Bon, il était mort ce maudit ordinateur, ou pas ? Aux dernières nouvelles, il était mort. Mais qui sait ce qu'il avait pu se passer entre temps, hein. Après tout, il n'était pas exclu que cette satanée machine ait eu la force de survivre à sa chute de l'autre jour, ou pire, que Loxias ait finalement décidé de trahir Tweedy et d'aller porter secours au pauvre ordinateur. Bon, Tweedy devait à tout prix savoir si l'ordinateur avec qui elle avait eu une liaison secrète pendant de longues années et qui n'avait jamais dit la vérité à sa femme, était enfin sorti de sa vie. Alors, la petite brune prit la direction de la salle où elle pourrait rapidement en avoir le cœur net. Et là, quelle ne fut pas sa stupeur quand elle se rendit compte que celui qu'elle avait espéré voir mort, ou mieux, ne plus voir du tout, était parfaitement bien portant. Il la narguait même, elle en était certaine. Alors, les sourcils froncés, la jeune femme s'approcha rapidement de l'engin et ne manqua pas de le menacer. Oui oui, parfaitement. Admirez donc. « Écoute moi bien. Tu as eu de la chance l'autre jour, beaucoup de chance ... Malheureusement, la chance tourne. Et elle ne risque pas de tourner en ta faveur, crois-moi. » Oh bon sang, elle était incroyablement crédible là, pas vrai ? D'ailleurs, Aj pourrait parfaitement le lui confirmer et ... Quoi ? Aj était là ? Mais, cela voulait donc dire qu'elle l'avait entendu menacer un ordinateur ? Okay, elle allait la prendre pour une grande malade. Ah mais non, c'était assurément déjà fait.

Il faut que j'actualise un peu mon blog, de toute façon, c'est la seule chose que je peux faire ici, dans cette baraque, enfin dans la salle info puisse que tous les ordinateurs sont bloqués sinon. D'ailleurs, je trouve qu'ils sont un peu lents, on a pas le top. Je pousse la porte, et je tombe sur Tweedy, entrain de faire causette avec un ordinateur. J'arque un sourcil, et je joins mes mains. Que se passe t-il ? Que lui arrive t-il ? « Il suffit que je te laisse tranquille pendant deux jours pour que tu perdes la raison ? » Je lui demande, depuis l'embrassure de la porte, où je l'observais depuis un bon petit moment. Et je crois que j'ai des raisons de m'inquièter pour la santé mentale de Tweedy, c'est officiel. Plus rien ne tourne rond dans l'esprit de la brunette, triste réalité. Va falloir que je la surveille encore plus maintenant, j'esquisse une légèrement moue tandis que je la dévisage, en me demandant à combien s'élève son degrés de folie. « Il t'a fait quoi ce pauvre ordinateur ? » Je lui demande, j'ai eu un moment d'hésitation sur les mots que je devais employer. Je recommence à penser en hébreu, je ne crois pas que cela soit bon signe. Je tire une chaise, puis je m'assois en face de la Tweedy, en attendant ses arguments. Aller, petite, c'est le moment.

Tweedy allait très bien, soyez en sûrs. Bon, il lui arrivait bien de temps en temps de parler avec des ordinateurs, parfois même des micro-ondes ou des radio-réveils, mais vraiment, elle allait bien. Là par exemple, il n'y avait rien de franchement dramatique. Okay, Aj venait de la surprendre en train de menacer cette saloperie d'ordinateur, mais ça n'était pas quelque chose de tout à fait saugrenu, si ? La jolie rousse allait sans doute s'en remettre, hein. Tweedy avait donc perdu la raison, selon elle ? Olala, tout de suite les grands mots. Pourquoi n'appelait-elle pas directement l'Hospice, pendant qu'elle y était, hm ? « Mais je vais très bien. Je n'ai pas le droit de partager une charmante discussion avec l'ordinateur ici présent ? Au moins, il fait partie de ceux qui vous laissent parler sans vous interrompre. » Bon, il y avait également peu de risque qu'il lui réponde, mais ça c'était encore une toute autre chose, hein. Bon, maintenant, Aj jouait les curieuses. Elle semblait vouloir savoir ce que cet ordinateur avait bien pu faire à Tweedy pour que celle-ci se permette de le menacer. Hm, c'était légitime. Sa camarade s'assit alors en face d'elle et Tweedy attendit quelques instants avant de donner sa réponse, comme pour installer une certaine tension. « Il ... il m'a d'abord caché qu'il était marié, m'ayant fait croire qu'il m'aimait, que j'étais la seule femme de sa vie. Tu parles, il s'est bien fichu de moi ... Et ça n'est pas tout. Il a refusé de quitter sa femme pour moi. Le salaud. Oh, et le pire ... le pire c'est qu'il refuse de participer à des flashmobs. » Voilà, c'était pour toutes ces raisons que Tweedy souhaitait liquider cet ordinateur. Autre chose, peut être ?

Apparemment Tweedy allait bien, hm hm, laissez-moi en douter. Je crois que l’enfermement est entrain de la rendre complétement malade en fait. Je sais pas si elle se rend compte qu’elle était entrain de parler à un ordinateur. Encore, si elle avait su que j’étais là, elle l’aurait fait pour rire, mais là, elle pensait qu’elle était seule. C’est bien pire, c’est bien pire. « Il risque de ne pas de répondre surtout, tu parles dans le vide Tweedy, c’est toujours comme ça avec les ordinateurs. Impossible d’avoir une conversation sérieuse avec eux, ils fuient toujours. » Je lui réponds alors, avec un air faussement désolé, je hoche gravement la tête avant de pousser un long soupir. Elle met un peu de temps avant de me sortir les arguments qu’elle a récolté pour pouvoir menacer cet ordinateur de le liquider en quelques sortes. Elle commence à parler. Plus elle parle, et plus je blêmis, ma peau déjà pâle blanchit encore plus. Tout ce qu’elle est entrain de me sortir, pour rire, c’est tout ce que j’ai vécu, sauf le truc du flash mob bien sûr. J’ai l’impression qu’elle me balance ma vie en pleine figure. Cette sensation est vraiment étrange je dois dire. Je me sens mal là. Je reprends une certaine contenance, et j’affiche un visage impassible, je sais du mieux que je peux. « Tu sais, au fond, les ordinateurs sont un peu comme les hommes, pas très fiables, tu n’aurais pas dû faire confiance à cet ordi ma Tweedy, il t’a piégé. » Je lui annonce alors en frappant des mains.

Converser avec un ordinateur, c'était une chose on ne peut plus normale. Bah oui, c'est bien connu, le tout un chacun faisait régulièrement la conversation aux ordinateurs, puisque c'est même leur fonction première. Ainsi donc, Tweedy n'était qu'un cas sur sept milliards, alors elle n'avait pas le moindre besoin de se sentir bête, hm. Bon d'accord, tout cela était dans sa tête, parce qu'elle avait grand besoin de se rassurer sur son état mental. Mais le simple fait que la petite brune soit amenée à penser à ce genre de choses, ça prouvait d'emblée qu'elle avait un problème dans le cabochon. Et les commentaires d'Aj n'arrangeaient pas tellement son état d'esprit, disons. Mais au moins, la jolie rousse avait de l'humour, ce qui était une bonne chose. Okay, elle ne se bidonnait pas comme Tweedy pouvait le faire, mais le fait qu'elle entre dans son jeu avait tendance à quelques peu rassurer la demoiselle, tout de même. Un petit rire lui échappa alors, tandis qu'elle entreprit de répondre à sa camarade. « C'est une honte, une vraie honte. Quand on a besoin d'eux, ou bien ils nous "plantent", ou bien ils nous fuient. Franchement, je ne les comprendrai jamais ... » Et même qu'elle se ferait un jour une raison : rien ne servait de s'entêter à vouloir comprendre un ordinateur, c'était chose vaine de toute manière. Mais voilà que Tweedy remarqua la drôle de mine qu'affichait Aj. Que se passait-il au juste ? Difficile à dire, car elle n'eut pas le temps de le lui demander que, déjà, cette dernière reprenait la parole, comparant les ordinateurs à des hommes. Okay, il y avait des sous-entendus ou Tweedy ne s'appelait pas Tweedy. « Tu ... est-ce que ça va ? Je veux dire, tu as changé d'expression tout à l'heure, et maintenant, tu fais cette comparaison ... Que se passe-t-il, Aj ? » Curieuse, Tweedy ? A peine.

« C'est une honte, une vraie honte. Quand on a besoin d'eux, ou bien ils nous "plantent", ou bien ils nous fuient. Franchement, je ne les comprendrai jamais ... » Mais quel jeu de mots ma Tweedy, je note, je note. Je me contente de sourire, amusée, en secouant la tête faussement consternée comme si j'étais entièrement d'accord avec elle. « Il ne faut plus chercher à comprendre tu sais. » Je lui réponds alors. « Tu ... est-ce que ça va ? Je veux dire, tu as changé d'expression tout à l'heure, et maintenant, tu fais cette comparaison ... Que se passe-t-il, Aj ? » Ah mince, elle l'a remarqué. J'esquisse un sourire forcé, Tweedy est bien trop observatrice malheureusement, j'ai l'impression que son regard était braqué sur mon visage en ce moment même. Elle a reussi à capter les seules secondes où mon visage a perdu toute contenance, quelques secondes d'inattention et de faiblesse. Elle est très forte je dois dire. Je ne peux pas tellement me défiler, je me dois de lui expliquer ce que je viens de sortir. « Tu vois ce que tu vis ... avec ton ordinateur ... » Je commence alors, un brin moqueuse quand même, j'en reviens pas de dire ça, rien ne va plus. « ... Je l'ai vraiment vécu, à l'extérieur, avec un homme marié et tout, et c'était exactement le même scénario que le tien, en un peu plus dramatique peut-être. » Je lui explique en braquant mon regard sur elle, j'hausse les épaules pour faire bonne figure tout de même. Alors, ouai, j'suis bien placée pour dire que les hommes ne font pas très fiables. Je sais je généralise, tout le monde n'est pas comme cela, mais j'ai l'impression que je suis tombée sur les mauvaises personnes en fait. Du coup, je préfère rester méfiante.

Ne pas chercher à comprendre les agissements des ordinateurs, oui, c'était effectivement une bonne idée. Parce qu'après tout, à quoi bon s'embêter à se poser mille et unes questions à leur sujet, alors que c'était assurément une perte de temps puisque ce derniers demeuraient purement incompréhensibles. « Comme tu dis » répondit alors énergiquement la petite brune. Elle était bien d'accord avec la jolie rousse pour le coup. Mais alors qu'elle aurait été tentée de continuer ce délire fascinant, elle remarqua bien vite que la présente conversation avait eu un drôle d'effet sur Aj, ou disons que la mine de la jeune femme avait étrangement changé en l'espace d'à peine une minute. Est-ce que Tweedy avait dit une bêtise, une maladresse, quelque chose de déplacé ? Pour le coup, elle se remettait complètement en question, craignant d'avoir dit quelque chose de mal et qui puisse justifier que sa camarade ait l'air aussi troublée subitement. Alors, Tweedy prit le risque de lui demander si ça allait, cherchant au passage à récolter quelques informations. Elle était curieuse, oui, mais surtout inquiète pour sa camarade. Ainsi donc, cette histoire comique avait été réelle pour la jolie Aj ? Tweedy prit un air profondément désolée, parce qu'elle l'était bel et bien, et afficha une moue confuse. « Oh, je ... excuse-moi, si j'avais su que ça t'était arrivé, tu penses bien que j'aurais évité de ... vraiment, je suis désolée. » Et encore, le mot était bien faible. Parce que Tweedy se rendait subitement compte de sa bêtise, et pas seulement parce qu'elle passait une fois de plus pour une folle, non, également parce qu'elle n'avait rien vu venir quant au malaise de sa camarade. « Ce que tu as vécu n'a pas du être facile. Je suppose que quand on connait ce genre de relations, on a tendance à se méfier grandement par la suite, non ? » Tweedy, elle, ne se méfiait de personne. Peut être justement parce que personne ne lui avait donné une raison de le faire.

Tweedy semblait confuse, et tout ce qui allait avec. Je tiens à dire que je ne voulais pas de sa pitié, qu'on soit clair, je n'en n'ai pas besoin. « Oh, je ... excuse-moi, si j'avais su que ça t'était arrivé, tu penses bien que j'aurais évité de ... vraiment, je suis désolée. » Me dit-elle. « Eviter de plaisanter sur la chose, tu veux dire ? » Je l'aide un peu parce que je vois qu'elle a du mal, elle semble gênée, j'hausse simplement les épaules en levant une jambe et je pose ma cheville sur mon genou. Je sais pas trop ce qu'elle s'imagine, qu'elle a gaffé ou quoi, ce n'est pas le cas. « Tu ne pouvais pas savoir, c'est pas grave. » Je complète alors. Je n'ai plus trop envie d'en parler, ce n'est pas parce que c'est Tweedy non, ce n'est pas elle le problème. C'est que j'essaie d'oublier ce moment de ma vie. C'est à cause de cet homme que je suis venue en France, rien que pour lui, puis il me balance son bonheur avec sa femme en pleine figure, sans de coeur. Je n'étais que pour lui un moment pour prendre du bon temps, tout simplement, un à côté, comme il me l'avait dis, juste avant que je le gifle et que je me casse. Et dire que j'avais carrément changé de pays pour lui, de boulot. J'étais vraiment conne sur le coup, trop. « Ce que tu as vécu n'a pas du être facile. Je suppose que quand on connait ce genre de relations, on a tendance à se méfier grandement par la suite, non ? » Me demande t-elle. J'hoche la tête, affirmative. « C'est exactement cela. » Je lui confirme en soupirant. Un manque de confiance tout simplement, mais c'est justifié selon moi. « Du coup, tu comptes faire quoi avec ton ordinateur/amant ? » Je lui demande, belle esquive pour éviter un sujet qui me touche, comme celui là.

Décidément, Tweedy allait finir par penser qu'il ne se passait pas un jour sans qu'elle mette les pieds dans le plat, hein. Parce qu'elle était bien souvent amenée à merder avec certains de ses camarades. L'autre jour avec Anabel, aujourd'hui avec Aj. Pfiou, elle même se fatiguait de part le fait qu'elle ne parvenait pas à éviter les sujets fâcheux et les discussions délicates qui avaient tendance à l’embarrasser tout autant qu'elle embarrassait la personne qui avait le malheur de converser avec elle. Ici, Tweedy était alors particulièrement confuse d'apprendre que l'histoire qu'elle avait inventé avec cet ordinateur, simplement pour rire, avait en réalité concerné la belle Aj par le passé. Avouez tout de même qu'elle n'aurait pas pu inventer pire histoire pour ce genre de compagnie, vu que ça ne manquerait assurément pas de réveiller de mauvais souvenirs chez la jolie rousse, ce qu'elle voulait désormais à tout prix éviter. Bon sang, ce qu'elle se sentait coupable. « Oui, je ... c'était très maladroit. Et même si je ne pouvais pas le savoir, comme tu dis, c'est malgré tout une nouvelle fois la preuve que je n'en rate jamais une avec mes conneries. » Bah oui, quand elle se faisait des délires, ça ne se passait pas toujours comme elle le voudrait, à l'image de la présente discussion. Apparemment, Tweedy avait supposé juste en s'imaginant que l'aventure vécue par Aj avait changé sa manière de voir les gens et de leur faire confiance. Tweedy hocha lentement la tête suite aux paroles de sa camarade. Elle comprenait parfaitement que celle-ci ait désormais tendance à se méfier des autres, c'était bien normal après tout. « Je ... et bien je ... je pense surtout tâcher de me rappeler que j'ai trop d'imagination dans un premier temps, parce que tout cela m'embarrasse beaucoup. » Oui, ce délire l'avait conduit à ça, face à une Aj rattrapée par son passé. Autant dire que son délire en avait pris un sacré coup.