Irène

Les bains de minuit, je m'y adonnais dès que j'en avais l'occasion. Ouais, cela me permettait de me balader à poil sans que personne ne puisse me voir, à l'heure où d'ordinaire mes camarades étaient couchés depuis belle lurette. Il m'arrivait donc de temps à autres de me lever, en pleine nuit, et de prendre ou bien la direction de la piscine, ou bien celle du lac jusqu'à débouler sur la plage, bien évidement inoccupée et totalement déserte aussi tard. Ce soir, par exemple, j'avais décrété que cette nuit noire, ce ciel étoilé et cette pleine lune étaient propices à une petite baignade nocturne à l'abri des regards indiscrets. Mais vous savez, dans un jeu comme celui-ci, on finissait toujours par être surpris. Tandis que j'avais retiré un à un mes vêtements et avais déposé ceux-ci sur le sable, je partis me baigner une dizaine de minutes avant de n'avoir un peu froid et de ne sortir finalement de l'eau, gelé. Mais au moment de regagner mes affaires, je crus apercevoir non loin de moi une silhouette à peine perceptible, très certainement celle d'un candidat ou d'une candidate. Le problème c'est que, de nuit, il m'était juste impossible de savoir de qui il pouvait bien s'agir. De toute façon je n'avais honte de rien, et retournai donc jusqu'à mes affaires le plus naturellement du monde, nu comme un vers certes, mais pas gêné pour un sou. Cela pourrait bien être n'importe qui que je n'en perdrais pas pour autant ma sérénité et ma confiance. Ouais, c'était quelque chose qu'on ne pourrait jamais m'enlever ça. Pour sur.

La spontanéité, c’est ce qui manquait à la plupart des candidats. C’est pour ça qu’ils étaient tous, à peu près, chiant. Cette nuit, je n’en manquais pas. Enfin, je n’en manque généralement pas, mais encore moins cette nuit. Je fumais un clope, assise sur le rebord d’une fontaine, quand l’idée de me baigner dans le lac me semblait une idée terrible. J’étais seule. Il faisait nuit. Je pouvais me permettre de me déshabiller sans en choquer un, par la nature de mon corps devenu trop ambiguë pour eux tous. Il y avait une infime probabilité de se faire prendre. C’était parfait. J’écrasais mon mégot en le laissant sur la fontaine, marchant d’un pas assuré vers l’étendue d’eau. En robe, je commençais déjà à la déboutonnée sur le côté, tout en marchant, sans prêter garde. Non, sérieusement, je me pensais seule, jusqu’à ce qu’en arrivant aux abords du lac, quelqu’un en sortit. Je restais tapie dans l’ombre des arbres, bien qu’en faite il faisait déjà bien noir, espérant ne pas me faire voir. Je tendais un peu le cou et je vis Andreas. Andreas qui m’avait vu. Enfin j’ai cru qu’il m’avait reconnu. Je balançais ma tête en arrière, en fermant les yeux un instant. Ce n’était vraiment, vraiment, vraiment pas possible. Pourquoi lui et pourquoi quand je décidais de me mettre nue pour un bain de minuit. Maintenant je me sentais obligée d’avancer et faire se que j’avais à faire, pour ne pas encore une fois lui donner raison, sur ma capacité à fuir. Oh non, je ne voulais pas lui faire ce plaisir. J’avançais alors dans la lumière de la lune, lui jetant un seul coup d’œil. Non, je n’avais pas changé par rapport au prime. Je n’avais toujours rien à lui dire. J’achevais de déboutonner le côté de ma robe et je laissais tomber celle-ci, mon paquet de clope sur celle-ci et mes talons hauts à côté. J’enlevais mes sous vêtements ensuite, puis, je rassemblais mes cheveux pour les attacher. Je finissais par entrer dans l’eau, complètement nue, poussant comme un petit soupir de bonheur, mais aussi parce que l’eau était vachement froide.

Rien de tel qu'un bon bain de minuit pour se vider complètement la tête et s'évader loin de toute l'agitation du château. Après neuf semaines d'aventure, certains candidats commençaient à sérieusement montrer des signes de faiblesse, et ceux-ci étaient caractérisés par des cris, des pleurs, et j'en passe. Bon nombre de mes camarades se trouvaient à deux doigts de faire une dépression nerveuse, et comme je ne désirais pas me retrouver dans le même cas tôt ou tard, je décidais de temps à autres de m'octroyer des petites baignades nocturnes à l'heure où tout le monde dormait - c'était ma façon à moi de relâcher la pression. Mais ce soir, alors que je pensais être seul sur cette plage, je ne tardai pas à percevoir une silhouette, non loin de moi. Et à mesure que cette tierce personne s'approchait, je pus bientôt reconnaitre Irène. Oh super, je me trouvais littéralement nu devant elle, en mode normal quoi. Bah, d'un autre côté elle n'allait tout de même pas se plaindre de la vue, hein. Si je sortais tout juste de l'eau, il me sembla qu'elle s'apprêtait à y entrer. Car bientôt elle se déshabilla jusqu'à se retrouver nue, à son tour. Le temps d'un regard, un seul, je la voyais déjà parcourir son chemin du sable à l'eau, pour finalement entrer dans cette dernière. J'aurais pu la prévenir qu'elle était quelque peu froide, mais je n'en fis rien vous vous en doutez. Mais alors que je prévoyais de me saisir de mes affaires, de me rhabiller et d'aller me coucher, j'en décidai finalement autrement. En effet, je fis demi-tour et entrepris de retourner dans l'eau. J'ignore quelle était la cause de ce qui suivit ensuite, mais l'instant d'après je me rapprochai doucement d'elle avant de détacher moi-même ses cheveux et de prendre de l'eau dans le creux de mes deux mains pour faire couler celle-ci le long de sa chevelure, juste au dessus de sa tête. Puis je m'arrêtai net, et la regardai sans rien dire, en la fixant longuement et avec insistance. Je sais pas ce que j'attendais d'elle, ce que j’espérais de cette nuit. Malgré tout ce qu'il s'était passé entre nous - la découverte de son secret, nos nombreuses prises de bec -, une certaine tension sexuelle persistait entre nous, si bien qu'à ses côtés je ne parvenais jamais vraiment à me sentir moi, comme s'il m'était impossible de contrôler totalement mon corps. Cela ne s'expliquait pas. Il fallait le vivre pour le comprendre.

Personne ne sait mieux que l’allemand ici, que lorsqu’une idée me traverse la tête, je ne peux pas m’en défaire. Lui qui avait fait plusieurs tentative pour me faire taire, ou des trucs du genre, il avait bien vu que la tâche était difficile. Cette nuit, c’était la même chose. Je ne comptais pas changer de programme parce qu’Andreas était là. Je ne l’avais pas fais la dernière fois dans la salle de bain, je n’allais pas le faire ici. Il pouvait faire ce que bon lui semblait, moi je me déshabillais sans penser à lui et j’entrais dans l’étendue d’eau. Aussi froide soit-elle. Je pris un peu d’eau pour me mouiller la nuque, avant de m’avancer peu à peu dans celle-ci jusqu’à en être couverte partiellement, enfin assez pour que mon corps en soit recouvert. On était certes en pleine nuit et il m’avait déjà vu nue plusieurs fois, mais c’était plutôt préférable d’être couverte et sans avoir besoin à plier les genoux pour ça. Alors que j’aurai espéré le voir s’en aller, j’entendais derrière moi, au contraire, le bruit de l’eau qu’on dérange. Des vaguelettes furent formées. Je me retournais et voyait Andreas proche de moi. Je fronçais les sourcils, évidemment, me demandant ce qu’il me voulait. Je vis alors sa main se perdre vers mes cheveux pour les détacher. Je défronçais les sourcils, pour en arquer un, me demandant sérieusement ce qu’il était en train de faire. Pourtant, je ne bougeais pas de la, me contentant d’avaler ma salive, au lieu de bouger, de le repousser ou d’enfin lui mettre ma main dans sa gueule. Non je restais là, à le regarder dans les yeux, presque tétanisée comme il l’avait été ans la douche, lorsque mes mains touchèrent sont dos. C’était dont ça alors. Cette putain d’attraction physique qui, malgré tout, était encore bien présente. La seconde d’après, il laissait couler de l’eau le long de mes cheveux, me faisant frissonner lorsque les goutes quittèrent justement cheveux, pour rouler sur ma peau encore nue. Je bougeais un peu les épaules, justement, à cause de cette fraicheur inattendue. Sérieusement, je n’aimais pas ça. Il me regardait sans rien dire, de ses yeux perçants et moi j’avais juste ma tête relevée, debout devant lui. Finalement je secouais ma tête, pour me dégager de son emprise invisible. « Qu’est-ce que t’as ? » Lâchais-je, faussement désagréablement ; sortant de l’eau mes mains pour le pousser légèrement et instaurer une distance raisonnable entre nous. C’est ce que je voulais en fait, sauf que mes mains au niveau de ses épaules, je ne le repoussais pas. De nouveau mes yeux s’étaient fondus dans les siens, me laissant plantée là, hypnotisée. C’est horrible, j’avais terriblement envie de l’embrasser, mais je ne pouvais pas. Sait-on jamais, qu’il crierait au viol ou un truc du genre…

Je n'avais pas tardé à rejoindre Irène dans l'eau, tout en me remémorant le fait qu'entre nous deux, ça ne pourrait plus réellement être comme avant. Il s'était passé trop de choses depuis nos derniers ébats, mais au fond elle ne me laissait toujours pas indifférent la demoiselle. Elle avait pu s'en rendre compte dans la douche l'autre jour d'ailleurs, quand ses mains étaient entrées en contact avec mon dos et que j'en avais perdu tous mes moyens. Bref. Une fois dans l'eau avec elle, j'avais entreprit de détacher ses cheveux avant de faire couler de l'eau sur ceux-ci. Je la vie bientôt frissonner, mais afficher un air perplexe malgré tout. Ou alors elle souhaitait en faire le moins possible comme pour se donner la force de me résister, ce que je pouvais entièrement comprendre au vu de mon comportement, la semaine dernière, et de notre échange dans la salle de bain mais aussi lors du prime - très houleux tout ça. « Qu’est-ce que t’as ? » demanda-t-elle tout en exerçant une certaine pression sur mes épaules qui me fit reculer d'un pas. Hm, à l'entendre on aurait juré que mon comportement n'était pas normal. Pourtant il n'y avait rien de mal dans le fait de la regarder, avec insistance certes, mais tout ceci n'était qu'un simple jeu de regards... pour le moment du moins. Car il semblait évident qu'elle et moi avions bien du mal à résister à la tentation. J'en venais presque à totalement mettre de côté ce que j'avais récemment appris la concernant ; son changement de sexe, ses mensonges... Non, fallait croire que ce soir j'étais prêt à passer outre tout ça, et à me laisser complètement aller. « Shhh. » fis-je alors, avant de ne poser mon doigt sur sa bouche comme pour l'inciter à se taire maintenant. Ses mains étaient toujours posées contre mes épaules, et bientôt je vins passer mon bras sous le sien puis plaquer ma main dans son dos afin de l'attirer vers moi, pour finalement partir à la conquête de ses lèvres d'abord avec douceur, puis ardemment. Elle ne me repousserait pas cette fois, j'en étais persuadé. Nos corps étaient maintenant collés l'un contre l'autre, et j'avais déjà follement envie d'elle.

Je n’étais venue vers le lac que pour nager, mais en quelques minutes, sans avoir demandé quoique ce soit, je me trouvais face à un Andreas beaucoup trop bizarre pour moi. Bizarre n’était pas vraiment le mot. Plutôt contradictoire. Un jour je le dégoûte, un autre il veut que je le savonne et cette nuit, il vient me détacher les cheveux. Un geste qui voulait dire beaucoup et qui invitait à beaucoup de chose pour la suite. Sauf que j’avais maintenant la résolution d’être prudente avec lui. Il me prenait souvent pour une conne, au-delà du fait qu’il me faisait toujours pitié (et que dans la salle de bain, il m’avait vraiment blessé). Je partais alors perplexe et pourtant, rapidement, je perdais presque mes mots. Je ne sais pas comment j’en étais arrivée là, mais j’étais comme hypnotisée par le regard d’Andreas, lui qui me regardait intensément, outrageusement. « Shhh. » Il posait son doigt contre mes lèvres. Je fermerais un instant les yeux, réellement attirée par l’envie de lui mordre son doigt si fort qu’il en pleurera devant moi. Je me contentais pourtant d’ouvrir de nouveau les yeux, le laissant m’attirer tout contre son torse, ma poitrine s’écrasant directement sur celui-ci (il faut préciser que nous étions déjà nus). Là, Andreas colla ses lèvres contre les miennes. Un nouveau frisson prit mon corps, mais cette fois, pas à cause de la fraicheur de l’eau. Non. Renouer mes lèvres avec les siennes me semblait être la pire des conneries que je pouvais faire et pourtant je ne le repoussais absolument pas. Pourquoi après tout ? Lui faire croire qu’il ne me faisait rien et me voiler la face, comme il l’avait fait dans la douche l’autre jour, c’était totalement ridicule. Et absolument pas crédible. Je décollais mes lèvres des siennes, pour planter de nouveau mon regard dans le sien. Dire que je lui avais bien spécifié que plus jamais je ne ferais quelque chose avec lui. Je me sentais irrémédiablement attirée sexuellement par lui. Aussi con qu’il pouvait être et même avec la rancune que je pouvais avoir envers lui. Alors qu’il tenait encore mon corps serré contre le sien, je passais mes bras autour de son cou et je laissais mes mains dans sa nuque pour venir l’embrasser à mon tour. Tout aussi chaudement que lui, voire même un peu plus, pour rester dans ce ton de la surenchère entre nous. Il est clair que je ne pouvais pas le repousser. Il n’en était pas vraiment question en plus. Je décollais mes lèvres des siennes, tout en les laissant en suspend à quelques centimètre de son visage. J’allais lui dire quelque chose, puis finalement je me ravisais. Je me contentais de lui déposer un baiser sur sa mâchoire et un au creux de son cou.

Ce soir, tous nos différents étaient une nouvelle fois mis de côté - je ne répondais plus de rien et avait envie d'elle, clairement. Je ne pensais même plus au fait qu'Irène m'avait dupé et n'était pas celle qu'elle laissait réellement paraitre à première vue, et c'était sans doute mieux comme ça d'ailleurs. Alors après, il y aurait vraisemblablement ce fameux moment où je regretterais d'avoir une nouvelle fois été jusque là avec elle, mais sur l'instant il valait mieux ne pas penser à tout ça, car cela aurait vite fait de me couper toutes mes envies. Mais la tentation était trop forte - nous étions tous les deux nus, dans l'eau, bien loin des regards indiscrets - alors bien sur il m'était impossible de résister cette fois. De toute façon fallait s'y faire hein, nous étions attirés comme des aimants et nous ne pouvions pas nier cette attirance mutuelle, cette attraction certaine. Sur le coup Irène sembla un peu désarçonnée, si bien qu'elle me demanda ce que j'étais en train de faire, comme si elle redoutait que je n'eus subitement plus toute ma tête. Oh mais qu'elle se rassure, je savais parfaitement ce que je faisais. Du moins je crois. Je ne lui répondis pas, et la convia plutôt à se taire et à ne plus rien dire. L'instant d'après, je partais déjà à la conquête de ses lèvres et sentis bien vite Irène devenir tout chose, contre moi. Elle mit fin à ce baiser pour me regarder avec intensité - son regard vint se fondre dans le mien, tandis que je la dévorais des yeux avec envie. Ses mains s'aventurèrent jusque ma nuque, et ses lèvres retrouvèrent les miennes. Elle savait comment s'y prendre pour faire monter la mayonnaise, et une fois encore elle me prouvait que je ne connaissais personne capable d'aussi bien embrasser. Tout un art. Une fois ses lèvres décollées des miennes, celles-ci virent bientôt trouver ma mâchoire puis mon cou. Mes mains, quant à elle, se voulaient bien baladeuses ce soir. Je plaçai l'une d'elle sur sa poitrine, après avoir déposé de multiples baisers sur celle-ci, pour finalement la laisser descendre jusque plus bas. Là, je lui prodiguai une caresse sur son intimité, tout en ne manquant pas de mourir de désir pour elle sur l'instant et chaque seconde encore plus. Mon dieu, j'avais si chaud alors que cette eau était si froide. C'était une torture de rester là à nous embrasser, nous toucher... J'étais prêt à partir au quart de tour, et d'ici quelques instants nous serions probablement déjà en pleine action.

Bien malgré moi, je ne pouvais pas me contrôler ce soir, alors qu’Andreas se trouvait si proche de moi. Autant dans la douche, le voir nu ne m’avait strictement rien fait – au contraire, nous avions réussis à nous engueuler complètement nus – autant ce soir, il m’était réellement difficile de lui résister. Pourtant je le ferais bien. Je ne voulais pas m’abaisser à ses instincts primaires et me soulager avec celui qui m’avait rabaissait le plus ici. Il n’en était même plus question là. Je me réduisais effectivement à répondre de ses avances. Nous étions vraiment faits de la même manière et c’était un peu avec cette conclusion que je pouvais admettre que nous étions attirés l’un par l’autre. Le plaisir charnel, ça nous connaissait. Nous en venions alors rapidement à nous embrasser. Baisers lancés par Andreas, mais rapidement reprit par mes lèvres, qui avait manquaient de contact depuis presque deux semaines maintenant. Je pouvais bien me l’avouer à moi-même, ça me manquait terriblement. Même tout simplement embrasser quelqu’un. Un simple baiser, mais avec lui, nous n’allions pas nous arrêter là. En tout cas, ça m’étonnerait grandement de le voir nous arrêter ainsi, en pleins préliminaire comme ceux. Non, impossible, parce que rapidement ses mains allèrent à la recherche de mon corps. Mes lèvres glissèrent contre sa peau, de ses lèvres à son cou, puis sur ses épaules, en réponse à ces caresses. Je perdais peu à peu mes moyens, je le sentais et je détestais horriblement ça cette nuit, plus encore qu’une autre de nos nuits déjà passée ensemble. La chaleur m’envahissait complètement et cela raisonnait dans ma tête comme une petite victoire pour l’allemand. Non ce n’était pas possible de flancher aussi rapidement quand même… Mes mains à leur tour touchèrent son torse, son dos, ses fesses, n’importe où il m’était possible de les faufiler. Je m’arrêtais parfois, m’accrochant un peu à son corps que je sentais ses doigts au niveau de mon intimité. Un premier râle sortit d’ailleurs de mes lèvres que j’arrivais à écraser subitement au niveau de son menton. Tendant à l’imiter et à ne pas ma laisser totalement submerger, je laissais glisser mes doigts jusqu’à son entrejambe, pour lui appliquer des caresses à mon tour. Mes lèvres remontèrent dans son cou, puis sur son lobe d’oreille, où je lui chuchotais légèrement. « C’est parce que personne ne veut baiser avec toi… que tu veux de moi ? »

Je m'étais promis de ne jamais plus me laisser tenter par Irène, mais de toute évidence j'étais incapable de lui résister même avec la plus grande volonté du monde. Alors plutôt que de luter, je décidai de lâcher prise et de me faire du bien. Ainsi donc nous entreprîmes bientôt un jeu de baisers langoureux, tandis que mes mains parcourent ce corps que je connaissais désormais par cœur et qui me donnait des crampes sous la ceinture en temps normal. Après lui avoir prodigué quelques caresses au niveau de son entrejambe, qui la poussèrent d'ailleurs à exprimer tout son plaisir, je sentis bientôt ses mains s'aventurer jusqu'à la mienne, caressant celle-ci et me faisant littéralement frémir de la tête aux pieds. Elle vint ensuite me susurrer quelque chose à l'oreille, sans que je m'y attende. « C’est parce que personne ne veut baiser avec toi… que tu veux de moi ? » J'eus à nouveau l'envie de lui demander de se taire, mais en fin de compte je préférais encore lui répondre. Elle se demandait pourquoi est-ce que nous remettions ça elle et moi alors qu'elle était supposée me dégouter, hm ? Et bien, au final, je pense qu'il y avait une raison toute trouvée à cela... bien que je risquais d'avoir un peu de mal à l'admettre, tout de même. Je vins à mon tour lui murmurer quelques mots à l'oreille, en guise de réponse. « Non... c'est parce que personne ne me fait un tel effet ici. » Voilà, c'était dit. À mes yeux il n'y avait pas meilleur coup et plus baisable qu'Irène au sein de ce château. Alors oui, bien sur les mauvaises langues iraient de suite colporter qu'elle me plaisait, que je tombais doucement mais surement sous son charme... Et bah vous voulez que je vous dise, j'étais complètement perdu à l'heure actuelle. Irène m'avait humilié, limite blessé, avait même porté atteinte à ma virilité et mon statut d'homme à plusieurs reprises. Et pourtant je ne cessais d'en redemander, même après l'épisode de la révélation de son secret qui m'avait laissé amer durant plusieurs jours. Avais-je tourné la page à l'heure d'aujourd'hui ? Peut-être bien. Peut-être aussi me faisais-je simplement violence afin d'offrir à Irène la tolérance qu'elle méritait. Peut-être également étais-je tout bonnement en train de changer. J'en sais trop rien - tout ceci portait carrément à confusion. Et on en perdait presque de vue l'essentiel, au final : le fait que j'avais vraiment, vraiment envie d'elle et que je voulais la faire mienne d'une seconde à l'autre. Hm, à moins qu'elle n'ait d'autres questions de ce type à me poser bien sur...

Finalement, lui et moi, étions dans le même état d’esprit ce soir et dans ce même étaux se refermant sur nous. L’étau, métaphore pour le désir qui se consumait visiblement toujours entre nous. Oui, ce désir devait le faire chier autant qu’à moi et autant qu’il me… comblait ? Je pourrais l’avouer à demi-mot, mais j’étais en quelques sortes soulagée de renouer avec lui. Non pas en quelques sortes, je l’étais totalement. Mes yeux, mes lèvres, devaient le lui faire sentir. Je préfèrerais toujours ça à nos disputes plus ou moins intense, plus ou moins grave et importante. Suites à nos lèvres, nos mains renouèrent avec nos corps respectif, pour redécouvrir ce que nous connaissions déjà. Son torse bien fait, la moindre parcelle de son anatomie. Pourtant, alors que tout se passait bien finalement, une chose me turlupina. Je voulais que tout soit clair. Je voulais savoir s’il me ferait l’amour que parce que personne ne voulait de lui. Ouai, il avait terriblement envie de baiser et personne ne voulait le satisfaire, alors il optait pour la facilité que je représentais. Au-delà du fait que dans la douche, j’avais bien compris que je ne le laissais pas indifférent, mais est-ce qu’il n’aurait pas réagit de la même manière avec toutes les filles du nid ? S’il s’agissait de ça, j’étais prête à lui mettre la plus grosse tarte dans gueule qu’il n’aurait jamais eut auparavant – et pourtant je parie qu’il en a déjà reçu des tonnes. Comme je l’avais fait pour le lui demander, Andreas vint jusqu’à mon oreille pour me répondre. « Non... c'est parce que personne ne me fait un tel effet ici. » Je ne savais pas comment je devais prendre la chose. Bien ou mal. Flattée d’être la seule à lui faire cet effet, ou au contraire, super vexée de n’être associée qu’à la « chose ». Ouai, j’avais bien l’impression qu’il était sincère, mais je n’arrivais pas à savoir si cette réponse me convenait. Je restais un petit moment, quelques instants, deux petites secondes figées. Finalement, je passais juste ma main contre sa joue, pour pousser légèrement sa tête vers la mienne et capturer de nouveau ses lèvres. Un peu plus doucement que précédemment, mais pas moins emprunt de désir. Tant pis, je me devais de me laisser complètement aller sans regrets. Oh de toute manière, je pense bien qu’Andreas serait celui qui regrettera plus. Quoique, je regretterais sûrement aussi de baiser avec celui qui me rabaissait à l’état de monstre. Mais très rapidement je ne pensais plus à ça. J’avais l’impression que l’eau autour de nous s’était réchauffée grâce à nos corps. D’ailleurs le mien était parcouru de subtile secousse et commençait brûler presque. J’enroulais finalement l’une de mes jambes autour de son bassin pour lui signifier, le plus naturellement du monde, que je voulais terriblement ne faire qu’un avec lui. Comme les trois autres fois. Mieux encore.