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 No-man's land (01/08 à 19h34)

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Nora

Nora
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MessageSujet: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyMar 31 Juil 2012 - 0:56

→ No-man's land
le 01/08 à 19h34
avec Loxias.


J’ai pensé, j’ai cherché, j’ai essayé de me décider… mais rien. Comment prendre seule une décision qui engage deux êtres, deux personnes ? Comment peut-il me laisser ce choix abject ? Ce poids qui me pèse depuis plusieurs jours. Cet éloignement que je ne supporte pas ? Cette dualité permanente entre conscience et envie. Entre souffrance et souffrance. Parce que je ne vois pas d’issue. Qu’est que ce que mon choix fera de moi ? Et lui, son choix ? Il est déjà fait ou il souhaite juste se plier à ce que je vais annoncer ? A un souhait qui, peut-être, n’en sera pas un ? Ca veut dire quoi pour lui, tout ça ? J’ai mal. Mes mains pressent ma boite crânienne comme pour en extraire les pensées parasites, distiller cette douleur pernicieuse, mes doigts appuient sur mes tempes. Et, je souffre de tous les maux que je me suis infligée moi-même. Mais mon mal vient de plus loin, beaucoup plus loin. Et j’aimerais lui en vouloir d’avoir laissé cette situation s’enliser, s’en raciner. J’aimerais lui en vouloir d’avoir laissé mes sentiments s’intensifier, de les avoir laissé s’accrocher à chaque infime parcelle de son être, de son épiderme. J’aimerais pouvoir le détester, le haïr, de m’avoir fait ça, de m’avoir rendue comme ça, si amoureuse, si dépendante et impuissante. Captive d’un désir qui n’engendrera que frustration et souffrance. Il le savait, il a essayé de me le faire comprendre mais je n’a rien voulu entendre. Lâchement, j’aimerais souhaiter ne plus jamais avoir envie de le revoir. Couper les ponts, l’oublier, à jamais… Et ne jamais me retourner, ne jamais regretter. L’effacer irrémédiablement de ma mémoire. J’aimerais ne l’avoir jamais rencontré, n’avoir jamais posé mes prunelles sur lui. Parce que ce se serait plus simple ainsi. Ca faciliterait mon existence et n’empirerait pas la sienne. Mais comment faire alors que nos chemins se sont croisés, que nos regards se sont confrontés, qu’il a laissé sur ma peau, mes lèvres, mon âme, cette marque indélébile. La sienne… Que faire lorsque le mal est fait ? Qu’il ronge chaque centimètre de ce que je suis ? De ce que nous sommes ? Recroquevillée sous mes draps à l’abri de tout regard, je suis perdue, je suis seule. Seule. Encore. Je voudrais hurler à l’aide. Je suffoque. Non pas à cause de mon abri de fortune mais de l’intérieur... Ma main froisse mon t-shirt à l’emplacement qu’occupait mon palpitant. Ses faibles battements me font verser un nouveau flot d’eau salée. Je me pince les lèvres, fort, pour mes sanglots ricochent sur ces barrières fermées et aillent se répercuter en écho dans ma carcasse vide. Je n’ai toujours pas fait de choix. Je n’en ferais pas. Je ne peux pas. Pas seule. J’aligne les pas jusqu’à la salle de bain. J’évite soigneusement cet ignoble reflet que le miroir va me renvoyer. Douche froide. Glacée. La douleur physique qui s’abat contre mon épiderme est maigre, ridicule, risible. Elle n’est rien contrairement à celle qui m’assaille de l’intérieur. Et j’ai envie d’en rire, en rire d’un rire dément et dénaturé. L’eau froide fait éclater une réalité inéluctable, un besoin irrémédiable et vital à présent, contre lequel je ne veux pas lutter plus longtemps. Mon besoin de lui, alors si je refoule ce que je ressens, que je m’évertue à ne plus rien laisser transparaitre, aurais-je le droit de rester auprès de lui ? Aurais-je le droit de lui infliger ma présence ? J’enfile des vêtements, précipitamment, sur ma peau semi-mouillée. Mes doigts tremblent, mon corps tremble. Je sais… Guidée par ma détresse, je ne réfléchis plus à rien, sauf à une seule chose. Cette chose. Je me mets à courir à travers les couloirs. Je finis par l’apercevoir dans le hall, s'apprêtant à sortir, je dévale les escaliers, et mon corps va, dans la seconde, s’entrechoquer violemment au sien. Mes bras se nouent derrière sa nuque. Je me fiche de sa surprise, je me fiche d’un éventuel refus, je me fiche du mal que j’attise. Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots (e.dickinson) et je lui demande dans un murmure de me serrer fort, fort, contre lui. D’éponger ma détresse, mes angoisses, de ses bras salvateurs et tortionnaires. De m’en exploser les côtes si c’est nécessaire. Son parfum sature rapidement mes poumons, je suffoque à nouveau, soudainement prise de vertige. Le vertige, c’est autre chose que la peur de tomber. C’est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi. (m. kundera) Je veux tout ça, cette étreinte, avant de ne plus rien pouvoir demander, avant de ne plus rien vouloir, avant que ma conscience ne m’accable, avant que je ne me recule. « Je ne me suis pas décidée parce que… parce que je ne peux le faire seule et… et je ne crois pas être la seule dans, dans tout ça... » je lui dis le souffle court, le palpitant prit de spasmes, alors que je commence à dénouer mes bras. Tu comprends qu'on doit le faire ensemble ? Que j'ai besoin de savoir ce que tu penses, de tout ça, pour me positionner ? De Musset avait raison, je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne.
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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyMar 31 Juil 2012 - 5:13

Mon corps en souffrance, mon âme en errance, je ne suis plus qu’un foisonnement d’espoirs chimériques et de frustrations colériques, je ne suis plus que culpabilité, interrogation et repentance. Qui veut de moi ? Quelle religion voudra de ça ? Je suis passé par quatre fois sous le regard de Dieu, quelque soit son nom et ses commandements, et par quatre fois je me suis présenté devant lui avec cette femme, ma Femme, celle qu’Il m’a choisi, et celle à laquelle je me suis uni pour la vie, et plus loin encore... Parce que c’est ça, c’est pour ça notre secret et son intitulé, comme dans la tragédie shakespearienne, nous nous sommes unis dans la vie pour nous suivre dans la mort... « Jusqu’à ce que la mort vous sépare » nous a t’on dit à Rome, mais nous savions que ça ne s’arrêterait pas là. Plutôt crever que de vivre sans elle, plutôt la mort que cette non-vie. J’aurais fait quoi sans elle, de toute manière ? Je n’ai jamais vécu que pour elle. J’ai fuit pour elle, j’ai travaillé pour elle, j’ai tenté de négocié pour elle, j’ai même fait Fake Lover pour elle... Idée à la con, tiens. Car oui, si je suis ici c’est pour obtenir la protection des médias. En devenant public, en pointant du doigt Hamas et Mossad, j’espérais, nous espérions, nous offrir un bouclier, une trêve, une porte entrouverte sur une vie normale... Parce que Swann ne veut plus courir, Swann ne veut plus fuir... Swann veut Paris. Et si Swann veut Paris, Swann aura Paris. C’était l’enjeu de tout ceci... Un mois, nous avions pour objectif de rester un mois, juste assez pour imprégner l’esprit des téléspectateurs, juste assez pour séduire les médias, juste assez pour que, si, un jour, on retrouvait mon cadavre quelque part, Mossad et Hamas soit à nouveau pointé du doigt... Médiatisation, arme de dissuasion massive... Plutôt brillante cette idée, non ? Roméo et Juliette. Qui accepterait qu’on tente de les séparer ? Qui oserait tenter de les séparer ?.... Moi. Moi. Seulement moi... N’est-ce pas ce que je suis actuellement entrain de faire ? N’est-ce pas ma main qui a entreprit de creuser le fossé abyssal qui sépare nos de rives ? Combien de temps va encore tenir cette petite langue de terre qui nous rattache l’un à l’autre ? Combien de temps ? Je voudrais sortir, je voudrais lui parler, implorer son pardon, et l’aimer encore et encore, comme je l’ai toujours fait, comme je n’ai jamais cessé de le faire. Parce qu’elle est mon tout, elle est mon début, mon milieu et ma fin, parce qu’avant elle, je n’étais pas, et qu’après elle je ne serais plus, parce que je n’ai connu qu’elle, parce que chaque soleil qui se lève, se laisse sur ses seins, parce que chaque soleil qui se couche, se couche sur ses reins, parce que depuis cinq années, les aiguilles n’ont jamais tourné sans elle, parce que depuis cinq années, je n’ai jamais vécu sans elle... J’aurais du partir, j’aurais du la suivre et fuir lorsqu’il était encore temps, lorsque j’étais encore innocent, lorsqu’elle était encore le seul visage, le seul sourire, le seul rire à imprégner ma première et ma dernière pensées du jour, lorsque “Nora” n’était encore qu’un prénom parmi tant d’autre, lorsque “Nora” n’éveillait ni soif, ni faim, lorsqu’elle n’était que présence ravissante et non pas dépendance aliénante... Nora... La lumière, ma lumière... Chamsi... L’aube et le crépuscule... Elle n’est ni le jour, ni la nuit, elle précède tout ce qui est, elle construit tout ce qui est, elle est ce moment magique, fugace et malgré tout intemporel, cette transition, cette magicienne de l’aurore, c’est enchanteresse des nébuleuses... Que dois-je faire ? Dois-je renoncer à l’aurore pour le plein jour, ou bien dois-je me soumettre à l’aube sans laquelle le jour n’a pas d’existence ? J’aimerais qu’il n’y ait qu’un jour et qu’une nuit, pour vivre le jour et fermer les yeux sur la nuit, mais même cette complexité ne serait pas encore assez complexe. Alors, alors j’opte pour la solution de facilité : l’attente. L’attente d’une sortie, d’une conversation, et l’attente d’une décision et d’un verdict... J’attends, et dans les deux cas, je n’attends qu’une chose : la compréhension. Pourquoi ? Comment ? Quand ? J’attends, impassible, immobile dans cette impuissance volontaire et assumée. Mal assumée, mais assumée quand même. Mal vécue, mais vécue quand même. Nora, Yonati... Colombe, Lumière... J’ai décidé de ne pas décider, parce que aucune ne doit souffrir, aucune ne peut souffrir, pas par mes mains, pas par ma voix, pas par mon choix... En pénitence, j’attends la potence. En espérant qu’elle vienne vite, qu’elle frappe fort, et qu’elle mette à un terme à mon errance.... Errance mentale entre deux femmes, errance physique entre deux salles... Parce que je ne fais que ça, errer sans but d’une pièce à l’autre, incapable de m’astreindre à l’immobilisme à l’image de ma prise de décision... J’alterne les ambiances, j’alterne les interlocuteurs, j’alterne les activités, et je m’emmerde prodigieusement. Parce que j’ai beau les adorer, tous, je ne suis pas là, je suis ailleurs, je ne suis à rien de ce que j’entreprends avec eux. J’en ai marre de parler de mon secret, parce que mon secret c’est Swann et que Swann c’est l’immobilisme pour l’instant, j’en ai marre de la Finale, parce que la Finale c’est Nora, et que Nora c’est l’immobilisme pour l’instant. Alors je prends la fuite, comme à mon étrange habitude, j’enfile une veste et je file vers le seul lieu où je pourrais être seul, en mouvement, et presque serein, vers le seul lieu où je pourrais prendre de la hauteur... Mais à peine ma main caresse-t-elle le pommeau sculpté de la porte que le cliquetis régulier et cadencé de pas martelant le marbre de l’escalier me parvient. C’est trop rapide pour que je l’ignore, alors que tout en moi est programmé pour réagir à la moindre menace. Je tourne la tête, et n’ai que le temps d’une fraction de seconde pour entrapercevoir l’aurore fondre sur moi et m’apporter la lumière. Une lumière qui s’accroche à mon cou, qui s’enfonce dans ma nuque, une lumière qui s’enfonce dans ma chair, une lumière qui respire contre ma gorge... Une lumière putain de désirée !! Je l’accroche à mon tour, cette lumière, je l’accroche en atours, autour de mon cou, contre ma joue, mes mains meurtrissants plus qu’elles ne caressent, griffant le tissu de ses vêtements, s’enfonçant dans ses cheveux, et mes lèvres entrouvertes qui laissent échapper un souffle ridicule... Je suis ridicule. Et lorsqu’elle s’écarte légèrement pour m’informer que sa décision n’est pas prise, je prends conscience de ma faiblesse, de mon besoin d’elle, de la facilité avec laquelle j’oublie ma culpabilité pour assouvir ma soif de son corps, de sa peau, de son parfum, de ses lèvres contre mon cou... Et je recule. Ma gorge me gratte, mes mains, encombrantes, me semblent lourdes, brusquement, et comme un gamin pris en faute, je baisse les yeux vers ce pied qui gratte sur le sol, une tâche imaginaire... « Je... » Oui ? Rangement de mains dans les poches. Raclement de gorge. Tête haute. « J’allais à l’arbre, tu veux venir ? » Bien mieux ! Alors, maintenant, tu la regardes... Voilà... Et tu ouvres la porte, parce que c’est utile pour sortir, quand même. Bien, maintenant tu avances et... Rien... Contente-toi d’avancer, et attends l’arbre pour lui expliquer qu’elle est ta décision à toi. Voilà, bonne idée. Après tout, le crépuscule, inévitable, ne nous atteindra pas avant quelques heures, encore...
Nora

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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyMar 31 Juil 2012 - 18:46

Je sens mon corps prisonnier d’un étau. Un étau voulu, une captivité et un tortionnaire désiré. Un étau tout à la fois salvateur, blâmable, douloureux et vital… Je sens ses ongles meurtrir la fine étoffe imbibée qui recouvre ma chair, ses mains s’engouffrer dans ma chevelure trempée, l’eau retenue dans mes cheveux ruisseler. Je retiens mon souffle, je ferme les yeux, fort, et resserre mon étreinte autour de son cou, espérant que sous la pression mon corps s’efface avant que ma conscience trépasse. Son souffle s’écrase sur ma peau, je frissonne. C’est le signal. Celui qui m’indique de me reculer, celui qui m’ordonne de m’éloigner avant de déraper… Je m’exécute. Je lui avoue le non-avancement sur ma décision et lui fait comprendre que je veux savoir ce qu’il en est pour lui avant toute chose. Mes bras retombent contre mes flancs, déjà exténués. Il se recule. J’affronte son regard alors qu’il fuit le mien. Sa voix s’élève. Je reste immobile. Prunelles face à face, il évoque ses intentions, l’arbre, l’Arbre, Grand-Mère Feuillage, et m’invite. J’acquiesce d’un hochement de tête. La porte s’ouvre sur l’extérieur, je le suis. Le temps file, j’avance. […] Courbée, honteuse, devant l’horizon, je demeure en proie à mes tourments. Tête baissée, prunelles rivées sur l’herbe humide, je marche comme une condamnée. La boule au ventre, la gorge nouée. Comme vers ma pénitence, je reste terrée dans le silence, j’attends ma sentence. Je n’ai jamais cru en aucun Dieu, aucune divinité, aucune puissance suprême, mais aujourd’hui, je suis à genoux devant le Dieu Oppression. Et, je déverse des torrents de larmes, chaque soir, comme offrande sur l’autel à son effigie. Demander pardon pour espérer la libération… Je me mets à compter mes pas pour me réfugier, fuir, dans un semblant de réalité. Et surtout, surtout, pour m’extirper du joug de la divinité m’a désignée infidèle et dont les foudres de sa colère s’abattent sur moi. Moi cette entité désillusionnée, éprise, perdue, et éreintée. Cette réalité chiffrée, cette réalité numérique. Celle qui durant longtemps fut mienne. L’Unique. Celle par quoi je jurais, celle qui se voit aujourd’hui altérée. Altérée par une donnée variable, puissante, pernicieuse et nocive pour quiconque ne sait la juguler. Une donnée dont les propriétés sont incontrôlables. Alors je marche et je compte mes pas. J’essaie de me soustraire à l’Oppression dans un vain mouvement de rébellion. Je compte les pas qui me séparent de l’exil, de cet arbre représentant mon asile. Parce que j’ai encore l’audace et le culot de croire que dans cet enfer, il y’a un Eden. Un coin de paradis où ne sommes plus, où plus rien ne compte. Un endroit à l’orée, à l’écart de tout. Un gîte du pèlerin, un gîte du galérien. Un gîte dont nous avons besoin pour porter plus loin nos bagages de néant et de tourment. Je me le suis approprié, rapidement. J’ai soudainement besoin de la hauteur, de l’air pur, que ce point de chute offre à tout réfugié qui implore l’hospice, quelques que soient ses fautes et leur nature… C’est cette pensée qui me fait avancer, qui me donne la force d’aligner les pas. Comme un prêcheur dans le désert saharien en quête d’eau, se raccrochant à un mirage, animé par la vue d’une oasis. Je crève sous le soleil de plombs. Chaque pas se fait lourd et gourd, mais j’avance encore et toujours. Et, j’aimerais glisser ma main dans la sienne, me rapprocher de lui, resserrer la distance qui nous sépare, pour que cette marche qui résonne funèbre devienne plus supportable… Pour que ces filaments qui nous relient ne se distendent pas plus parce que c’est abominable et effrayant d’être seul lorsqu’on a été deux. Et, c’est bien là le fléau de l’existence, de notre existence, nous sommes désespérément, éternellement, seuls… Aussi, tous nos efforts ne visent qu’à fuir cette solitude. A la place, je joins mes mains, je marche en retrait, à son niveau, de nouveau en retrait. Je laisse mes cheveux glisser de sur mes frêles épaules, retomber devant mon visage. Je calque mes pas sur les siens. J’en calque la cadence, le rythme, le léger martèlement sur l’asphalte. Je la relâche et la reprend inconsciemment, machinalement. Une ombre, je ne suis plus qu’une ombre. Une ombre féminine, la sienne, discrète et muette. Rien d’autre. Je ne sais pas ce qui m’attend, ce qui nous attend là-haut mais ça ne peut être pire… Les minutes filent, longues et douloureuses, froides, la clairière s’impose, je coule un regard nouveau sur elle. L’arbre se dessine, mes traits restent immobiles, et mon intérieur trépigne. J’aimerais courir, me précipiter, pour voir, voir si je suis soulagée, voir si mon asile m’offre réellement repos et sérénité. Je me contrôle. Contrôle et maitrise. J’ose un regard en sa direction, enfin… Je crains son expression, mais rien. Mon palpitant s’agite sensiblement, je frise la tachycardie. Le tronc nous fait face. Je lève les yeux sur celui-ci jusqu’au feuillage, jusqu’aux branchages. C’est là-haut, c’est le chemin. Soudainement, une question. Y Planquent-ils aussi des caméras ? Je n’ose faire part de cette question à Loxias. A l’inverse, je déclipe les micros sur le devant de mon t-shirt humidifié par ma peau, j’arrache le boitier accroché sur l’arrière de mon jean. Je fais glisser les fils avant de balancer la chose au pied de l’arbre. Pas question qu’on nous espionne. Pas question qu’on nous écoute. Pas question de partager. Pas question qu’ils se servent de nos paroles à leurs fins lucratives, à leur mise en scène ridicule dont nous serions les pantins, encore. Pas cette fois. Je m’y oppose. Et tant pis si j’ai signé pour ça. Tant pis. Je veux et j’exige un instant d’intimité où nos paroles seront par nous, pour nous, exclusivement. Je fous dehors les millions d’Irlandais et leur plaisir pervers de voyeurisme et d’immixtion à grand coup de pied. Presque hostilement. Et s’il y’a des caméras qu’ils se démerdent avec les images, qu’ils lisent sur nos lèvres. Mais comme j’en doute… Reste à savoir s’il est du même avis, s’il comprend ce que je souhaite présentement, si c’est ce qu’il souhaite également. Aussi, sans un mot, je me contente de lui poser cette question silencieuse d’un regard, d’un battement de cil, d’un clignement de paupière, de deux iris qui croisent les siens.
Loxias

Loxias
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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyMer 1 Aoû 2012 - 7:23

Décision. Action de décider. Décision. Arbitrage, arrêt, choix, conclusion, décret, délibération, détermination,disposition, initiative, intention, jugement, ordonnance, parti, propos, règlement, résolution, résultat, sentence, verdict. Décision. “Un homme doit choisir. En cela réside sa force : le pouvoir de prendre des décisions.” Cicéron. Choisir. Verbe transitif. Prendre de préférence, sélectionner une des solutions par préférence. Préférence. “L'amour qui n'exprime aucune préférence serait un amour injuste à l'endroit de son objet.” Platon. Sans préférence, pas de choix, et sans choix, pas de décision. Et comment estimer avoir une préférence lorsque rien n’est comparable ? Les chants d’un rouge-gorge et d’un rossignol seraient-ils comparables ? La nuit est-elle préférable au jour, ou bien l’inverse ? Qu’en est-il des chiffres pairs, des chiffres impairs ? Le blanc, le noir ? La tendresse, la passion ? Où est le mal ? Où est le bien ? Décision. Elle me demande de prendre part à sa décision, et alors je comprends l’injustice de ma requête. Quelle décision ? M’ignorer ou m’asservir ? M’aimer ou me maudire ? Rester ou me fuir... Où se trouve la prise de décision quand le résultat reste, par nature, inchangé ? Je suis un homme marié, et en ça je demeure la variable fixe qu’on ne peut, ni ne doit, éviter. En lui demandant de choisir, ne suis-je pas entrain de reproduire cette même erreur qu’elle me reproche, que tout le monde me reproche, celle que je n’ai fait qu’asseoir toujours un peu plus à chaque minute, chaque heure, chaque jour écoulé ? J’entretiens l’espoir. Un espoir factice, un espoir fugace, la flamme d’une bougie cernée par une écume de cire fondue... Les doigts encerclant le cierge, j’évite les mouvements brusques, je scrute mes pas, je contourne les obstacles car, à la moindre secousse, la cire submergera la flamme, à la moindre secousse, dans un crépitement inaudible, la lueur se changera en fumée odorante, suffocante, asphyxiante... Pourquoi j’entretiens le feu, alors ? Pourquoi je le couve du regard, pourquoi ma paume le protège du vent, pourquoi mes doigts en caressent les pourtours, pourquoi mon index plonge dans la flamme pour s’engager dans une danse lente, sensuelle, hypnotique ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi suis-je, à ce point, incapable de tenir la moindre de mes résolutions au point de les confier en d’autres mains ? Nora, je t’ai demandé de choisir pour que tu me protège de moi-même, pour que tu te protèges de moi-même, parce que j’y arrive pas, parce que... Parce que... Parce que je peux pas. Parce que renoncé à toi après avoir renoncé à tout, c’est... Mais comment ne pas renoncer à toi quand c’est pour elle, pour celle pour qui j’ai déjà tout abandonné ? Elle fut mon foyer quand je n’en ai plus eu, ma direction lorsque j’étais perdu, mon âme quand je n’en avais plus... Devrais-je renoncer encore une fois... à tout ça... pour toi...? Je suis perdu, ma boussole ne fonctionne plus, je ne sais plus où se trouve mon nord, ni quel est mon nord. Est-ce toi ? Il ne peut pas exister deux nord. Alors, lequel est un leurre ? Lequel est réel ? Lequel m’amènera chez moi ? Existe-il réellement un chez moi, ou bien suis-je condamné à l’errance maintenant qu’un de mes pieds à clairement quitté le chemin de briques jaunes ? Le choix, ce choix, ne m’appartient plus, il ne m’appartient pas. La décision, cette décision, une seule personne peut la prendre, et ce n’est ni moi, ni Nora... Alors pourquoi ? Pourquoi je lui laisse l’espoir d’un choix ? Pourquoi je l’entraine avec moi à travers le parc, comme si quelque chose nous attendait là-bas ? Je ne sais pas... A moins... A moins que je parvienne à l’amener à la bonne conclusion, celle qui arrachera le harpon de son sein, celle qui la fera agir, oui, mais pas pour son bien, non, juste pour le mien... Mes doigts frôlent les siens, ma respiration se bloque, et j’ôte ma main. Mon regard traine sur elle, l’observant ramener la sienne, la ranger sous ses bras croisés sur sa poitrine, et je comprends... Je comprends que si elle n’agit pas pour elle, pour son bien, elle le fera pour moi, pour le mien. Mes idées se mélangent, se rangent, et s’arrangent, un plan se construit, mon désir s’accroit, et ma folie jubile. Fais-je le bon choix ? Ou est-ce encore l’opportunité sournoise de légitimer une envie tenace et ingérable ? Je scrute l’horizon où le soleil brille encore, puis je bifurque vers la clairière. L’arbre en vue, je ne peux plus reculer. Un supplicié face à sa potence, et je n’en ai qu’une infime conscience... Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mon intention à moi semble pure et chaste dans mon esprit aliéné, endoctriné par cette aura tentaculaire qui m’attrape et dont jamais je ne m’échappe, mais ne suis-je pas aveuglé par mon propre désir ? Je m’en fous, il n’est plus l’heure de réfléchir, je n’ai fais que ça, et vois, vois où j’en suis arrivé. Je m’immobilise devant l’arbre, levant la tête jusqu’à sa cime vertigineuse, ce lieu hors du temps, où la conscience n’a que peu de prise. Une minute s’échappe, puis mon regard se reporte sur Nora en mouvement. Je ne comprends pas tout de suite, avant que la chose ne s’écrase à mes pieds, inerte, inutile, et pourtant tellement significative. Elle vient de renoncer aux lois du jeu, elle vient de renoncer à l’existence d’un extérieur hormis nous deux, elle vient de s’imposer à moi, seule, nue, sans garde-fou, et son regard m’invite à en faire de même. A-t-elle conscience de la symbolique derrière un tel geste de ma part ? A-t-elle conscience que ce micro, à mon cou, c’est mon dernier lien avec Swann ? Un lien un sens unique, mais un lien qui témoigne de mon honnêteté. Je lui permet de voir ce que je vois, et d’entendre ce que je dis, et dans ces temps obscurs, l’ôter serait une preuve supplémentaire, s’il n’en faut, du fossé qui s’est creusé, m’éloignant d’elle un peu plus à chaque seconde qui s’échappe de ce huis-clos destructeur, l’ôter serait la preuve que je ne contrôle plus rien. Mais ai-je, un jour, contrôlé quoique ce soit, des mes actes à mes pensées ? Non. La réponse fuse aussi rapidement que mes doigts qui, après un moment d’hésitation, s’activent sur mon col, puis autour de mes hanches, avant que le boitier noir aille rejoindre celui déjà échoué dans l’herbe. Et sans un mot, j’approche du tronc, et en quelques mouvements rapides et fluides, je disparais dans les branchages, à l’abris de l’oeil pervers de Big Brother. Comme la première fois, ma main se tend, mais contrairement à l’historique, je suis resté sur la branche la plus basse, celle qui ne me sépare du sol que d’un petit mètre, et qui me permet de la ramener à moi sans effort ni acrobatie, juste un mouvement de bras, et elle est à moi. Juste un mouvement de bras, et les deux pieds sur la large branche, elle se trouve face à moi. Juste un mouvement de bras, et elle se trouve contre mes hanches face à moi, juste un mouvement de bras, et loin des regards, loin du passé, du présent, de l’avenir, elle devient ma potence, ma sentence. Un mouvement de bras, et mes lèvres qui murmurent un « Juste pour que tu comprennes ce qu’il en est pour moi... » à peine audible. Un mouvement de bras, et son corps est pris en étau entre le tronc et moi. Un mouvement de bras, et tout le reste qui se confond, mon ventre, son ventre, mes bras, ses bras, ma peau, sa peau, mes lèvres, ses lèvres... Mes lèvres qui se pressent, sa poitrine qui m’oppresse, mes mains qui agressent. Je ne sais plus ce qui est à moi, et ce qui ne l’est pas, et parallèlement, j’ai une conscience aiguë de tout ce qui est elle, son souffle contre ma bouche, son parfum dans mon cerveau, sa peau sur mes paumes. Mes lèvres s’entrouvrent, mes lèvres force le barrage des siennes, maigre résistance avant l’invasion... Et dans ma tête, Carmina Burana explose. Je me fais vorace, je me fais avide, je me fais affamé. Le soleil n’est pas couché, et déjà les pensées impures s’entrechoquent dans mon cerveau... Juste un instant, encore un instant, juste une fois, la seule fois, pour lui montrer, lui faire comprendre ce qu’elle ne semble pas voir... Elle se croit pécheresse, elle s’invente diablesse, alors qu’elle n’est que faiblesse... Ma faiblesse, la sienne aussi, commune et partagée. On en est au même point, est-ce qu’elle le comprend ? Elle n’est pas seule au désespoir, on y est à deux, ensemble. “L'amour c'est être toujours inquiet de l'autre.” Alexandre Dumas. Alors, je t’en prie, inquiète-toi pour moi, puisque moi, j’ai cessé de m’inquiéter de moi, quand j’ai commencé à m’inquiéter pour toi.
Nora

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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyJeu 2 Aoû 2012 - 1:04

Mes prunelles ne délogent pas, j’attends qu’il se décide. Il y’a un fossé, un monde, entre ce que je désire, ce que je veux, ce que je voudrais, et ce qu’il va faire. Mais, j’accepterai sa décision quelle qu’elle soit. Parce que mon cerveau endommagé n’y voit là qu’un moment de solitude arraché de force. Arraché à notre quotidien sous l’œil avisé des caméras, de Cupidon, des autres candidats, des Irlandais, des téléspectateurs… Un moment qui ira s’inscrire hors de l’espace-temps défini par cette réalité artificielle et factice qui nous berce. Un moment qui leur échappera, pour une fois. J’ai le gout de la rébellion en bouche. Une minute file, ses mains s’activent après une légère hésitation qui ne m’échappe pas. J’attends. Je reste impassible. Mes iris l’observent s’approcher de l’arbre, sans un bruit, sans une parole, sans aucun son. Puis, il disparait. Il se subtilise avec cette aisance et agilité qui lui sont propre. C’est mon tour. J’inspire légèrement prête à me livrer à cette terre d’asile ou à ses tourments, j’aligne un premier pas vers le tronc lorsqu’une main se tend. La sienne, à la façon dont on déploie l’échelle salvatrice au-dessus d’une maison en feu. Une aide à de nombreux appels au secours. Il est cette aide, il est cette solution. Cette solution que j’adopte sans hésitation. Aussi, mon bras s’élève en sa direction et mes doigts scellent le contact. Ses bras me soulèvent sans mal et j’atterris sur la première marche de notre escalade. Je lui fais face, le dévisage, le contemple. Une discussion, une ascension, nous attend pourquoi nous nous arrêtons ? J’ai un léger et furtif regard vers le sol, je jauge la distance. Pas assez haute. Trop basse. Je ne ressens rien. Aucun soulagement, pas assez éthérée, aucune sérénité. Ou presque. Il nous faut nous élever, plus haut, toujours plus haut, jusqu’à la cime s’il faut, jusqu’à la toute dernière branche, jusqu’à la plus fine. En équilibre sur la branche, ses bras m’accrochent et me rapprochent contre ses hanches. Un soupir chevrotant affublé d’un léger mouvement hésitant vers l’avant et je rive mon regard vers le sien couleur océan. Et, c’est là que je réalise… Loxias, t’es trop près. Loxias recule ! Loxias tu surestimes le contrôle que je peux exercer sur moi. Loxias mon corps brule contre le tient. Loxias je manque d’air. Loxias, je ne veux pas que tu regrettes, je ne veux pas que la culpabilité te ronge. Loxias lâche moi. Loxias arrête ça. Loxias entend moi. Loxias tu anesthésies ma conscience. Loxias ton corps compresse le mien et l’écorce met mon épiderme à l’agonie. Ou alors est-ce toi ? Loxias je ne tiendrais plus… Loxias ta voix m’envoûte et mes sournoises pensées naissantes me dégoutent. Loxias je suis faible et égoïste. Loxias aime-moi. Loxias pardonne moi. Loxias embrasse-moi ! Loxias je suis perdue. Loxias j’ai besoin de toi. Loxias tes lèvres… Non, ne m’embrasse pas. Loxias t’es marié. Loxias t’as pas le droit de faire ça. Je n’ai pas le droit de te faire ça. T’as pas le droit de me faire ça… Loxias, tes lèvres contre les miennes je ne résisterai pas, n’approche-pas. Ma conscience ne répondra pas. Loxias, je veux savoir… La panique s’évapore, les suppliques se disséminent… Et, je ne suis plus que cet instant où tes lèvres pansent, paralysent, et détruisent. Je ne suis plus que cet instant où tout se mélange, où tout n’est plus que chaos et confusion; cet instant où je ne sais plus qui est qui et qui est quoi. Ma main quitte mon flanc, entoure son épaule et se dépose sur sa nuque. L’autre, derrière sa tête, mes doigts dissimulés par ses mèches ébène. Je le rapproche encore plus de moi, encore plus contre moi, comme pour disparaitre dans un claquement de doigts. Je te l’avais dit, je ne te résisterai pas… Je me hisse sur les demi-pointes pour ne pas perdre ses lèvres, tes lèvres, jamais… pour qu’elles restent captives l’une de l’autre. Et, je me rassure et me conforte en me disant que je veux comprendre, que je veux te comprendre, que je veux juste savoir. Seulement savoir. Que c’est une raison valable. Une raison suffisamment valable pour piéger ma conscience et assouvir mon besoin de toi, ma soif de toi et mon envie de toi… Il aspire la vie, insuffle l’espoir, attise l’envie. Ses lèvres se pressent, ses lèvres s’entrouvrent. Ma conscience se débat, mon envie l’abat. Il m’envahit, il m’assiège, il pille et je me raccroche à lui. Je raffermis mes prises pour ne pas défaillir, pour ne pas céder à mes jambes soudainement tremblotantes, à mon esprit prit de vertiges. Mon cœur palpite, mon cœur ressuscite. Et, j’en veux toujours plus, plus de ses bras, plus de ses lèvres, plus de sa langue, plus de son parfum, plus de lui, plus de tout, parce que je n’arrive ni ne veux dire stop. Ils disent que l’amour c’est aussi laisser partir ceux qu’on aime, mais comment ? Pourquoi ? C’est ridicule. Ca me semble illogique, impossible, absurde. Pourquoi s’infliger torture ? Pourquoi, alors que le résultat, à la fin, est le même ? Alors que dans l’un comme dans l’autre cas, la fin, torture ou pas, elle est tragique, amer, cuisante. Je ne comprends plus. Je ne sais plus. Ou alors je n’ai jamais su. Mais, comment renoncer à lui alors que nos cœurs martèlent violemment dans nos poitrines compressées ? Comment renoncer à lui alors que c’est, égoïstement, tout ce que je veux ? Comment lui résister alors que je souhaite tout le contraire ? Comment renoncer à lui, à tout ce qu’il est et représente ? Comment renoncer à ces mains, ces doigts, ces lèvres ? Non, comment renoncer à ses mains sur ma peau incandescente; à ses doigts qui la meurtrissent, se l’accaparent et la marquent; à ses lèvres qui éveillent, attisent et nourrissent l’émeute en moi; à sa langue; à son corps geôlier qui fait du mien un chanceux prisonnier ? Comment aller contre tout ça ? Où trouver cette force, comment la trouver ? C’est masochiste, c’est inhumain, c’est incohérent et illogique de le vouloir. Mais ai-je le choix ? Ai-je réellement ce pouvoir de décision là ? Ce luxe-là ? Non, évidemment que non. Sinon cela aurait été simple. Beaucoup trop même. Cela dit, ça ne m’empêche pas de ne plus savoir sur quel pied danser. Je ne sais plus sur quoi me baser. Je ne sais plus sur quel bien me focaliser pour savoir quoi faire, comment agir, comment me comporter face à tout cela. Je ne sais plus quel bien m’importe le plus, je ne sais pas quel bien prime sur tous les autres, lequel est le « mieux », le plus raisonnable et logique. Parce que plus rien n’est logique, plus rien n’a de sens. Parce que ce sentiment est dénué de tout bon sens, qu’il altère tout, dévaste tout, et intensifie tout, qu’il ne répond à aucun code qui puisse le contenir ou le réprimer. Mais ce dont on est sûr le concernant c’est qu’il fait naitre ce besoin insatiable et irrépressible de l’autre. Alors, malgré tout ce que j’en comprends, tout ce que tu essaies de me faire comprendre à travers ça, la réalité reste inchangée, inchangeable… Et ceci, la modifiera-t-elle ? J’en doute. Alors, j’appréhende ce moment où il va me repousser, ce moment où il va me rejeter, comme la fois d’avant… Ce moment où sa conscience, ou que sais-je d’autres, reviendra à la charge et l’arrachera à moi. A nouveau. J’appréhende ce moment où j’aurais encore plus mal. Ce moment où la douleur va probablement atteindre son paroxysme, culminer, m’achever. Et, j’espère secrètement, intérieurement, que ce moment ne viendra pas. Parce que je ne pourrais oublier ce moment là, ça. Pire encore, parce que je voudrais recommencer. Poser des mots serait plus simple en soi. Mais lesquels ? Face à l’inqualifiable quels mots sont à préférer ? Et lesquels sont à éviter ? On dit qu’un geste vaut mille mots. Ils n’ont pas tort. Ce geste vaut bien tous les mots –maux- du monde. Ce geste est parole. Ce geste trahit mes pensées les plus profondes et les siennes. Ce geste est le bruit de notre silence... Je suffoque. Je me raccroche à tes lèvres. Mon souffle est désordonné, court, inexistant. Je frôle l’asphyxie, la saturation, alors je calme cet échange, je détache doucement mes lèvres sans rien changer au reste. Elles demeurent à quelques infimes millimètres des siennes, les effleurant encore par moment. La promiscuité de l’étreinte, de nos enveloppes charnelles, persiste. Son souffle caresse ma peau, s’écrase contre mes lèvres légèrement entrouvertes en quête d’oxygène. Je frisonne. « Je… » j’échappe dans souffle quasi-inaudible. «…je… » n’ai pas le droit d’avoir ces mots là pour toi… alors je coupe toute envie inconsciente de les prononcer. J’ouvre les yeux, haletante, suffocante, mon front contre le sien.


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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyJeu 2 Aoû 2012 - 6:17

C’est comme un chant transfiguré par mes tympans en quelques symphonies funèbres joué pour la mort, pour ma mort, chaque mot m’interpellant, me heurtant de plein fouet, comme autant de piqures sur chaque centimètre carré de peau disponible, un violent rappel de ce que j’étais, de ce que j’avais souhaité et appelé de mes voeux, de ce que j’étais et ne serais plus par ma simple volonté, ma simple incapacité à la résistance, une violente délivrance, bras bienveillant se tendant vers moi dans le but de me secourir en m’entrainant loin de tout cela, loin du vivant, loin du profane, loin de la version première de ce que je fus, hier encore, vers un espace sacré et paisible et blanc... blanc... un blanc que j’ai tenté de fuir, un blanc que j’ai tenté de repousser... en vain. Parce que ce blanc, cet éclat trop violent m’a fait peur, sa menace était trop grande, son affront à peine subtil. Ce blanc, vibrant, brillant, risquait d’engloutir tout le reste, d’occulter tout le reste, d’effacer, temporairement ou non, ce qui ne devait pas l’être. Comme un flash en pleine tronche me faisant chavirer en grimaçant, un flash aveuglant, les phares dans lesquels le lapin se prend. Je ne culpabilise plus, du moins pas pour l’instant. J’ai trouvé l’excuse, je me suis trouvé une excuse, je dois lui faire comprendre. Elle a le droit de savoir, elle doit savoir, parce qu’avec un élément manquant, comment pourrait-elle prendre la bonne décision ? J’agis au mieux, oui, totalement, j’agis au mieux, mes sentiments s’infiltrant, se signalant en colonisant ses lèvres, sa bouche, ses poumons. A chaque respiration chaotique, c’est un peu plus de moi qu’elle capture en elle, séquestrant cette partie de moi qui lui est acquise depuis trop longtemps déjà, sans qu’elle n’en ait la moindre conscience. Réveille-toi, Nora, voilà ce que je suis, voilà, ça c’est moi, et ce moi est à toi, que je le veuille ou non. Et crois-moi, je ne le veux pas, simplement parce que... tu n’es pas prête pour ça. J’ai voulu te faire comprendre qu’au royaume des enfers, tu n’étais pas seule. Echoué sur les terres d’Hadès, je gis à tes côtés, brûlant du même feu, brûlant de ce même désir qui nous a conduit ici, nous exposant à une fureur divine, cette frustration quotidienne qui me prend aux tripes, qui m’arrache la cage thoracique pour m’enserrer le coeur, se jouant de ses palpitations fébriles et ridicules, chaque fois que je croise ton regard meurtri... Parce que c’est ça ma punition, n’est-ce pas ? Elle est la cause de ma folie, elle sera donc la cause de mon agonie... Tenant et aboutissant... Crime et châtiment. J’ai voulu que tu saches, Nora, pour que tu comprennes à quoi tu m’exposes en t’y exposant, parce que tu n’es pas seule et tout ce que tu ressens, je le ressens aussi. Ce serait tellement plus simple si je nourrissais des sentiments moins coupable, si elle n’était qu’une tentation diffuse, un penchant certain, une faiblesse tendre, une folie douce... Mais je me suis perdu en chemin, et le diagnostic vital est engagé. Aliénation mentale, je ne suis plus que l’ombre de ce que j’étais, et mon cerveau semble avoir subi la course des Walkyries. Elles piétinent, elles abiment, et ne m’offrent plus que des délices de désolation. Je m’en fous, j’ai perdu la notion de tout, je ne suis plus rien qu’un corps en quête d’un autre, un corps en quête de l’autre, un corps à la dérive, un corps échoué sur une rive, sur sa rive, parce qu’il n’en existe pas d’autres que je souhaite autant, aucun autre qui parvienne à anesthésier mon âme et à réveiller mes sens. J’ai commencé dans un but louable, pensais-je, mais force est de constater que je me suis berné, bercé d’illusion pour mieux accéder à l’interdit, à l’impossible, à l’inconcevable. J’aurais tant voulu que tu me repousses, même si cela signifiait ne jamais me relever, pas complètement en tous cas, j’aurais tant voulu que tu relâches. Entre tes mains, dans la cage de tes doigts, je suis captif même lorsque tu ne me serres pas contre toi, je suis un captif consentant d’une capture consentie, ridicule syndrome de Stockholm, moi qui n’avais d’yeux que pour la lumière, je suis tombé amoureux de l’ombre... A quoi bon se le cacher ? A quoi bon se mentir encore, alors que mes lèvres te possèdent, alors que ton âme m’obsède ? Si seulement ça ne pouvait être qu’un désir inavouable, plutôt qu’un besoin condamnable. Si seulement... A la place de quoi, je me retrouve à ne plus avoir le moindre contrôle sur rien, mon corps, mon esprit, mon coeur... Tout s’emballe. Frénétique, je m’enivre, je me délivre, si ce n’est moi, au moins elle, cette envie tenace, ce besoin qui me menace, et comme si ma vie en dépendait, comme si la mort était à ma porte, je survis entre ses bras, caressant ce qui n’est pas à moi, m’accrochant à ce qui ne le sera probablement pas, m'appropriant ce qui, finalement, l’est sans doute déjà. Mes mains, à plat, couvre le plus de surface possible, son dos à nu, sa hanche saillante, ses reins frémissants, sa peau bouillante. Mes doigts dansent, contournent, découvrent, s’accordent le droit du seigneur visitant ses terres, le tour du propriétaire. J’attends ça depuis tellement longtemps, que mon audace n’a d’égal que ma fébrilité, ma sénilité précoce, butant, hésitant, régissant par moment. Eclair de lucidité fugace lorsqu’un index s’égare sur une attache, et s’y pique avant de passer son chemin. Je veux couvrir, pas découvrir, pas dans ce sens là. Je veux toucher, c’est tout, rien de plus, rien de moins, juste toucher et savourer, comme on découvre une toile vierge du bout des doigts, savourant son grain, apprivoisant son tissage avant même de concevoir d’y apposer la moindre touche colorée. J’ai besoin de ce touché, j’ai besoin de son touché, j’ai besoin d’en apprendre par coeur la texture, j’ai besoin d’en apprendre par coeur les courbes et les plats, j’ai besoin de la dessiner du bout de mes doigts tandis que l’esquisse s’affirme derrière mes paupières closes. Mes pensées s’égarent, mes lèvres s’attardent, et le rythme s’apaise. Assoiffé, affamé, j’ai peur qu’à tout prendre je finisse saturé, égaré, paralysé par un trop plein qui ne saura plus sortir, ni se gérer. Mes lèvres butinent, ses lèvres câlinent. Elle s’échappe, et son frôlement, leur frôlement arrache les dernières bribes de lucidité de mon cerveau malmené. Son souffle sur mes joues, son souffle dans mon cou... Mes mains retournent vers l’acceptable, et mon front rencontre son semblable, et mon esprit devient insondable. Sa voix murmure, sa voix hoquette, sa voix s’évertue de lâcher prise et son esprit s’y refuse. « Tais-toi... » j’ordonne à l’agonie, alors que mes lèvres s’en retournent vers les siennes, l’obligeant au silence, lui infligeant l’obéissance. J’ai pas besoin de savoir ce qu’elle allait dire, peu importe le verbe qui allait suivre, j’ai déjà Ode An Die Freude qui résonne entre mes oreilles, à défaut de raisonner, et mon coeur qui bat la mesure, et son rythme effréné... Ça explose, ça implose, ça s’impose. Mes lèvres s’arrachent aux siennes avant de ne plus rien contrôler, ni de ma respiration, ni de mon pantalon. Et je trouve refuge dans son cou, tête basse, cherchant un souffle qui tarde à venir. Un avant bras contre l’écorce au-dessus de nos tête, je cherche à faire le point dans un paysage totalement flou à l’arrière-plan trop chargé. Comment parvenir à s’intéresser au décor lorsque le premier plan déborde du cadre, lorsque le sujet central prend toute la place par sa présence et sa luminescence ? Mon nez frôle sa tempe, mes lèvres colonisent son cou, se déposant délicatement sur sa peau tendre, savourant chaque frisson né de cet échange délicat. « Je ne te promet rien, Nora... » je chuchote, j’halète, la pointe de mon nez remontant contre ses cheveux encore humides. « Je voulais juste que tu saches, que tu aies toutes les cartes en main... » Et c’est réellement ce que je souhaitais avant de clairement déraper au point de ne plus pouvoir m’échapper, de ne plus vouloir m’échapper, déposant mes lèvres sur chaque parcelle de peau à proximité. Sa tempe, sa pommette, sa joue, et bien évidemment son cou, où je retourne me loger, retrouvant esprit et souffle dans ce divin paradis. « Viens... » je souffle, bien qu’il me faille encore quelques secondes supplémentaires pour m’efforcer à bouger, à décrocher son corps du mien, à détacher mes mains de ses reins. Mon regard avise, une nouvelle fois, la cime de l’arbre loin, très loin, puis se reporte sur Nora fébrile, malhabile après ce que je viens de lui faire subir... J’ai l’impression de revenir sept années en arrière, dans les ruines de Gaza City. Je chasse cette idée de ma tête, et lui présente mon dos afin qu’elle y grimpe. On monte ensemble, ou on ne monte pas. Je n’ai qu’à peine conscience de la symbolique lorsque j’entame mon ascension. Chaque mètre parcouru est un pas de plus loin des micros, loin de cette conscience électronique qui nous maintenait en respect. Et lorsque j’arrive sur la dernière branche, celle de notre séparation, je sais que des kilomètres me séparent, à présent, de ce que je fus, de ce que je ne serais jamais plus, quoique je fasse, quoiqu’il se passe. Un bout de moi est mort ce soir, peut-être était-il mort bien avant cela, d’ailleurs, mais ce soir, nous l’enterrons et entonnons sa marche funèbre, sa marche funeste... Impassible, immobile, le regard rivé vers le château dont on entraperçoit quelque fenêtres qui s’éclairent lentement, je ne parviens même pas à regretter quoique ce soit... Quelque part, en moi, une voix s’élève pour me souffler que j’aime ça... J’aime ça...
Nora

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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyJeu 2 Aoû 2012 - 21:27

Mon esprit s’insurge et juste à temps, pile au bon moment. C’était son dernier véto, son dernier contrôle sur mes paroles. Mes lèvres entrouvertes souhaitent, ma voix l’empêche. Et, ce débat intérieur qui n’en est pas, trouve une fin dans l’immédiat. Loxias m’intime le silence. Loxias me réduit au silence. Une injonction, un geste, ses lèvres et je capitule me réfugiant dans ma cellule, ma bulle. Je rends les armes, pire encore, je les lui tends. Ma respiration encore hésitante, je lâche prise et succombe. Et, j’aimerais me gifler tant ma propre faiblesse me brutalise et me scandalise. Tant ma propre faiblesse m’indispose par son ridicule et son ampleur. Un geste, une parole de lui et tout s’évapore, et plus rien n’a d’importance, et je suis sienne… Aussi aisément. Je n’ai aucune volonté, aucune capacité, à la résistance. Je suis née sans cet instinct de survie qui, dans ces conditions, devrait me pousser à fuir et creuser la distance, à me préserver contre de tout et de tout. Mais, présentement, j’ai le choix de ma fin alors il ne sert à rien, cet instinct défectueux… Ma fin peut être comme je le désire, comme je la souhaite. Elle peut-être douloureuse et délicieuse. Apaisante et enivrante. Cruelle et inhumaine. Surnaturelle et passionnelle. Superficielle et potentielle mais surtout bien réelle. Quelque que soit sa nature, quel que soit mon chemin, ma pénitence sera la même. La finalité sera la même. Mais ma route jusqu’à elle : différente, changeante. Et, dans cette douce folie qui m’ébranle, j’ai le choix de cette direction. Un choix partiel, démentiel, mais non pas superficiel. Alors oui, je préfère mourir entre ses bras, sous son touché, sous sa prise, sous ses doigts, contre ses lèvres, plutôt que seule avec pour unique compagnie mes tourments et mes sentiments grandiloquents. Je mérite des claques, qu’elles soient fortes, virulentes et violentes. Parce que si la douleur psychologique qui m’est infligée ne m’a pas encore achevée, la douleur physique prendra le relai. Sauf qu’en ces conditions, je me ris de cette violence futile et inutile contre laquelle je semble être passablement immunisée. J’ai chaud, je bouillonne. Mes membres, mes muscles tressaillent. Et, mes dents se raccrochent à ses lèvres, sa lèvre inférieure, mes doigts accrochent fébrilement sa peau, la froisse sous mon touché brûlant. Je vais tomber, Loxias je vais tomber… La vie fuit, s’échappe, par tous les pores de mon enveloppe fiévreuse et s’accroche à ses phalanges. Ma poitrine se soulève frénétiquement, difficilement, trouve les limites contre la sienne et s’affaisse. Le tronc me maintient en équilibre, son corps pressé contre le mien me maintient en équilibre, ses bras puissants me maintiennent en équilibre, ses lèvres me maintiennent en équilibre et pourtant je dérive, je chavire, je défaille. Défaillir physiquement, intérieurement. Une tempête, un ouragan en moi. Mes entrailles se nouent, mes entrailles se tordent. Mon désir s’intensifie, je le sens pulser dans mes veines, imprégner mon sang, ronger chaque parcelle de ma peau. Je soupire doucement contre sa bouche. Ses caresses m’enivrent, ses mains m’envoûtent, son souffle m’ensorcelle. Ce mélange explosif, nocif, me fait l’effet d’un aphrodisiaque. Une drogue douce, pourtant puissante et dévastatrice. Cette drogue me fait perdre contenance, consistance, conscience et presque connaissance. Je ferme les yeux, fort, tes lèvres ravagent, incendient et torturent. Je perds les dernières traces de conscience. Je perds également conscience de ce qui m’entoure, de tout ce qui est extérieur et parasite. Prisonnière de toi, prisonnière de moi-même. Une captivité aliénante, obsédante, et débordante. Mon cerveau ne répond plus aux tentatives de stimulation. Il se planque, il a peur. Peur de se confronter à ça. Peur de se confronter à l’incontrôlable. Peur de se confronter à l’envahisseur. Peur de l’affronter et le défier. Et moi, je ne vois que lui au travers de mes paupières closes. Je ne sens plus que lui… Alors oui, je n’ai seulement conscience de cette entité désirée qui malmène mon corps, mes émotions et qui s’amuse de mes réactions. J’abandonne mon allié, mon cerveau, je le laisse dans sa terreur et l’oppression. Et m’allie avec le conquérant. Je suis lâche, je retourne ma veste, je cède à la facilité. A la délicieuse et douce facilité, à mes risques et périls. Mais à la différence que j’abdique non pas par peur mais par envie. Une envie dévorante, vorace et boulimique qui n’en a jamais assez. Elle me guide cette envie, je la suis cette envie, elle me tue cette envie. Seulement cette envie. Il finit par se détacher, non sans force, il finit par m’accorder un répit, m’accorder un sursis. Je me laisse tomber contre le tronc pour retrouver un appui. Son corps suit, son corps surplombe le mien, domine. J’essaie de reprendre un semblant de souffle, un semblant de respiration. L’air s’engouffre douloureusement, par bourrasques, dans mes poumons. Pas le temps de retrouver contenance que la machine se relance. Son souffle sur mon visage, sa peau effleurant subtilement ma tempe. Je ferme les yeux. L'arrière de mon crâne repose contre l’écorce. De milles saveurs une seule me touche, lorsque tes lèvres effleurent ma bouche… Sa voix glisse et s'immisce dans mon oreille. Je ne bronche pas. Il ne me promet rien. Je sais… Et, c’est bien ça le pire. C’est bien ce qui est révoltant. Ou devrait l’être. Parce que malgré ça, malgré ce que je sais, je te laisse prendre possession de moi sans résister. Je te laisse me marquer sans essayer de t’en empêcher. Je laisse volontairement un peu de toi s’infiltrer en moi, un peu de ton âme se déverser en moi. Je te laisse me blesser sans l’espoir d’être pansée. Je fléchie sans garantie. Et, je t’offre l’interdit. Je te donne l’interdit dont tu te saisis. Je t’offre ce contact, ma peau toute entière, mes lèvres, mon cou… Je t’en offre le contrôle. Je t’offre le contrôle sur tout ça. Je t’offre tout ce que je ne devrais pas… Prendras-tu soin de tout ce que je place entre tes mains ? C’est censé faire mal, ou ça va faire mal mais je m’en fous, encore plus que d’habitude. Mais ne me brise pas, s’il te plait… Les trois instants qui segmentent le temps n’ont plus leur place ici. Ils ne représentent rien. Passé, présent, futur, ne signifient rien. Ils sont déchus. Nous les avons rétrogradés. Parce qu’on a abandonné le fonctionnement conditionné de nos vies prédéfinies pour cette existence altérée et désaxée mais ô combien grisante et exaltante. Ils n’ont plus aucune prise ou emprise dans cet asile qui porte les traits de l’enfer. Cet asile qui s’y assimile. Ici, je n’ai plus de présent, plus de passé, plus de futur ou d’avenir. Je ne dispose de plus rien. Je n’ai plus rien. Il n’y’a plus que toi, toi qui ne m’appartient pas. Et moi. Cette chose qui t’appartient déjà… Mes demi-paroles ne t’engageaient à rien parce que je ne te demande rien. Sauf… ça. Et, c’est déjà beaucoup, peut-être trop. Et peut-être bien qu’au fond l’un engage l’autre… Je ne sais pas, plus, je m’en fous. Sous son emprise, je deviens ivre et m’enivre mais jamais ne m’en délivre. Un soupir incontrôlé s’échappe d’entre mes lèvres fébriles et avides alors que les siennes parcourent mon cou. Je frémis, je frissonne, mais jamais rien ne raisonne. Mes bras s’animent enfin et retournent entourer sa taille. Je l’écoute me dire avoir voulu me permettre de disposer de toutes les cartes du jeu. J’acquiesce doucement. Notre excuse est la même… Cette légitimité donnée n’en est pas une mais elle suffit, n’est-ce pas ? Quelques secondes immobiles et silencieuses filent. Réfugié dans mon cou, son souffle sur ma peau m’apaise. A nouveau, il m’invite. Lorsque j’ouvre les yeux, c’est son dos qui me fait face. Je comprends dans l’instant et m’exécute chancelante, gauche, ne me remettant qu’à peine –pas du tout- des secondes précédentes. A peine, le contact retrouvé que des questions se créent. Que se passera-t-il une fois là-haut ? Que fera-t-on une fois suspendu entre ciel et terre, défiant l’attraction et la gravitation ? … Et, je n’ai trop conscience de cette position dans laquelle on se trouve. Ou retrouve. Pas comme la première fois, parce que l’innocence n’est plus, la pudeur non plus. Je n’ai que trop conscience de mes jambes autour de sa taille, de mes cuisses qui enserrent ses hanches, de ma poitrine contre son dos, de mes bras autour de son cou. Insouciante, je dépose furtivement mes lèvres sur sa nuque avant que ma joue ne s’y substitue. Je soupire doucement, essayant d’apaiser les soubresauts mon palpitant. Je me laisse porter. Je me laisse gagner par le vent qui agite mes cheveux, qui caresse ma peau. Puis, durant cette exquise ascension, le bout de mes doigts effleure sa peau, sa joue, sa mâchoire, son cou, chaque parcelle de peau accessible et qui tend à passer sous mon touché. J’aimerais qu’elle n’en termine pas, cette progression. Cette délicate libération. Plus le vide se creuse et plus j’ai l’impression de quitter une terre hostile et accablante. Ca y’est ? Je lui ai échappé ? D’ici, cette divinité colérique ne pourra plus m’atteindre ? Je me sens comme éthérée loin de ses maudits miasmes. Lorsque mon corps se défait du sien, je n’ai aucun regard vers le sol. Car on ne regarde pas l’Enfer, on ne le cherche pas, pas plus qu’on ne le regrette, donc on ne le regarde pas. On profite seulement de l’instant durant lequel il ne nous agresse pas. Pour marquer cela, je lève les yeux vers les cieux, vers l’éclairage céleste avant de reposer mes prunelles sur la source de mon errance et de ma déviance. D’un pas habille, je m’approche, d’un geste fébrile je m’accroche. « Loxias… » je souffle, dans son dos, les mains sur son ventre. « …je ne veux pas oublier » je poursuis, déposant mon front contre son dos. Ce n’est pas un choix, ce n’est pas mon choix, c’est une évidence. Je ne veux rien oublier de ça. Tu comprends ? J’en sais trop maintenant, beaucoup trop. J’ai trop de cartes en main mais je ne voudrais qu’en garder une. Celle qui me plait le plus. Alors, je fais quoi ? Rien, ca m’arrangerait. « Cette carte est perverse, et j'ai pas de joker... » je souffle, toujours dans son dos, un semblant de réflexion à voix haute, inspirant doucement me délectant de son parfum.

Déso, c'est pourri et j'te relance toujours pas --"
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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyVen 3 Aoû 2012 - 5:28




C’est comme une partition surprenante, d’abord les cuivres doux, lascifs, inoffensifs, amusants, même, par instant, une fanfare enfantine et savoureuse, innocente, entrainante. Puis les cordes arrivent, moins subtiles, moins volatiles. Elles suivent le même rythme, saccadé, structuré, haché, amusé... On ne se méfie pas, au contraire, on aime ça, c’est encore doux, c’est encore flou, on balance des doigts, marquant le tempo, marquant le crescendo qu’on ne perçoit même pas, trop attentif à la tornade de notes, la tornade de croches, simples, doubles, les noires, les blanches... Les clefs s’affolent, les clefs s’envolent, les cordes s’embrasent, et viennent les percutions. Timbales ! Baaaam ! Timbales ! Baaaam ! Ça s’enchaine, ça virevolte ! Et les choeurs transfigurés entonnent une condamnation, souriante, amante, aimante ! Le chef d’orchestre semble en transe, ses bras, ses doigts, son corps entier se courbe et se tend, son corps entier se disloque pour apporter cette symphonie, pour amener cette mélodie jusqu’aux confins des tourments où elle prend tout son sens. Cordes, Cuivres, Percutions ! Résonnez ! Résonnez ! Tonnez ! Tonnez ! Enflammez ! Transportez ! Martelez ! Détruisez ! Adieu innocence, adieu fanfare enfantine, tout n’est plus qu’enfer et damnation, luxure et débauche. Typhon, vortex, la partition devient perdition, subtile, sournoise, elle a distillé en nous son poison, sa force dévastatrice, prisonniers d’une cascade on se laisse porter, entrainer, parce qu’on a pas le choix, parce qu’on n’a rien fait pour éviter ça, parce qu’on n’a rien prévu de tout ça... On n’a rien vu venir, la douce berceuse s’est transmutée en suite, et lorsqu’on a compris que la partition avait changé, qu’elle s’était accélérée au point de ne plus nous laisser le temps de respirer, il était trop tard, bien trop tard pour arrêter, trop tard pour continuer de se leurrer, bien trop tard pour ne pas se l’avouer, pour ne pas savourer... Peer Gynt, Suite numéro une, opus 46... In the Hall of the Mountain King. Plus rien n’a d’importance, assourdissante, vrombissante, elle a accéléré les mouvements de mon coeur, intensifié le sang pulsant dans mes tempes, réduisant tout le reste au silence... J’ai cédé, et cette voix en moi continue de tenter de me berner. C’est pas grave, dit-elle, tu n’as rien commis d’irréparable, d’insurmontable, d’irremplaçable. Parce que je n’ai pas commis le pécher de chair, elle voudrait me faire croire que je peux faire marche arrière... Mais la voix se trompe, comme je me suis longtemps trompé, comme j’ai trompé Swann, comme j’ai trompé Nora... L’acte n’a que peu de sens là où l’esprit a déjà succombé. “Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés l'un à l'autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez.” Galates, 5.17. Que faire alors lorsque la chair et l’esprit s’accorde sur un seul et même désir, tandis que l’esprit continue de se trouver tirailler entre deux ? A mon sens, peu importe la chair, peu importe de succomber, lorsque l’esprit se trouve infiltré et perverti, le crime est là, avéré, établi, acté... Il ne s’agit pas d’une simple préméditation, et encore moins d’un délit mineur. Je suis condamnable... Je suis condamné. Et j’agis en damné, m’éloignant toujours plus du droit chemin, là où j’ai abandonné ma conscience, et grimpant, grimpant encore et toujours, vers cet ailleurs, vers ce nouveau monde, vers cette terre d’absolution totale, profitant, souriant même à chaque caresse engendrée par les doigts amants, les doigts aimants, les doigts tentants. Ses lèvres sur ma nuque, ses cuisses contre mes hanches, ses seins, ses mains, ses reins... La symphonie s’accélère à nouveau... Dies Irae ! Ça explose dans ma tête, c’est tellement soudain, tellement commun... C’est tout et son contraire, doux-amer, torture savoureuse, honte ensorceleuse, messe calomnieuse. Je n’ai choisi ni le mal, ni le bien, j’ai simplement renoncé à la lutte, à cette résistance qui fait plus de mal qu’autre chose. Qui ai-je tenté de berner en lui demandant de s’éloigner, en l’encourageant à prendre des distances que je ne faisais que réduire à chaque pas dans sa direction. Parce que c’est ça, n’est-ce pas ? C’est ce que je n’ai cessé de faire, non ? Mes mots contrariant mes gestes, et mes actes chahutant mes conseils. Fuis, je l’implorais tandis que je m’accrochais à ses reins. Je ne peux plus te voir, je crachais tandis que mes yeux la détaillaient avec avidité. Qui tentais-je de berner ? Il fut trop tard dès la seconde où j’ai compris, dès la seconde où, dans cette salle de musique, j’ai arrimé son corps au mien, l’entravant pour que plus jamais elle ne me quitte. J’ai fait tout ce qu’il fallait faire pour qu’elle soit mienne, pour qu’elle m’offre son corps, son coeur, son âme en pâture, pour qu’elle s’offre tout entière et jamais ne se détache... Et maintenant je regrette de la faire souffrir ? Mais j’ai tout fait pour, absolument tout... Jusqu’à ce baiser, accordé quelques minutes au préalable, ce baiser que j’ai justifié par un soucis d’honnêteté ! Conneries !! Aussi, lorsque ses mots m’approchent, lorsque ses bras s’accrochent, je ne peux juguler ce sentiment d’honteuse culpabilité. Egoïstement, j’ai voulu ça, égoïstement j’ai orchestré ça, égoïstement, la partition est de moi, égoïstement, le chef d’orchestre, c’est moi... Parce que j’voulais pas me passer de toi, parce que je voulais que tu ne m’échappes pas, parce que... Parce que je ne suis pas Roméo, je ne l’ai jamais été, parce que je ne suis pas un exemple, je ne le serais jamais, parce que... Je ne suis qu’un homme, tout simplement. Ses bras scindent ma taille, ses doigts caressent mes entrailles... « Je voulais que tu saches... » je répète, comme un mantra, comme une justification, une excuse insuffisante, pathétique. « Juste que tu saches... » je répète encore, comme si la multiplicité donnait un point quelconque à l’explication... Je voulais qu’elle sache pour soulager ma conscience, pour qu’elle comprenne que je ne me suis pas moqué d’elle, que je ne me suis pas joué d’elle, que j’ai suivi mon coeur, comme je l’ai toujours fait, et que c’est peut être là mon erreur... « J’aurais voulu te dire le contraire, j’aurais voulu pouvoir prétendre le contraire, mais... J’y arrive pas. » Et j’ai essayé. J’ai essayé en vain de me laisser croire que je ne ressentais rien, que l’enfermement créait cette attachement, mais c’est bien trop profond, c’est bien trop grand... « Viens ! » J’ordonne, à nouveau, reprenant, volontairement un ton plus léger en me séparant d’elle. Je grimpe d’une branche, puis d’une autre, lui tendant la main à chaque nouveau palier, la soulevant pour mieux la reposer par la suite. Je grimpe parce qu’il est hors de question qu’on s’arrête en chemin, je grimpe parce qu’on est déjà trop loin pour rebrousser chemin, je grimpe parce que quoi qu’il nous attende là-haut, je ne regrette rien. Dernier palier, je m’y hisse avant de lui demander de patienter. Sur la plus haute branche, je m’installe, comme la fois précédente, dos au tronc et à califourchon, avant de lui tendre ma main. Je la hisse à nouveau, et bientôt, nous nous retrouvons une semaine plus tôt, lorsque ce même contact, cette même position, n’était encore qu’indécision et frustration. Aujourd’hui, c’est tout naturellement que mes bras s’enroulent autour de sa taille, que mes doigts parasitent avec délice, et que mes lèvres s’inventent exploratrices. Doucement, hésitant, ma bouche se dépose sur une épaule, cajolant, pansant ce qui ne peut plus l’être. Un pardon, une demande d’absolution, tandis que l’arrière de mon crâne retourne rejoindre l’écorce de l’arbre. « J’ai envie de toi... C’est douloureux tellement j’ai envie de toi. » un murmure en forme de complainte, tandis que mes traits se tordent dans une grimace de douleur qui n’a rien de caduque. « Et j’en reviens pas d’avoir dit ça. » je m’afflige en rythmant chaque mot d’un coup d’écorce. La grenade est dégoupillée, le combat amorcée, le désastre annoncé. Et je suis le seul à blâmer.
Nora

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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptyVen 3 Aoû 2012 - 20:22

En équilibre sur la branche, tu voulais que je sache. Mon front contre ton dos, je le sais. Moi aussi je voulais savoir… Moi aussi je me suis volontairement désillusionnée pour cautionner cette fatalité. Je me suis désillusionnée pour pouvoir pallier à la réalité. Celle qui nous maintenait en respect. Je me suis laissée berner pour accéder à l’interdit sans repentir, sans presque aucun remords. Alors lequel de nous deux est le plus à blâmer ? Ma faute est égale à la tienne, double la tienne, si ce n’est plus. Tu continues de t’accabler en oubliant de m’y ajouter. Je ne suis pas innocente. Je suis faible. D’une faiblesse ridicule et profonde, presque incurable. « Si je suis encore là c’est aussi parce que j’y arrive pas… » je réponds, ma voix étouffée par son dos. Tu comprends que tu n’es pas le seul facteur défaillant dans cette équation ? Ma faiblesse, ma connerie, ma souffrance. La sienne, la leur. Je suis désolée. Ma prise autour de lui faiblie. Qui qui suis-je pour foutre le bordel entre Roméo et Juliette ? Qui suis-je pour être l’élément qui creuse la distance entre eux ? Je ne dois pas être actrice là-dedans, je ne peux même pas prétendre au rôle de figurante. Ou alors, celle qui sert à rien, qui ne fait que passer. Un passage furtif et rapide. Surtout concis et sans attaches. Me suis-je trompée d’histoire ? Me suis-je égarée ? Je n’ai rien à voir dans cette romance, la leur. Alors, pourquoi je suis là ? Là comme un personnage étranger à cette histoire, loin de son ouvrage, et qui en modifie une autre par son inconscience, par sa simple présence. Comment suis-je arrivée là ? Mes entrailles se nouent. Je me sens coupable, responsable et punissable. C’est sa voix qui finit par me tirer de ces pensées. Un ton léger qui me laisse perplexe. La poitrine comprimée, je lève les yeux, je lève une main. J’accroche une branche, j’accroche sa manche. Et je m’élève avec son aide. Je perds bout de ma précédente réflexion dans l’ascension. Une marche plus haute, plus loin. Elle se désintègre et s’étiole au fur et à mesure des branches, des étages, des paliers, de la hauteur, du vide qui sépare mon corps du sol. Je ne regarde plus en bas. Je le suis dans les branchages, m’enfonçant dans les feuillages. Légère pause. J’avise la dernière branche, celle de notre supposé affranchissement. J’attends, lorsque sa main se tend pour la énième fois, je la saisis, je prends appui contre le tronc, et il finit par me hisser. Mes pieds d’un seul et même côté. Un flashback. Une sensation de déjà vécu, forcément… Je sais ce qu’il me reste à faire. Je passe précautionneusement une jambe par-dessus la branche pour me retrouver dos à Loxias. Je laisse la « belle vue » derrière moi pour me concentrer sur une autre, d’une autre nature. Et ses bras s’enroulent autour de ma taille, me ramènent à lui, ma respiration se fait fébrile sous ses doigts. Comme la dernière fois, dans ses bras, ma tête se dépose dans le creux de son épaule. Dès lors, je rive mes prunelles vers l’horizon et détaille le ciel avec attention. Je soupire doucement, tentant de profiter de ce moment. Délicatement, dans un mouvement de sensible hésitation, je sens ses lèvres sur ma peau. Je retiens une inspiration, réprime un frisson. Les yeux clos, je contrôle le martèlement de mon palpitant. Enivrant. Douce ivresse, folle délicatesse. Une seconde file, peut-être plus, il se détache et je retrouve la fluidité de mes respirations. Sa voix s’élève, ses paroles glissent jusqu’à mon oreille, s’infiltrent. Je crois que mon corps se raidit, surprit. J’ouvre les yeux brusquement. Je demeure silencieuse, les iris plantés droit devant. Comment réagir à cela ? Que dire à cela ? Il n’en revient pas d’avoir dit ça. Moi non plus... Nous brulons du même feu, nous crevons des mêmes flammes… Je lève la tête, contre son épaule, en sa direction, mon bras gauche s’élève, mes doigts se déposent sur sa nuque. Un instant de flottement, l’émeraude plonge dans l’azur, j’attire son visage vers moi, à moi. Le bout de mes doigts glisse sur sa joue gauche, mes lèvres s’approchent mais ne s’accrochent. Elles se confrontent, se jaugent, mais ne se touchent ou ne se frôlent. Tu n’as pas le droit de vouloir ça... en principe, parce que n’avons-nous pas franchi la ligne, la limite ? Ne sommes-nous pas allés trop loin ? Alors, qu’est-ce que tu as le droit de dire ou faire maintenant ? Non, c’est ridicule. Toute façon, ça ne change rien. Ça c’est un fait. Malgré la hauteur, malgré cette terre d’affliction laissée quelques mètres, kilomètres plus bas, la réalité nous rattrapera. La réalité est là, bien présente. Cette attache aussi maigre soit-elle –ou pas- est toujours là au fond de toi, quelque part en toi. Et moi, je suis là à te regarder toi comme si tu pouvais être à moi, comme si tu l’étais déjà je ne sais pas, comme si tu n’avais pas ses obligations là, comme tu n’avais pas pris ces engagements-là. Et ça fait quoi de moi tout ça ? Loxias, je ne suis pas de ces femmes-là. Ces femmes qui détournent ce qui ne leur appartient pas. Dis-moi que je ne suis pas comme ça… Ces tentatrices sournoises qui détruisent, ruinent, et dérobent. Ces femmes enjôleuses et insidieuses qui posent leurs yeux sur ce qui ne le devrait pas et l’arrachent. Dis le moi… Dis-moi que je ne suis pas comme ça... Et pourtant, je fais quoi là ? Ça n’est pas moi ça, tout ça. Alors pourquoi j’ai l’impression d’être prise dans une impasse, de m’être perdue dans un cul de sac qui n’a pas le droit d’être là, qui n’a pas le droit de se dresser devant moi. Je devrais simplement rebrousser chemin après avoir vu cette voie sans issue. Après l’avoir compris et saisi. Mais non, je suis encore là, à chercher, inconsciemment ou pas, un autre chemin, à regarder les murs devant moi en attendant… Attendant quoi ? Qu’ils s’écartent devant moi ? Douce illusion, risible prétention. Je ne sais pas… Mon rythme cardiaque s’accélère à cette pensée, à cette peur-là. Ai-je changé ? Suis-je devenue mauvaise ? Suis-je devenue ce qu’originellement je ne suis pas ? Suis-je devenue ce genre de personnes ? Suis-je devenue ce que je n’approuve pas ? Suis-je devenue si égoïste ? Est-ce que je leur fais mal de mon plein gré ? Est-ce inconscient ? Est-ce que je sème et nourris le chaos et la souffrance consciemment ? J’ai peur. Peur d’être comme ça, peur d’être devenue comme ça, peur de faire tout ça. L’angoisse s’infiltre. Ce n’est pas moi. Comment savoir ? Suis-je objective ? Mes prunelles toujours plantées dans les siennes, je souffle d’une voix hésitante et tremblante. Chevrotante innocence. « Est-ce que c’est mal… » Tu comprends ma question ? Ma gorge se noue. Mes prunelles te traduisent ces questions… Est-ce que c’est mal d’être si amoureuse de toi alors que je n’ai pas le droit, mal de ne vouloir m’éloigner de toi alors que je devrais pour éviter de cause plus de dégâts, mal de m’accrocher à tes lèvres lorsque les tiennes se pressent contre les miennes, mal d’espérer que tes mains sur mes reins jamais ne s’en décrocheront ? Mal d’oublier volontairement que tu ne peux, ni ne sera mien ? Mal de me laisser porter par mon besoin de toi et rien d’autre ? Mal de ne plus raisonner quand je suis près de toi ? Mal de me cacher derrière des excuses qui n’en sont pas. Suis-je devenue tout ça, dis-moi… Parce que dans ce cas-là, je ne suis pas simple pécheresse mais bien diablesse. Coupable je mérite sentence, coupable je ne mérite ni acquittement ni rémission. Immobile, lovée en pleine perdition contre toi, ton souffle contre ma bouche, je te questionne…


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MessageSujet: Re: No-man's land (01/08 à 19h34)   No-man's land (01/08 à 19h34) EmptySam 4 Aoû 2012 - 6:13

Il n’est même plus question de volonté, parce que la volonté nous a déserté, elle a laissé place nette à la capacité et l’endurance à la douleur. Nous ne sommes plus maître de rien, et probablement ne l’avons nous jamais été, je n’ai fais que me laisser berner, me bercer d’illusion, parce qu’il est plus facile et moins terrifiant de se dire qu’on a un rôle à jouer, un pouvoir quelconque sur ce qui est entrain d’arriver. Mais tout est déjà contenu dans la phrase, si c’est entrain d’arriver, alors ça ne peut pas être stoppé, ni par moi, ni par n’importe qui d’autre. C’est un ensemble d’évènements, c’est un ensemble de mouvements sur le damier d’un échiquier qui amène à ce résultat, un résultat conséquent, un résultat intimidant, un résultat auquel je n’ai pas envie de penser, un résultat à mettre de côté, juste pour un soir, juste pour ce soir, demain il sera toujours temps, trop tôt il sera toujours temps. Alors, ma main s’empare de la sienne, la guidant vers une autre branche, puis une autre, et encore une autre, toujours plus haut, toujours plus loin de cette terre désolée qui nous juge et nous condamne sans savoir, qui nous condamne sans voir. Je ne la lâche pas, pas une seule fois, pas par peur qu’elle faiblisse et dérape, mais par peur qu’elle m’échappe. J’ai peur qu’en lâchant sa main, qu’en rompant le contact, le charme se désintègre, que le sol et tout ce qu’il signifie nous rattrape d’un coup, s’impose à nous, et brise tout. Il y a déjà eu trop dégâts, je veux juste m’accorder une pause, nous accorder une pause d’un instant, d’un moment. Un moment qui n’engage à rien, elle le sait, je le sait, mais un moment qui libère, qui tempère. Du moins, je l’espère. L’escalade achevée, je l’accompagne jusqu’à moi, ne retrouvant ma raison qu’une fois ses hanches contre les miennes, ma déraison qu’une fois son bassin contre le mien. J’aimerais qu’il en soit autrement, j’aimerais m’éloigner de ses tourments, les siens, les miens, les nôtres, mais mon corps vibre au contact du sien, mais mon corps à besoin du sien, pire que ça, mon corps veut le sien. Un besoin impérieux et ténébreux, un besoin nébuleux qui me tenaille, me cisaille, et porte mon âme à la décadence. C’est la folie qui m’a conduite jusqu’ici. Est-ce un mal lorsqu’on sait qu’elle a guidé toute ma vie ? Devrais-je la rejeter aujourd’hui, quand hier encore elle se devait d’être suivie ? A quel moment la folie devient démence ? A quel moment folie devient ennemie ? Comment la reconnait-on ? A son ardeur, à son implacabilité, à son pouvoir de majesté ? Comment puis-je résister là où j’ai toujours cédé ? Comment ce qui fut toujours ma force a pu se transformé en faiblesse ? Je ne sais plus qui blâmer, je ne sais plus si quelqu’un est à blâmer où s’il s’agit simplement de la fatalité ? D’une dernière ou nouvelle épreuve à traverser ? Je ne sais pas, je ne sais plus, je crois que je n’ai pas envie de savoir, alors je me cache, je m’endors, je me tasse, mes lèvres dans son cou, puis mon crâne contre l’écorce... J’ai envie de toi, Nora... Pas seulement de ton corps, pas par instinct purement sexuel, je te veux toi, toute entière, ta peau, tes os, ton sang, ton âme... Je te veux, et je ne pense plus qu’à ça. Je te veux et il n’y a plus que ça, que toi... Je te veux, et je n’en reviens pas de t’avoir confié ça. Je te veux, je la veux, et je ne vois plus au-delà. Parce qu’ici, le reste ne compte pas tant que ça, parce qu’ici, le reste n’existe peu ou pas. Je ne vois que toi, que ça... Que son menton qui se redresse, que son front qui se dresse, que ses doigts qui caressent, et moi qui ploie. Ses lèvres en périphérie des miennes, le chavirement de ses iris tentant désespérément de se raccrocher aux miennes, et mes mains, mes mains qui ne quittent pas son ventre. Elle respire avec moi, elle chavire avec moi, mais jamais ne me touche. Elle suffoque et chevrote, elle m’attise, elle m’enivre, mais c’est son mal qui s’insinue en moi, cette douleur tapie, cette douleur sournoise, qui s’agite et gravite, autour d’elle et puis de moi. C’est pour ça que je suis là, c’est pour ça que je fais tout ça, parce que son être en souffrance, c’est le mien en partance. En partance vers la démence, vers l'aliénation, vers l’internement. C’est insupportable, c’est intolérable. Je sens sa peur et sa douleur, je sens et ressens chacune des blessures que je lui inflige en étant ce que je suis, en étant ce que je devrais être, en cessant d’être ce que je suis toujours... Les blessures que je lui inflige en l’amenant à être ce qu’elle n’est pas. « Est-ce que c’est mal… » Et mon coeur manque un battement, et mon coeur souffre mille tourments, et mes bras se resserrent sur toi, uniquement. J’ai mal, j’ai tellement mal que je pourrais hurler, hurler et chialer sur l’humour douteux d’une fatalité sadique et ironique. Non, Nora, non. « Non... » j’expulse en étendant une main de sa joue à sa nuque, englobant son visage pour la forcer à demeurée arrimée à moi, arrimée à ça... « Non, Nora. C’est compliqué, c’est torturé, c’est embrouillé, c’est tourmenté, c’est incontrôlé, mais c’est pas mal, Nora... C’est pas ça le mal, crois-moi. Le mal il est intentionnel, il est prémédité, il est décidé. Il y a une grande différence entre agir et subir, Chamsi... » Mon regard sonde le sien, domine le sien, impose le mien. « On ne choisi pas ce genre de choses, je suis bien placé pour le savoir, on ne fait que les subir, le choix ne nous appartient pas... En tous cas, pas ce choix-là. » Pas celui de ressentir ce qu’elle ressent, pas celui de ressentir ce que je ressens, ce tiraillement, ce déchirement. Ça fait mal, mais c’est pas mal. Mon regard s’attarde sur elle, détaillant tout ce qu’il peut, de l’arc de ses sourcils à la courbe de sa bouche, que je baise, une fois, deux fois, trois fois, picorant, hésitant, avant de m’écarter légèrement. « Je ne sais pas ce que demain nous réserve, mais... » mes paupières se ferment, mon front s’ancre au sien. « Mais ce moment durera éternellement... » Comme dans l’invitation au voyage... Aimer à loisir, Aimer et mourir, Au pays qui te ressemble... « Les soleils mouillés, de ces ciels brouillés, pour mon esprit ont les charmes, si mystérieux, de tes traîtres yeux, brillant à travers leurs larmes... » je poursuis à voix haute, dans un souffle, avant de relâcher, nuque, joue, front, bouche, pour retourner m’arrimer à ses hanches, à son ventre, et laisser échapper un soupir de soulagement de la sentir contre moi... rien qu’à moi...

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