La salle aux indices. Encore. Y en a qui tueraient pour pouvoir y passer cinq minutes, et moi c’est la deuxième fois qu’on me refile l’accès. Je ne me la joue pas grincheux, hein, pas du tout, mais j’ai pas de fric pour buzzer, et pas d’idées non plus. Enfin, j’en ai des idées, mais je crois que mon esprit est bien trop allumé pour me fournir des hypothèses correctes. C’est assez étrange, parce qu’il paraît que je cerne bien les gens... Peut être trop pour mettre le doigt sur ce qui les rend -à leurs yeux- particulier, alors que tout, pour moi, les rend unique. Bref, cet accès ne me sert à rien, c’est évident, mais cette fois, au moins, je ne vais pas être contraint de passer une nuit blanche a étudier les indices. Si Cupidon nous a encore octroyé une plage de trois heures pour farfouiller, cette fois il a eu la décence de ne pas nous imposer cette plage juste après le prime. C’est à 14h, qu’ils nous ont remis le pass, et c’est à 14h30 après une nuit presque complète, une douche et un bon repas dans le bide, que je pousse la porte de la fameuse salle. J’ai une écharpe autour du cou, et les yeux rouges, mais c’est une autre histoire. Nora n’est pas encore là, mais je sais qu’elle ne va pas tarder, elle avait juste un truc à faire avant. J’entre, je referme derrière moi, et me dirige directement vers le premier coffre. Je les ouvre un à un, et comme la dernière fois, je récupère les images pour les poser sur le sol, devant chaque coffre, avant de m’installer au centre. Je suis entrain de réfléchir lorsque Nora entre à son tour, et referme la porte derrière elle. Un sourire plus tard, je lui désigne ma gorge, avant de souffler en forçant sur une voix quasi inexistante : « Laryngite. » Ca m’apprendra à câliner une Valentina malade comme un chien...

« Aiguë ? » Hein ? J’sais pas, j’ai juste dis ça comme ça, j’y connais rien en médecine, encore moins lorsqu’il faut donner un terme médical dans une autre langue que la mienne... J’viens de lui dire quoi, là ? Que je souffrais d’un cancer des testicules ? J’sais pas, elle a l’air alarmé. « Tu fumes trop, c’est pour ça » Heu... Non, j’ai juste chopé la crève de Valentina, enfin si on parle bien du fait d’être aphone, parce que si c’est le cancer des testicules, ouai, potentiellement, c’est la clope, mais... Faudrait pas que je passe des examens avant de décider que je suis condamné ? Bon, on reviendra à cette question plus tard, puisque là, l’heure et grave. Nora vient de poser son fessier à côté de moi, et observe notre butin d’un oeil perplexe. « Tu crois que je devrais me focaliser sur ce que montrent les images ou les vices cachés ? Enfin, ce qu’elles veulent dire, l’interprétation qu'on peut avoir. Ou...hm, un peu des deux » me demande-t-elle. Hum... Je dirais bien que ça dépend, parce que bon, certaines semblent suffisamment flou pour coller à un secret en particulier, tandis que d’autres sont bien trop précises et donc, évoque une piste que nous montrerait Cupidon... Tout est sujet à interprétation, mais... J’vais lui donner un exemple. Je m’empare de la photo représentant une femme avec un ballon, la femme à moitié à poil, et la lui désigne. Bon, elle a compris que je parlais de cette photo ? Bien. Je la repose, et tente de lui mimer quelque chose... D’abord la poitrine, voilà, comme ça, faisant deux melons avec mes mains, avant de désigner mon entre-jambe... Vas-y, comment j’mime un pénis, moi ? Bon bah, pardonne-moi Nora, mais pas d’autre choix que de me montrer cash. Je mime la masturbation, et je sens mon cou devenir brûlant... Putain de laryngite de merde ! Deux secondes de mime, et j’abandonne, ne supportant que très mal d’imaginer le spectacle que je suis entrain de lui donner à elle, et aux téléspectateurs aussi. « Interprétation. » J’expulse difficilement, avant de récupérer une nouvelle photo... Hum... Tiens, la voiture encastrée. Je lui désigne en la plaçant devant moi, avant d'expulser un nouveau mot : « Concret. » Est-ce qu’elle a compris ce que je voulais dire ? Putain, j’me sens comme Anabel la semaine dernière, privée de son droit de parole... J’savais bien que j’aurais du apprendre le langage des signes lorsque j’en avais l’occasion.

« Transsexualisme ? » Sans déconner, ce mot existe ? Faut que je le note mentalement, parce que ça envoie un peu plus lourd que mon traditionnel “travelot” ou encore “mi-homme, mi-femme : fomme”. J’ai jamais vraiment su faire la différence lexicale entre un homme s’habillant en femme, un homme prenant des hormones, une fausse poitrine, et un pénis, et un homme ayant subit un changement de sexe par chirurgie. Tout ce que je sais, c’est que le monsieur-dame sur la photo, c’est Patricia Araujo, le transexuel le plus célèbre du Brésil. Après j’sais pas trop si, dorénavant, c’est une femme à part entière ou si elle a encore son zobby, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle (il ?) est né(e) homme. « Tu penses qu’il y’a un transsexuel dans le château ?! » me demande-t-elle comme si je possédais la réponse. J’en sais rien, moi. Ça peut être ça, comme ça peut être le frère, la soeur, le fils ou la fille de monsieur-dame, ou bien un ex-amant. Tout ce que je voulais dire c’est que ce cliché était soumis à interprétation, parce que, clairement, elle est pas dans le château, Patricia... Tandis que la photo de la voiture explosée, c’est plus concret, selon moi, il y a bien plus de chance qu’un candidat ait vécu cette accident, que de chance de découvrir qu’Andreas est Patricia grimé en homme, ce qui reviendrait à se déguiser en sa vraie nature et... Haaaa.... J’vais saigner du nez si je réfléchis trop. De toute manière, Nora à lâché l’affaire du fomme, et s’intéresse à mon deuxième cliché. « Un accident qui change une vie ? Vu l’état de la voiture, je dirai même un miraculé. » Je reporte mon attention sur la photo, je suis sidéré par tout ce qu’elle parvient à déduire d’une simple image, mais à bien y réfléchir, oui, elle a probablement raison. J’vois pas qui aurait pu survivre à ça. Enfin, cela dit, j’imagine qu’il ne s’agit pas de l’image réelle, mais d’une simple illustration aléatoire, un truc choisi au hasard pour évoquer un accident de voiture, à moins que... « Qu’est-ce qu’Ariel Sharon vient faire là… » Hein ?! Je tourne la tête pour voir que quoi elle parle, et remarque ce que j’avais zappé en premier lieu. Ha. J’hausse les épaules. C’est pas le cliché le plus intéressant, selon moi. Non, c’est celui-là, celui que j’attrape avant de lui enlever Sharon des mains, pour le remplacer pour les deux femmes très charmantes sur le point de se faire du bien. Et pendant qu’elle observe la photo, je l’observe moi, histoire de savoir si elle réagit d’une quelconque manière... J’suis certain qu’il y a un indice sur elle, dans ces coffres, reste à savoir lequel. On va procéder par élimination. T’aimes les femmes, Nora ?

Niveau réaction, j’espérais peut être autre chose qu’un léger rire, peut être des pupilles dilatées, un air rêveur, une langue prise de convulsion. Bon, ok, j’exagère, mais j’ai besoin de réponses moi aussi, à croire qu’il n’y a quelle qui puisse s’interroger sur moi et non l’inverse… ça m’énerve… tiens, j’vais bouder. C’est ce que je fais, en suivant des yeux un bout d’index que je laisse trainer sur le sol, lorsque brusquement, Colombo sort de son mutisme en lâchant un « Han ! » qui me fait sursauter. « Tu te souviens lors de la troisième soirée organisée par Cupidon ? C’était le fake comedy show, un truc du genre. Eh bien, après, j’ai noté chacun des déguisements attribués par Cupidon puisqu’il disait que ce n’est pas anodin. » Evidemment que je m’en souviens, j’avais du me peinturlurer le corps en doré, avant d’enfiler un jean –tout aussi doré- tellement slim que j’avais l’impression d’être à poil. Oui, j’m’en souviens bien, ouai. « Et, la position des deux femmes là » Oui, bizarrement, là aussi j’ai aucun mal à visualiser. Donc… ? La position… ? « Ca fait un peu dominant/dominé tu vois, eh bien, du coup je me dis que ca fait certainement écho au rôle qui avait été attribué à Finnick et Katell, si je me souviens bien. Bref, ce n’est pas ça le plus important puisque c’est le rôle qui l'est. Bref, ils devaient jouer respectivement: bourreau et esclave sexuelle. » Heu… Quoi ?! « Ceci dit, ca ne m’avance que peu… » Ouai, léger, ouai. Je la contemple avec stupéfaction, m’interrogeant sur le comment du pourquoi autant de réflexions dans un si petit crâne. Non, sans déconner, elle le case où son cerveau géant dans cette tête minuscule ? Puis je reporte mon attention sur le cliché, et à part deux lesbiennes, je n’y vois rien d’autre, encore moins une position de dominant/dominé… M’enfin, c’est elle l’experte, moi j’ai la capacité de réflexion d’un calamar, aujourd’hui. « Tu en penses quoi ? » Ha mais non, faut pas me demander mon avis, j’en ai pas… et puis j’peux pas parler. Ha merde, elle me tend du papier et un stylo. J’sais pas écrire non plus… Bon, ok, c’est pas très crédible, alors je récupère le tout et inscris « je préférais le mime… » sur le papier que je lui tends. Bon, faut que je donne mon avis, et bien que mon avis soit merdique, faut que j’assume. « Pour moi ce sont juste des lesbiennes, peu importe qui est dominant ou dominé, dans chaque couple les rapports s’inversent ponctuellement, dominé, dominant, on l’est tour à tour. Mais t’as peut être raison, ‘je suis lesbienne’ ce serait probablement trop simple. » Je lui tends à nouveau la feuille, et pendant sa lecture, récupère son bloc-note pour le coloniser. A chaque coffre j’attribue un mot et le note « 1. Transexuel 2. Suicide 3. Lesbienne 4. Juif 5. Hip-Hop ? 6. Accident 7. Finale ? 8. Infantile. » J’sais pas si ça va nous conduire quelque part, mais ça peut peut-être aider, non ?

Je ne boudais pas vraiment, mais du coup, pour avoir osé feindre je me retrouve avec un sourire exagéré et factice aux lèvres. Bah oui, parce que je reste comme ça, puisqu’il semblerait que ce soit ‘mieux comme ça’. Je suis certain d’avoir l’air passablement con, mais pas grave. De toute manière, je le perds progressivement, sans en avoir conscience, tout en tentant de m’appliquer sur mes écrits dans la langue de Shakespeare. Parler c’est une chose, écrire c’en est une autre. J’ai peur de faire des fautes, d’estropier des mots, et de passer pour l’étranger que je suis. J’aime pas qu’on me considère comme tel. J’ai envie d’être partout chez moi, et non chez moi nulle part. Alors je m’applique, traçant de belles lettres comme je l’ai appris sur le tard, évitant les pattes de mouche. Je parviens à jeter sur papier quelques idées, avant de lui tendre le tout, histoire de partager ça, de connaître son avis. C’est assez ironique puisqu’on est censé être en compétition, mais puisque Cupidon n’intervient pas, j’imagine qu’il doit exister une sorte de passe-droit pour ce lieu. . « Hip-hop, hm… soit on a un ou deux danseurs professionnels. » Non, je ne crois pas, et je secoue la tête. Je pense que ça a soit quelque chose à voir avec le champ lexical du hip-hop, soit… « …soit, faut se pencher sur le fait que les deux soient jumeaux. » Voilà. Moi je pensais à Jamie et Finnick, les seuls jumeaux qu’on connaissent dans le jeu… Mais peut être y en a-t-il d’autres…« J’aurais bien vu un échange de place. Tu sais, genre chaque semaine c’est le jumeau qui prend la place de l’autre jusqu‘à ce qu‘ils soient démasqué… mais je n’ai pas tellement vu de changement flagrant dans les personnalités. » je secoue la tête à nouveau… On aurait fini par le voir. Même avec des personnalités identiques, ils auraient fini par faire des gaffes en ne se rappelant pas un moment que l’autre aurait vécu, etc… Mais, je vais faire plus attention désormais. J’vais tenir Andreas à l’œil… Pourquoi lui ? Et pourquoi pas ?... Nora passe à la suite, et jette son dévolu sur l’image de Finale. « Et s’il y’avait un intrus ? Genre un complice de Cupidon ? » Lance-t-elle brusquement. Je fronce les sourcils, je ne vois pas le rapport. « Oui, lors de la soirée, encore elle, y’avait je ne sais plus qui déguisé en Cupidon… » Je fouille ma mémoire… Elle n’a pas tort. Cela dit, il y avait aussi un père noël et Jack Sparrow, les deux costumes les plus utilisés pour les fêtes… Et si il y avait eut des leurres ? .« Ou alors, pour ‘finale’, quelqu’un serait la ‘clé’ d’une place en finale. Et, il suffirait de le démasquer ? » Poursuit-elle tandis que je reporte mon attention sur la photo… « C’pas Fake Lover. » Je parviens a articuler tant bien que mal, en pointant la photo de l’index. J’sais pas si ça signifie quelque chose, mais c’est pas une Finale de Fake Lover sur l’image. Et j’pense que Cupidon a quand même les moyens d’utiliser ses propres images, non ? « Pour le reste, je rejoins ton opinion, bien que je ne vois pas où « Juif » peut mener » Oui, non, moi non plus, en fait. J’hausse les épaules, mon regard slalomant entre chaque mot, tentant de trouver un truc qui allumerait la mèche, sauf que rien ne vient… Peut être que si on essayait d’attribuer les images à des candidats… ? « Dis Loxias, je suis curieuse... » sans déconner ? « tu as des idées me concernant ? » me demande-t-elle au moment où je quitte le papier des yeux pour les poser sur elle. Des idées ? Un milliards ! C’est ça quand on a pas d’idées concrètes, on s’imagine des milliers de scénario tous plus dingues les uns que les autres. Mais fondamentalement, non, j’en sais rien. J’attrape le papier et le stylo. « Dompteuse d’otaries ? » j’indique sur la page blanche, avant d’ajouter immédiatement après « Je pense que tu es la voix du GPS de voiture, tu sais, la voix de grosse cochonne ? » Ouai, non, elle a pas du tout cette voix là, mais paraît que tu peux la transformer en fonction de ton intonation. « Vas-y, dis ‘dans 500 mètres, tournez à droite’, pour voir ? »