featuring sami

J'avais emporté avec moi une vieille édition du Meilleur des Mondes, de Huxley. C'était un bouquin que je n'avais pas en version originale, parce que j'avais du présenter un exposé dessus quand j'étais en terminale, et je n'avais jamais pris la peine de me procurer la version anglaise par la suite. Ça changeait un peu. Ça me replongeait complètement dans ma langue maternelle, le français. Pas que je me lassais de l'anglais, que j'étais contraint de parler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans le nid, mais ne pas avoir à vérifier que je ne faisais pas de fautes grosses comme des maisons dans mes paroles, c'était limite relaxant. Heureusement pour moi, j'avais toujours eu un bon anglais, déjà au lycée, je pétais les scores dans cette matière. Bref, j'avais pris ce bouquin avec moi, en même temps que quelques autres que je tenais à avoir sur moi au cas où le nid n'était pas pourvu d'une bibliothèque. Ce qui s'était révélé être le cas. Je devais les avoir tous relus au moins une fois depuis que j'étais là, et je me réattaquais à Huxley, comme ça, par envie. J'étais allongé sur un transat du centre de remise en forme, chevilles croisées, livre sur le ventre, et je piquais un petit roupillon. J'étais tellement crevé que je m'étais endormi sans m'en rendre compte alors que, détachant une seconde le regard de mon livre, j'avais fermé les yeux, tête appuyée contre le confortable dossier de la chaise longue. Et là, ça faisait une heure et demi que j'étais là, plus ou moins, lorsque je fus réveillé en sursaut par un bruit de porte qui claquait. Me redressant dans un sursaut impressionnant, je pousse un cri de surprise, mon livre tombant par terre. Je regarde à gauche, à droite, y'a personne. Quelqu'un qui sortait ou rentrant soit dans le salle de sport, soit dans le sauna, j'imagine. Une fois les battements de mon cœur revenus à leur rythme normal, j'éclate de rire face à ma propre connerie. N'importe quoi. Mon pauvre Ennio, qui se réveillait d'une façon digne des vidéos gag de youtube. Je me calme alors, bâille un grand coup, pivote sur les fesses pour m'assoir les pieds par terre et, accoudé à mes genoux, je prends mon visage entre mes mains, frottant mes yeux pour me réveiller. Pfiou. Les siestes c'était pas pour moi. Vraiment pas.