Elle lui manquait. Sa présence lui manquait. Son ton glacial lui manquait. Son regard noir lui manquait. Tout chez elle lui manquait. Parce qu'elle n'avait peut être pas toujours été des plus sympathiques et aimantes à son égard, il n'en était pas moins véridique qu'elle lui manquait. Sa mère. La femme qui lui avait donné la vie. Celle qui avait du rêver à de maintes reprises de la lui reprendre. Oui, elle lui manquait. Ils avaient peut être vécus des moments difficiles et conflictuels l'un avec l'autre, mais elle est resterait pour toujours celle à laquelle il s'était raccroché, celle qui avait été durant de longues années son point de repère, son socle, son être référent. Quand elle était partie, quand elle l'avait quitté, il l'avait extrêmement mal vécu. Son corps chétif s'était fait plus frêle encore. Son esprit en était ressorti plus torturé qu'auparavant. Et il s'était peu à peu renfermé sur lui même, s'étant véritablement coupé des autres, du monde, de la vie. Ses sœurs avaient bien mieux vécu ce décès que lui, et pour cause, elles avaient des maris, des enfants, des êtres sur qui compter. Lui, il n'avait plus eu personne, du jour au lendemain. Ses dites sœurs ne semblaient jamais franchement désireuses de passer du temps avec lui. Il faut dire que lui même peinait à cohabiter avec ce qu'il était, hm. Et en ce dernier jour du mois d'octobre, Raphaël se trouvait au beau milieu de cette église, accroupi à même le sol, le regard lointain, orienté vers on ne sait-où, l'esprit ailleurs, les mains jointes, les larmes aux yeux. Sa mère, il y repensait brutalement. Elle hantait ses pensées, surtout en ce moment. Bientôt, il serait temps de célébrer les morts. Mais comment pouvait-on fêter ce genre de choses ? Lui, il passerait assurément sa journée à pleurer, à se lamenter, à hurler sa peine. Parce que le deuil de sa mère, il ne l'avait jamais fait. Voilà pourquoi il priait pour elle, pour son salut, alors qu'il espérait paradoxalement qu'elle saisirait son épaule pour lui faire savoir qu'elle n'avait jamais été morte, qu'elle n'était jamais partie, qu'elle ne s'était jamais éloignée. Mais si son épaule fut effectivement saisie, ce ne fut pas par sa mère, mais par Tris. Encore un peu perdu par ses pensées, il peina à lui sourire comme il aurait aimé le faire. « Je ne t'ai pas entendue arriver » confessa-t-il doucement, reprenant avec peine un peu de contenance. « Est-ce que tu t'es perdue ? » Parce que, naturellement, elle ne pouvait pas être ici pour une autre raison que parce qu'elle se serait égarée. Bien sûr.