ANABEL

Ce soir, je n'avais pas vu Anabel au dîner. A vrai dire, voilà quelques heures qu'elle semblait avoir disparu. En tout cas, je ne l'avais pas croisé. Chose qui m'inquiétais légèrement. Voilà pourquoi je décidai de partir à sa recherche. Avec tous les récents événements, son ''erreur'' avec Andréas, la révélation de son secret, la non-élimination d'Ezéquiel... Cela faisait beaucoup pour la jeune femme. C'est ainsi que je fis toutes les pièces du château, en vain. Me restait maintenant plus qu'à explorer tout l'extérieur. Autant dire que ça en faisait du terrain. Mais je ne me décourageais pas. Elle devait bien être quelque part ! Les autres candidats ne savaient dire où elle se trouvait, mais tout de même. Elle ne pouvait pas avoir disparu. A moins qu'elle ne soit au confessionnal. Rhaaa. On devrait avoir une puce sur nous, qui permettrait de localiser les candidats en tout temps. Finalement, après une bonne heure de recherche, je la trouvais aux remparts. Quand même. « Te voilà ! Tu sais que t'es difficile à trouver » Et là j'aperçus la bouteille qu'elle tenait en main, et l'air qu'elle avait. Très mauvais signe.  « Tu ne devrais pas boire seule. » fis je en m'avançant vers elle.  « Donnes moi ça » Sans qu'elle ne me donne l'autorisation, je lui chipai la bouteille des mains.  « Tu ne devrais pas rester seule non plus. »

Je me suis donnée rendez-vous, aux remparts, avec de la charmante compagnie. Ces deux bouteilles de fort qui m’accompagne. Vodka et Rhum. Maintenant que les présentations sont faites, on peut faire plus ample connaissance, je suppose. J’en profite pour quelques préliminaires sur le chemin qui me conduit à la limite du parc, et encore quelques autres en montant les escaliers. Arrivée sur le haut de la structure, je dois bien avoir déjà coulée la moitié de l’une des bouteilles – laquelle, bonne question, j’ai pas fait de discrimination entre les deux. Une gorgée chacune, à chaque fois! Donc au final… vous faites votre propre interprétation de ces propos. Marcher et boire n’étant plus vraiment une solution, je décide de me débarrasser temporairement de l’une des bouteilles, la posant sur la rambarde à mes côtés, alors que je m’accoude sur celle-ci. Oh, et puis merde, j’ai pas envie d’être immobile, et je repars de plus belle faire l’exploration de la place, situé bien en hauteur. C’est fou, quand même, comme on n’y voit rien la nuit, vous trouvez pas ? « Te voilà ! Tu sais que t’es difficile à trouver. » Je me retourne, un peu plus lentement que d’ordinaire, mais quand même surprise d’entendre une voix. Celle de Keelan, en l’occurrence. Bien sûr que je l’ai reconnu. « Tu ne devrais pas boire seule. » qu’il me mentionne en avançant vers moi, et d’un signe de la main, il s’empare de ce que je tiens entre mes mains – vodka ou rhum? Je sais plus. « Donnes moi ça. » Quoi, pas question ! « Nooonnn, mais oh, rend-moi ça! » Je tente de la lui reprendre mes mains, mais, hm… ma coordination est assez douteuse, dans ces conditions. « T’es pas sympa. » Je proteste, oui, ça me saoule qu’on me vole ma bouteille! J’ai bien une autre copine pas très loin, mais j’étais en train de tisser des liens très profond avec celle-ci. « Tu ne devrais pas rester seule non plus. » J’hausse les épaules, l’air de rien, en me détournant de lui. D’accord, j’ai pas le choix, je vais devoir retrouver copine #2. « Bouteilleeee, tu es où ma jolieee? » Oh que c’est beau, on dirait que je cherche mon chat… je doute qu’un objet inanimé me répondra, mais à la tête que je tire, je crois que je m’en fou un peu.

Je n'aimais pas voir Anabel dans cet état. A l'évidence, elle était éméchée. Lors d'une fête je veux bien, mais quand on se saoulait seule dehors, il y avait de quoi s'inquiéter. Cela ne sembla pas lui plaire que je lui pique sa bouteille. Elle protesta, et tenta de me la reprendre, mais en vain. « T’es pas sympa » Et elle, elle avait surtout trop bu. Voila qu’elle cherchait sa bouteille. Non mais elle ne se souvenait pas que je l’avait dans la main ? Ou aurait elle osé en cacher une autre ? Je tournai la tête, et l’aperçu, un peu plus loin, sur l’une des remparts. Allez, mission, récupération de la vilaine n°2, avant que la Anabel ne mette la main dessus. Je la dépassai rapidement, et attrapai miss Rhum. « Tu veux bien arrêter deux minutes ? J’ai tes copines en otage » dis je en levant les bras en l’air pour lui montrer les deux. En espérant qu’elle n’en avait pas caché une troisième, parce que la je n’aurais pas assez de mains. « Si tu veux que je te les rende, tu vas devoir te montrer gentille avec moi » Tu parles, je n’avais pas l’intention de lui rendre quoi que ce soit pour le moment. « Tu m’expliques ce qu’il te prend ? » Encore fallait il qu’elle soit en l’état d’aligner deux phrases correctes. Hm c’était à moi qu’elle donnait envie de boire avec tout ça. Deux verres de vin à table, pas suffisant.

« Tu veux bien arrêter deux minutes ? J’ai tes copines en otage. » Je tourne la tête trop vite, mon cerveau cogne contre les rebords de celle-ci, ça fait mal. Faut que j’arrête avec ces réflexes de fille sobre, ça fonctionne pas avec moi. Pas dans mon état. N’empêche, là, je suis dégoutée. Il m’a piqué mes deux bouteilles ! J’affiche une moue triste sur mon visage, limite, je vais presque me mettre à pleurer. « Si tu veux que je te les rende, tu vas devoir te montrer gentille avec moi. » Je croise les bras sous ma poitrine, et cette fois, c’est un air boudeur qui prend place sur mon joli minois. « Tu m’expliques ce qu’il te prend ? » Non, j’ai pas envie. Tu m’as pris mes deux seules amies et que tu veux que je te parle! Pfff, jamais. Je préfère aller faire des conneries, tiens, comme si c’était une bonne idée, encore. Je pose mon derrière sur la balustrade, prend le temps d’enlever mes chaussures, puis je replis les jambes sur la surface de pierre, afin de me relever. Oh là, c’est haut dans le coin. « Tu l’as pas entendu au prime, Keely? Je suis une menteuseee ! C’est ‘Zéquiel qui le dit, il doit avoir raison. » Vraiment, ces deux moitiés de bouteille de rhum et vodka commence sérieusement à me rentrer dans le corps. Si j’arrivais encore à être plus ou moins ‘présente’ il y a cinq ou dix minutes, je n’en dirais plus autant, maintenant. J’ai comme un avis soudain de crier, maintenant. Je ne me gêne pas pour le faire. « JEEEE SUUIIISS UNEEE MEURTRRIÈÈRREEEEE. » Et tout en marchant, je manque de m’enfarger dans mes propres pieds. Je me reprends juste à temps, avant la chute qui me précipitera dans le vide d’un côté, ou sur Keelan de l’autre. Parce qu’il veille au grain celui-là, me suivant à la trace depuis que je suis grimpée sur la balustrade. « Oops! » Ça serait malin si je tombais, non?

Anabel semblait carrément dégoûtée que je vienne de lui chiper ses deux meilleures amies. Genre c'était la fin du monde. Ce que j'avais dans les mains l'intéressait apparemment beaucoup plus que ma personne. Sympa. Voilà maintenant qu'elle affichait un air boudeur. Si elle croyait que c'était avec ça qu'elle allait m'avoir. Sauf que je n'avais pas prévu une chose. Qu'elle se délaisse finalement de ses chéries, pour... s'amuser près du bord ! Je sentais que j'allais devoir passé la soirée à lui courir après. Soupire. Sans qu'elle s'en aperçoive, je bus une gorgée de vodka. Oui valait mieux pas qu'elle le voit, sinon elle allait crier au scandale. Et merde, voilà qu'elle grimpait sur les remparts. A jouer les équilibristes. Non mais était elle folle ? Avait elle perdu la tête ? Mon petit cœur s'emballa à l'idée qu'elle puisse faire une mauvaise chute. Et maintenant elle se mettait à claironner de ces paroles... « Tu l’as pas entendu au prime, Keely? Je suis une menteuseee ! C’est ‘Zéquiel qui le dit, il doit avoir raison. » Hm elle était sérieusement atteinte. Mais le pire restait à venir. Voilà qu'elle se mit à crier qu'elle était une meurtrière. Non contente de m'inquiéter avec sa situation dangereuse, elle me foutait un pincement au cœur. Tout ceci n'avait rien de drôle. J'avais posé les bouteilles au sol, afin de suivre l'avancée de mademoiselle, et restai en bas, au cas où. Mon cœur manqua un battement lorsqu'elle perdit l'équilibre, et qu'elle était sur le point de se casser la gueule. Gros ouf de soulagement lorsqu'elle se reprit à temps. On avait pas idée de me faire de telles frayeurs !  « Arrêtes Anabel, ce n'est pas drôle du tout. Descends de là, tu vas te blesser ! Ou pire ! » Je ne voulais pas prendre le risque d'aller la chercher moi même, ça pourrait être pire. Malheureusement elle ne semblait pas vouloir m'écouter.  « S'il te plaît. Tu peux faire ça pour moi ? » Allez quoi, c'est Keely. Mais non. Bon sang. Je ne voyais plus qu'une solution maintenant.  « Si je te rends ta bouteille, tu promets de descendre ? » J'avais récupéré celle de Rhum, et la lui tendait, tel un appât. Au point où on en était... La seule chose à laquelle elle semblait répondre. Désolant.

Je ne criais pas juste pour embêter Keelan. En fait, il n’était qu’en infime partie responsable de ce que j’étais en train de faire, à savoir balader comme un funambule sur le rebord du rempart, à crier à tue-tête (et à qui voulait bien l’entendre) ce que j’étais : une meurtrière. En fait, il n’y avait là rien de vrai, rien du tout même. Je savais qui j’étais, ce que j’avais fait, et j’étais même persuadée que je n’avais rien eu à voir dans la mort de mon fiancé… mais, au fin fond de moi, ce cri résonnait à mes oreilles comme une espèce d’appel à l’aide, un cri de désespoir. C’est juste que mon esprit fût tordu, à cette heure… et avec tout cet alcool que j’avais ingurgité en une si courte période de temps, pensait différemment. « Arrêtes Anabel, ce n’est pas drôle du tout. Descends de là, tu vas te blesser ! Ou pire ! » Pas question que je descende, c’était amusant de se promener en hauteur. Avec ce risque de tomber, autant d’un côté que de l’autre (et on s’entend que la frayeur était plus grande du côté parc), je me sentais presque… vivante. Tout un contraste avec ce qui m’attendait, si je chutais en bas du mur. Mais bon, ce n’est pas ce soir que mon esprit rationnel prendrait le dessus. « S’il te plait. Tu peux faire ça pour moi ? » Na na nnaaaaa ! Je continuais de marcher le long de la rambarde, n’écoutant point les propos de Keelan, si ça me plaisait, hein ! « Si je te rends ta bouteille, tu promets de descendre ? » Bouteille, il avait bien dit bouteille? Oh, tiens, du coup, ça m’intéressait un peu plus. « Ma copine! » ne puis-je m’empêcher de laisser entendre en rivant mon regard vers ma précieuse possession. Peu importe que ce soit vodka ou rhum, je m’en fiche, je veux juste qu’elle me revienne. Elle me manque. On dirait presque une triste métaphore, tiens. Suffit de substituer le Elle en Il, et le tour est joué. J’ai besoin de vous faire un dessin, peut-être ? Non, je ne crois pas que ce soit suffisant. L’appât du gain étant trop fort, je me rapproche de plus en plus de Keelan… mais je devrais faire gaffe. Mon équilibre est précaire, et ma démarche, plus ou moins chancelante. Que je perds pied, alors qu’il se trouve à peine à quelques centimètres de moi, n’a donc rien de surprenant… par contre, entre le vide ou le rempart, quel choix s’offre à moi ?

Rien à faire, cette tête de mule n'écoutait strictement rien. Trop alcoolisée pour se rendre compte de sa connerie. J'avais cru un instant pouvoir la raisonner, mais non, c'était peine perdue. Il n y avait plus vraiment la lumière à tous les étages là haut. Du coup, ce n'était pas très glorieux, mais j'avais décidé de l’appâter avec de l'alcool. Puisque c'était la seule chose qui semblait l'intéresser, à mon plus grand désarroi. La production ne devrait pas nous fournir tant d'alcool à disposition, en libre service. C'était de l'inconscience. Malheureusement c'était ce qu'ils désiraient. Que les candidats en abusent, et provoquent ainsi ce genre de situation. Les téléspectateurs devaient se délecter devant leur porte de télévision. « Ma copine! » Regardez là qui s'illumina lorsque je lui présentais la bouteille. Soupire. Au moins, ma petite stratégie semblait marcher. Enfin... Au lieu de descendre correctement, voilà qu'elle se mit en tête de me prendre la bouteille, mais depuis son poste de position. Non mais oh. J'avais dis qu'il fallait qu'elle descende pour l'avoir. Voilà qu'elle désirait tricher. Sa démarche était douteuse. Déjà parfaitement sobre, c'était de l'inconscience de se promener ainsi sur les remparts, mais alors saoule, je ne vous racontais même pas les dégats. Ce qui devait malheureusement arriver arriva. Elle perdit une fois de plus l'équilibre. Voulait elle me provoquer une crise cardiaque ? Mais pas le temps de réfléchir. A la vitesse de l'éclair je tendis les bras, et l'attrapai, la faisant tomber du bon côté. Dans mes bras. Deux secondes plus tard, et elle s'écrasait comme une crêpe dans le parc. Le souffle court, je n'en revenais toujours pas. On était passé prêt de la catastrophe. Allez savoir comment, par miracle, je tenais toujours la bouteille dans ma main, intacte. Anabel, quant à elle, se trouvait toujours dans mes bras, mais elle tenait sur ses pieds.  « Ne refais plus jamais ça, c'est clair ? »

Il fallut une fraction de seconde, une toute petite fraction de seconde pour changer mon destin, à ce moment précis. Entre m’aplatir à quelques mètres de là, sur le sol, et trouver un moyen de rester là-haut, en toute sécurité, ce fut au final Keelan qui trancha, m’évitant de justesse de chuter en bas du rempart et de me rompre le cou. Son bras puissant m’attrapa en me tirant avec force vers lui, et je basculais en bas de la rambarde, atterrissant dans la sécurité de ces bras. Oh, le voilà encore qui se retrouvait dans le rôle du héro, ça devait lui faire la grosse tête, non? Deux fois en deux semaines, je devrais peut-être penser à la remercier… Quand j’aurai retrouvé tous mes esprits, peut-être. Là, j’étais pas tellement en état de réfléchir intelligemment. « Ne refais plus jamais ça, c'est clair ? » Ah non, qu’est-ce que je fais pour frustrer le petit Keely? Pourtant, c’est lui qui m’a mis de mauvaise humeur en me volant mes bouteilles ! Me dites pas qu’il boude parce que je m’amusais toute seule, là haut, quand même. Il n’avait qu’à venir me rejoindre, on aurait pu danser sur la balustrade, une valse, ou non, un tango ! Je rive mon regard vers lui, j’ai des yeux de Chat Potté, là, toute mignonne, toute innocente. Il peut pas m’en vouloir, quand je suis comme ça! Ce que je réalise pas encore, bien sûr, c’est que je viens de risquer ma vie, et que je suis passé à deux doigts de chuter et me blesser gravement en tombant de la structure de pierre. La faute de mon cerveau, trop embrouillé par l’alcool. D’ailleurs, c’est bien ma seule obsession en ce moment. J’aperçus d’ailleurs Rhum dans sa main libre. Je la lui chipais bien vite, heureuse d’avoir su la récupérer. « Je t’ai euuuu ! » que je chantonne en m’éloignant de lui. Promis, par contre, cette fois, je ferai plus de connerie. Non, en fait, je vois mal ce pourrait être le cas, alors que je me laisse tomber tout en douceur – hm – sur le sol, m’accotant contre l’une des murailles. Il est temps de fêter mes retrouvailles avec ma copine #2, et débouchant la bouteille, j’en cale une, puis deux longues gorgées. De quoi améliorer mon état. Tout à fait. De quoi me faire carrément éclater en sanglots, quelque cinq minutes plus tard. Hm, oui, je me sens bien, très bien même. Y’a pas de doute là-dessus.

Lui gueuler dessus ne semblait avoir aucune effet. Elle n'avait pas la moindre idée de la frayeur qu'elle venait de me faire, ou du fait qu'elle venait juste de passé à côté d'une chute potentiellement mortelle. Complètement inconsciente. Au lieu de me remercier de lui avoir – oh trois fois rien, sauvé la vie – elle me fit ses yeux de chien battu, avant de soudainement me chiper ma bouteille des mains. Et de partir en claironnant qu'elle m'avait bien eu, toute fière d'elle. Seigneur. Allez on respire...Il fallait rester calme. Certains étaient drôle bourrés, mais alors elle...Rien d'amusant à cela. Las, je finis par m’asseoir à ses côtés.  « Prêtes » dis je en lui reprenant miss Rhum. Pas d'inquiétudes, je ne la lui confisquais pas cette fois ci. Moi aussi j'en avais besoin. S'il fallait que je la supporte... Et puis, tout ce qui allait dans mon gosier, c'était un peu moins pour mademoiselle. Et puis contrairement à elle, je ne me transformais pas en mec complètement inconscient de ses faits et gestes. Et là, soudainement, Anabel éclata en sanglots. Mon dieu, c'était l’ascenseur émotionnel avec elle. Je passai mon bras autours d'elle, dans un geste qui se voulait réconfortant. Je ne dis rien, de toute manière que dire ? Qu'elle se laisse aller un peu.

L’alcool me rendait inconsciente, immature, mais surtout, me faisait complètement oublié tout les soucis que je pouvais avoir. Et c’était bien là la seule et unique raison motivant cette soirée de beuverie que je m’étais improvisé en solitaire. Bien sûr, bien sûr… le premier pas vers l’alcoolisme était de boire seul. Heureusement que Keelan était venu à la rescousse, alors! Même si je n’en étais pas tellement conscience, j’avais vraiment eu de la chance qu’il soit là, m’évitant, à coup sur, de m’écraser comme une crêpe dans le parc. Il m’avait sauvée la vie, oui, et je n’étais même pas en mesure de le remercier… Au contraire, je préfère m’emparer de la bouteille, ma bonne copine #2, pour continuer à cuver ma gueule de bois du lendemain. J’espère qu’il ne m’en voudrait pas. À ce moment précis, de toute façon, je ne répondais plus vraiment de mes actes, et je crois qu’il en était conscient. M’écrasant à même le sol, il fini d’ailleurs par venir me rejoindre. « Prêtes. » Je lui jetais un regard sceptique, avant de finalement lui tendre la bouteille. Il n’en but qu’une gorgée, avant de me la retendre, et à mon tour, j’en avalais une. Puis, alors que tout allait plutôt bien – hm – je sentis comme une boule se former au fond de mon estomac, et sans raison apparente, les larmes se mirent à couler le long de mes joues. La bouteille que je tenais entre les mains tanguaient dangereusement, et surement que ce fut qui Keelan qui m’en débarrassa, avant que je ne l’échappe pour de bon. Son bras m’entoura, réconfortant, et je me calais plus contre lui, ma tête allant se nicher dans le creux de son cou. Nous restâmes ainsi en silence pendant quelques minutes, avant que je sente le besoin de parler. « Tu veux bien m’embrasser ? » dis-je, d’une toute petite voix, alors que je relevais la tête pour plonger mon regard dans le sien. Parole d’ivrogne, peut-être, mais je savais très bien ce que je faisais… même si demain, tout ça ne serait que très flou dans mon esprit. Je voulais ressentir autre chose que de la tristesse, je voulais chasser ces larmes de mon visage. Il ne pouvait pas me refuser ça, si?