La discussion me paraît de plus en plus enrichissante. Plus les minutes défilent, plus je me sens dans mon élément. Ce point commun qui nous lie, qui nous passionne prend une tournure toute autre lorsque s'y mêle nos vies respectives. On ne peut pas parler de voyage, sans parler de soi. Ces périples m'ont détruit, m'ont endurci. Il y a un avant et un après la Route. Je lui explique en bref où j'ai voyagé. Des endroits pas très exotiques, mais pour lesquels j'ai un profond attachement. J'ai vécu au rythme de voyages pénibles et exaltants. Les seuls souvenirs qu'il m'en reste, ce ne sont que des photos, des polaroids, des films voire même des écrits sur un carnet à pages froissées et vieillies par le temps. - Pourquoi tu es ici, alors ? Je réfléchis un instant. J'ai arrêté les voyages pour de nombreuses raisons. D'abord, pratiques. Je n'ai pas besoin de beaucoup d'argent pour vivre. Je suis du genre débrouillarde. Je n'ai pas envie de vivre aux crochets de M'man. Si je le voulais, je n'ai pas besoin d'un boulot pour vivre. J'ai choisi la vie que je voulais mener. Une vie difficile, semée d'obstacles. Et j'ai toujours assumé mes choix jusqu'ici. Des choix parfois douloureux. - C'est ma soeur qui m'a poussé à m'y inscrire. J'ai accepté pour elle, mais aussi parce que les voyages m'ont usé à force. J'avais besoin d'un autre environnement stable pour repartir à zéro. Pour me reconstruire. J'ai envie d'expérimenter de nouvelles choses. En gros, je fais une pause. J'ai passé mon temps à courir après le temps. J'ai profité de chaque instant, mais ça ne m'a plus suffit. La lassitude est arrivée. J'ai mis un frein à mes excès. Je restreins mes efforts. La solitude a commencé à m'étouffer. Ma présence ici m'est vitale. Un moyen pour exorciser quelques démons par la même occasion. J'enchaîne avec une autre question. Quel est le pays qui l'a le plus marqué ? Réponse : - La Belgique. J'avoue de ne pas connaître très bien ce pays. Je ne sais même pas où il se situe exactement. Je sais juste que c'est non loin de la France. - A cause de leur conflit, déjà. Il va peut-être me traiter d'inculte. Je ne suis pas les infos donc je ne sais pas ce qui se passe dans d'autres pays. - Et parce qu’ils ont un coté qui me plait, je me suis senti pleinement intégré aux belges. Un humour noir, l’amour de la bière et des frites et puis le meilleur chocolat qui m’ait été donné de manger. Je souris. J'ai entendu dire que le chocolat belge y est délicieux. J'en ai l'eau à la bouche, rien d'y penser. Question suivante : - Quel est le prochain pays que tu aimerais visiter ? Un vent frais vient s'engouffrer dans mes cheveux. Les effluves de lavande me remontent au nez.