→ It’s just a cigarette and it can’t be that bad
le 03/08 à 14h06
avec Evan.

Je n’ai jamais eu besoin de nicotine, jamais ressenti ce besoin de m’encrasser les poumons et m’étourdir pour oublier, pour aller mieux, pour canaliser le bordel intérieur. Mais là, je me dis que toute solution est bonne à prendre. Que je ne suis pas en position de cracher sur les moyens de s’échapper, même temporairement ou artificiellement. Alors, je me saisis d’un paquet de tabac, au hasard, un paquet de feuille, dans le cellier. Un briquet dans le tiroir de la cuisine. Parce que ouais, en plus j’ai du temps à perdre. Du temps à perdre à les rouler. Parce qu’on le sait tous, les clopes indus ça part vite. Beaucoup trop vite. Soit. Toute façon, ce n’est pas le propos. J’ai toute une après-midi à tuer, des pensées à refouler, des moments –douloureux ou pas- à ressasser, des émotions à canaliser. Et, c’est soit ça, soit je me terre, à nouveau, sous mes draps et ne bouge plus jusqu’à ce que l’on vienne me chercher pour le prime de dimanche. Profiter, profiter… les paroles d’Evan. Autant j’y croyais dur comme fer. Autant, il y’a quelques semaines, je trouvais ça super simple à appliquer, ou du moins, moins compliqué. Autant maintenant, je trouve ça… herculéen. Sans déconner. Je foule les pas sur l’asphalte humide, me dirige vers le parc, traverse les étendues verdoyantes, je ramasse des cailloux, plat de préférence, avant d’échouer devant le lac. Je m’installe en tailleur, à même le sol, à même l’herbe. J’étale mon matériel. Cylindrique Nora, souviens toi. Cylindrique. Je dispose, je tasse, je roule. Mes doigts s’agitent. Merde le filtre. Je fronce les sourcils. Tant pis. Je ne suis pas une tapette, j’ai pas peur de la cigarette. Ok, passons. Ca va m’exploser les poumons, je le sens. Je me remets en équilibre sur mes pieds, face au lac. J’allume le bout de ma cigarette avant de la caler entre mes lèvres, je sors un premier caillou de ma poche. Ok, voici les règles : le nombre de ricochets définira le nombre de lattes à prendre. Je crée mon jeu, je m'occupe comme je peux. Je dégaine mon caillou, lève mon bras, arme, tire. « Un, deux, trois… hm, quatre » je fais à haute voix avant de rapprocher la nocive de mes fines lèvres.