Raphaël au confessionnal !

Arès, quel secret penses-tu avoir découvert ?

Le dernier indice donné par la production sur Raphaël sonne comme un déclic. J'ai retourné le problème dans tous les sens. J'ai griffonné plusieurs feuilles de papier. Je me suis isolé, j'ai cherché et puis, finalement j'ai eu la conviction d'avoir trouvé. Ou pas. Je suis partagé. Mais mon envie d'être fixé est bien plus forte que celle de me taire et voir e secret de Raphaël raflé par un autre. Alors, même si très peu rassuré, je me dirige jusqu'au confessionnal. Mon ventre se tord. Je tends plusieurs fois à faire demi tour et puis, finalement, ma main appuie sur le buzzer qui retentit. Cupidon m'interpelle, je lui dévoile que je pense avoir découvert le secret de Raphaël et, finalement celui-ci fait son entrée. Je le couve du regard. Je suis gêné, aussi. « Je pense que Raphaël est atteint d'une maladie, qu'il a des hallucinations et voit son père partout, en chacun de nous, même. » Ma voix est assez peu assurée, elle tremblote et mes doigts jouent ensembles.

Quelqu'un l'avait donc buzzé une nouvelle fois. La deuxième fois de l'aventure. Il n'irait pourtant pas jusqu'à penser que son secret intéressait particulièrement ses camarades. Après tout, Branca avait du le viser par manque de temps et d'imagination, et puisqu'elle avait eu un buzz gratuit, elle s'était surement dit que lui ou un autre, ça ne changerait pas grand chose. De même, les indices révélés lors du prime avaient du grandement influencer le candidat qui venait de déclencher l'alarme des secrets. Quoi qu'il en soit, c'est toujours en appréhendant quelques peu la confrontation qu'il entra dans le confessionnal et ne tarda pas à se retrouver face à Arès. Oh, c'était donc lui qui l'avait buzzé. Un sourire rassuré prit alors place sur les lèvres du suisse. Savoir qu'il serait confronté à Arès changeait quelques peu les choses, il n'était pas n'importe qui à ses yeux. Et il avait toujours un petit coté apaisant. Le saluant de par ce sourire qui demeurait sur ses lèvres, Raphaël prit place en face de son camarade. Ce dernier communiqua alors son idée. Bien. « Qu'est-ce qui t'a fait penser à cela ? » lui demanda-t-il gentiment. Il était curieux et fébrile d'entendre son raisonnement.

Ma voix me fait défaut et mon sourire se crispe. Être face à Raphaël, plus qu'un ami, un frère, c'est oppressant. J'ai l'impression d'être omniprésent et de pénétrer dans son intimité sans ménagement. Voire même, d'être un bourreau. Et cette sensation est désagréable. Néanmoins, le suisse me sourit. J'imaginais son visage fermé. J'avais peur qu'il ne me crie dessus. Qu'il soit déçu de me voir là. Je tente de sourire à mon tour mais ce sourire ressemble plus à une grimace. Comment est-ce que je suis arrivé à cette conclusion ? J'avoue être perplexe.. et perdu. Je déglutis difficilement. « J'ai eu plusieurs indices sur ton secret, quatre en tout. » Mes mains accompagnent mes gestes et je les énumère. « Famille et maladie que j'ai eu grâce aux primes. Et Hallucinations et proches que nous avons tous eu au prime de dimanche. » ma façon de procéder me revient en tête à toute allure. Je réfléchis à la vitesse de l'éclair. « J'ai d'abord pensé que c'est ta mère que tu percevais, parce qu'elle est morte. Et puis, je me suis ravisé quand j'ai saisis qu'au fond, c'est ton père qui t'as toujours manqué, parce qu'il est partit et que tu n'as jamais eu de présence masculine près de toi. » j'ajoute avec un peu d'assurance. Cette logique me paraît tellement évidente. Et si au fond, elle me jouait un tour ?

Bien sûr que non, Raphaël ne prenait pas mal le fait qu'Arès se trouve présentement dans le confessionnal. A la rigueur, il était beaucoup plus à l'aise face à lui que face à Branca, lorsque celle-ci l'avait buzzé. Son affection à l'égard du jeune homme avait tendance à lui permettre de se sentir rassuré. Il voulait lui montrer qu'il travaillait grandement sur son problème de confiance, qu'il faisait de gros efforts pour lui en accorder un maximum. Et lorsqu'Arès lui fit part de son idée, il se sentit d'emblée obligé de réclamer quelques explications, ne serait-ce que parce qu'il se demandait sérieusement comme il en était arrivé à une telle conclusion. Il était donc question d'indices. Il comprenait alors qu'Arès l'avait véritablement ciblé, et que ça n'était donc pas nouveau. D'accord. Il ne lui en voulait pas, tout ça n'était qu'un jeu. Et il pouvait concevoir que son coté réservé laisse planer quelques doutes autour de son secret. "Famille", "Maladie", puis "Hallucinations" et "Proches". Il comprenait maintenant comment Arès avait utilisé les quatre indices. Lorsque ce dernier évoqua successivement la mère et le père de Raphaël, ce dernier ne put s'empêcher de baisser doucement la tête. Entendre parler d'elle, de lui, d'eux, était toujours douloureux. Mais pour Arès et pour le bon déroulement de la présente confrontation, il veillerait à ne pas perdre ses moyens. Il pouvait le faire, il le savait. « J'ai une question à te poser, Arès, une question, après tu pourras m'en poser autant que tu voudras. » Doucement, il releva la tête, captant le regard d'Arès et adressant un fin sourire à ce dernier. « Comment crois-tu que je perçois mon père, aujourd'hui ? D'après toi, dans quel état j'ai tendance à me trouver lorsque je pense à lui ? » Il essayait de l'inciter à se mettre à sa place, à déduire certaines choses, à les imaginer. Cela n'était aucunement un piège. Il voulait lui ouvrir les portes de son intimité, de ses pensées les plus personnelles. Ça, c'était clairement une preuve de confiance.

Je feinte d'être assuré quand tout mon être boue. Je me prends plusieurs fois à vouloir prendre mes jambes à mon coup et m'en aller du confessionnal. Le visage de Raphaël est serein mais il ne réussit pas à me transmettre cette sérénité pour autant. La tension est palpable de mon côté et je suis certain que, même si j'affiche un visage des plus neutre, qu'un léger sourire plane sur mes lèvres, Raphaël sent cette tension. Et il serait légitime qu'il en joue. Je me fige lorsqu'il dit avoir une question à me poser. Je ne fais qu'acquiescer d'un geste de la tête, simplement. De toute façon, Raphaël ne me voit pas. Son visage est baisser, j'ai l'impression de l'avoir touché. Et je comprends. Je sais que sa famille est très importante, pour lui. Qu'il n'a pas eu une enfance facile. Que son père les a abandonné. Qu'il est le petit dernier, après trois filles. Que sa mère l'a surprotégée, l'empêchant de s'épanouir, de vivre. Je ne comprends pas le sens de sa question. Où veut-il en venir ? Je fronce les sourcils mais, je m'efforce à me mettre à sa place et puis, les mots sortent tout seuls. « Je pense que tu ne sais pas quoi éprouver. Que tu es partagé entre la haine parce qu'il vous a abandonné, parce qu'il t'a abandonné et le manque. Tu as manqué d'une présence masculine, d'un père et en ce sens, il te manque et je pense donc qu'inconsciemment, tu essaies de retrouver cet homme, cette présence qui t'as tant manqué. » Est-ce que je l'ai cerné ? Est-ce que je me goure complètement ? Je n'en sais foutrement rien. J'essaie d'être le plus lucide possible. De le comprendre le plus possible.

Cette confrontation serait sans nul doute assez difficile à gérer, ne serait-ce que parce qu'il était question de son père, et donc de sa famille, d'une période difficile qu'il avait connu et qu'il peinait présentement à se remémorer. Pourtant, pour les besoins de ce buzz, il était bien conscient qu'il lui faudrait puiser dans son passé, dans ses souvenirs, histoire de donner toutes les réponses qu'Arès méritait. Il n'y avait pas de raison qu'il lui réserve une répartie navrante, simplement parce qu'il aurait du mal à supporter le poids de son douloureux passé. Il devait prendre sur lui et éviter de tout mélanger. Sa peine n'avait rien à faire ici, après tout. Pourtant, le jeune homme venait de baisser la tête, comme touché en plein cœur par l'évocation de ceux qui l'avaient délaissé, abandonné, chacun à leur manière. Il lui fallait résister à l'appel de ses larmes, à la douleur qui ne demandait qu'à s'exprimer. Mais ça n'était ni le lieu, ni le moment. Alors il allait serrer les dents et tâcher d'apparaitre à Arès comme quelqu'un d'adulte et d'apte à tenir cette confrontation. Du coup, comme pour se changer les idées, mais aussi pour aller dans le sens du buzz, le suisse se permit une question. Il souhaitait permettre à Arès de se mettre à sa place, d'essayer de comprendre ce lien qu'il estimait toujours entretenir avec son père, puisque c'était le sujet du buzz. La réponse d'Arès le laissa assez inexpressif. Il hocha toutefois la tête, en signe de compréhension. « Ça n'est pas exactement ça » se contenta-t-il alors de répondre. Arès serait libre d'en faire ce qu'il voulait. Lui, il tâchait de lui apporter des éléments, qui iraient ou non dans le sens du présent buzz. Et il répondrait évidemment à toutes les questions que pourrait lui poser son camarade.

Je suis peut-être complètement à côté de la plaque. Peut-être que mon esprit s'est violemment mit en ébullition pour qu'au final, mes idées soient toujours tant décousues. Je fixe Raphaël d'une moue gênée. Je tente de percevoir ce que je peux dans son regard, ses attitudes mais le Suisse reste inexpressif. Mes mots ne l'atteignent pas, ne le font pas même ciller. Je suis frustrer, sans que mon visage ne le laisse transparaître. Je ne saurais pas quoi ajouter. Et pourtant, j'ai envie de croire en ce secret. En ce semblant de secret, du moins. J'attrape la main de Raphaël avec tendresse et je le couve du regard avant de me replacer correctement dans mon siège. Je me renfrogne. « C'est quoi.. alors ? » je demande tout de même parce que la question m'intéresse. Que j'ai envie de voir ses réactions, ses réponses. Et puis, je n'en ai pas d'autres, au fond.

Arès venait de tenter de se mettre à sa place, d'imaginer ce que pouvait aujourd'hui toujours ressentir Raphaël à l'égard de celui qui avait quitté la maison de nombreuses années auparavant, et rien que le fait qu'il tente de voir les choses à travers le regard de Raphaël avait tendance à toucher ce dernier. Il aurait très bien pu décréter qu'il n'avait pas de temps à perdre avec ça et refuser de se prêter à cet exercice pourtant important aux yeux du suisse et pour le déroulement de la présente confrontation. Sans doute n'avait-il pas compris le pourquoi d'une telle question, mais il n'était pas tellement important d'en connaitre la raison, dans le fond. L'analyse d'Arès n'était pas complètement fausse, mais elle ne correspondait pas exactement aux ressentis de Raphaël. Ce dernier s'attendait logiquement à ce que son camarade cherche à lui faire rectifier ses dires, ce qu'il fit justement après avoir doucement saisi sa main. Un sourire complice mais timide gagna alors les lèvres du suisse. « Il m'inspire de la peur, de la terreur même » avoua-t-il fébrilement, tout bas, comme si on risquait de les entendre, serrant davantage la main de son camarade. « C'est difficile pour moi de l'évoquer, parce que ... parce qu'il est tout ce que je crains le plus au monde. » Son visage se ferma instantanément, ses lèvres se pincèrent et ses yeux se firent plus larmoyants. « Pardon » peina-t-il à articuler, suffoquant presque. Parler de ça le bouleversait. Arès n'avait même pas idée de la sincérité dont il venait de faire preuve.

J'aimerais me faire tout petit. Lorsque les mots ont passé la barrière de mes lèvres, sans que je ne réussisse à les arrêter. J'ai tenté de me mettre à la place de Raphaël sans même y parvenir. Au final, j'ai certainement dit ce que je pense moi-même de mon père. De ses absence. Du fait qu'il ne m'aime pas autant qu'il n'aime l'archéologie, son métier. Je me suis identifié à Raphaël et finalement, je me suis trompé. Quoiqu'il en soit, je reste sur mes positions. Je lui pose une dernière question. Peut-être l'ultime avant que Cupidon ne me demande de valider mon choix, ou pas. Ma main reste bloquée dans celle de Raphaël. Il la serre d'une force que je ne lui connaissais pas. Ses yeux se remplissent de larmes et tout à coup, je m'en veux. Je m'en veux de le faire pleurer à nouveau à cause de ce fichu secret. « Tu n'as pas à t'excuser.. » ma voix est des plus tendres. Je serre ma main dans la sienne et mes yeux lui proposent de s'en aller. Au fond, cette confrontation est éprouvante. Et je ne veux pas lui causer plus de peine qu'il n'en a déjà éprouvé. Ce serait trop injuste de ma part. C'est déjà injuste de l'avoir fait déplacé jusqu'ici.