Je peine à trouver quoi faire ce soir. Il fait froid et j'aime ça. Aussi, par pure folie, je décide de me diriger près du ruisseau. Là où il fait d'autant plus froid étant donné que l'eau s'écoule. Qu'importe. Ce donc je suis certain, c'est que j'y serai bien. Et seul, assurément. J'embarque avec moi un livre pris au hasard dans l'une des étagères de la bibliothèque. Je m'étais juré de lire une bonne partie de ces étalages qui me passionne et puis, finalement, le temps passe et le nombre de livre qui me sont passés entre les mains se comptent rapidement. Un peu trop rapidement à mon goût, d'ailleurs. J'enfile un pull gris et chaud, un gros manteau d'hiver et un bonnet. Je m'enfile dans le froid du soir en frissonnant. Mes pas son pressants, mon corps tremble et j'adore ça. Je m'assieds près de l'eau. Le clapotis me berce, mes yeux roulent sur les lettres à une vitesse assez folle. Je reste un moment seul, jusqu'à ce que Branca ne me rejoigne. Je lui souris furtivement et la laisse se poser à côté de moi. « Je vois que nous sommes aussi fous l'un que l'autre. » pour oser s'aventurer jusqu'au ruisseau quand nous pourrions être à l’intérieur, sous un plaid chaud. Je me sers un peu contre elle sans savoir si un tel geste peut la gêner. C'est simplement un réflexe, histoire qu'on se tienne chaud. « Salut la candidate la plus agaçante. » je lui lance avec mutinerie, sans lever les yeux de mon livre pourtant pas réellement très intéressant.

Branca est impossible à cerner. Je conçois ne pas avoir réellement chercher à la cerner, d'ailleurs. Quoiqu'il en soit, je joue avec le feu. Je la taquine, je me colle à elle et je souris. Si j'ai peur ? Absolument pas. Enfin, le fait qu'elle puisse à tout moment me maîtriser est assez embarrassant en soi (parce que je suis conscient que sa force doit être le double de la mienne) mais je suis plutôt serein. Elle ne m'a pas toucher, elle n'a pas réagit et c'est plutôt bon signe, au fond. « Je devrais avoir peur de quoi ? » je lui demande avec tout l'intérêt dont je peux faire preuve. Et Branca m'intrigue énormément. La fin de sa remarque me décroche un léger sourire, d'ailleurs. Elle me fait penser à Candace sur certains points et il me semble d'ailleurs que les deux jeunes femmes sont plutôt proches. Elles sont toutes les deux franches - et c'est parfois même assez déconcertant - et au finale, ce n'est pas plus mal. Nous savons à quoi nous en tenir et en ce sens, je sais qu'aucune est pourvue d'hypocrisie. Ce qui tombe extrêmement bien puisque je n'aime pas cet état d'esprit. Si les choses sont à dire, autant les déballer plutôt que d'user de sourires aussi faux que les seins de Nicole. Peu importe. « J'aimerais avoir ta capacité à passer au-dessus de ce que les gens disent, parfois. » je lui réponds, les yeux rivés sur la rivière. Enfin, ce que j'en distingue encore, tout du moins. La nuit tombe et le froid se fait plus présent, par la même occasion.