Il devait être plutôt tard, au moment où j’ai retrouvé ma chambre, et par la même occasion, mon partenaire dans le lit que nous partagions. Je me souvenais être passer au dressing pour enfiler mon pyjama, et puis, j'avais rejoint la chambre. Après avoir donné quelques coups de coudes à mon partenaire, pour qu’il daigne me laisser de la place, il m’avait finalement accordé quelques centimètres de plus, sans oublier de pousser deux ou trois grognements à en faire peur, et je m’étais effondrée sur le matelas pour sombrer dans un sommeil sans rêve. Je devais être plutôt épuisée pour m’endormir de la sorte, à peine ma tête posé sur l’oreiller, mais il arrivait encore que le marchand de sable soit clément avec moi, Dieu merci. Et qui dit sommeil de plomb implique un réveil tardif, et une grasse matinée digne de ce nom. Il y avait un sacré moment, d’ailleurs, qu’Andreas m’avait laissé toute la place, et je savourais pleinement de la grandeur du lit, me positionnant en étoile, le visage camouflé dans mon oreiller. Bon, je ne restais pas ainsi bien longtemps, je bougeais même pour deux – et par chance que j’étais seule, ça aurait eu le don d’énerver mon partenaire – pour arriver à retrouver une position confortable propice au sommeil. Mais, petit à petit, il semblait que ce dernier me fuyait. Un rapide coup d’œil au réveille-matin à mes côtés me confirma qu’en effet, il était peut-être temps que je songe à me lever. Me roulant sur le dos, je m’étire en long et large, quand une voix s’élève dans le silence de la pièce. « Putain, j'suis où, là? » Je me relève en position assise dans le lit, et scrute la pièce, jusqu’à apercevoir Ennio, échoué dans l’un des lits vacants. Enfin, plus maintenant, vu sa position. « Euhh, princesse, je crois que tu t’es trompé de chambre. » que je lui lance à la blague, avant d’attraper l’un de mes coussins pour le lui balancer à la figure. Ça devrait le réveiller pour de bon.

« Euh princesse, je crois que tu cherches la guerre, là. » Je crois qu’il n’a pas tellement apprécié que j’utilise ce qualificatif pour lui, et du coup, je sens les emmerdes venir. Il faut dire que je l’ai provoqué à coup de coussins… à quoi m’attendais-je, d’ailleurs ! Je l’avais clairement cherché, cette fois-ci. Mais que dire, ça m’amusait terriblement. Craindre Ennio, et puis quoi encore ? Et pourtant, je devrais peut-être. À le savoir se lever lentement sur le lit voisin au mien, à le voir élevé ce coussin au dessus de sa tête. Puis j’entends un cri de guerre : aucun doute, j’ai vraiment lancé les hostilités, et je vais gouter à sa cruauté. Pitié, ne me fait pas de mal! L’ayant vu venir, je réussis à éviter le projectile qu’il me balance à la figure, me penchant juste à temps. Mais impossible d’éviter le choc de la collision entre nos deux corps, alors qu’il se jette sans ménagement sur mon pauvre petit corps fragile. Je pouffe de rire en l’entendant se la jouer machiavélique, et je crains une attaque de chatouille qui ne vient pas. Non, au contraire, le pauvre se laisse tomber sur la place vacante à mes côtés, celle appartenant à Andreas, visiblement à bout de souffle. « Noon, je me rends, je t'en supplie, je me rends ! Laisse la vie sauve au pauvre fumeur fatigué que je suis. » Veut-il que je le prenne en pitié ? On dirait qu’il tente de m’amadouer, mais ça jamais, ça ne fonctionnera pas avec moi. « Tu rêves ! » Et c’est à coup de chatouille que je m’en prends à lui. Il n’avait qu’à ne pas devenir une cible facile en demandant grâce alors qu’il se trouvait beaucoup trop prêt de moi. Impossible de résister à la tentation de lui faire passer un mauvais quart d’heure. Mais rien de méchant, je vous assure.

Une véritable gamine sommeillait en moi. Et c’était terrifiant de savoir qu’elle pouvait surgir à n’importe quel moment. Elle était toujours là, veillant au grain, attendant sa chance de se montrer. Et dès le moment où j’avais agrippé ce coussin pour le balancer sur Ennio, j’avais totalement perdue le contrôle de mon être, soyons clair. Elle avait prit toute la place. Comme lorsque Loxias et moi nous étions fait guerre ouverte dans le spa… ou quand il avait décidé que de lancer des ballons remplit d’eau sur la tête des candidats étaient marrants… à partir de la chambre secrète. Quelle mauvaise influence il avait sur moi, celui-là. J’allais finir par croire que c’était de sa faute si mon côte peste – mais adorable – ressortait plus souvent qu’autrement. Ma prochaine victime ? Ennio, évidemment. Il me pria, me supplia de ne point m’en prendre à lui, mais je pris plutôt cela comme une charmante invitation à faire de sa vie un enfer – du moins, pour les cinq ou dix prochaines minutes. Jusqu’à ce qu’il capitule, ou que je lâche l’affaire. Ce qui risquait de prendre un certain temps. J’étais du genre infatigable, lorsque les hostilités étaient ouvertes. Et puisque j’étais passé maître dans l’art des chatouillis, il risquait de passer un mauvais quart d’heures! Tout en plaisir… et en douleur! Haha! Son rire fusa dès les premiers instants, incontrôlable, et surtout, contagieux. Bon, je rigolais plutôt de son malheur, mais soit. « Et, att... attention ! mon brushahahahashing ! mon brushing ! » Mais n’importe quoi ! Son brushing, bien sûr… gracieuseté de sa copine l’oreiller sur lequel il avait passé la dernière nuitée. Il n’aurait qu’à retourner se coucher s’il souhaitait se refaire une beauté par la suite, sa coiffeuse personnelle était à disposition en tout temps, de toute façon. Et à quelques pas, qui plus est. Sacré veinard. Mais ça ne serait pas pour tout de suite, non, Ennio était beaucoup trop occupé à subir mes représailles pour prendre rendez-vous. J’en profitais même pour m’occuper de sa tête en allant emmêlé ses cheveux, un sourire plus que moqueur au visage. Tiens, prend ça. Cependant, il avait fallut que je relâche mon emprise sur lui, et ce fourbe en profita, de la pire des manières qui soit. Usant de ruse, et d’un de mes seuls moments de faiblesse, il se releva d’un seul coup et posa ses lèvres sur les miennes. Impossible de faire autrement que de me figer, surprise par le geste qu’il vient de poser, et qu’il pose toujours, puisque malgré le léger mouvement de recul que j’ai, il ne lâche pas prise. Ce n’est qu’au bout d’un moment, quand mes mains ont quittés son corps, qu’il recule finalement, se positionnant à distance, hors d’atteinte. Je reste patoise. Mais il s’est servit de moi ! « Sale fourbe! » m’exclamais-je finalement, en voyant la tête qu’il tirait, visiblement fier de son coup. Oh, mais il n'avait pas le droit de faire ça. Du tout. Je ne suis pas fâchée, par contre, je rigole même en l’accusant de la sorte. Mais en fait, s'il cherchait à me prendre par surprise... bravo, il avait visé juste.