Il se pourrait bien que Raphaël soit très gauche. Ça n'était pas encore un fait avéré, mais tout de même, à le voir galérer comme pas possible devant cette machine à barbes à papa, ne sachant pas tellement commencer manier le pauvre bâton en bois qu'il maltraitait depuis déjà quelques minutes, il est vrai qu'on pouvait facilement en venir à la conclusion qu'il n'avait pas trouvé sa vocation. Parce qu'autant il pensait avoir bien respecté les doses de sucre et de colorant, autant lorsqu'il était question d'agiter le bâton pour faire prendre forme au mélange, là, c'était déjà une toute autre histoire. Non mais voyez un peu combien il prenait sur lui pour ne pas abandonner et se résoudre à se passer de barbe à papa. Cela n'était même pas qu'il en avait spécifiquement envie - on vous assure qu'il pourrait vivre sans - mais bien qu'il avait envie de réussir quelque chose. Parce que franchement, ses initiatives étaient rarement concluantes. Quand il tentait de faire la cuisine, ou bien il se blessait, ou bien il manquait de blesser quelqu'un, et ça n'était guère mieux dans divers autres domaines, qu'il maitrisait finalement tout aussi peu. Alors peut être, en fin de compte, que sa mère avait eu raison lorsqu'elle avait prétendu que son seul fils n'était qu'un "bon à rien". Oui, peut être était il effectivement peu disposé à accomplir quoi que ce soit. C'était un triste constat qu'il était amené à faire assez régulièrement, depuis un certain temps déjà. Quoi qu'il en soit, Raphaël voulait croire que sa mère avait pu se tromper, qu'il n'était pas nécessairement exclu que cette barbe à papa trépasse avant même d'avoir pris forme. Alors il s'acharna sur la machine, fit plusieurs essais, usa de sucre, de colorant, de bâtons, pour au final obtenir un résultat presque satisfaisant, peut être un peu brouillon, mais assez concluant finalement. Il avait maintenant en main une barbe à papa plutôt mignonne, quoi qu'un peu petite et, espérons-le, mangeable. Mais tandis que, très fier, il se tourna brusquement, sa création en main, voilà que celle-ci crut malin d'entrer en contact direct avec la chevelure d'une jeune femme qui ne tarderait pas à le maudire d'avoir persévéré. Et cette jeune femme, en plus, c'était Elliot. Hm, d'accord, il se sentait juste un peu bête, là. Juste un peu. « Oh, je ... je suis navré Elliot » bafouilla-t-il alors, n'osant même pas libérer la chevelure de la jeune femme de l'emprise de la sucrerie, pour la simple et excellente raison que c'était supposé coller, et pas qu'un peu. Alors à moins de partir avec sa tête sous le bras, hm ... Non, hein. « Dis-moi quoi faire ... Dis-moi quoi faire ... DIS-MOI QUOI FAIRE. » Oui bon, peut être qu'il paniquait un peu pour rien, mais bon, c'était un sensible, le Raphaël. Et la moindre situation pouvait devenir incroyablement stressante, hm. Se calmer serait alors une excellente chose. « Hum ... Tu sais, je ... je vais vraiment finir par penser que les présentateurs ne nous aiment pas. » Parce que c'était tout le temps eux qui les plaçaient dans des situations embarrassantes. Coïncidence ? Permettez-lui d'en douter.