MALO

J'avais besoin d'être seul, je crois. Depuis le départ d'Evadne, j'avais réellement pris conscience que l'aventure prenait un tournant décisif, que le tout n'était plus qu'à porté de main. La fin était proche. Et quelque part je n'avais pas envie de quitter ces gens, quitter cet endroit, pour revenir dans ma petite piaule enchaîner deux jobs qui ne me font plaisir et ne me rapportent rien. Perdre du temps encore et encore. Parce que malgré tout, cette aventure m'avait fait prendre conscience d'une chose, c'est que malgré le fait que j'étais libre, tout ce temps gâché pour rien, ça me bouffait littéralement ma joie de vivre. Mon happy ending. Alors je m'étais isolé, histoire de réfléchir à tout ça, me plaçant sur le lit de la chambre Maid Maleen, un plateau repas derrière moi, une guitare sur les jambes et une tonne de textes, descriptifs et dessins, prototypes éparpillés devant moi, sur le lit. Grattant un morceau au hasard, je m'amusais à fredonner quelques paroles, la musique m'aidant à mettre les choses à plat, avoir l'esprit clair et apaisé. « If you're lost and alone,or you're sinking like a stone, carry on. » c'était le premier morceau qui me passait par la tête, et alors que mon regard continuait de parcourir les feuilles à la recherche d'une nouvelle idée, à insérer dans le monde que j'avais créé, je continuais à jouer « May your past be the sound of your feet upon the ground, carry on. » bon je chantais juste, j'avais une voix ni belle ni affreuse, c'était juste passable quoi, je ne cherchais de toute façon pas à aller dans l performance, juste me reposer. Et quelque part, ça marchait. Mes yeux grattaient mes feuilles du regard, alors que je notais quelques indications dans le coin d'un feuille, reprenant le morceau, puis s'arrêtant de nouveau lorsqu'une nouvelle idée me venait. Le travail m'aidant à m'évader.

Trois jours passèrent. L'anglais cherchait de l'isolement, le retrait. Aucun lieu dans les environs et dans le château ne lui convenait. Il avait encore l'accès à la chambre secrète. La chambre Maid Maleen. La pilule n'avait toujours pas passé. AJ était partie et lui était encore là, à se morfondre de façon pitoyable. Il était dans le lit avec sa partenaire qui s'était endormi alors qu'ils discutaient tranquillement. Il n'arrivait pas à fermer les yeux. Le départ de la rousse était encore ancré dans son esprit. Il s'agitait dans ses draps, sans retrouver le sommeil. Il décida de se lever et de prendre l'air. Il enfila un peignoir et regarda le réveil posé sur la table de chevet. Il était tôt dans la matinée. Environ quatre heures du matin. Les autres candidats ne l'entendirent pas sortir de la chambre. Accompagné de sa canne, il se dirigea vers le bout du couloir et arriva devant les escaliers aux trois cent trente-trois marches. Il mit son pied sur la première marche, puis commença la montée. Il atteignit la dernière marche non sans difficulté. La respiration haletante, il posa une main sur le poignet de la porte et fut déconcerté de voir qu'elle était déjà ouverte. Il entra et vit Jamie sur le lit entouré d'un amas de papiers. Des dessins pour la plupart. Il tenait une guitare à la main. Sa voix se posa par-dessus. Il l'écouta sans faire de bruit. Il s'arrêta de jouer pour griffonner deux-trois choses sur les feuilles. Il s'avança vers lui, le sourire aux lèvres. - Tu as l'air d'être occupé. Je devrais peut-être te laisser. Il ramassa une feuille qui était au sol. Il la lui tendit avant de soupirer : - Toi non plus, tu n'arrive pas à dormir ?, demanda-t-il. Il resta debout face à lui, tout en l'observant.

J'avais déjà l'impression que cette semaine allait s'écouler lentement, très lentement. J'avais même la nette impression que j'étais de moins en moins à la hauteur de cette aventure, que j'étais de plus en plus discret, de plus en plus transparent. Moins utile aux yeux des autres candidats. Et pourtant, je me retrouvais troisième dans leurs notes, chose que je ne comprenais absolument pas, et qui me dépassait. Alors peut-être que le tout n'était qu'une impression oui, peut-être avais-je juste une plus mauvaise opinion de moi que les autres, il faut dire que je n'avais jamais l'occasion de me trouver mis en valeur, pensant même qu'à ma première nomination, je serais le candidat éliminé. C'était très certainement le cas d'ailleurs puisque la prochaine me serait décisive, après tout, la fin approchait, et je ne me voyais clairement pas décrocher une place en finale, je ne trouvais même pas que je la méritais. Alors j'étais là, chassant toutes ces réflexions de ma tête, cherchant à faire le vide, me plongeant littéralement dans mes feuilles, dans mon travail pour essayer de faire abstraction de tout le reste. Et ça marchait, ça marchait même excellemment bien. Si bien que je ne remarquais que plus tard la présence de Malo, s'infiltrant dans la pièce. « Tu as l'air d'être occupé. Je devrais peut-être te laisser. » mon sourcil droit s'arqua alors que mes yeux éclatants se posaient sur le visage du jeune homme. J'étais surpris, après tout on ne croisait que très peu de monde à quatre heures du matin, non ? « Toi non plus, tu n'arrive pas à dormir ? » me dit-il en me tendant une feuille qui s'était glissée jusqu'au sol. La saisissant, je lui répondais alors à mon tour. « Hum... non reste, j't'en prie. » après tout, je me voyais très mal chasser Malo de cette chambre, surtout en sachant qu'il avait autant le droit d'y être que moi. De toute façon ce n'était naturellement pas mon genre que de ne pas accepter la discussion. Je déposais alors ma guitare à côté de moi, poussant légèrement les feuilles pour lui faire une place « Je... Oui... non... enfin je n'sais pas. » ouais tout était trop confus « Je crois que j'suis juste un peu paumé dans ma tête en ce moment, et que j'ai besoin de faire le vide. » je secoue légèrement mon crâne de droite à gauche avant de reprendre « C'est tellement pas mon genre que de me prendre la tête pour des histoires de ce genre... » mes yeux parcourent les feuilles sans oser grimper jusqu'à son regard. Finalement je reprends la parole en un léger rire « Tu sais que... j'ai repoussé les avances de Santiago l'autre soir juste parce que c'était hum... lui... et pas toi ? » je passe une main dans ma nuque « Et c'est complètement stupide, t'es pas d'accord ? » ma voix se veut incertaine, quelque peu ironique, comme si je m'auto-lapidais à l'heure actuelle.

oups, j'pensais pas avoir écrit autant.

Quand Jamie saisit la feuille, il répondit : - Hum... non reste, j't'en prie. Ce qui le fit sourire malgré la fatigue. Il étouffa un bâillement. Il n'était pas prêt de s'endormir tout de suite. De toute façon, il fuyait le sommeil depuis quelques jours. Les seules fois qu'il parvenait à fermer les yeux c'était souvent par mégarde, par accablement. Il l'observa s'affairer à mettre de côté sa guitare et à pousser les feuilles pour lui une place pour s'asseoir. - Je... Oui... non... enfin je n'sais pas. Tout semblait confus dans sa tête. Amusé, il s'assit à côté de lui et le regarda avec douceur. - Je crois que j'suis juste un peu paumé dans ma tête en ce moment, et que j'ai besoin de faire le vide. Il comprenait très bien ce qu'il ressentait. Lui aussi avait besoin d'isolement. Mais c'était impossible avec ses caméras qui étaient constamment braquées sur eux. Il voulait un espace intime pour mettre de l'ordre dans son esprit. De jour en jour, son humeur s'améliorait mais elle restait versatile. Il remontait doucement la pente. - C'est tellement pas mon genre que de me prendre la tête pour des histoires de ce genre... Il posa une main chaleureuse et amicale sur son épaule pour le réconforter un peu. Son regard azuré s'attendrit. Il lâcha un rire nerveux avant de poursuivre : - Tu sais que... j'ai repoussé les avances de Santiago l'autre soir juste parce que c'était hum... lui... et pas toi ? Il sentit un moment mal à l'aise face à cette déclaration. Il ne savait pas quoi lui répondre. Il en restait abasourdi. Il se caressa la nuque. Sans doute aussi gêné que lui par la situation. - Et c'est complètement stupide, t'es pas d'accord ? Il soupira puis s'enquit de lui demander : - Regarde-moi Jamie, s'il te plaît. Leurs regards se croisèrent. - Non, je ne trouve pas ça stupide., répondit-il d'un ton sérieux. Un sourire se dessina sur ses lèvres. L'anglais pensait qu'il avait passé à autre chose. Il le sentait encore attaché à lui. Cela devenait perturbant pour lui. Cependant, il n'arrivait pas à le repousser. - Tu es encore attiré par moi, n'est-ce pas ?, soupira-t-il. Il ne savait plus quoi dire pour le dissuader de ne pas trop s'attacher à lui.

J'avais eu beau essayer de surmonter ça, c'était stupide, mais mon attirance pour le jeune homme ne semblait clairement pas vouloir s'effacer. Non pas que j’espérais encore quelque chose entre nous, non, clairement pas, cependant... je ne sais pas... je n'arrivas juste pas à passer outre. Il devait me trouver pitoyable à l'heure actuelle, et je l'étais, clairement. Après tout il m'avait clairement expliqué que lui n'était absolument pas attiré par moi, lors de la semaine passée... Alors pourquoi je m'attachais comme ça ? J'étais vraiment trop fleur bleue, c'en était désolant. « Regarde-moi Jamie, s'il te plaît. » j'hésitais, car je ne savais pas comment il allait me percevoir, de nouveau. Sil il allait être déçu ? S'il allait être déconcerté, dégoûté, désolé ? Ouais, là tout de suite, j'avais peur de croiser son regard, de lire toutes ces émotions, être encore une fois pris au dépourvu. Pourtant j'osais. Et mon regard croisait le sien. « Non, je ne trouve pas ça stupide. » mes sourcils se froncèrent légèrement, le questionnant du regard alors que ma tête de penchait légèrement sur sa droite, sans que je n'y prête réellement attention. Mais plus que du questionnement, un réel besoin de reconnaissance, de réconfort pouvait se lire à travers mes yeux. Pourtant ses lèvres s'étirèrent un peu plus. J'eus envie de le suivre, mais n'en trouvais cependant pas la force. Pas tout de suite tout du moins. « Tu es encore attiré par moi, n'est-ce pas ? » la question fatidique, qui semblait maintenant si évidente et dont la réponse l'était très certainement tout autant « Désolé... » ouais, m'excuser, c'était au final tout ce que je savais faire. Mon regard s'échoua une nouvelle fois sur les draps, pivotant un peu plus sur ma droite, pour en fouiller les feuilles disposées non loin, comme pour trouver une réponse « Désolé mais... » finalement mes yeux étaient remontés un instant aux siens avant que mes paupières ne se ferment « Mais... mais t'en fais pas, c'n'est pas ta faute, c'est juste moi... c'est... c’est toujours ma faute, d'accord ? » continuais-je à toute vitesse, en une seule inspiration. C'était tellement évident. Et malgré tout, j'avais tellement peur qu'il s'éloigne.

Cette situation devait cesser parce qu'un des deux allait sortir de cette histoire blessé et frustré. Il ne pouvait pas répondre favorablement à ses avances, car cela ne serait pas correct envers lui et se serait lui mentir. Et cela, il voulait éviter à tout prix. Leur amitié était plus importante à leurs yeux. Il ne pouvait que compatir à sa peine. Il voulait le consoler, mais il n'osait pas le prendre dans ses bras de peur de susciter du trouble chez lui. C'était une véritable torture pour lui de le voir si abattu. La réponse était limpide et concise. Il était toujours attiré par lui. Il eut un léger pincement au coeur quand il l'entendit s'excuser une première fois, puis une deuxième. C'en était trop. Il devait régler cela comme des adultes. Comme des hommes. - Mais... mais t'en fais pas, c'n'est pas ta faute, c'est juste moi... c'est... c’est toujours ma faute, d'accord ?, répondit-il à un rythme effréné. Vraisemblablement, cette situation lui était tout autant inconfortable que pour lui. Il fronça légèrement les sourcils et dit d'un ton sec : - Pourquoi t'excuse-tu au juste ? Ce n'est de la faute à personne ? Et surtout, pas de la tienne. Tu m'entends ? Sa mâchoire durcit quelque peu. Sa gorge se noua. Il le prit dans ses bras dans une étreinte virile et sans ambiguïté et lui souffla à l'oreille : - Je suis désolé. Je sais que tu souffre en ce moment. Mais il va falloir que ça s'arrête. Il se recula un peu. Leurs visages étaient à quelques centimètres de l'un et de l'autre. - Je crois que ce serait mieux pour toi que je m'éloigne un peu. Le temps pour toi de tirer ça au clair. Je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne me laisse pas le choix. Sa voix était basse. Son regard s'était assombri. Il ne voyait pas d'autre solution pour remédier à cela. Il se leva. Il commençait à faire tard. Il devait retourner à sa chambre. Mais quelque chose l'empêchait. Il restait figer sur place. Il avait conscience de l'avoir blessé en disant cela. Il devait remettre ses idées en place. C'était pour son bien qu'il faisait cela et non pour soulager sa conscience.

Ouais voilà, il n'y était pour rien, tout était de ma faute. De toute façon, tout était toujours de ma faute, c'était moi qui déraillais toujours en premier, c'est à cause de moi que les problèmes se créaient. Je voyais le regard du jeune homme se durcir de seconde en seconde et le prenais réellement comme une lance tranchant mon coeur. Parce que malgré tout, il devait savoir tout autant que moi que ce regard ne me faisait sentir que d'autant plus coupable. J'étais la seule raison pour laquelle il allait devoir mettre une barrière entre nous. « Pourquoi t'excuse-tu au juste ? Ce n'est de la faute à personne ? Et surtout, pas de la tienne. Tu m'entends ? » et pourtant j'avais réellement l'impression que c'était le cas, je veux dire, il n'y avait rien de plus évident non ? Finalement le jeune homme s'avança et me prit dans ses bras le temps d'une poignée de secondes, comme pour me réconforter, sauf que cet étreinte avait plus le gout d'un au revoir. Surtout d'un adieu. « Je suis désolé. Je sais que tu souffre en ce moment. Mais il va falloir que ça s'arrête. » mes sourcils se froncèrent légèrement alors qu'il se retirait légèrement. Son visage ne se tenait que quelques centimètres plus loin, juste en face du mien. Je pouvais même sentir son souffle chaud s'abattre sur mes lèvres. Mais aucune ambiguïté remarquable. « Je crois que ce serait mieux pour toi que je m'éloigne un peu. Le temps pour toi de tirer ça au clair. Je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne me laisse pas le choix. » mes yeux se baissèrent. « Je... je comprends. » oui je comprenais malgré tout, et ce même si je n'en avais clairement pas envie. Oui, la dernière chose dont j'avais envie, c'est qu'il passe la porte. Pourtant il se leva. Je ne relevais les yeux que lorsque je le voyais plus loin que je ne le voulais. Il s’apprêtait à passer la porte lorsqu'il se figea. Je secouais légèrement la tête de droite à gauche. « Non... attends. » mon regard se voulait suppliant alors que je venais de me lever, sur une impulsion « Un baiser... » mes yeux remontèrent un instant à lui après s'être échoués sur le sol « Un baiser, et si tu ne ressens rien, je ne viendrai plus jamais te poser de problème. »

Il voulait quitter la pièce et s'éloigner de lui. Mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas tout simplement parce qu'il tenait au jeune homme. Il ne ressentait pour lui qu'une profonde amitié et rien d'autre. Il espérait qu'il le comprendrait. Il lui tournait le dos. Il n'avait pas envie de lire de la déception dans ses yeux azurés. Cela le déchirerait le cœur. Jamie l'interpella : - Non... attends. Il soupira et ferma les yeux un instant avant de se retourner. Il le dévisagea intensément en arborant une mine sérieuse. Il se leva d'un geste vif. - Un baiser..., commença-t-il à formuler. Il haussa les sourcils. Il rencontra son regard. Un regard suppliant. Il se gratta le front en signe de nervosité. Malo était quelqu'un de compatissant et généreux. Ce baiser serait une très mauvaise idée. Il n'arrivait pas ouvrir la bouche et le dire haut et fort. - Un baiser, et si tu ne ressens rien, je ne viendrai plus jamais te poser de problème. Il hésitait car au final, il savait que rien ne changera entre eux après ce baiser. Un baiser ne suffirait pas à le troubler, ni à le faire changer d'avis. Néanmoins, il allait lui accorder ce qu'il souhaitait depuis longtemps. Après tout, un baiser n'allait pas le tuer. Un baiser restait un baiser. Il haussa les épaules. Il s'avança doucement vers lui. Leurs visages se rapprochèrent. Il sentit son souffle chaud caresser ses joues. Le blond plongea son regard dans le sien. - Si c'est ce que tu veux ... Alors ... Il déposa ses lèvres sur les siennes avec douceur. Leurs lèvres se touchèrent. Il approfondit le baiser. Leurs souffles se mêlèrent. C'était la première fois qu'il embrassait un homme. Il ne trouvait pas cela désagréable. Cependant, il ne ressentait aucune frisson. Son palpitant battait à un rythme régulier. Il se détache de lui et recula de quelques pas. Il se caressa ses lèvres du bout des doigts et sourit : - Je dois dire que tu embrasses bien. Son sourire s’effaça. - Mais cela ne change rien à ce que je ressens pour toi. Je suis désolé ... Là, il avait l'impression d'être le bourreau. Il n'aimait pas se comporter ainsi. Il ne pouvait pas mentir. C'était au-dessus de ses forces.

Le jeune homme ne se retourna qu'après un certain moment, peut-être un moment d'hésitation. Surement d'ailleurs. Plus j'y réfléchissais, et plus ma demande me semblait stupide. Enfin ça me paraissait évident qu'il n'allait pas changer tout un mode de vie rien qu'après un baiser, et surtout pas pour moi. Clairement, il y avait plus attirant que moi au sein du nid, que ce soit au niveau physique comme au niveau caractère. J'étais juste naïf et compliqué. Et au fur et à mesure qu'il s'approchait, j'avais juste envie de continuer à me lapider comme j'avais finalement pris l'habitude de le faire. Je ne comptais même plus les bleus. « Si c'est ce que tu veux ... Alors ... » dit-il, à quelques centimètres de mon visage. Si c'est ce que je désirais ? Non, ce que je voulais réellement, c'est de ne pas avoir à le lui demander. Mais ça, c'était vraiment quelque chose d'encore plus stupide que l'idée qu'il puisse m'embrasser par charité. Parce qu'au final, c'était ça, de la charité. Ses lèvres se déposaient alors sur les miennes alors que je n'osais même pas savourer ce moment, me contentant machinalement de me joindre à ses mouvements. Lorsque finalement il se retira, je n'eus que d'autant plus honte de moi. Il se caressa un instant les lèvres avant de reprendre la parole « Je dois dire que tu embrasses bien. Mais cela ne change rien à ce que je ressens pour toi. Je suis désolé... » un sourire s'esquissa sur mes lèvres avant qu'un léger rire ne raisonne dans la pièce « Ne t'en fais pas, de toute façon j'en ai vu d'autres ! » j'hausse les épaules « Comme on dit, un de perdu, dix de retrouvés ! » et là, j'avais juste carrément envie de mourir sur place. Jouer la carte de l'humour dans ce genre de situation pour cacher son malaise, c'était clairement la dernière carte qu'il me restait. Faire bonne figure. Faire bonne figure.

Faire bonne figure.

Jamie lâcha un petit rire. Un rire qui n'était pas naturel. Un rire pour combler un certain vide. L'embarras ne faisait qu'accroître. L'anglais ne savait plus où se mettre. Il n'osait même plus regarder. De peur d'y lire de la déception dans ses prunelles azurées. Quelque chose s'était brisé en Jamie. Suite à ce baiser, leur relation allait être différente. Il n'avait pas fait cela parce qu'il avait pitié de lui. Non. Il tenait beaucoup à lui mais pas dans le sens qu'il voudrait. - Ne t'en fais pas, de toute façon j'en ai vu d'autres ! Il savait qu'il n'était pas le premier à l'avoir rejeté. Il en avait connu d'autres. Mais il ne connaissait trop bien que ce sentiment de rejet. Il compatissait avec lui. Il était jeune. Il connaîtra d'autres déceptions, d'autres rejets. Il voulait lui donner une tape amicale. Mais ce serait déplacé. Il ne trouvait plus les mots pour le réconforter. Il ne pouvait plus rien y changer. Il préférait rester à l'écart pour l'instant. En attendant, il fixa le sol comme si il y avait un quelconque intérêt. - Comme on dit, un de perdu, dix de retrouvés ! Il n'aurait pas du l'embrasser. La situation était encore pire ce qu'il croyait. Il n'y avait pas de retour en arrière. Il assumait complètement ce qu'il avait fait. Si il venait à être interroger, il ne le nierait pas. Il respectait beaucoup trop le jeune homme pour faire cela. Il leva les yeux en sa direction. Il ne souriait pas. Ce n'était pas drôle. Jamie encaissait comme il pouvait. Leur amitié allait être désormais différente. Malo décida ne pas revenir sur sa décision. L'éloignement serait le mieux pour tous les deux. Cela l'attristait au plus haut point. Le candidat ne lui donnait pas le choix. - Je vais te laisser. Il est tard. J'ai besoin de dormir., dit-il las. Il se retourna et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit. - Bonne nuit, Jamie. Il sortit de la chambre et referma la porte derrière lui.

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