HAMAD, SAMI

Ça faisait maintenant plus d'un mois que j'étais rentré dans ce nid, que je côtoyais ces gens, que je dormais dans ce lit, avec cette fille, que j'étais soumis aux commandements de Cupidon sans pouvoir en dire mot. Ouais, un mois que je supportais mon frère tant bien que mal, que j'arpentais les murs de la maison sans penser que cette semaine pourrait être ma dernière ici. Le glas pouvait sonner à n'importe quel moment, pas le temps de soupirer. Ça ne me faisait même pas peur. Ça ne me faisait pas peur car je n'en avais pas conscience, ou du moins pas pleinement. Entre les murs du nid, protégé, le temps passait aussi rapidement qu'il pouvait passer vite, les liens, les relations entre chaque candidats étaient bien plus approfondies qu'elles ne le seront jamais à l'extérieur. Tout était décuplé. Alors moi, j'étais soumis aux mêmes règles que tous les candidats. Et de ça non plus, j'n'en avais pas réellement conscience. Marchant jusqu'au pied de la chapelle, endroit dans lequel je n'osais que très peu m'avancer, je levais le visage comme un gosse scrutant son père pour en juger la hauteur. Finalement, je poussais les portes et entrais dans l'habitat. Je n'étais jamais venu à l'intérieur, peut-être tout simplement parce que ça ne me branchait pas particulièrement. J'trouvais ça trop religieux pour moi. Fourrant les mains dans mes poches, je restais là, planté en plein milieu, bête.

J'arrive derrière Jamie. Je ne saurais comment justifier ma venue ici, dans cette chapelle. Je n'y ai jamais mis les pieds, et je ne les aurais sûrement jamais mis si sa signification ne serait pas devenue obsolète à mes yeux. J'ai juste besoin de calme, de profiter de la quiétude des lieux. Nos cœurs sont tellement malmenés au quotidien qu'il en devient presque vital de prendre une pause, d'appuyer sur stop. C'est pourquoi pendant juste un instant, j'ai choisis de m'isoler ici. M'isoler jusqu'à ce que je découvre finalement mon ami au centre de la nef, planté sur les dalles de pierres, hagard. J'aurais pu reculer, lui laisser son temps de pause à lui aussi, pourtant j'ai choisis de m'avancer.
Je glisse une main sur sa nuque, y effectue une petite pression de mes doigts, pour matérialiser ma présence dans son dos, mais aussi pour lui apporter soutient. Quels que soient ses problèmes, je suppose qu'ils ne sont pas innocents à sa venue en ces lieux. Je souris. « Tu viens prier? Quelque chose à te faire pardonner peut-être? » Je lui demande d'une voix suave en le contournant, m'avançant dans l'allée jusqu'à l'autel. Je me perds dans la contemplation des vitraux. « Ou des pêchés à confesser, alors. » Je devine en arquant un sourcil, échangeant la malice de mon regard contre la lassitude du sien. Est-ce qu'il va bien au moins? Passablement troublé, je disparais dans l'aile droite de la bâtisse, obscurité totale.

Une envie de s'évader. Besoin de penser à autre chose, de prendre l'air. Hm, y a moyen d'être tranquille sans personne, par ici? Sami sortit du nid d'amour, se rendant à l'extérieur en simple t-shirt et en jean. Brr, il fait pas si chaud avec le petit vent qu'il y a dehors. Un arbre pour se mettre à l'abri? Oh non mieux, la chapelle là-bas, autant faire une petite visite au bon dieu, la dernière fois c'était avec Andreas, autant dire que le lieu n'était pas pur avec la présence de ce dernier. Sami se dirigea d'un pas rapide vers le lieu chrétien. Pour y trouver lorsqu'il entra.. Jamie et.. Hamad. Super, lui qui voulaient être seuls ce ne serait pas pour maintenant visiblement. « Tu viens prier? Quelque chose à te faire pardonner peut-être? » entendit Sami, Hamad parlant à Jamie. Sami se fit tout petit, ne dit mot, regarda la scène. « Ou des pêchés à confesser, alors. » Ils avaient l'air proche, Hamad caressait la nuque de Jamie, hm Hamad était-il un de l'autre bord, un de plus? «Hm, je dérange peut-être?» demanda alors Sami après avoir râclé sa gorge pour s'introduire, pour que les deux personnes le voient.

Une voix ne tarda pas à transpercer le silence, me réanimant un peu plus alors que je sursautais légèrement. « Tu viens prier? Quelque chose à te faire pardonner peut-être? » lâcha le jeune homme en exerçant une pression sur ma nuque, chose des plus désagréable avant de finalement me contourner. Il y avait deux endroits que je n'aimais pas que l'on me touche, la nuque et les talons. Allez savoir pourquoi, mais je sentais que ces deux parties étaient certainement les plus faibles de mon corps, alors qu'au final, ce n'était probablement pas le cas. Je le suis du regard, avancer d'un pas lent vers l'autel avant de reprendre la parole « Ou des pêchés à confesser, alors. » il me lance un de ces regards dont seul lui à le secret, le genre de regard complice et mesquin avant de disparaître dans l'obscurité. C'est ce moment que Sami choisit pour faire à son tour son apparition. «Hm, je dérange peut-être?» s'exprime t-il bien que maladroitement, se raclant la gorge. Mon regard se porte jusqu'à lui avant de se reposer sur l'un des nombreux vitrail. « Pas vraiment. » et j'ne mentais pas. Ce n'est pas comme si Hamad était arrivé il y a de cela une demi heures et que nous partagions une conversation des plus approfondies. Non, clairement pas. « Et ouais, je suppose que je dois me laver de pas mal de pêcher pour pouvoir avancer, mais qui ne doit pas le faire n'est ce pas ? Y'a que les cons qui ne se sentent jamais coupable de quoi que ce soit. » lâchais-je en haussant les épaules « Et non, j'ne parle pas forcement d'Andreas. » un sourire étire mes lèvres. Quel con celui là.

Le nez rivé vers les voutes du plafond, je n'attends pas de réponses particulières de la part de Jamie. Je ne suis pas venu ici pour converser, aussi mes questions ne sont qu'accessoires à l'ambiance dans laquelle je cherche à me détendre. Les mains dans les poches, je me déplace derrière les piliers de la chapelle, loin des yeux bleus de mon camarade, avant d'hausser un sourcil en percevant la voix de Sami derrière les pierres. Il nous demande s'il dérange, ma foi non pas vraiment, Jamie se charge de lui répondre. Pour ma part je sors progressivement de l'ombre, à quelques mètres des deux hommes. Appuyé contre la matière froide, les bras croisés sur ma poitrine, une rangée de banc nous sépare, aussi je ne cherche pas à les contourner pour saluer l'américain. Je me contente de lui sourire tandis que l'irlandais continu sur sa lancée. « Je suis sûr qu'Andreas a ses failles, lui aussi. Pour ta part, rien ne t'empêche de te confesser, Jamie. Le secret sera bien gardé. » Je déclare sagement en m'installant sur un banc. Je croise mes chevilles sur le dossier d'en face, nonchalant. Allons bon, qui va me reprendre? Je ne crois pas qu'ils soient particulièrement attachés au sacré. Je tapote doucement mon ventre de mes paumes, distrait. « Et toi Sami, tu as des choses que tu voudrais faire pardonner? » Je demande au tatoué avec malice. « Quelque chose à nous confier ou à avouer? » Je continu en détournant le regard, l'air de rien. Peut-être a-t-il envie de nous parler d'Elise. Un peu. Sachant que mon camarade est fou de lui, ce serait une manière comme une autre de l'éclairer sur ses projets. Aider Jamie? Un peu oui. Plus ou moins du moins.

« Pas vraiment. » répondit Jamie, visiblement très mou aujourd'hui. Jamie répondit alors à Hamad, en traitant Andreas de con, par la même occasion, ce qui eut don de faire sourire Sami silencieusement. « Et toi Sami, tu as des choses que tu voudrais faire pardonner? » demanda alors Hamad après avoir répondu à Jamie, se retournant vers Sami, malicieux dans le regard. Hm? « Quelque chose à nous confier ou à avouer? » Euh. «Que vous me faites tous les deux flipper, peut-être bien, ça je le confesse.» dit Sami, les regardant tous deux avec des regards inquiets. «Sérieux, qui se confesse encore de nos jours? Le Bon Dieu n'a jamais rien fait pour personne, si tant soit peu il existe une forme divine là-haut.» dit Sami dans une minute très profonde et philosophique. Mais bizarrement, il se sentait vraiment de trop ici. «Vous êtes sûrs que je vous dérangeais pas en plein ébats sexuels ou.. quelque chose comme ça?» fit Sami, inquiet et gêné.