Y’a le cadran qui sonne. Est-ce que y’a réellement le cadran qui sonne, là, maintenant ? Et bien merde. Je suis en plein milieu d’un rêve érotique, y’a pas moyen que ça sonne plus tard. En plus, il est super tôt. Long soupire d’exaspération, alors que je me retourne dans mon lit, ma chevelure blonde en bataille et le pli de l’oreiller étampé dans le visage. Manquerait plus qu’un filet de bave au coin de la bouche et je ressemblerait à une vieille ivrogne qui a passé la nuit à boire. Ce qui n’est pas plus faux, finalement. La tequila, maudite tequila. Je ne vais jamais me dompter, à chaque fois, c’est la même chose. En plus, cette fois-ci, j’avais réellement promis de ne boire qu’un verre et de venir me coucher pour être en forme aujourd’hui. Ce qui n’est pas le cas. Je lève la tête difficilement pour poser mon regard sur le fameux cadran. 5h30. Je dois être sur le plateau de tournage dans trente minutes. Ce n’est pas mission impossible, mais je vais devoir me bouger le cul. Faut pas que j’arrive en retard, sinon je risque de me faire tuer par le réalisateur. Surtout qu’il m’a prévenu, je dois arrêter de faire des conneries, sinon il va se faire un plaisir de me monter une mauvaise réputation et plus personne ne va vouloir de moi dans leur film. Géniale. Je retournerai au porno, au pire. Non, non, ça c’est du passé, je n’ai pas fait tout ce chemin pour retourner à la case départ. Je prend donc tout mon courage en main et me lève lentement, parce que ma tête tourne légèrement et je me rend à la salle de bain pour prendre une douche en vitesse, ne prenant même pas soin de me sécher les cheveux, de toute façon, mon coiffeur va s’en charger. Une fois habillée, je passe par la cuisine, ouvre le frigo pour me prendre mon meilleur ami, le redbull et je suis prête à partir, sautant à bord de ma voiture, direction les studios de Universal. C’est fou, comme les choses changent en quelques années. Parce que même si mon rêve à toujours été d’actrice et d’obtenir un réel succès, je n’arrive toujours pas à croire que j’y suis parvenu. Enfin, faut me regarder, en même temps, c’est assez normale. Je suis une bombe et j’ai du talent, j’étais donc prédestinée à être célèbre. Faudrait tout de même que j’essaie de rester au top, et ne pas sombrer et devenir une pauvre hasbeen sans importance. Parce que c’est ce qui est difficile ici, rester au sommet. Mais je crois que je vais y arriver. Et une petite gorgée de boisson énergisante de plus, parce que je sens mes yeux fermer tous seuls, merde. Je débarque juste à temps dans les studios, enfin, avec dix minutes de retard... C’est pas si pire que ça. J’entre telle une tornade dans la place, saluant maquilleuses et coiffeurs au fur et à mesure que j’avance, forçant un peu sur le sourire, mon mal de tête ayant empiré en cours de route. La journée sera longue je le sens. Surtout qu’on tourne une scène assez importante aujourd’hui. Je m’installe à ma chaise, une des assistante approchant vers moi, un café à la main, un verre d’eau dans l’autre. « Mon dieu, t’es un amour. » dis-je instantanément à la demoiselle, alors qu’elle me sourit timidement. Elle est nouvelle la petite, mais elle fait bien son boulot. Je prend une gorgée d’eau, essayant de me détendre. Puis, mon regard se pose sur un bout de papier qui attire mon attention. Oh les petits salauds. Il est à qui ce magazine ? Je tire sur la revue pour me rendre compte que ma photoest en première page du People, avec comme titre: Un nouvel homme à chaque soir, Chloe est accro au sexe. Comme c’est drôle ! En fait, ça ne m’affecte pas vraiment, je m’en fou même. J’imagine qu’à l’intérieur, il reparle pour la millième fois de ma carrière dans le domaine du X et à quel point j’enchaîne les conquêtes. Bien. Au moins, ils parlent de moi. Parlez de moi en bien, parlez de moi en mal, l’important, c’est qu’on en parle, non ? Un sourire léger apparaît sur mes lèvres alors que je pose mon regard au travers du miroir sur l’homme qui vient de faire son entré. Micah. Parce que le hasard fait bien les choses, je me retrouve à partager l’écran avec un ancien candidat de Fake Lover. Je ne le savais pas, en fait, je ne le connaissais pas avant de l’avoir rencontré pour le film, puisqu’après avoir participé à la célèbre télé-réalité, je n’avais pas remis le pied en Irlande. J’avais été surprise, agréablement surprise même, parce qu’il est plutôt mignon, je l’avoue. On s’entend assez bien lui et moi. Je l’ai même dans l’oeil en ce moment, mais chut, c’est un secret... hum... secret pour personne. J’ai déjà été subtile dans la vie ? Non, jamais. Mais bon, il a un copain... Alors je m’amuse simplement à flirter, j’imagine qu’il n’est pas attiré par moi. LA BONNE BLAGUE. Non mais il est attiré par moi, je suis certaine. « Alors mon beau, c’est aujourd’hui qu’on s’envoie en l’air ! J’attend ce moment depuis la première fois que je t’ai vu ! » dis-je haut et fort à son intention alors qu’il s’avance en ma direction. Il est question d’une scène assez intime entre nos deux personnages aujourd’hui. Dire que je joue une fille plutôt réservée dans le film... Tout mon opposé. Je fixe Micah toujours au travers du miroir alors que mon coiffeur c’est déjà mis à la tâche. « Ça me stresse... Avec tous les gens qui vont nous regarder... Et je vais être nue. Mon dieu... » ajoutais-je en mettant ma main devant ma bouche, comme si j’étais réellement horrifié par cette scène à venir. Je suis une bonne actrice, c’est connu, non ?! N’empêche, va falloir que je me réveille un peu, parce que une telle scène avec la gueule de bois, ça va pas le faire.

Quelqu'un peu me dire ce que j'fous dans cette chambre d'hôtel à Los Angeles à trois heures du mat entrain de changer la couche de ma fille ? J'ai la tête dans le cul, j'suis censé être à l'autre bout de la ville dans trois heures. Et pourquoi ? Parce que je me suis dit que j'pourrais être acteur. La bonne blague. Non j'vous jure, j'suis un putain d'acteur, un acteur sans film, enfin si, un film, celui sur lequel j'dois être dans trois heures. Et pourquoi ? Parce qu'il parait que j'ai une belle gueule, que j'passe bien à la télé. Et que j'ai une gueule à faire du cinéma. Et sinon j'étais bourré quand j'ai accepté ce truc ? Surtout que mine de rien j'aime bien tirer sur des gens. Ouais, j'kiffe tirer sur des abrutis et alors ? J'ai le droit non ? J'suis un putain de héros il parait, alors merde, j'fais ce que j'veux encore. En plus, le plus drôle c'est que j'suis dans ce putain de film, avec cette fille. La nana qui faisait du X, elle était dans Fake Lover, un peu avant moi. Et c'est drôle qu'on se retrouve à faire un film à l'autre bout du monde. A moins que ce soit du foutage de gueule, ouais, si ça s'trouve le réalisateur de fout de notre gueule ? Quoi que je m'en fous, j'peux bien faire le guignol avec une blonde sur un film vu le prix où j'suis payé. J'fous la petite au lit, et je retourne dans mon propre pieu, Vadim s'est étalé, alors je le bouge un peu. Il grogne mais me laisse de la place quand même. Quel amour. Hum, si si, c'est vrai. Je me rendors finalement, mais pas pour longtemps puisque déjà l'alarme de mon téléphone sonne, putain ! J'tends le bras, enfin j'essaye de tendre le bras alors que ce truc va réveiller toute la ville si je ne l'arrête pas. Putain de putain de putain de merde ! Pourquoi j'peux pas bouger. J'ouvre les yeux. Ah putain. Cinq heures. J'éteint le truc. J'ai l'impression d'être endormi depuis deux minutes. Fait chier. Je m'extirpe du lit, non sans avoir souhaité une bonne nuit à Vadim qui va pouvoir continuer à pioncer, au chaud. Je l'envie. Putain, qu'est-ce que je l'envie. Je sors, à poil. Saute sous la douche et quitte la chambre, au bout d'un quart d'heure. Ma voiture est prête, dieu merci. J'conduis les vitres ouvertes, il fait frais, ça va me réveiller, le jour se lève à peine sur L.A. Le trafic est quasi inexistant, le seul bruit que j'entends c'est le bruit de mes pneus qui glissent sur l'asphalte. J'suis à peine arrivé dans les studios qu'un type m'attend pour me filer le programme de la journée. Du sexe, encore du sexe et toujours du sexe. Cool ! C'est ironique bien sûr. Parce que Chloe est sympa, non seulement c'est une nana, mais en plus, elle est un peu trop passionnée par le rôle à mon goût. Et même si ça m'amuse en temps normal, j'sens bien que là, ça va être plus compliqué. Aussi parce que ça fait un baille que je me suis pas retrouvé comme ça avec une fille. C'est fictif, mais ça en reste qu'on va être à poil, tous les deux. Heureusement on s'entend bien, j'vous imagine pas la galère sinon. Surtout qu'on doit passer un sacré moment ensemble, on doit faire croire qu'on est amoureux, tout ça. La bonne blague. J'ai discuté avec un autre acteur rapidement, parce que mademoiselle l'actrice principale était encore à la bourre, pas qu'on l'attend mais presque. D'ailleurs, j'sais pas quel est l'abruti qui dépose tous ces magazines dont elle fait la couverture mais c'est pas flatteur. Mon café dans la main, le magazine dans l'autre, j'rejoins ma partenaire qui m'a-t-on dit, est installé au maquillage. Et quand j'vois sa tête dans le miroir je me dis que c'est plus que nécessaire. « Bah alors chérie, t'as encore picolé toute la nuit ? Dans ce truc ils disent que tu t'es tapé tout le cast de cette série là, avec des vampires. C'est vrai ? » Ouais j'suis carrément accro aux ragots, tout ça. Non en vrai ce qui m'inquiète c'est de devoir poser ma bouche sur son haleine alcoolisé. Tiens, elle m'avoue qu'elle attendait de baiser depuis longtemps, comme si ça m'étonnait. C'est marrant, j'ai presque envie de la voir. « Oh oui moi aussi, j'ai rêvé de toi cette nuit, c'était torride, j'espère que tu seras à la hauteur. » J'plaisante évidemment, ça se voit non ? J'souris, légèrement hypocrite alors que j'arrive bientôt à sa hauteur, son coiffeur s'occupant de dompter sa longue crinière trempée. Je lève les yeux face à sa remarque. Non mais j'vous jure, autant elle est plutôt douée face à la caméra, autant au réveil c'est même pas la peine. « T'imagine pas dans quel état d'angoisse j'suis aussi, devoir prétendre que tu m'excites, j'suis pas certain de réussir. Mais ça va, j'suis pas vraiment obligé de bander, c'est cool ! » J'mets ma main sur mon coeur, j'suis con, j'ai envie de rire, alors que je m'installe sur le fauteuil à ses côtés pour que la maquilleuse fasse son boulot. Micah dans toute sa splendeur, j'vous avais pas dit que j'étais toujours aussi délicat et plein de tact ? Je la regarde à travers le miroir, souriant en coin avant de boire une gorgée de café. Hum, délicieux.