Lundi. Au soir. Autrement dit première journée de jeu presque terminée. Première journée de jeu plutôt étrange. Je ne me souviens de plus grand chose de la soirée d'entrée d'hier, mais quand je dis plus grand chose, c'est rien du tout en fait. Sauf quelques têtes. Celle de ma partenaire, heureusement, j'aurai eu une belle surprise en me réveillant ce matin. Enfin ce midi. Plus aucun nom ne me revenait en tête. Même pas celui de ma partenaire. J'étais dans de beau draps. D'ailleurs en parlant de draps, j'avais comme qui dirait sommeil. Malheureusement, je n'avais croisé personne capable de me remémorer le prénom de cette belle créature avec qui j'avais partagé mon lit. Dormir avec une fille, ça ne m'est absolument pas horrible. Au contraire, j'avais envie de dire, étant donné, mon orientation sexuelle. Je ne comptais pas lui faire du gringe, ou l'attaquer en pleine nuit. Pas cette nuit en tout cas *léger rire* Pas quand je suis 'consciente'. Enfin. Mon corps entièrement enveloppé dans mon pyjama de bébé, je m'approchais timidement dans la chambre. Je crois que la jeune femme ma vue. Oui. Alors tandis qu'elle parlait, je découvrait réellement la chambre, pour la première fois. « Jtai pas vu hier soir alors jsais pas si ça te convient pour le lit, les côtés jveux dire. Enfin, le reste aussi d'ailleurs si t'as des trucs à m'dire. » Je tournais ma tête de droit quart vers elle, esquissant un sourire hésitant. « Non non. » Je détournais les yeux de la jeune femme. « Je veux dire, je n'ai rien à redire. » Ajoutais-je quelques dizaines de secondes après. « C'est parfait pour moi. » Concluais-je, en m'approchant du lit. Absolument, je ne comptais pas rediscuter pour une place dans le lit ; je n'allais pas faire une petite crise parce que j'aurai préféré l'autre côté. Ca m'était égale d'ailleurs, j'avais l'habitude de dormir dans un lit d'une personne. Je m'asseyais bêtement sur le lit, ne sachant trop quoi dire, quoi ajouter. J'avais terriblement envie de lui demander son prénom, mais je n'osais pas. Non. Je me contentais de tapoter nerveusement avec mes doigts, le matelas. Je bougeais tout aussi nerveusement ma jambe. Je prenais soin de ne pas poser mes yeux sur ma partenaire.

C'était limite, si mes lèvres ne tremblaient pas aussi. Ca ne serait que l'enchaînement de tout mes signes, montrant mon extrême timidité. Même sans ça, j'avais l'impression d'avoir un énorme panneau lumineux, clignotant, au dessus de ma tête, avec écrit dessus, 'UNE PUTAIN DE TIMIDE' dessus, accompagné d'une magnifique flèche pointé sur ma tête. Et des feux d'artifices aussi. « Crache le morceau, ça ira plus vite. » Je souriais, confuse, désolée de l'entendre dire ça. J'avais envie de me faire toute petite, de rentrer dans un trou de souris et n'en sortir que dix semaines plus tard. Oui, carrément. Elle voyait, ça se voyait, que je n'étais « pas bien », la honte. C'est pas pour autant que je lui aurai répondu quelque chose, hm. « Enfin, jvais pas te bouffer, tu peux me dire si y'a un truc, jrisque pas de le prendre mal, t'inquiètes. » C'est vrai, c'était ridicule d'hésiter comme ça, de paniquer et de suer de tous côtés. Finalement je relevais mon regard. Plus ! Je plissais les yeux en lui annonçant finalement, ce qui me rendait nerveuse ainsi. « En fait... euh... Je sais plus... Je sais plus ton prénom... » Je parlais toujours un ton en dessous. Je n'aimais pas trop l'idée de lui avouer ça. Elle risquait de me prendre sûrement pour une débile, incapable de retenir un moindre prénom. Ce qui est en vrai, le cas, mais ce n'était pas entièrement de ma faute. N'ayant pas entière possession de mes moyens la nuit dernière, je n'avais eu aucun moyen de retenir ne ce serait-ce la moindre chose sur celle qui partagera mon lit. Enfin, c'est pas le mien... Bref, je ne voulais pas me faire mal voir auprès d'elle dès la première semaine, comme j'avais envie d'être sociable avec tout le monde et non passer pour le papier peint de service. Je lui adressais finalement un sourire, la regardant un peu honteuse. Mon Dieu que j'avais honte oui et que j'devais avoir l'air débilos avec mes joues rosies d'avoir l'attention de quelqu'un sur moi. Je me mordillais la lèvres, sachant très bien je voulais ajouter autre chose, mais ça ne sortait pas. Évidemment. Asmaa, sérieux, tu vas pas te défiler comme toujours, ça craint un max quand même. Pour qui tu vas passer là ? J'esquissais un nouveau léger sourire. «  Je garde toujours un... paquet de chewing-gum avec moi, même quand je dors. S'il te plais, ni touche pas. » Non surtout pas. Ce n'était pas une question de vie ou de mort, mais presque. Y toucher serait... regrettable. Pour elle.

Ça m'embêtait terriblement de lui redemander son prénom. J'imaginais lui avoir déjà demandé lors du prime. D'où ma gêne. Pourtant son regard pressant et son envie de tout savoir, me stressa. Comme une douleur inexistante, finalement, je le lui redemandais avec une drôle de tête. L'horreur, la décomposition ; si j'étais composée de plus d'eau, je me serais liquéfiée sur place. J'avais pour but de vivre l'aventure sans me mettre à dos quelqu'un, alors, ce n'était pas pour vexer ou faire enrager ma partenaire. Loin de moi l'idée de l'énerver en lui redemandant une énième fois. Et elle se met à rire. Je plissais mes sourcils, avec l'horrible envie de m'excuser amplement et platement. Ça pouvait paraître sympa, mais ce n'était absolument pas la réaction que j'avais attendu. Je la voyais se lever et me traiter de tout les noms, que j'étais bouchée et complètement craignos. Non, elle rigolait, mais elle finissait par me répondre. « Et bah, je savais que je t'avais pas fait grande impression hier soir mais à ce point... Mon prénom c'est Branca... Essaie de le retenir cette fois parce que je risque de le pendre moins bien la prochaine fois... » Ce n'était pas de ma faute, vraiment. Enfin, ce n'était pas conscient. Elle ne m'avait pas fait grande impression, comme le reste des candidats en vérité. Une chance que j'avais, tout de même, retenu son visage. Son beau visage. Cela aurait été une plus grande honte si je n'avais même pas su à quoi elle ressemblait. (J'allais quand même loin, hein, me taper la honte ainsi, alors que nos deux prénoms était noté au dessus de la tête de notre lit, sur le tableau noir. Ouai, j'étais pas bigleuse, mais j'étais tellement stressée que je ne l'avais pas vu!). « Je vais le retenir... Excuses-moi. » Je ne pus pas m'en empêcher. Il fallait que je m'excuse de ma bêtise. Branca. Branca. Voilà, c'est retenu. Promis, je ne l'embêterais plus jamais avec ça. Puisqu'elle me demandait de tout lui dire, j'avais braqué sur mon histoire de 'boite'. « Et bien, je te rassure, je n'y toucherais pas. Jsuis pas tellement fan des chewing-gums et encore moins la nuit. » Je soufflais, lentement. J'voudrais bien lui en dire plus, pour ne pas passer pour la fille qui mâche ses chewing-gums même par nuit, parce qu'il ne s'agissait pas de ça. Enfin, c'est un paquet de chewing-gum, mais il n'en contenait pas. C'était autre chose. J'avais véritablement l'impression de passer pour ridicule et qu'elle se foutait de ma gueule. J'crois même qu'elle aurait préféré avoir quelqu'un d'autre comme partenaire que cette fille, incapable de retenir un prénom et qui veut pas qu'on touche à son paquet de chewing-gum. J'passe pour une radine, en plus, alors que je suis bien loin de l'être. J’acquiesçais alors, d'un mouvement de tête, comme simple réponse. Un sourire coincé, pour merci. « Ca va mieux alors ? » Je posais de nouveau mes yeux sur elle, un timide sourire aux lèvres, accompagné d'un mouvement de tête. « Je crois, oui. » Avouais-je, d'une petite voix et un silence s'installa. Je toussais, regardant de nouveau ailleurs. J'ai rien à dire. Comme d'habitude. (Je sais, c'est chiant. Carrément même. Du genre, aucune conversation quoi...)