Ce soir, promis, aucun drame. Non vraiment, Raphaël en avait ras le bol d'être la victime d'un destin capricieux et sadique. Alors il venait de décider, et très sérieusement, qu'il allait reprendre sa vie en main. Oui, messieurs dames, c'était véritablement l'un de ses projets les plus sérieux. Il avait tendance à penser que le temps qu'il lui resterait à passer ici devrait grandement lui servir à concrétiser son objectif premier, celui qui l'avait mené en ces lieux : son désir de changement, d'évolution. Parce que jusqu'à maintenant, aussi véritables furent les efforts qu'il avait tâché de faire, ils étaient restés assez vains. Alors certes, il lui était arrivé de rire, d'oublier un temps sa tristesse, de se lier d'amitié avec des candidats. Tenez, la semaine passée, il avait même été jusqu'à faire l'amour avec quelqu'un. Lui, l'éternel puceau, à qui sa mère avait toujours trouvé le charme d'un cactus. Il avait perdu ce qui l'avait longtemps empêché de se sentir homme, de se sentir adulte. Mais aujourd'hui, une nouvelle vie commençait pour lui. Et finalement, la découverte de son secret pourrait bien l'aider à avancer d'autant plus. Il n'avait plus rien à cacher et n'avait donc plus à craindre de trop en dire, de trop en faire, de se mettre en danger. Il n'avait jamais joué le moindre rôle, mais à compter d'aujourd'hui, il serait d'autant plus sincère et véritable. Et parmi les efforts généraux qu'il comptait bien poursuivre, il en était un qui lui tenait particulièrement à cœur : l'apprentissage de la natation. C'était d'ailleurs pour cela qu'il se trouvait dans ce bassin, en short de bain, cramponné au bord comme un bébé à son biberon, toujours de peur de couler, mais cette fois-ci particulièrement désireux de rester à la surface. Il était révolu le temps où il voulait en finir. Et étrangement, c'est sur une telle pensée qu'il vit apparaitre Elliot, pénétrant dans l'enceinte des termes et approchant progressivement du bassin dans lequel il se trouvait. Le suisse, qui ne lâchait alors pas le bord, lui adressa un fin sourire, qui s'élargit tandis qu'il repensait à la scène du lac. Quel idiot il avait été, vraiment. Il préférait en rire aujourd'hui, lui qui en avait tant pleuré sur le moment. « Sois sans crainte, je ne me laisserai pas couler, cette fois-ci » laissa-t-il entendre, avec chaleur. Il balaya du regard l'étendue d'eau, qui différait il est vrai de celle du lac, mais qui en restait semblable dans la mesure où, et bien justement, cela restait de l'eau. « Rejoins-moi, s'il te plait » reprit-il tout doucement, sur un ton suppliant. Il ne la forçait pas, mais il aimerait qu'elle lui offre sa compagnie. Elle lui manquait terriblement, il avait eu l'occasion de s'en rendre compte dimanche soir. « J'ai déjà eu l'occasion de constater que tu étais une excellente nageuse, et ... et comme tu le vois, ton aide ne serait pas de trop dans ma situation. » Avec Lulu, il avait déjà appris quelques réflexes, mais avait au final préféré profiter de l'occasion pour se rapprocher de lui. Ici, il allait véritablement devoir apprendre, pour enfin savoir nager. Il n'était pas trop tard pour lui. Comme pour tout, il n'était pas trop tard, non.

Raphaël se trouvait présentement dans un état d'esprit sensiblement différent de celui qui avait été le sien quelques temps auparavant, lorsqu'il avait tenté de mettre fin à ses jours en se laissant couler dans les profondeurs du lac, ayant alors été sauvé in extremis par Elliot, qui était arrivée au bon moment et avait du le trouver particulièrement inconscient. Parce qu'il l'avait été. Lui même s'en rendait compte aujourd'hui. Il avait été inconscient, profondément idiot et pathétique ce fameux jour. Il s'était laissé abattre par ses soucis, ses peurs, ses douleurs, et avait complètement arrêté de se battre, en étant parti du principe que le mieux serait encore de mettre un terme à tout ça, à ce qu'il vivait. Et en ce jour, maintenant qu'il commençait à prendre doucement conscience que la vie valait tout de même la peine d'être vécue, même si elle n'était jamais bien facile, il regrettait amèrement ce geste désespéré qui avait été le sien ce jour là. Parce que si Elliot n'avait pas été là, qu'il avait véritablement perdu la vie dans ce lac glacé, il n'aurait jamais compris qu'il était toujours bon de se battre. Son secret n'aurait jamais été découvert, et il n'aurait vécu aucun déclic. De même, il n'aurait pas passé un merveilleux moment avec Lulu dans la chambre secrète. En soit, il serrait passé à coté d'un nombre impensable de choses, alors il avait tendance à se dire que le pire avait été évité, et qu'ainsi, le meilleur ne tarderait pas à arriver. Dans l'immédiat, il rassura en tout cas Elliot, qui venait d'apparaitre, en lui faisant clairement comprendre qu'il n'avait pas la moindre intention de risquer à nouveau ses jours, même en ces lieux. Non vraiment, ça n'était plus d'actualité. Il voulait vivre, il voulait aimer, et non pas trépasser à un âge où de nombreuses choses étaient encore susceptibles de s'offrir à lui. Il ne pouvait pas gâcher cette sorte de seconde vie, de renaissance. Il allait vivre plus sereinement à présent, qu'il soit seul ou accompagné. Le principal était assurément qu'il aille de l'avant et n'essaie plus jamais d'abréger sa vie. Le suisse demanda par la suite à sa camarade de le rejoindre dans le bassin, étant désireux de passer un moment avec elle, histoire de la retrouver, d'entretenir leur complicité, qu'ils avaient chacun un peu délaissée ces derniers temps. La jeune femme accepta alors, se déshabillant pour se retrouver en maillot de bain et ainsi le rejoindre. Un sourire timide et quelques rougissements étaient peut être perceptibles sur son minois, étant donné qu'il était encore quelques peu gêné face à son corps, même s'il s’avérait un peu plus "couvert" que la dernière fois. Bientôt, Elliot lui posa une question à laquelle il répondit assez rapidement. « Oui, s'il te plait » articula-t-il alors doucement, tandis qu'il sentit la main de sa camarade se poser sur son dos. Il eut comme un frisson mais tâcha de s'en cacher. Effectivement, il ferait bien de lâcher le bord, histoire qu'il puisse véritablement apprendre à nager. Alors il se laissa faire lorsqu'elle l'aida à s'éloigner quelques peu de celui-ci. Tremblant, il tâcha de calmer sa respiration, qui s'était subitement accélérée. « J'aimerais le rendre fier de moi » souffla-t-il timidement, dans un sourire embarrassé, supposant qu'elle comprendrait à qui il faisait ici référence. Et cette fois-ci, il rougit pour de bon. Mais très vite, il se mit à craindre que les choses tournent au plus mal. Son pessimisme était de retour, ou presque. « Je ne suis pas tranquille à l'idée de me tenir à toi, j'ai ... j'ai peur de nous faire couler » confia-t-il alors, plus fébrile, mais ne tardant pas à rire de lui même. Il ne se faisait pas de soucis pour Elliot, car même emportée par son poids, elle en ressortirait indemne. Lui, par contre ...

Raphaël en avait fini avec cette envie absurde d'en finir avec la vie. Cela lui avait pris une fois, dans un moment de profonde tristesse et d'intense désespoir. Et aujourd'hui, il n'était clairement plus dans cet état d'esprit extrêmement pessimiste, morbide et ne voulait non plus abandonner mais bien se battre, profiter de ce que la vie lui offrait. Non, il ne risquerait plus de tout gâcher simplement parce qu'il pouvait souffrir au quotidien. D'autres personnes souffraient elles aussi, parfois probablement plus que lui, alors il n'avait pas à vouloir en finir, puisqu'il devait y avoir plus malheureux que lui sur cette terre. Finalement, sa discussion avec Branca, lors de la première confrontation qu'il avait connu au sein du jeu, l'avait fait réfléchir. A ce jour, il tâchait de relativiser, de partir du principe qu'avoir des idées noires ne l'aiderait pas, et qu'il serait particulièrement égoïste, dans le fond, de vouloir abandonner ses sœurs et ceux qui étaient susceptibles de tenir à lui, simplement parce qu'il lui arrivait de trop souffrir, d'avoir trop mal. Il devait s'employer à maitriser cette douleur, à l'atténuer, en pensant différemment, en faisant preuve d'optimisme, en continuant de faire des efforts. Cela portait déjà partiellement ses fruits, d'ailleurs. Présentement, il voulait apprendre à nager, véritablement, ce qui contrastait très nettement avec sa tentative de suicide de la dernière fois. C'était presque une décision symbolique, en somme. Mais il était évidemment véritablement désireux d'apprendre à nager. La fois où il avait entreprit une leçon avec Lulu, il s'était laissé emporter par son attirance pour lui, et en avait au final oublié la leçon en elle-même. Il ne l'avouerait peut être jamais, mais ce jour-là, il avait surtout cherché un prétexte pour se retrouver dans ses bras, pour profiter d'une étreinte, d'un baiser, de sa présence. Aujourd'hui, c'était sensiblement différent. Déjà parce qu'il n'attendait aucun geste un tant soit peu charnel de la part d'Elliot - il en faudrait bien peu pour qu'Arès l'accuse une nouvelle fois de vouloir se mettre en travers de leur histoire - mais également parce qu'il n'en pouvait plus d'avoir si peu de l'eau, de n'être même pas capable de nager une longueur de piscine, à un âge où n'importe qui pouvait largement se retrouver dans un bassin sans pour autant y être tétanisé. C'était plus ou moins son cas à cet instant précis. Il avait peur, évidemment. Oui, il avait peur de couler, de n'être pas à la hauteur, de mourir au final alors qu'il aspirait justement à éviter n'importe quel incident par la suite. Sans doute était-il encore un peu trop pessimisme, et ça n'était pourtant pas faute de travailler là-dessus, mais il est vrai qu'à l'instant où sa camarade l'incita à lâcher le bord, il appréhenda beaucoup la suite. Parviendrait-il à apprendre à nager ? Ou finirait-il par abandonner, faute de volonté ? Allez savoir. Il était en tout cas certain qu'il ne faisait pas cela que parce qu'il aspirait à apprendre à nager. Il y avait également une dimension plus personnelle, plus intime, puisqu'il espérait secrètement pouvoir rendre Lulu fier de lui, pouvoir l'épater, un jour ou l'autre, en nageant devant lui, en lui prouvant qu'il pouvait se battre pour progresser. Il était probable qu'il cherche à se présenter sous un profil plus glorieux, plus attirant. Peut être Lulu finirait-il par tomber sous son charme, par l'aimer, si Raphaël lui montrait qu'il pouvait être un monstre de volonté et quelqu'un de battant ? C'est ce qu'il espérait. Tout comme il espérait présentement qu'Elliot ne se moquerait pas de lui, puisqu'il va de soi qu'il supposa bien vite qu'elle avait compris de qui il voulait parler. Il l'entendit lâcher un rictus, mais il ne considéra pas cela comme une quelconque preuve de raillerie. Il se mit à sourire davantage, quoi qu'un peu gêné il est vrai. Mais elle était son amie, elle devait savoir qu'il aspirait à conquérir le cœur de celui qui était déjà parvenu à conquérir le sien. Elle devait savoir qu'il était comme obsédé par cet être si merveilleux qui était entré brutalement dans sa vie, et qu'il ne voulait désormais plus laisser repartir. Il avait l'honnêteté de lui communiquer la seconde vraie raison qui le poussait à apprendre à nager. Il ne se voyait pas la lui cacher, encore une fois, parce qu'elle était son amie. Par la suite, il lui exprima clairement la peur qui était la sienne de couler et de l'emporter avec lui. Le retour de son pessimisme, à n'en point douter. Il l'écouta ensuite attentivement. Il lui fallait, selon la jeune femme, apprendre à flotter. Il hocha doucement la tête, tandis qu'elle l'aida à s'allonger sur la surface de l'eau. Cela n'était alors pas sans lui rappeler l'exercice que lui avait demandé d'effectuer Lulu, quelques semaines plus tôt, à la seule différence qu'il s'allongeait ici sur le dos et non sur le ventre. Bien vite, il se retrouva donc à faire "la planche", soutenu et rassuré par la main que sa camarade avait posé sous son dos. C'était suffisant pour l'apaiser. Il ferma doucement les yeux à la demande de sa camarade, se libérant l'esprit, ne pensant plus à rien, s'imaginant comme elle le disait si bien sur du coton. Bientôt, elle lui demanda comment il se sentait. Les yeux toujours clos, il laissa apparaitre un sourire radieux. Comment se sentait-il ? Et bien ... « Je me sens bien. Je me sens paisible, si paisible ... » Il laissa délibérément sa tête partir légèrement en arrière, pour ainsi mouiller l'arrière de son crâne, ses cheveux. Poussant un doux soupire, il finit par rouvrir les yeux pour croiser avec tendresse le regard d'Eliott. « C'est si confortable, si appréciable ... Je me sens en sécurité, comme si rien ne pouvait m'atteindre ... J'ai ... j'ai toujours eu extrêmement peur de l'eau, mais je pourrais rester dans cette position infiniment. » Et il n’exagérait pas. Il se sentait véritablement en pleine quiétude, en pleine sérénité. La présence d'Elliot n'y avait d'ailleurs pas étrangère. « Tu ... tu ne vas pas en profiter pour ... pour me noyer, dis ? » reprit-il, subitement inquiet, subitement craintif, comme s'il en avait oublié sa quiétude d'il y a une minute, comme si son cœur se serrait subitement, comme si Elliot n'était peut être Elliot qu'en apparences, tout compte fait.

Tout cela était si plaisant, si relaxant. Raphaël était subitement en train de changer d'opinion au sujet de l'eau, qu'il avait toujours vu comme quelque chose de dangereux, quelque chose qui n'était pas fait pour lui. Ici, il prenait conscience qu'il était possible de s'y détendre, comme il était justement en train de le faire. Son corps flottait délicieusement sur la surface de l'eau, et il se trouvait dans un état de profond bien être. Ses craintes, ses appréhensions, il les mettait de coté afin de profiter un maximum de ce plaisant moment. Sa tête partit en arrière, l'arrière de son crâne en fut mouillé, et il souriait comme si pour la toute première fois de son existence, il aspirait à rester au contact de l'eau, à ne plus en être séparé. Car Raphaël avait très jeune été forcé de prendre peur face à la moindre étendue d'eau. Sa mère, encore et toujours, avait effectivement fait en sorte qu'il en soit apeuré. Lorsque sa sœur ainée, Alicia, lui donnait le bain, il avait toujours pu constater qu'à chaque tapement d'épaule que lui avait donné leur mère, qu'à chaque signe de tête qu'elle avait eu le malheur d'adresser à l'adolescente - sa sœur ayant près d'une dizaine d'années de plus que lui - celle-ci avait toujours fait en sorte de maintenir la tête de Raphaël sous l'eau, comme si leur mère avait toujours cherché à l'atteindre, même lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, même lorsque son père était encore à leur domicile, notamment par le biais de ses sœurs, ou plutôt, de celle de qui il avait toujours eu plus de mal à être proche. En grandissant, tout cela avait cessé, mais les traumatismes, eux, avaient persisté. Il se revoyait dans cette baignoire, la tête maintenue dans le bain par la main de sa propre sœur, imaginant très bien le sourire carnassier de sa mère, le plaisir qu'elle avait pu ressentir à faire aussi peur à son fils, à celui qui avait toujours été comme un étranger au sein de cette famille, comme l'indésiré, celui qui avait mis fin à une succession de grossesses féminines. Après lui, sa mère n'avait plus cherché à avoir le moindre enfant. Elle aurait pu, que ce soit parce qu'elle était jeune ou parce qu'elle avait toujours collectionné les amants, mais elle ne l'avait jamais fait. Il avait été le dernier, un peu comme si tout le monde était toujours parti du principe que, de toute manière, on ne pourrait pas faire pire. A cet instant, le jeune homme tentait autant que possible de chasser toutes ces pensées de son esprit, d'oublier ce qu'il avait vécu, de laisser de coté cette peur qui renaissait subitement en lui. Le plus étrange dans ce qu'il vivait au quotidien, dans cette maladie qui était la sienne, c'était qu'il craignait quelqu'un qui ne lui avait jamais rien fait : son père. Ça n'était pas lui qui avait incité sa sœur à le priver d'oxygène dans son bain. Ça n'était pas lui qui lui avait toujours crié dessus, parfois giflé, simplement pour se défouler. Son père, il ne l'avait jamais tellement connu, et celui-ci n'avait évidemment jamais eu l'occasion de lui faire le moindre mal. Pourtant, à cet instant précis, c'était de lui qu'il avait peur. Comme si sa mère prenait subitement la place de son père, comme si c'était en fin de compte lui qui avait toujours eu une emprise extrêmement mauvaise sur son épouse, et indirectement, sur leur fille ainée. Il ne savait plus ce qu'il en était de cette famille. Ce qu'il savait, par contre, c'est qu'il craignait désormais qu'Elliot cherche à profiter de cette position pour le faire couler, pour le tuer, là où sa sœur n'avait jamais pu s'y résoudre, alors qu'il parierait sa vie sur le fait que leur mère avait du le lui demander. Personne n'avait jamais voulu faire le sale travail. Pas même lui. Aux paroles d'Elliot, le suisse tâcha de relativiser, de se calmer, de considérer qu'elle n'avait aucune raison de lui faire du mal. Elle lui promettait donc qu'il n'avait rien à craindre, et il voulait bien la croire. Au baiser qu'il reçut sur le front, il se mit à sourire très tendrement, très innocemment. Il redevenait un enfant, alors qu'il était censé grandir, murir. Tant pis, pendant quelques instants, il s'autorisait ce genre de régressions. « Je te fais confiance » articula-t-il alors doucement, dans l'esquisse d'un sourire un peu plus timide. Mais là, il se sentit reprit d'une panique dérangeante, puisque sa camarade insinuait qu'elle allait retirer sa main, et ainsi le laisser flotter tout seul, sans le moindre support. « Non Elliot, je ... je ne suis pas ... » Prêt ? Oui, sans doute. Mais sa camarade enchérit rapidement, tentant sans doute de dissiper ses doutes, ses craintes. Il déglutit difficilement et calme sa respiration. « D'accord. » Il acceptait son sort, quoi que cela puisse lui coûter. Et quand sa camarade retira finalement sa main, il tâcha de maintenir la position, de ne surtout pas trembler, ni s'agiter. Il referma les yeux, oubliant cette main qui ne le soutenait plus et se contentant de penser à l'eau qui, elle, lui servait encore plus ou moins de soutien. « Je flotte toujours ... » constata-t-il alors, dans un large sourire. Ses mains jouèrent doucement avec la surface de l'eau, ses pieds faisant bientôt de même, tandis qu'il donnerait cher pour que Lulu le voit aussi à l'aise, aussi bien. « Ils ne me feront plus aucun mal désormais » reprit-il, les yeux larmoyants, mais la volonté toujours bien présente de ne rien lâcher. Il utilisait pour l'une des premières fois de sa vie un pluriel. Il n'était plus seulement question de son père, ou de sa mère, ou même de sa sœur ... mais d'eux tous. De tous ces protagonistes qui, au moins une fois, avaient tenté de lui nuire. Aujourd'hui, il s'en tirait bien. Il avait fait la connaissance de gens merveilleux, qui voulaient son bien. Ceux qui avaient voulu lui faire du mal n'importaient plus, ou que très peu. Il était temps qu'il pense à lui. Il était temps qu'il guérisse de tous leurs coups bas.