Le prime est terminé et il me reste maintenant à aller me coucher comme une enfant après discuté de-ci de-là avec quelques-uns des habitants de cette maison. Cela dit la journée fut longue, surtout en attente, du coup je n’aspire qu’à une chose : dormir. Le seul hic c’est que je n’ai pas de lit. Ma mission pour ce soir sera donc de m’en trouver un. J’ère dans les chambres parfois désertes parfois sans places vacantes. Bon. Avant-dernière tentative, espérons que ce sera la bonne. Déjà ça commence bien puisqu’il y a quelqu’un, un blond que j’ai probablement dû apercevoir une heure plus tôt. Je sais pas, ils défilent tous à la vitesse de la lumière ici. Malgré que je vienne de pénétrer dans sa chambre le candidat ne semble pas remarquer ma présence. Bon… « Hm.HM. » Ah j’ai finalement son attention. « Bonsoir. Il y a de la place dans cette chambre ? » Ai-je l’air d’une Causette ? Très, très probablement. « Je cherche un lit de libre, un quelque part où dormir en fait… » Plus je cherche à me justifier plus j’ai l’air débile. Lord quémander un lit ne m’était jamais arrivé. En soi c’est inadmissible, j’estime que le lit devrait venir à moi et non l’inverse, j’aurais d’ailleurs aimé un lit à baldaquin pour moi seule mais il faut croire qu’ici ce n’est pas le Caesars Palace. « Je ne voudrais pas finir dans le jardin tu comprends, ce serait une calomnie non ?! En tout cas moi je trouve. Mais bon au pire il me reste encore une chambre à visiter. » Je parle trop ? Pour rien ? Qu’il se rassure, j’ai envie de sauter partout mais je me contiens. Je crois même qu’il devrait s’estimer heureux que je reste civilisée aussi longtemps.

Et donc le prime vient tout juste de se terminer, et j'ai été sauvé. Est-il utile de mentionner que j'étais content ? Bon, en fait, moyennement. Alors oui, c'est cool de rester, ici et puis aussi avec les autres candidats, et puis ça me soulage soudainement d'un poids ; celui d'être nominé. Je peux dormir sur mes deux oreilles.. jusqu'à jeudi du moins. Mais d'un autre côté, je me dis que j'ai fait mes valises pour rien et que ça, c'est nul, quand même. Du coup, une fois le prime terminé, j'avais préféré aller regagner ma chambre directement, victime de fatigue, et puis je déposais ma valise ici là dans un coin. Je la rangerai dans les placards demain. Si j'ai le temps. Parce que bon, ok on fait pas grand chose ici mais tout de même ça prend du temps de ne rien faire. Alors soit, il était encore tôt mais là j'avais juste envie de me pieuter. Sauf que je fus rejoint par une femme; si j'en crois la voix. Je ne la reconnais pas tout de suite ; et pour cause, c'est une nouvelle. Je ne la connais pas, je ne sais même pas son prénom mais si elle veut taper discut' ce sera demain. Sauf qu'évidemment elle n'a pas de lit, la demoiselle. Ah. Bah oui. C'est problématique. Pour elle, j'entends. Moi, j'ai mon lit, seul, puisque je pense que Joanès va aller rejoindre Tifenn comme à peu près toutes les nuits qu'il passe dans ce nid. M'enfin je ne le juge pas, il a raison le bougre. Et puis moi ça ne me dérange pas de m'étirer dans un lit tout seul. Faire l'étoile de mer, tout ça. Entre autres. Donc elle cherche un lit. S'il y a un lit de libre ? Je fais le tour de la chambre du regard ; j'essaie de me rappeler qui dort ici, ça change tellement.. pire qu'une boite échangiste ce truc. « Pour être honnête, il n'y a pas de lit libre.. » je me sentirais presque désolé si j'avais pas mes yeux qui se fermaient tout seuls. « ..par contre mon partenaire change souvent de lit donc si tu n'a vraiment nulle part où pioncer tu peux te joindre à moi.. ne t'inquiètes pas je suis sage la nuit et pas pervers du tout » bon ok j'avoue dit comme ça on dirait que oui mais.. non. Si elle accepte je ne vais pas lui sauter dessus. « Seul hic je ne crois pas que ton âge me permette de dormir avec toi » parce que bon dormir avec une gamine de douze ans c'est bizarre quand même.. quoi elle a pas douze ans ?! Donc elle veut pas finir dans le jardin. « Et pourquoi pas ? Il fait chaud ici à Hawaï à cette période de l'année » en vérité j'en sais trop rien. Mais bon, j'essaie de trouver une solution, moi ! Oh !

Que la production me prévoit un lit aurait vraiment été très aimable à eux, ça m'aurait évité de quémander comme une pauvre. Quelle désagréable sensation. « Pour être honnête, il n'y a pas de lit libre.. » Mes espoirs retombent comme un soufflet. Je suis déçue et inquiète à la fois, j’ai vraiment pas envie de me monter un campement sur la plage car clairement ce début d’aventure s’annonce comme une épopée solitaire. Moi qui pensais venir et respirer les joies de la communauté… je trouve que ces gens sentent l’individualisme. « Bon. Tant pis alors ? » Peut-être pas, il renchérit en m’exposant la frivolité de son partenaire.  « Pioncer » ? Comment il parle lui… il faudrait qu’il revoit ses manières. Bon je ne suis pas la personne la mieux placée pour dire ce genre de chose étant donné ma tendance à sortir des grossièretés –tendance plutôt maitrisée pour le moment d’ailleurs. Ça me fait tout de même plaisir qu’il me propose une place, j’ai moins l’impression d’être une indésirable comme ça. « Tu fais bien de le préciser » Bien que je n’avais pas le moins du monde pensé à la possibilité de la présence d’un pervers parmi tous ces candidats… naïveté, sans doute. « C’est cool que tu sois civilisé. » Hm oui vraiment. « Seul hic je ne crois pas que ton âge me permette de dormir avec toi » Mes yeux se foncent et semblent s’emplir de noir, s’il ne voit pas les flammes de l’enfer au fond de mes prunelles c’est qu’il doit certainement être aveugle. « Tu peux répéter ? » Le ton est sec, mon fort accent anglais s’est renforcé. Le menton renfoncé et les yeux tueurs j’ai tout simplement envie de le torturer jusqu’à ce qu’il revienne sur ses paroles. Mes pensées sont un peu royalistes, il est vrai, mais je me sens vulgairement offensée. Je sais très bien ce qu’il insinue, il n’est pas le premier gueux à sortir ce genre d’ânerie dans le seul but d’exposer sa débilité au grand jour. Mais soit, à la volée j'essaie une nouvelle tentative, partant un peu dans mon délire il est vrai. « Et pourquoi pas ? Il fait chaud ici à Hawaï à cette période de l'année » Ce mec est trop désagréable, il arriverait presque à me vexer si j'étais la vraie gentille fifille que je tente d'incarner -et je pense y arriver avec brio, il n'y a pas à dire personne n'est mieux que moi à ce jeu là. « C’est vraiment pas ce que j’espérais… mais euh... tu peux venir m'aider à me construire une cabane s'il te plait ? » Le blondinet me prend pour une gamine alors autant en jouer avec mes grands yeux criant à l'aide.

Non mais alors je crois rêver, là. Déjà que la nana, elle arrive trois semaines après tout le monde, il faudrait en plus lui donner un lit ? Non mais de qui se moque-t-on. Non sérieusement je rigole. À sa place, moi aussi je lui aurais demandé un lit. D'autant plus que c'est normal de dormir dans un lit. Enfin, j'imagine. Enfin soit. Je lui annonce que malheureusement il n'y a pas de places, ou du moins de lits libres dans cette chambre. C'est vrai, en plus. Ce n'est même pas un vieux mensonge pour la faire dégager de ma chambre, en plus. Mais bon, je lui propose quand même de dormir avec moi. Je suis gentil, quand même. Non, attendez, je suis adorable. Oui, voilà le mot qui convient. Adorable. C'est ça. Enfin soit. Je lui dis que je ne suis pas pervers, parce que figurez-vous que c'est la vérité. Eh oui. Pas pervers du tout. Et puis de toutes façons vu son âge.. depuis quand on accepte des mineurs ici sérieusement ? « Oui tu as vu des fois ça arrive » que je lui dis lorsqu'elle me balance que je suis civilisé. Je sais pas si c'est ironique mais pour le coup je m'en bats grandement la race, là. J'ai juste envie de dormir mais je dois d'abord aider la nouvelle à trouver un endroit où, elle, dormir. Quand je dis que je suis adorable.. enfin visiblement cette pensée n'est pas partagée par la jeune femme puisqu'elle me demande de répéter avec un ton qui me donnerait presque envie de prendre mes jambes à mon cou. Presque, hein. Visiblement, elle est vexée. Mais je suis claqué, donc je m'en fous, là. « J'ai juste dit que je ne voulais pas passer pour un pédophile. » je hausse les épaules. Ca se trouve, elle est plus vieille que moi et je vais passer pour un con, mais bon tant pis, hein. Par la suite, elle m'annonce qu'elle ne veut pas dormir dans le jardin. J'essaie de l'en convaincre ; après tout il fait beau à cette période de l'année. Sauf qu'elle me demande de l'aider à construire une cabane. Je rigole. Comme un con. Elle est sérieuse, la petite ? « Je te demande pardon... » ok elle fait jeune mais faut pas abuser. « Tu veux pas non plus jouer à la dînette ? » elle va me foutre une baffe je vais rien piger.

« Oui tu as vu des fois ça arrive » Pardon ? Je ne comprends pas. J’hoche la tête, sourcils froncés par l’incompréhension. Tant de sarcasme en retour d’un compliment c’est  décidément très agressif. Je trouve d’ailleurs que cet homme a une certaine tendance à être déplaisant et disons qu’il vient de mettre le doigt là où il n’aurait pas dû. S’il y a bien quelque chose qui m’énerve c’est bien la stupidité de croire à la relativité de l’âge et de la maturité. Naturellement j’ai envie d’exploser mais je me contiens, il me faut un lit et monsieur vient de me proposer une place à ses côtés. « J'ai juste dit que je ne voulais pas passer pour un pédophile. » Connard. Les dents serrées je tente de garder la face, j’aurais bien l’occasion de lui faire regretter ses paroles. « C'est tout à ton honneur. » Que j'arrive à souffler calmement. Le pire c’est lorsqu’il me propose d’aller dormir dans le jardin, enfin j’ai moi-même émis cette hypothèse mais il n’y avait là rien de bien sérieux. Si j’avais eu l’occasion de dialoguer avec le garçon avant de songer à ce genre d’idée alors j’aurais su qu’il aurait été plus intelligent de garder mes idées pour moi. De toute évidence il est de mauvaise foi. « Je te demande pardon... Tu veux pas non plus jouer à la dînette ? » Moi qui pensait qu’il allait se décider à me libérer un lit par flemme de se bouger à l’extérieur j’avais tout faux. Mh. J’en peux plus, quel gros lourd ! « Bon ça va, t’as quel âge Ken ? Je ne pense pas qu’on ait tant de différence toi et moi alors tu vas arrêter tes allusions de paysan dans la minute qui suit car sinon tu risques de le regretter très amèrement puisque de toute évidence je dors à côté de toi. » Voilà, ça c’est réglé. Bras croisés, menton relevé et regard insistant je lui conseillerais même de garder un œil ouvert dans la nuit mais il ne le mérite pas. Bien, il est maintenant temps que je m’installe puisque de toute évidence je me fiche de ce qu’il peut penser. Trainant mes affaires derrière moi, je trouve un petit coin où je pourrais m’installer tranquillement, cela dit il faudrait quand même que je m’informe du réel propriétaire de cette moitié de lit car je ne voudrais pas déranger cette personne-ci. Le blond par contre … j'en ai strictement rien à faire.

Mais. J'y peux rien, moi, si elle a pas de lit. Et puis j'y peux rien non plus si elle a l'air d'avoir douze ans. Non mais. Elle a l'air énervée, un peu. Je pense. Je trouve, du moins. Elle n'a pas l'air sereine, voire calme, même, je pense que si elle pouvait me fusiller rien qu'avec le regard, elle le ferait. Ce qui en soi serait assez utile même pour moi qui suis généralement quelqu'un d'assez calme et posé, mais bon il y a forcément des gens dans la vie de tous les jours qui me gavent plus qu'autre chose et les tuer serait une solution. Mais bon je veux pas croupir en prison. C'est pas cool, la prison. Eh non. Passons. Non sérieusement, je la tacle sur son âge mais je sais même pas quel âge elle a, en fait. La nana a peut-être trente-cinq ans que je serais incapable de le voir, moi et ma blondeur légendaire. Enfin bon, au fond c'est pas de ma faute, hein. Et puis je ne dois pas être le premier à se questionner sur son âge.. si ? Non je ne pense vraiment pas. Enfin soit. Et là, elle me sort quoi ? Qu'elle veut faire une cabane. J'étouffe un rire. Non mais c'est une blague. Du coup, je lui propose la dinette, sauf qu'évidemment la jeune femme ne semble pas tout à fait ravie. J'aurais du m'en douter, c'est une femme, elle n'est jamais contente. Incroyable, ces nanas. Mais je vais me taire, elle serait capable de sortir que je suis misogyne en plus de tout ce qu'elle peut me reprocher. Bon, là, elle s'énerve, mademoiselle n'est pas contente. Bouh. Elle me fait peur en plus. Je prends le Ken, par contre, ça j'aime bien. Enfin je ne lui ressemble pas mais ça doit être la couleur de cheveux qui fait ça hum. Là elle me sort que finalement je ne dois pas faire le malin car elle va dormir avec moi. Ah. J'ai intérêt à me tenir à carreaux si je ne veux pas qu'elle me castre en pleine nuit. C'est dans mon intérêt. « Ok, cool. » c'est tout ce que je trouve à redire. Elle est exaspérante. Je ne vais pas dire que je ne l'aime pas, au contraire elle me fait plutôt rire, mais elle va même jusqu'à me fatiguer physiquement, en fait. Incroyable. « Et j'ai vingt-et-un ans. Et toi ? Histoire qu'on soit fixés direct » parce que putain ça me saoule, je veux juste dormir moi, alors accouche. Je la vois s'installer sur un lit, ouais mais non c'est pas celui-là le mien. Non parce qu'en plus de me les casser assez sérieusement elle va pas aller dormir entre Babou et Faust quand même. « Le mien est là, maligne » que je dis en pointant le lieu de nos futures nuits de bonheurs nos deux corps enlacés et amoureux.. non mais je rigole. Je veux juste qu'elle se taise. S'il vous plait. Merci.

Le blondinet n’a pas l’air contre le fait que je dorme avec lui, son voisin doit vraiment être beaucoup absent alors… peut-être qu’il en souffre et qu’il est content que j’arrive pour le sauver de la solitude ? En tout cas moi à sa place je le serais. « Et j'ai vingt-et-un ans. Et toi ? Histoire qu'on soit fixés direct » Hm j’hésite… « Pareil. » Un mensonge de plus ou un de moins à vrai dire je crois que je ne les compte même plus. Je veux simplement qu’il me foute la paix et lui rabattre son caquet, on lui annonçant mes 19 ans il aurait sûrement trouvé quelque chose à redire. Là au moins je suis sûre qu’il ne trouvera aucune réflexion à propos de l’âge. « Le mien est là, maligne » Où donc ? Je suis son doigt du regard et comprends que je me suis égarée. Trompée de lit. Même s’il est agaçant je suis contente qu’il m’accepte, j’avais peur d’être encore seule. « Oh d’accord, c’était bien trop difficile à deviner. » Je débarque tout juste ici, il pourrait être un minimum indulgent. D'ailleurs je ne relève pas son petit mot d'affection puisque ça n'en vaut pas la peine, je crois qu'il a déjà atteint son quotient "haine" pour la soirée. Rangeant mes affaires soigneusement pour le peu que j’avais déballé, je finis par les mettre dans un coin qui ne dérangera personne. Observant le lit désigné par mon nouveau et premier camarade de couchette de l’autre bout de la pièce, je prends finalement mon élan et… go ! Courant à petits pas rapides je me lance sur le lit et me fourre en boule une fois mon corps sur le matelas. Roule, roule petite boule. Je roule comme une enfant mais qu’importe puisque maintenant il pense que j’ai 21 ans. « Tu dors de quel côté ? » Je finis finalement par me stopper afin de coller mes yeux sur le plafond en position étoile de mer. « Et comment tu t’appelles ? » J’aimerais tout de même savoir avec qui je vais dormir.