GASPARD

Je ne sais pas trop ce que je foutais là pour tout vous dire. Oui, vous devez très certainement avoir remarqué que je me retrouvais bien souvent dans cette situation... Mais la raison est pourtant plutôt simple, au final. J'étais un rêveur. Je passais mes jours à courir après le temps, pas après pas, observant mes pieds fouler n'importe quel sol. Je suis un de ces gars qui marche la tête baissée. Il parait que c'est mauvais pour je ne sais trop quoi, et en toute honnêteté, le savoir ne m'intéresse pas réellement. Non, moi ce qui m'intéresse, c'est l'inconnu. Je suis un gosse au fond, chassant l'univers à coups de grandes enjambées. Alors parfois ça marche, parfois non, et je fais fasse à un mur. Mais le but est pourtant plus que simple. Ne jamais s'arrêter, toujours continuer, à la moindre embûche, se relever. Alors je marchais. La nuit était très certainement tombée depuis un moment, je ne m'en étais pas vraiment rendu compte, enfin, peut-être que si, au fond, mais c'était toujours mieux de prétendre ne pas voir le temps passer. Non, en fait j'étais un menteur. Je me mentais à moi même et ce la plupart du temps. Parce que ça faisait bien. Parce que ça me donnait l'impression d'être intéressant, alors qu'au final, je n'étais qu'un truand. J'étais simplement ce Lucien, toujours aussi paumé qu'il avait l'habitude de l'être, et parfois, putain que ça faisait du bien de s'oublier, de se mentir. Alors, j'étais Lulu, une sorte de prototype amélioré. Une version 2.0 d'une personnalité maintenant à moitié effacée. Elle est toujours là, bien entendu, et apparait par touches dans les moindres de mes actes, mouvements et paroles. Pourtant je suis nouveau, et ce depuis quelques temps maintenant. Je ne pense pas leur mentir à eux, non, parce que ce n'est pas le cas. Je me mens juste à moi même, et apprend même à y prendre plaisir. Je suis un menteur invétéré intérieurement, et ça m'amuse. Alors, mes pieds, rêveurs, me guident jusqu'à cette église abandonnée. Mes yeux les quittent pour parcourir de toute sa hauteur ce véritable monument. Je crois que je n'y ai jamais mis les pieds, non, j'en suis même presque sûr. Alors, d'un pas assuré, le regard légèrement plus sévère, je décide de pousser les portes, qui en un grincement excessif m'obéissent. Et là... « Putain, j'avais oublié que les roux avaient une peau qui aspirait la lumière, mec même dans le noir tu pourrais éblouir la pièce. » lâchais-je en plissant les yeux, observant le jeune homme quelques instants avant de reprendre « T'es trop pâle... et roux. » bah putain, vive la conclusion Lulu, ouais, chapeau. « Et tu fous quoi là dedans d'ailleurs ? » je sors une clope de son paquet, la porte à mes lèvres et l'enflamme, recrachant la fumée avant de reprendre « Je t'ai déjà dit que si tu voulais qu'on s'envoie en l'air, on pouvait le faire partout, sauf dans les lieux sacrés, t'écoutes vraiment rien. »