré qu’il se montre distant, qu’il lâche une petite blague sur ma très mauvaise façon de danser et qu’on finisse par s’allumer outrageusement assit sur le sofa de la pièce. Malheureusement pour moi, ce n’est pas ce qui se passe, cela aurait été trop simple, j’imagine. Je ne vais pas répondre à sa question. Pourquoi me confier à lui ? Et ça ne servirait à rien, seulement me mettre dans un état second. Je n’en ai pas envie. Je baisse les yeux un court moment. Un autre signe de faiblesse de ma part. Ça en devient habituelle avec lui, on dirait bien. « J'prends que ce que tu m'offres, c'est toi qui contrôle, je le sais, tu le sais. » Je ne suis pas vraiment certaine de saisir pourquoi il me dit ça. Ce que cela veut vraiment dire. Mais je peux choisir de ne rien lui donner, le regarder une dernière fois et sortir de cette pièce pour oublier ce moment. Ou je peux rester, m’asseoir à ses côtés. Parler. La première option me semble la plus censé, pourtant, je choisis de m’installer à ses côtés, gardant une certaine distance entre lui et moi, une première surement. Enfin, la distance n’est pas très grande, mais elle est bien là. « J’ai pas grand chose à offrir en fait. Je suis nocive pour la vie des gens. Ça ne me dérange pas, mais tu devrais peut-être commencer à en prendre conscience. Je pense à ta vie, puisque je suis gentille. » C’est quoi, je le met en garde là ? Je lui dis de fuir bien loin de moi ? Ce n’est pas dans mes habitudes, ça non plus. Surtout que j'entretiens moi-même ce petit jeu entre nous, alors que je lui avoue ensuite qu'il devrait arrêter de me tourner autour. C'est contradictoire, tout de même. Je garde le silence, mon regard posé sur une guitare quelconque avant de tourner mon visage en la direction de Slavin. « On a tous le droit à nos moments de folie. De défoulement. T’as assisté au mien. Félicitation. » dis-je, ajoutant un peu de sarcasme au dernier mot, comme si je voulais lui montrer que je n’avais pas changer en l’espace des quelques minutes. Je sens qu’il va poser encore plus de question, et je ne suis pas chaude à l’idée. Parce que je sais que je vais finir par y répondre à lui, alors que si c’était quelqu’un d’autre, je l’aurais simplement envoyé se faire foutre.

Bon une fois encore j'viens de jouer au con, j'devrais le savoir que ça ne mène à rien d'être avenant avec elle. J'crois qu'elle se livre plus quand j'en ai rien à foutre. Sauf que j'marche pas comme ça moi. Y'a des fois je m'en fous totalement, parfois j'fais aussi croire que je m'en tape même si c'est faux, et là, la vérité c'est que l'avoir vu comme ça, toute sa détresse évidente, ça m'a empêché d'agir comme je le fais d'ordinaire avec elle. Enfin quand j'parle de détresse ça ne saute pas au yeux, ça ne doit pas sauter au yeux pour le commun des mortels, quoi qu'il en soit, j'ai remarqué quelque chose. Quoi j'en sais rien, mais y'a un truc qui cloche. Bien sûr, elle ne me répond pas, je ne me suis pas attendu à autre chose. Alors je ne m'en formalise pas. Néanmoins, elle baisse les yeux. Nouveau signe de faiblesse, mais cette fois j'reste stoïque, bon, ça devient bizarre là, alors j'parle. Sauf que j'raconte vraisemblablement de la merde. J'sais même pas pourquoi j'dis ça. Pour la mettre en confiance sûrement, mais j'ai fort à parier que je me plante totalement. Déjà elle s'approche, elle s'assied même, bien qu'elle soit à l'autre bout du sofa. Il n'est pas bien grand, mais quand même, je pense que d'ordinaire, elle se serait sûrement pas gêné pour le coller outrageusement. Et puis elle parle.« Tu m'offres la possibilité d'être moi même London. » Je lance ça sur une ton détaché, parce que je le suis totalement après coup. C'est une information que je lui donne, pas une révélation de la plus haute importance même s'il peut être interprété de façon différente. « Très adorable, je dois dire, mais t'en fait pas, j'suis un grand garçon. » Je réplique légèrement sarcastique cette fois, tout en lui tapotant légèrement le genou. J'pense que j'peux gérer quoi qu'il arrive et au pire, tant pis pour moi, pas pour elle. Elle m'a prévenu après tout. Mais c'est bien mal de connaître si elle croit que je vais obéir sagement, j'suis pas du genre à abdiquer bien au contraire. J'suis même plutôt persévérant. Un silence gênant s'installe, j'aime pas ça. Et puis finalement elle reprend la parole, et moi je réplique du tac-o-tac. « Si c'était qu'un simple moment de folie, tu ne réagirais pas de cette façon, ça te serait égal que te surprenne. Mais tu sais que c'est pas le cas. Alors c'était quoi ? » Je ne lâche pas son regard, et j'suis quelque peu insistant. J'suis persuadé de la faire suer mais ça m'est égal. J'ai envie qu'elle me réponde. Et j'suis prêt à continuer, quitte à la faire sortir de ses gonds, j'suis prêt à ça aussi.

Sérieusement, je ne sais pas pourquoi je le met en garde. Ça ne changerait rien de toute façon. Et je ne pense pas qu’il a l’intention d’arrêter d’être près de moi, puisqu’on a allumé une certaine curiosité réciproque qui est difficile à ignorer maintenant. Il me balance encore une réponse auquel je ne m’attendais pas. Mais qu’est-ce qu’il lui prend cette après-midi ? En même temps, il est super détaché, alors je ne sais trop comment percevoir cette phrase. Puis il me confirme qu’il est un grand garçon et qu’il sait ce qu’il fait. Parfait, je ne dirai plus rien. Et puis, peut-être que je dramatise. J’ai seulement une vision négative de mes actes parfois, même si je m’efforce à ne pas m’en soucier. Puis je décide de revenir sur sa phrase d’avant. « T’as pas besoin de moi pour être toi même. Mais je crois qu’ensemble, y’a bien quelque chose qui nous permet de laisser tomber toutes barrières. » avouais-je finalement, fixant un point imaginaire avant de reprendre contact avec son regard. Faut pas se méprendre encore une fois, je ne suis certainement pas entrain de lui avouer des sentiments ou je ne sais trop quelle merde. Je ne constate que les faits. « Et je n’aime pas ça. » ajoutais-je, plus que franche sur le sujet, neutre, mais pas sans indifférence, cette fois-ci. Non je n’aime pas ça, je déteste ça même. Il l’a comprit bien avant que je ne lui dise, mais je préfère le dire de vive voix. D’être certaine que le message est passé. Je lui fais ensuite comprendre que ce n’était qu’un moment de folie, qu’en gros il n’y a aucune prise de tête à voir là et qu’il devrait lâcher l’affaire. Ce qu’il ne fait pas. Ça aussi, je m’en doutais fortement. C’est qu’il m’énerve, parce qu’il a raison le pire. Je garde le silence un moment, il va croire que je vais éviter de répondre, ce que j’ai bien envie de faire, personnellement. Puis, y’a rien de bien à dire. Je soupire, ramenant mes jambes contre ma poitrine, signe que je me referme un peu plus sur moi-même. Il va me pousser à ne plus lui parler, si ça continue. Ou sinon, l’idée de fuir me remonte à l’esprit, bien que cela ne montrerait encore plus que le sujet m’est sensible. « C’était de la nostalgie. Un moment précieux qui n’est plus. » Voilà, c’est dit. Ce n’est pas très clair, je l’avoue. Mais ça se relève plus douloureux que je ne le voudrais. Mais je sais qu’il ne se contentera pas que de ça, alors je décide de continuer. « Je suis peut-être froide d’apparence... Pas que d’apparence en fait. Je suis froide sur une base régulière, mais il m’est arrivé de me laisser aller, par le passé. Ce n’était pas une mauvaise décision. Simplement, j’en viens à me dire que si je ne l’avais pas fait, je serais peut-être moins blessée profondément. » Il voulait savoir, il le sait. Je le regarde, haussant les épaules pour dédramatiser la chose, dans le genre, mais oui, je suis un peu sentimentale, mais on s’en fout. « On baise ? » demandais-je, comme si je ne venais absolument de ne rien dire. La situation est trop sérieuse, ça me donne envie de vomir. C'est surement pour ça que je fais cette proposition.

Elle n'a pas tout à fait tord, j'sais pas pourquoi j'ai décidé de faire de cette après midi une journée "ouvre ton coeur avec London". C'est stupide, et totalement débile. Ça ne fait que la faire se refermer davantage, pas très malin. Mais c'est vrai qu'il y a un truc. J'sais pas quoi non plus, mais y'a clairement un truc on est d'accord. « Je sais. » Je réponds simplement à sa déclaration, j'sais qu'elle n'aime pas, j'sais qu'elle ne va pas apprécier ça non plus. Mais tant pis. Moi j'trouve ça plutôt cool, parce que mine de rien c'est sans doute pas pour rien. J'pense que c'est sans doute pour cette raison que son mystère m'attire, parce que je me sens bien avec elle, pas au point de me faire tourner la tête, non, c'est un truc qui ne s'explique pas. C'est pas un truc qu'on décide, c'est un truc qui se crée seul, c'est comme ça, et quoi qu'on veuille faire, ça ne changera rien. Elle s'assoie et se recroqueville sur elle même, c'est bizarre de sa part, elle se protège mais je ne dis rien, je ne laisse apparaître rien qui pourrait la brusquer davantage, j'suis sur le point de changer de sujet, d'être plus light mais elle choisi de se confier finalement. Je l'écoute avec attention, mais m'abstient de tout commentaire, j'écoute, simplement. « Tu te protège c'est humain mais t'as pas l'impression de louper des trucs du coup ? » C'est plus fort que moi en faite, j'suis curieux et sa révélation en m'intrigue plus qu'elle ne m'apaise en réalité. J'crois qu'elle va finir par me frapper ou s'enfuir en courant. J'hésite entre les deux en faite. Mais non, elle change de sujet. Ah oui ça aussi, c'est vrai que j'aurais dû y penser. Je souris. Baiser là maintenant ? Non. « Pas envie j'ai mal à la tête. » Je balance comme si c'était une information tout à fait normale probable qui plus est. « Mais tu peux toujours me su... faire une fellation, si tu veux. » Faut que j'fasse attention à mon langage moi. Merde. J'ouvre même le bouton de mon jeans pour appuyer mes propos. Bon ça va, j'essaye de détendre l'atmosphère comme je peux.

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