Mercredi n'échappe pas à la règle et dès que les rayon du soleil passent à travers les vieux volets de notre chambre, je me réveille. Je ne supporte décidément pas ces volets. A quoi est-ce qu'ils servent s'il y a des trous dedans ? Nouvelle question existentielle. Il me fallait venir à Fake-lover pour commencer à me poser des questions sur la vie. Alors qu'en général, je suis plutôt du genre à me laisser vivre doucement, sans me presser. Je mets le tout sur le compte de la première semaine, celle où je me cherche et j'apprivoise les lieux qui m'entourent. Je laisserais l'Arès dit 'normal' sortir plus tard. Quand je serai habituer. Quand les alentours ne me feront plus autant d'effet. J'enfile un jogging confortable et un débardeur noir et je sors de l'école des filles pour me diriger en périphérie du village que je n'ai pas eu l'occasion de visiter. Mes pas se laissent allés, calmement, doucement, et cette sérénité m'envahit. Elle m'est totalement inconnue alors, j'en profite. Je l'intègre en masse et respire l'air frais du matin qui me rafraîchit entièrement. A Paris, impossible de tenter une telle chose. Au risque de s’étouffer avec les gaz d'échappement ou se faire bousculer par des travailleurs pressés. Et quand on habite à Paris, qu'on soit travailleur ou pas, on est quand même pressé et je n’échappe pas à la règle. Je n'ai, la plupart du temps, absolument rien à faire, ni même aucune idée de l'endroit où je me rends et pourtant, je trottine comme si j'étais en retard. Je presse le pas jusqu'à faire trois fois le tour du pâté d'immeubles en réfléchissant à l'endroit où je pourrais bien aller et puis, je rentre chez moi. C'est une habitude qu'ont certainement pris tous les parisiens. Quoiqu'il en soit, j'arrive tout de même à ce qui s'apparente à une ancienne fête foraine. Guilleret, je retombe complètement en enfance et me perd dans cette immensité qui me donne envie. J'ai envie de pommes d'amour, de barbe à papa, de faire du carrousel et des chaises volantes. Je m'approche du stand de friandise, j'attrape une barbe à papa et je l’enfourne et déguste le tout en continuant mon chemin jusqu'à arriver pile en face d'une des candidates. « Grillé. » je tente de balbutier comme je peux, la bouche pleine de sucre. Je tente une espèce de sourire qui s’apparente plutôt à une grimace et j'essaie d'avaler le plus vite possible. « Arès le gros sac, enchanté. » je marmonne d'une voix rauque en esquissant un sourire en coin. Je tenterais bien un baiser sur sa joue, sans arrière pensée, juste pour lui dire bonjour mais je m'abstiens. On ne sait pas comment les gens réagissent ici. Rien qu'à voir la blonde de l'autre jour qui a tapé un scandale et a jeté son verre à la figure d'un autre candidat..

Je n'ai pas le temps de prononcer le moindre autre mot ou d'avaler la barbe à papa qui s’amoncelle dans ma bouche que déjà l'inconnue me prend par surprise. « C'est pas un peu tôt pour les sucreries ? » Elle tend un bras, je ferme les yeux. Par pur réflexe. Elle pose sur sa langue ce qui semble être un surplus de sucre collé au coin de mes lèvres et je souris. comme je peux. « Et c'est pas un peu tôt pour ce genre de tendresse ? J'suis pas un mec facile moi. » je réplique d'un air mutin en lui tendant tout de même mon bâton. Elle est en jogging, elle a l'air d'avoir couru une bonne demie heure voire certainement plus et elle n'est même pas essoufflée. A côté, je fais tâche. « Arès, classe, dieu de la guerre donc ? Pas mal. Branca, simple mortelle, enchantée aussi. » Elle réplique à mes présentation et je ne peux m'empêcher de rire. Cette blague, j'y ai droit assez souvent de la part des personnes un minimum cultivées. Le reste du temps, on me crie simplement que mon prénom est vraiment trop bizarre. Et moi même j'en conviens, d'ailleurs. Dans tous les cas, ce sont mes parents les barges. Je n'ai pas choisis de m'appeler comme ça. Néanmoins, j'ai la nette impression qu'avoir un prénom qui sort un peu de l'ordinaire permet de se faire remarquer et ça, ce n'est pas négligeable. « Salut, Branca-simple-mortelle, tu veux de la barbe à papa ? T'as l'air d'avoir couru. » Façon plutôt paraphraser de lui poser la question, en vérité. Je garde ce sourire un peu niais, un peu mutin qui me caractérise plutôt pas mal. Elle a l'air sympa, cette Branca simple mortelle. « T'es donc envoyé par ton pote Cupidon pour nous inciter à nous tirer dans les pattes donc ? Oui bon, je sais, c'est très nul... » Je lève les yeux et la tête au ciel comme si j'étais démasqué et je pousse un soupir exagéré. « Tu devrais aller buzzer, c'est ta chance là. » je lui rétorque accompagné d'un clin d'oeil.

« Parce que tu trouves que te piquer ta barbe à papa directement dans la bouche c'est une preuve de tendresse toi ? Jpourrais te montrer bien mieux mais comme tu n'es pas une garçon facile, jvoudrais pas te choquer... » Mon visage se fend en un énorme sourire franc. « Attendons un peu pour que tu me montre ça, alors. » je réponds armé de ce même sourire mutin qui ne nous quitte pas depuis le début de notre rencontre. Elle est adorable en ayant couru. Alors je tente de l'imaginer après une douche, bien habillée. Je la dévisage sans aucune discrétion tandis qu'elle pioche dans ma barbe à papa. « Mais en fait, c'est toi qui l'a faite ? Parce que... y'a personne ici. Et oui, j'ai couru, j'étais débout alors histoire de m'occuper un minimum... » Je me tourne et lui montre le stand du doigt. En fait, elle était posée là et je l'ai prise. Sans me demander qui avait pu la faire et depuis combien de temps elle se trouvait là. « Euh.. -- en fait y en a plein disposée là-bas alors je me suis servis. » Et si cette barbe à papa date de plusieurs jours, nous sommes dans la merde. « Si on choppe la mort, on saura pourquoi. » je termine, regardant avec dédain cette montagne de sucre qui ne me fait plus du tout autant envie. « On devrait s'occuper ensemble la prochaine fois.. En courant je veux dire. » Voilà, a barbe à papa périmée me fait déjà un effet fou. Je bafouille, ma langue fourche. Et puis, on se présente, elle me taquine et je ne cesse de sourire. Cette fille est adorable, vraiment. Elle me met à l'aise, j'ai l'impression de la connaître depuis toujours et j'aime cette sensation qu'elle renvoie. « Le pire c'est que si ça se trouve, j'ai raison mais comme c'est trop facile, je vais hésiter et au final, je me ferais avoir... » J'hausse un sourcil et adopte un air mystérieux. Peut-être y est-elle, peut-être pas. « Va donc et fait moi gagner un peu de thunes, j'en ai besoin. » je rétorque du tac au tac avant de m'engager dans l'allée et déposer ma barbe à papa dans la première poubelle que nous croisons sur notre chemin.