Anabel

Plus que quelques nuits à passer dans cette chambre avant mon départ de ce château. Notre départ à tous. Car malgré le fait que je me retrouvais en couple avec Irène depuis peu, il m'arrivait encore de dormir dans ce lit qui était à mon nom, et à celui d'Anabel, ma partenaire de toujours. On disait la jeune femme très proche de Laoise, bien que je tentais de ne pas m’immiscer entre elles deux, et ma foi il lui arrivait aussi, de temps à autres, de dormir à mes côtés. Comme au bon vieux temps. Cela pouvait sembler étrange, compte tenu de nos rapports, mais à nous ça nous paraissait normal. Et justement Anabel lambinait sur le lit, ce soir. Elle rêvassait sans doute. L'occasion pour moi de la prendre entre quatre yeux, enfin. Je pris place au bout du lit, m'adressant à elle sur un ton des plus sérieux. « Toi et moi on fait partie de ces couples qui auront perduré tout au long du jeu. On est resté liés l'un à l'autre du début à la fin. Mais on est jamais réellement parvenu à nous entendre. » Je ne cherchais pas à la prendre par les sentiments, ou encore à la faire culpabiliser. Je ne faisais qu'exposer la réalité des faits : Anabel et moi avions été mis en couple dès le premier prime, et jusqu'à dimanche dernier aucune élimination n'étais venue détruire ce couple que nous formions. « D'où ma question, aujourd'hui, à seulement quelques jours de la fin de tout ça : penses-tu, honnêtement, qu'il y a moyen d'arranger les choses, même tardivement ? » Et là, sans doute, Anabel aurait du mal à croire ce qu'elle venait d'entendre. On aurait pu me croire incommodé par la situation, comme si le fait de m'être attiré les foudres de ma partenaire, semaine après semaine, m'avait pesé à la longue. Et bien oui, c'était en quelque sorte bien vrai. Je ne me souvenais même plus d'où était partie cette mésentente, initialement. Ah oui, d'une trop grande insistance de ma part, dans ce présent lit... qui s'était vue suivie d'un bon coup de genou dans les bijoux de famille. Oui voilà, la mémoire me revenait. Ah on pouvait dire qu'Anabel avait su me tenir tête jusqu'au bout. Quand ça n'était pas à ses coups de genou, c'était à ses gifles que j'avais eu droit. Rien ne me garantissait de la revoir dehors - l'envie ne s'en faisait très certainement pas ressentir de son côté. « Je suis près à faire un effort si c'est nécessaire. » Non elle ne rêvait pas, ces propos étaient bien les miens. Je me gardais bien de lui dire que je faisais ça pour Laoise, avant tout. Elle n'avait pas besoin de le savoir. Au fond, pourquoi continuer à nous prendre la tête ? J'étais passé outre mes différents avec Irène, pourquoi ne pas faire de même avec Anabel désormais ? Mais peut-être cette situation lui convenait-elle, allez savoir... Et dans ce cas j'étais impuissant, ne pouvais rien y faire. Pour qu'un changement puisse avoir lieu, il fallait encore qu'il soit désiré d'un côté comme de l'autre.