WITH SÏANA
ASMAA
NIVEAU I

Ah ! Qu'est-ce qu'ils sont beaux mes cheveux, c'est vrai. Depuis le début de l'aventure, je me plaisais à entendre ces compliments, bien qu'à mes yeux, c'était beaucoup trop. Je pourrais aller loin pour avoir leur cheveux à eux, longs, lisses, beaux. Moi, en contrepartie, ils étaient frisée et plus compliqué à coiffer. Plus que je ne l'avouerais. Et lorsqu'il s'agissait de les démêler, oh, une vraie souffrance. Oui, c'était à peine exagéré : j'en pleurais parfois. Comme à cet instant précis. Pas de grosses larmes comme lorsque l'on est triste, mais de petites, stationnées au coin externe de mes yeux. Brosse en main, j'essayais d'enlever ma tresse faite depuis hier soir, avec beaucoup de mal. Des fois, j'avais vraiment envie de faire une folie, de prendre des ciseaux et de tout couper. Tant pis pour mes cheveux. Sauf que mine de rien, j'y tenais tout de même, évidemment, comme toutes les nanas. Yeux plissées, je continuais de me brosses les cheveux, la douleur ne passant pas. Je marmonnais dans mon coin, alors que le visage de Sïana se refléta sur la surface du miroir. J'effaçais rapidement mes larmes, qui sans m'en rendre compte, avaient coulés plus que je ne l'aurais cru. Je restais silencieuse, bien trop gênée pour dire quoique ce soit.

Ce n'était même plus de la gêne. Pleurer pour des cheveux trop emmêler, c'était en quelques sortes la honte. Je me croyais totalement seule, malheureusement ce n'était pas le cas. Mes larmes ne devaient rimer à rien pour Sïana, qui ne pouvait savoir ce que c'était d'avoir des cheveux frisées, comme toutes les autres nanas ici, d'ailleurs. Les larmes sur mes joues, évidement, n'était pas dut qu'aux nœuds dans mes cheveux, mais c'était une bonne couverture tout de même. La jeune femme encore derrière moi s'approcha. « Donne moi ça, je vais t'aider. » Alors qu'elle me la désignait, je baissais les yeux sur la brosse que j'avais entre les mains. J'hésitais un peu : mes cheveux étaient comme mon trésor. Tout le monde n'avait pas le droit d'y toucher... Non sérieusement. Bon j'exagérais un peu, mais c'était ce dont j'étais la plus fière. J'étais alors un peu réticente... « Promis, je ferai doucement. » Finalement j'esquissais un sourire, lui déposant la brosse au creux de sa main. Je me doutais bien qu'elle n'allait pas y aller comme une barbare, à m'arracher les cheveux touffe par touffe. « Merci » Soufflais-je entre mes lèvres. Je me tournais de trois quart pour la laisser me coiffer alors, baissant un peu les yeux. Je voulais lui demander quelque chose d'assez... Intime. Enfin, ce n'était pas mon genre de demander ça comme ça facilement. Je serrais les mains, prenant mon courage justement à deux mains. « Dis est-ce que... Est-ce que tu as déjà embrassé quelqu'un... Je veux dire, ici ? » Finissais-je par lui demander, un peu trop curieuse.

Sïana, mine de rien, tombait à pic. Je pensais rester seule et passer un peu de temps dans la salle de bain pour me démêler mes putains de cheveux. Finalement son aide était plus que la bienvenue. J'hésitais un peu, mais ce n'était qu'à cause de mes larmes, qui s'effacèrent rapidement grâce au revers de ma main. Et puis je fis un peu la curieuse, ce qui n'était essentiellement absolument pas dans ma nature. « En dehors des missions de Cupidon tu veux dire ? » Je secouais lentement ma tête de haut en bas pour lui signifier que oui, je parlais bien d'en dehors des missions. Moi en dehors des missions, je n'avais embrassé que Malik, une fois, et même si c'était bien sur ses lèvres, ce n'était en quelques sortes qu'un baiser d'amitié ou de profonde reconnaissance. En quelques sortes, ça comptait beaucoup tout en ne comptant pas... C'était peut-être ça qui me faisait pleurer justement, ce manque d'amour pour moi. Oh, j'ai toujours eu cette politique de gentillesse, de toujours bien me faire voir, pour que l'on ne me détester pas et je crois que ça a fonctionné. Mais ce n'est pas pareille... « Oui. J'ai embrassé quelqu'un. Ici. » Je me mettais à sourire, un peu bêtement. Un baiser, je trouve ça tellement beau. Tout dépendait de l'endroit et des circonstances, mais en général je trouvais ça très beau oui. « Surtout, tu me le dis si je te fais mal hein. » J'arquais un sourcil, sur l'instant, je n'avais pas fais attention aux dents de la brosses passant à travers mes boucles, les déformant sur l'instant, pour qu'elles ne se remettent aussi bien qu'elles étaient. Je secouais de nouveau ma tête de haut en bas pour lui signifier que oui, je le lui dirais et que pour pour l'instant, justement, ça allait. « Pourquoi tu me demandes ça Asmaa ? Y a quelque chose qui ne va pas ? C'est lié à ta question ? » Mon sourire s'estompa peu à peu. En vérité, quelque chose de bizarre se passait en moi, mais je ne pouvais mettre un nom dessus. Ce n'était pas de la jalousie, mais de la peine de ne pas être aimé, quand l'on voyait déjà Raphaël et Lulu amoureux et ma partenaire et Jared pas loin non plus de cet état. « Parce que je suis curieuse, beaucoup trop curieuse excuses-moi... Si si tout vas bien, ne t'en fais pas... » Je parlais doucement, de ma petite voix. Je ne voyais pas l'utilité de lui raconter ça, de lui parler à cœur ouvert : elle avait été honnête avec moi, mais la réciproque n'était pas vrai... « Tu sais, n'hésites pas à brosser plus fort, j'ai connu bien pire... » Bah ouai au bled on n'y allait pas par quatre chemins.