WITH BRANCA
ASMAA
NIVEAU I

Cette crainte restait encrée dans mon esprit. La crainte, oui, de ne plus être perçue de la même manière par les autres. Posséder le secret des autres étaient bien plus pesant que ce que l'ont pourrait croire, oui, parce que j'étais certaines que certains serait heureux dans mon cas. Pas moi. Je ne trouvais rien de grisant à ça. Au contraire, j'avais l'impression de forcer leur intimité plus qu'autre chose. Pourtant, l'on m'a assuré que ce n'était rien ; des personnes étaient compréhensive, mais rien n'y faisait. En entrant dans l'auberge, j’apercevais ma partenaire dans un coin du canapé. Elle était la seule qui aurait pu ne pas m'en vouloir, puisqu'en tant que partenaire j'aurais été amenée à connaître aussi son secret, pourtant, j'avais sentit une tension avec elle également. Je m'imaginais bien qu'il en était aussi de l'ordre du secret, celui qu'on lui avait dit à la place du « vrai ». Je ne savais pas quoi faire, car engagée une conversation n'était vraiment, mais vraiment pas dans mes cordes, pourtant je m'en sentais forcée. J'approchais d'elle, m'arrêtant derrière le dossier du canapé, sur lequel je posais mes mains. « Branca... » L'interpellais-je, espérant qu'elle m'entende à cause de ma voix légère et qu'elle veuille bien m'écouter. Je passais devant le canapé, pour venir m'asseoir à ses côtés, tripotant mon gilet. La tête légèrement baissée et légèrement inclinée, je lui avouais. « Tu sais, le secret que tu as eu n'est pas bidon... Je l'ai vraiment fait. » Si tant est que la production lui ai donné le secret que je croyais, j'avais bien fuit le Maroc à cause de mes préférences sexuelles. À mes yeux, c'était celui-ci mon vrai secret, celui qui me caractérisait et qui remontais, « aux origines ». De quoi ? De mon addiction par exemple...

Je tenais absolument à clarifier les choses entre ma partenaire et moi. J'avais terriblement peur qu'elle pense que ce secret soit totalement faux et qu'elle me croit être une très grande menteuse... Alors que le seul gros mensonge que j'aurai pu propager ici, c'est de faire croire que ma spontanéité était naturelle. Elle le savait maintenant, que ce n'était pas le cas. Pourtant, j'avais l'amère impression que j'étais devenue une menteuse à ses yeux. Que je n'étais pas digne de confiance. Que j'irais crier son secret sur tout les toits ? J'espérais une réponse de sa part, tant et tant et pourtant, elle ne me disait rien. Ne me répondait pas. J'aurais juré qu'elle allait même m'envoyer balader et bien que ce ne fut pas le cas, j'avais ressentit un froid. L'ange qui passa était assez explicite pour moi. « Réponds-moi » Je plissais mes sourcils. « S'il te plait... » Rien. Finalement, je me détournais d'elle, posant mon regard à l'opposé de la pièce, avalant difficilement ma salive, pinçant mes lèvres. Je m'éloignais d'elle aussi, restant pour autant dans le canapé. J'avais le cœur gros. Je ne voulais pas que tous se mettent à réagir de cette même manière. Que deviendrais-je si tout le monde décidais de ne plus m'adresser la parole ? Je ne servais plus à rien ici... Je sentais poindre en moi un sentiment s'approchant de la tristesse, tout en étant plus que ça. J'essayais de ne pas me mettre à chialer, mais c'était plus fort que moi. Je n'avais pas la prétention de dire connaître Branca, mais elle est assurément celle avec qui je partageais le plus de mon intimité. Nous dormions ensemble. Finalement, on se réveillait quasiment tout le temps ensemble. Personne à ma connaissance n'avait eut ce privilège auparavant. Ca me tuait alors de savoir qu'elle pourrait venir à ne plus m'adresser la parole. Je tournais alors ma tête de trois quart vers elle, baissant tout de mes ceux-ci. « J'pouvais pas te le dire. Si j'avais pu, je l'aurai fait tout de suite ! » M'empressais-je de me justifier, un fin trait noir de maquillage couvrant mes joues mouillées. Son silence était pesant.

J'avais bien bel air à verser mes larmes. Si j'avais bien appris une chose, c'est que Branca n'était pas du même style que les autres nanas, enfin, que certaines nanas avec qui je m'entendais. Elle n'est pas du genre à s'attendrir, à être toute gentille. Elle était en quelques sortes dure et j'avais très bien compris pourquoi. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'en vouloir terriblement. Je savais que j'avais dû lui mentir, dans un sens, la laissait croire que le secret qui lui a été confié était le vrai secret que je défendais ici. Je me devais de le lui rappeler, je m'en sentais obligée. « Je sais. » Je lâchais une sorte de soupire, heureuse de l'entendre dire ça, ou plutôt de l'entendre parler tout court ! Son silence avait été trop long et, finalement, je ne m'attendais plus à ce qu'elle m'adresse la parole d'aussitôt. « J'en ai pas contre toi personnellement Asmaa. Donc... ne pleures pas. S'il te plaît. Et... excuse-moi. » C'est vrai, j'avais été extrême à pleurer ainsi, mais ça coulait tout seul. Preuve que mine de rien, même si nous n'étions pas si proche, sont avis et sa présence comptait beaucoup pour moi. J'avais peur de devoir m'imposer à elle chaque nuit sans qu'elle ait envie de me voir, ce qui m'étais très difficilement concevable. Je passais mes doigts sous mes yeux, pour essayer d'effacer ces larmes, secouant ma tête en guise de oui. Elle m'expliqua alors que cette révélation la déstabilisa, qu'elle n'aimait pas être dans le faux. Et que sa confiance s'est brisé en même temps que ce secret révélé. Je laissais mon regard passer sur son visage. « C'est moi qui te présentes mes excuses. Je t'ai malgré moi, blessé et je m'en veux... Je la comprend très bien ta réaction, je voulais juste... En parler avec toi et clarifier les choses. » Je parlais d'une petite voix, mon visage toujours quelque peu refermé et triste. Clarifié le fait que je n'y étais pour rien, tandis que j'étais persuadée qu'elle ne l'avait pas assimilé comme tel. « Mais j'ai conscience que ce n'est pas ta faute et maintenant, il faut juste que j'oublie... » Je la laissais m'enlacer les épaules, alors que je la regardais, peinée. J'effaçais les dernières larmes de mon visage, osant même approcher mes lèvres de sa joue pour y déposer un baiser. « J'aimerais beaucoup te faire oublier ça... T'as envie de quelque chose, en particulier ? Tu veux faire quelque chose ? Un billard peut-être ? » Je pouvais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour lui faire oublier ça, au moins pour l'espace de quelques instants. C'était ma mission de l'instant, que je venais de me donner moi-même.