J'entrais furtivement dans la salle de bain, pour ne pas me faire remarquer. Je n'en avais aucune envie et puis, je n'étais là que pour quelques instants. Je ne comptais pas me laver de suite, ni ne mettre en pyj-mama d'aussitôt, mais je tenais à me démaquiller maintenant. Mes yeux me piquaient, mes joues aussi. Lorsque j'entrais, Branca se trouvait déjà la, visiblement fraîchement douchée. J'aurai voulu sur l'instant décamper de ma place, mais ce n'était pas vraiment possible. Pas assez speed. Le contact avec les gens, cette semaine, comme les semaines à venir allait être compliqué. J'étais « forcée » à être clean plus souvent maintenant. La drogue commençait à me manquer, pour tout dire, mes 'stocks' était quasiment vide. Presque totalement. Je ne voulais pas fuir ma partenaire, comme je ne voulais fuir personne cette semaine, à cause de l'incident de dimanche. Allah, ma plus grosse honte. Je ne suis pas du genre à m'étendre sur ma vie – personne ne savait que derrière moi, se cachait un autre moi, la droguée, qui aime faire la fête doublée d'une fille facile aux... Oui quelques aventures, mais ça c'était une autre partie de ma vie - je pouvais aisément vous dire que des râteaux et ce genre de peine de cœur, j'en étais assez accoutumée ; mais l'avouer et tout recevoir en prime, devant des candidats, devant des téléspectateurs... Tout ça avait prit une dimension tellement énorme, que finalement mes autres déceptions amoureuse n'étaient absolument rien. « Ca va ? » Me lança Branca. Je la voyais me sonder ; repérer si j'avais pris quelque chose. Je connais ce genre de regard. Oui, au début, on surveillait aussi ma consommation pour ne pas me laisser sombre... La bonne blague. Je baissais ma tête, rougissant un peu. Rien qu'à cette réaction, elle pouvait comprendre que je n'avais rien dans le sang. Pas besoin de parler ou de lui préciser. Pourtant je lui répondais tout de même, je suis polie : « Oui ! Ca va. Toi ? » J'étais sincère, enfin en partie. J'allais présentement bien, mais je ne pétais pas une forme olympique comme l'aurait laissé entendre mon enthousiasme. Tant niveau cœur, que niveau manque oui, ça pouvait aller. D'elle je n'étais pas tellement proche, ce qui me chagrinais un peu je dois vous le dire. Elle est à l'opposée de moi et ma personnalité ; je la sais bien moi expressive que moi sous khat. Pourtant, son avis et son regard compte toujours plus que celui d'un autre. Hormis quelques personnes. Je crus, même, l'agacer durant le prime. Je ne l'avais pas regardé, n'ayant pas vraiment la tête à ça, mais j'avais eut une réaction assez cucul la praline et un peu trop sentimental, sûrement aussi, ce que n'aimait pas Branca. À qui je jetais un coup d'oeil. Il était évident que je ne voulais pas parler de qui c'était passé avec Malik, alors j'essayais de faire diversion, sentant que le sujet reviendra forcément sur le tapis. « Tu aurais... Une robe noire, toute simple, dans ta garde-rode ? »

J'étais bien clean devant Branca ; clean et plus timide que jamais. Gênée pour un rien. Sans aucune envie de remettre sur le tapis Malik, Nicole, mes sentiments, tout ce qui m'avait poussé à réagir n'importe comment au prime. Pourtant, si j'avais attiré l'attention des foules cette semaine, ce n'était que pour ça mine de rien. Malheureusement, je ne leur donnerais rien en cachant ce que je ressentais. Surtout en étant clean et peu bavarde. Elle me demandait comment j'allais et je ne prenais pas quatre chemins pour lui répondre, plus ou moins honnêtement. Rapidement, je lui retournais la question. Son état m'importait autant que le mien, pour elle. La révélation d'une partie de son secret. La possibilité de pouvoir en parler avec elle maintenant. Je n'en avais pas le cœur aujourd'hui, mais les semaines à venir peut-être, si nous n'étions pas nominée/éliminée. « Hum oui, ça va. » Me répondait-elle aussi simplement. Je ne voyais pas le principe d'en rediscuter. J'étais incapable de savoir si c'était la vérité ou non. Je ne savais pas distinguer le mensonge de la vérité sur le visage des gens. Par contre, j'avais toujours cet impression de savoir distinguer la moquerie. « Je crois que tu te trompes de personne, je suis bien une fille mais je n'ai pas vraiment de robe noire, toute simple. Au pire demande à la production, ils doivent avoir des tas de fringues en réserve. » Je me sentais affreusement bête à cet instant, parce que ma tentative de diversion avait foiré en même temps que je lui avais posée une vraie question en fait. Je ne savais pas à qui demander ça et l'option production ne m'avait absolument pas effleuré l'esprit. Mes yeux baissés, je restais silencieuse. « Pour quoi faire... la robe noire ? » Je pinçais mes lèvres. Du coup, je ne savais pas si je pouvais vraiment le lui dire, de peur qu'elle se moque de moi à la moindre parole. Après un petit silence, finalement, je me lançais tout de même. « Je m'étais dis que pour une fois, je pourrais venir à un prime bien habillé et pas avec mes robes... Bariolées. » Parce que je n'avais que ça en vrai. Des tenues assez hors sujet, des robes assez moulantes, au motif léopard/tigre, rose pétant, bleu ou vert. Autant de tenue cassant l'idée que j'avais de « bien m'habiller ». Je gardais mes yeux encore encré dans le sol, postant mes mains derrière mon dos comme une enfant ayant fait une bêtise. « Je ne sais même pas pourquoi cette idée m'est venue... Comme celle de me lisser les cheveux... » Annonçais-je en touchant ceux-ci du bout des doigts.