Le sommeil ne parvient pas à me faire fermer les yeux. Je n'y arrive pas. Trop de pensées se bousculent dans ma tête, trop de choses m'empêchent d'être serein. Je me lève discrètement afin de ne pas déranger ma partenaire qui dort comme une souche. Je la couve un moment du regard. Je remet une de ses mèches de cheveux en place et je m'en vais, en direction des thermes. Mes pieds m'y mènent un peu malgré moi. J'ai la tête ailleurs. Je n'ai même pas pris la peine d'enfiler un tee-shirt, je déambule torse nu, en jogging. Je n'ai pas froid et pourtant, le vent souffle. Mon corps n'est plus qu'une masse de nerfs à vifs. Je me déshabille sans m'en rendre compte et je plonge dans l'un des thermes chaud, me délectant de la brûlure que me procure l'eau tandis que ma peau elle, est glacée par le vent. Je pousse un soupire de satisfaction et je me plonge tout entier, jusqu'à ce que le niveau atteigne mon menton. Mes muscles se détendent, mes nerfs aussi. L'eau chaude m'apaise, je me calme. Je laisse s'envoler avec la vapeur tous mes soucis, juste le temps d'un instant. Je suis bien, serein. Sïana me rejoint à petits pas. Je suppose qu'elle aussi, tarde à trouver le sommeil. Je lui souris et la regarde se dévêtir pour se retrouver en maillot. Elle s'assoit près de moi, nos épaules se frôles. « La dernière fois que je suis venu ici, c'est Sven qui se retrouvait à moitié à poil en face de moi. J'avoue préféré carrément cette vue là. » je lui dit, taquin, un grand sourire accroché au visage. Je n'ai pas envie de penser, de me torturer l'esprit, je veux juste passer une bonne soirée/nuit, qu'importe. Et je suis certain que Sïana est la bonne personne pour cela.

Je me délecte de la chaleur de l'eau tandis que Sïana me rejoint et se pose à côté de moi, vêtue simplement d'un maillot de bain. Je la taquine, elle rit et je souris. Son rire est doux, elle chantonne et il s'élève dans cette brise fraîche d'automne. « J'suis plus canon que Sven, je le sais. » ça, j'en conviens. Et je ne peux qu’acquiescer. Sïana est très jolie. Et je n'ai pas hésité à le penser lors de notre première rencontre dans les caves. Première rencontre nocturne elle aussi, d'ailleurs. Et depuis cette rencontre, je n'ai eu de cesse que de l'apprécier de plus en plus. Je ne saurais comment définir Sïana. Je ne sais pas quoi penser d'elle. Je ne la connais pas plus que cela et pourtant, je connais des détails de sa vie qui sont touchants et affreusement personnels. « Puis j'ai deux atouts en plus. » J'arque un sourcils et m'arme d'une moue mutine et aguicheuse. Et ces deux atouts ne sont pas à omettre, effectivement. « Ça, y a aucun doute. » je réponds, mes yeux plongés dans les siens. J'aime la légèreté de nos entrevues. Il n'y a rien de sérieux. Nous sommes complémentaires sans être trop proches. Et j'avoue, j'aimerais en apprendre plus sur elle. Je m'enfonce un peu plus dans l'eau, jusqu'à être submergé, presque. Je ne détache pas mon regard de celui de Sïana et, comme piqué par un moustique, je lui demande, de but en blanc. « Est-ce que tu vois de la sensibilité en moi ? » je ne sais pas, c'est sortit comme ça. J'ai envie de savoir si elle aussi est capable de lire en moi comme Raphaël a réussit à le faire..

Je ne sais même pas comment cette question fait pour passer la barrière de mes lèvres. Elle est ridicule. J'ai l'impression de passer pour un faiblard, en manque certaine de confiance en soi. Et je la regrette instantanément malgré le fait que ce soient dans les oreilles de Sïana qu'elle est arrivée. Elle me couve du regard, me sourit, même. Je me sens un peu moins ridicule. « Bien sûr. » C'est assez peu gratifiant en soi. Je ne pensais pas être apparu de telle manière au yeux de la jeune femme lors de notre précédente rencontre. Je n'avais encore pas fait tombé le masque. J'étais encore muré dans cette carapace de fierté et pourtant, elle a tout comprit. Tout saisi. Je l'encaisse, je le prends même avec le sourire. Je ne suis pas si mal vu que ça alors ? « Tout le monde a une part de sensibilité en soit. Certains la cachent juste un peu mieux que les autres mais toi ... bien sûr que tu es sensible. Je me rappelle encore de notre première rencontre. De tes paroles. Des miennes et de tes gestes. Alors oui, je vois cette part de sensibilité en toi. » Elle lit en moi comme dans un livre ouvert, c'est déstabilisant. Et pourtant, ça me rassure. Savoir qu'elle ne me juge pas. Que ma sensibilité ne la fait pas rire. Qu'elle n'est pas du genre à rire d'autrui. Parce que c'est ce qui me fait peur. Qu'on puisse rire de moi, de cette sensibilité, cette vulnérabilité due à mon enfance chaotique. « Merci. » je souffle à demis mots tandis que mes mains entourent les épaules de la belle. Je l'attire contre moi, son dos viens se plaquer contre mon torse et mes lèvres effleurent tendrement ses joues. Quelques gestes valent bien un demi millier de mots. Et j'espère que Sïana le prendra comme tel car c'est ainsi que je l’interprète. Elle est adorable, me redonne du baume au coeur et je me dois de la remercier. « Tu sais tu.. es une des premières à qui je m'ouvre réellement. C'est assez déstabilisant sachant qu'on ne se connaît que très peu. » je souffle près de son oreille tandis que son corps me réchauffe d'autant plus que l'eau déjà quasiment bouillante.