Je me glisse hors de la chambre, la cerveau baignant dans l'alcool. Gueule de bois, bien sûre. Je rirai presque tellement que c'en est pathétique. Se saouler pour oublier, le cliché par excellence de l'ivresse et de la déchéance par-dessus le marché. Merci à William de m'avoir entraîné dans son vice. J'ai les membres ankylosés, les yeux injectés de sang. J'ai du mal à mettre un pied devant l'autre. J'ai l'esprit embrumé pendant ma relecture de L'Attrapeur-coeur de Salinger. Je feuillette les pages sans y porter un grand intérêt, je ne les lis pas. Je ne fais que de frôler les mots avec mon regard hagard. Je n'ai envie de rien. Je m'ennuie. Tout m'exaspère. J'ai juste envie de hurler. Je ne veux pas qu'on s'apitoie sur mon sort. Je veux juste qu'on me laisse tranquille, qu'on me fout une paix royale. La solitude est tout bonnement impossible entre ces lieux. Cela en devient exaspérant. Je me sens étouffer, épier, critiquer. Puis vient l'amertume. Ma nervosité est palpable. J'ai envie de tout abandonner et fuir, tout simplement fuir. Je suis lasse, je larve en trempant mes doigts pieds dans l'eau des thermes. C'est le début de l'après-midi. Un soleil de plomb s’abat sur moi, les rayons perforant chaque parcelle de peau. Je soupire de plaisir et je ris. Je ris de moi-même et de cette situation absurde dans laquelle je me trouve. C'est à hurler de rire ... J'aperçois une silhouette s'avancer vers moi. Je reconnais le nouveau candidat. Un certain Danny, j'crois. - T'es perdu, mec ?, demandai-je d'une voix enrouée en le détaillant derrière mes lunettes de soleil en forme circulaire et mes pieds barbotant tranquillement dans l'eau tiède. Une clope, il me faut une clope.