ezéquiel

Une pomme à la main, je sors dans le parc, la nuit étant douce, une légère brise venant effleurer mon visage. C’est calme, ça fait du bien. Mes pas me guident, me laissent errer sans trop savoir où je m’en vais. Un peu plus loin, encore un peu plus loin. Je me rend compte que je viens d’entrer dans la forêt. Mouais, bon. Alors que je mange ma pomme de façon nonchalante, j’entend une branche craquer. Je ne sursaute pas. En fait, je n’ai aucune réaction. C’est une forêt, il y a surement des animaux. Et puis voilà, je suis là, à fixer la personne devant moi. Après tout ce qui a été dévoilé la semaine dernière, je devrais probablement fuir. Il est dangereux, à ce qui paraît. Mais ne suis-je pas la personne qui poursuit le danger. Qui l’attend à tout détour. La peur, c’est peu pour moi. Pourtant, je ne dis pas que je n’ai jamais eu peur dans ma vie. Ce serait un énorme mensonge. Mais la peur du danger, non, jamais. Alors Ezéquiel, devant moi, il n’y a rien d’effrayant. Il n’est pas non plus pour me donner le sourire. Je suis neutre, comme toujours. Je me demande ce qu’il peut faire ici. En même temps, qu’est-ce que je fous ici moi, dans cette forêt, alors que la nuit vient de tomber. L’aventure, toujours l’aventure. Je croque dans ma pomme, le regardant toujours, gardant le silence. Il aime bien le silence je crois. En fait, c’est la première fois que je me retrouve seule avec lui. Alors je sais pas... peut-être qu’il déteste le silence aussi, mais qu’il s’y confit. Bref. « T’es le grand méchant loup et moi le petit chaperon rouge ? » demandais-je, ma voix perçant la nuit. La production m’avait donné ce rôle, lors d’une des soirées. C’est con, je n’ai rien de naïf comme cette petite. Bon, il va tout de même bavarder un peu, sinon, je vais continuer mon chemin seul, je n’y vois aucun inconvénient.

Bon je crois qu’il fait noir, mes yeux ont assez capté pour que finalement, je me rende compte que je suis enveloppé d’une épaisse couche d’obscurité. Je longe donc les remparts, en direction du nid, prenant ainsi le chemin le plus long, ouais le plus long, c'est-à-dire par la forêt, genre j’ai tout mon temps, mais de là, je crois que j’ai eu une envie pressante au moment ou je me suis engouffré stupidement dans cette foutu jungle. Donc par reflexe, je recherche un arbre sur lequel projeter mon urine encore chaude, et qui ne cesse de me prodiguer des picotements dans le bas-ventre… Foutue urine de merde patiente un peu… Donc à la recherche d’une pauvre victime que je compte arroser avec ce qui semble être plus corrosif que l’acide, une voix de Barbie tout juste sortie de l’emballage vient me tirer de ma léthargie profonde… Tu fous quoi toi là ? Franchement si moi j’étais bizarre et j’avais des manies baroques… Elle, on en dit quoi ? Rien ? Non mais vous vous foutez de ma gueule ou quoi ? Je l’entends à peine avec sa voix de merde que bah, enfaite je suis trop occupé de cherche un arbre, donc ta phrase de Walt Disney ou je sais pas quoi, remballe là et sort moi du cul ou du Scream 4… C’est mes deux sujets d’intérêts pour l’instant… « Bon maintenant casse-toi, j’ai envie de pisser. » C’était pas clair ? Je le redis en allemand ? Pas la peine… elle a bien compris et je veux lui épargner un spéctacle, donc m’oui j’suis gentil…