C'était l'heure d'enfiler des patins ! Oui, c'était décidé. Au lieu de s'ennuyer fermer et de végéter sur un canapé, elle allait plutôt s'occuper, le tout en s'amusant bien sûr, en se rendant jusqu'à la patinoire. C'était une bonne chose qu'elle soit couverte, d'ailleurs. Parce qu'avec cette flotte qui tombait, ça n'aurait pas été très pratique si elle s'était trouvée en extérieur hein, cette patinoire. Soit. Se munissant d'un parapluie ainsi que de toute sa panoplie contre le froid, donc manteau, écharpe, gants ainsi que de deux paires de chaussettes bien épaisses, elle se rendit jusqu'à la bâtisse qui n'avait, jusque-là, pas tellement attirée son regard. Arrivée aux vestiaires, elle échangea son manteau contre un gros pull en laine, décidant de garder écharpe et gants avant d'aller se chausser correctement pour cette activité qu'elle allait pratiquer. Dans un premier temps, elle préféra ne pas être totalement inconsciente (comprenez qu'elle n'avait pas envie de passer les prochaines semaines à trimbaler un plâtre hein) et se contenta de patiner près du bord, là où elle pourrait se rattraper en cas de chute. Elle avait déjà pratiqué le patinage auparavant. Chaque année, en hiver, c'était un peu comme une tradition, pour elle et ses amis. Seulement voilà, elle serait beaucoup plus confiante si elle avait perpétué la tradition cette année encore. Ce qui n'était pas le cas, bien sûr. Si bien que la dernière fois qu'elle avait foulé la glace remontait à suffisamment loin pour qu'elle prenne ses précautions. Bon, visiblement, ce n'était pas l'idée que tout le monde avait. Comme Mickey, par exemple. Et paaaf, par terre. Ce qui ne manqua pas de la faire rire, bien sûr. D'un rire aussi discret qu'elle le pouvait. Tout de même sacrément gentille, elle prit le risque d'aller jusqu'à lui, histoire de s'assurer qu'il allait bien, qu'il ne s'était rien fracturé. Et puis, elle ne voulait pas être accusée de non assistance à personne en danger hein. Même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il lui posait une question. « Vu quoi ? » qu'elle fit, regard légèrement écarquillé comme s'il s'agissait là d'une chose extraordinaire, comme des extra-terrestres ou quelque chose d'aussi unique que cela. Ne le laissant pas pour autant grandir cet espoir d'avoir sauvé son honneur, elle reprit, d'un ton beaucoup moins sérieux. « Comment tu t'es mémorablement cassé la figure ? Ah ça, oui, j'ai tout vu. J'en ai pas raté une miette. Merci, d'ailleurs, c'était très divertissant ! » Lèvres pincées, elle essayait de ne pas rigoler à nouveau. C'était bien juste parce qu'elle était super gentille quand même, hein. Disons qu'elle se ferait un plaisir de se remémorer cette scène, plus tard dans la journée, quand elle aurait besoin de rire. Oui. Voilà. « Besoin d'aide, peut-être ? » Au fond, elle demandait sans même être certaine de pouvoir lui venir en aide. Elle n'était pas si confiante que cela sur ses patins, même si elle pouvait en avoir l'air. Elle le cachait bien, c'est tout. Pour l'instant, du moins.

Oh, voyons, il n'avait pas à être vexé parce qu'elle s'était gentiment et innocemment moquée de lui. Qu'il ne s'inquiète pas, il n'était pas le premier dont elle rigolait. Et encore une fois, ça s'était fait en toute gentillesse. Elle ne se moquait pas afin d'être méchante ou d'enfoncer le cou. Non, vraiment, elle ne s'était jamais vue comme quelqu'un de foncièrement méchant. Certes, c'était souvent comme ça. Tout le monde pensait être le gentil dans l'histoire, être du bon côté, avoir la morale avec soi. Personne ne croit réellement qu'il est de nature méchante, n'est-ce pas ? Pour certaines personnes, c'était exact. Pour d'autres, déjà moins. Emmeline se considérait comme étant dans la première catégorie. Rien ne laissait apparaître une once de méchanceté dans sa personne, elle en était absolument convaincue. En guise de réponse, elle leva les mains devant elle, afin de se défendre des paroles de son camarade, afin de calmer sa soudaine susceptibilité. Pour se faire pardonner d'avoir rigolé dans son dos, elle lui proposa même de l'aider. Oui. Elle était adorable, elle savait. Parce qu'elle ne doutait pas que d'autres auraient laissé Mickey, le cul sur la glace, à se débrouiller tout seul avec cette première fois. Heureusement pour lui, même si Emmy était moqueuse, elle n'était pas cruelle pour autant. Par contre, les cours de stabilité, elle n'était pas certaine de pouvoir les assurer. « J'adorerais t'apprendre. Sincèrement. Le problème, c'est que j'ai toujours patiné avec quelqu'un à côté de moi pour me tenir la main. Toute seule, étrangement, ce n'est pas aussi simple. » C'était même relativement différent. Elle avait l'impression d'avoir soudainement le double de son âge tant sa souplesse avait disparu au moment même où elle avait enfilé ces foutus patins. Dans ses souvenirs, pourtant, les sorties à la patinoire avaient toujours été amusantes, même relativement simples... Là, encore, ça venait sans doute du fait qu'elle avait été accompagnée par des personnes bien plus douées qu'elle. Oui. « Si tu veux, on peut essayer de se stabiliser tous les deux en se tenant. Au pire, si l'un de nous deux chute, on finira tous les deux par terre. On se partagera le ridicule de la situation, comme ça. » proposa-t-elle ensuite, toujours aussi souriante. Plutôt sympa comme plan. Elle trouvait que si. Après tout, c'était surtout pour arranger Mickey hein. Elle, dans le pire des cas, elle devrait parvenir à retourner près du bord et longer ce dernier en faisant croire qu'elle s'éclatait, et sans souci qui plus est. Lui, en revanche... « Presque ! C'est Emmeline, en fait. Je préfère Emmy. » Voilà, c'était dit. « Allez, debout Minnie, on part à la conquête du monde avec nos patins. » Avait-elle déjà stipulé que les surnoms à la con, c'était son domaine ? À peu près plusieurs milliers de personnes devaient déjà lui avoir fait le coup, mais tant pis. C'était mieux quand ça venait d'elle. Si, si.

Vous savez, si Emmeline était du genre susceptible, là serait le moment parfait pour se renfrogner, croiser les bras sur sa poitrine, bouder, afficher une moue. Parce que c'était preeeesque vexant, quand même, qu'il ne souhaite surtout pas la toucher de ses mains nues. Surtout pas, il ne faudrait surtout pas qu'une telle chose arrive ! Alors, elle avait bien compris qu'il était un type relativement maniaque, mais tout de même, il y a des façons plus agréables que d'autres pour dire les choses. Il aurait même pu ne rien dire du tout et simplement enfiler ses gants en silence. Cela dit, bien peu perturbée par les paroles de Mickey, elle décida de jouer le jeu, levant doucement les mains, fronçant les sourcils. « Tu as bien raison. J'ai touché un truc bizarre, tout à l'heure, en venant. Et puis... Bon, je te le dis parce que tu m'as l'air sympa mais je suis un peu une fétichiste des vêtements de sport. J'adore me frotter contre les fringues pleines de sueur... » Bon, s'il ne comprenait pas qu'elle se foutait légèrement de sa tronche, ce n'était pas de sa faute hein. Elle était naturellement dégoûtée comme tout le monde par les t-shirts mouillés et dont l'odeur ne laissait aucune doute quant au fait qu'il y avait bien eu activité sportive hein. Petit sourire en coin. Mine de rien, ça serait drôle qu'il soit sur le point de vomir ou de s'évanouir à cause de la plaisanterie d'Emmy. Tiens, d'ailleurs, parlons-en, de ce surnom. Mickey refusait de l'appeler de la sorte. Ah, vraiment ? Il comptait se faire une ennemie, là, c'est ça ? Elle aurait presque pu lui lancer un regard menaçant, mais dans le fond, cela ne lui importait que peu. Certes, elle préférait Emmy puisqu'elle avait l'impression que cela lui correspondait plus. S'il souhaitait l'appeler Emmeline, qu'il fasse donc. Au pire, elle s'énerverait si jamais ça l'agaçait d'entendre encore et toujours ce foutu prénom. « Je suis persuadée que mes parents seraient très contents de cette décision. » Non, non, elle n'était ni railleuse, ni ironique. Elle ne s'était jamais réellement interrogée sur l'avis de ses parents biologiques sur le sujet. Ouais, bon, elle ne connaissait pas non plus l'opinion de ses parents adoptifs, en fait. Peu importe. Qu'il fasse comme il voulait. Et non, pitié, ne lui dites pas qu'il n'avait pas compris cette blague totalement foireuse qu'Emmy venait de faire. Elle leva un sourcil, se demanda s'il allait finir par capter ou non. Elle ne pouvait pas être la première à le surnommer de la sorte, tout de même. Impossible. Elle refusait d'y croire. Heureusement – dieu merci ! – il finit par comprendre. Elle acquiesça à la suite de ses paroles, totalement d'accord pour ne plus jamais l'appeler ainsi. Bien sûr. Ça semblait évident qu'elle était si docile que cela, n'est-ce pas. Sans aucun doute. S'il y croyait, c'est qu'il était simplet. En attendant, il tenta de se relever, de se tenir droit sur ses patins, ce qui était relativement amusant aussi. Et heureusement qu'elle n'était pas aussi légère qu'une feuille hein, parce que sinon, elle serait probablement tombée quand il s'était rattrapé à elle. « C'est bon, tu penses pouvoir tenir debout plus de quinze secondes ? » railla-t-elle en un sourire au coin des lèvres. Elle blaguait, pas besoin de se vexer. Elle tendit alors son bras en direction de son camarade, lui laissant la possibilité de se tenir comme bon lui semblait. Que ça soit bras dessus, bras dessous ou bien par la main, le poignet, le coude. À moins qu'il ne préfère se tenir au bas du pull de la demoiselle, comme le faisait les enfants avec leur mère, vous savez. Elle lui laissait totalement le choix, qu'il en profite.

Ce n'était pas seulement exagéré, c'était très clairement faux. Emmeline ne mettait pas ses mains n'importe où, tout comme elle n'appréciait pas vraiment les vêtements mouillés de sueur. Elle se trouvait plutôt normale sur le sujet, à vrai dire. La rousse avait tout de même des notions d'hygiène, qu'il ne s'inquiète pas. Elle était la première dégoûtée lorsque sa main frôlait une substance inconnue. Cela dit, rien n'allait l'empêcher de raconter n'importe quoi pour embêter Mickey. Même si elle avait l'air sérieuse, elle se doutait que tout le monde allait comprendre qu'elle ne faisait que blaguer et mener son camarade en bateau. C'était ce qu'elle faisait de mieux. « Non mais je t'assure, c'était un peu visqueux, d'une couleur jaunâtre... Très bizarre. » Oui, elle enfonçait le clou, là. Oh, allez, il n'allait pas vomir pour si peu. Il allait devoir arrêter son imagination, au même titre que son dégoût, d'ailleurs. Quoique, si elle ne voulait pas changer la couleur de ses vêtements, elle allait s'empresser de lui dire qu'elle plaisantait avant qu'il ne soit trop tard. « Je blague. Je suis toute propre, je le jure. » Là-dessus, son visage s'illumina d'un sourire mutin. Elle était toujours propre, de toute façon. Elle n'était pas de ceux qui parviennent à passer une semaine sans douche ou sans se laver les mains de la journée. Eurk, elle voulait bien l'admettre. D'ailleurs, elle allait éviter de partager cette pensée avec Mickey, hein. Bref, revenons-en plutôt à cette histoire de patinage, c'était bien plus intéressant. Maintenant que son camarade était bien debout et qu'il était en équilibre, elle espérait sincèrement qu'il n'allait pas se casser la figure. Premièrement parce qu'elle n'avait pas envie de tomber par sa faute. Puisque, oui, ça serait sa faute. Deuxièmement parce qu'il risquerait de brutalement la repousser si elle avait le malheur de le toucher. Ouais, bon, sait-on jamais. Elle n'avait pas envie d'être bousculée non plus. Alors il avait intérêt à tenir debout. Pendant plus de quinze secondes, oui. Il préféra ne pas répondre, ou plutôt il répondit par d'autres questions. Ne pas aller trop rapidement donc. Ça devrait être faisable, elle supposait. Elle n'avait pas non plus envie de trop se risquer, surtout si ses quelques bases en patinage ne lui revenaient pas et qu'elle restait telle une pauvre nulle sur la glace. « Si tu veux, on peut même rester sur place. C'est comme tu veux. » Elle plaisantait, voyons ! Elle laissa même apparaître un sourire, histoire qu'il ne prenne pas ses petites moqueries de la pire façon possible. Elle était comme ça avec tout le monde, qu'il ne s'inquiète pas. « On va rejoindre le bord, le temps que tu t'habitues à tenir debout sans tomber. Ne t'affole pas dans tes mouvements, sinon, c'est sûr qu'on va finir par terre. » Elle le prévenait, au cas où il déciderait de faire le fou et de s'agiter dans tous les sens, vous savez. Là-dessus, la rousse s'assura de son propre équilibre avant de s'avancer grâce à une légère impulsion de son pied. D'accord. Normalement, personne ne devrait tomber tant qu'ils restaient à cette allure, hein.

Oui, oui, oui, c'était mal. Horrible. Abominable. Elle devrait avoir honte. Elle savait. Se jouer de la sorte de Mickey, c'était déplacé de sa part. Eh oui. Mais elle était elle, vous savez. Et c'était dur de se battre contre ce qu'elle était réellement, à savoir une chieuse de première qui adorait embêter gentiment les autres. Bon, cela dit, il faut admettre que si la rousse avait un tel dégoût pour quelque chose, elle vivrait très mal que quelqu'un s'en moque si ouvertement. Dans un tel cas, son interlocuteur risquerait même sa vie. Oui, à peu près. Disons que si Emmy était violente, il se pourrait que... En attendant, elle était bien contente d'être celle qui enquiquine que l'inverse. C'était toujours mieux dans ce sens là, il faut l'admettre. Et puis, la tête que tirait son camarade valait le détour, tout de même. C'était très divertissant. Oui. Elle allait devoir lui faire le coup plus souvent. Elle était terrible, elle savait. Et autant dire qu'elle adorait ça, malgré le risque qu'elle courait. Ouais, voir quelqu'un vomir n'était jamais très agréable, mais bon, si elle devait ne pas faire des choses à cause de si peu, elle ne s'en sortirait jamais. Bref. Il ne savait pas s'il devait la croire. Légitime. « C'est tellement plus amusant de ne pas savoir. » La malice dans le regard, elle lui lança un petit sourire en coin qui pourrait être à l'origine de nombreux doutes. Elle adorait ça. Oh que oui. Mieux que ça même, elle a-do-rait ! Quoi qu'il en soit, Mickey était debout, accroché à Emmeline et ils étaient prêts à rejoindre le bord afin d'éviter la mort. Oui, au moins ça. Parce que un pas doué plus une pas spécialement douée non plus, ça peut vite se régler de la pire façon qui soit. Et bien entendu, histoire de s'assurer que la rousse n'allait pas lui faire un mauvais coup, il crut bon de lui faire savoir qu'il risquait la fracture, et blablabla. Oui. « J'ai un peu l'impression de m'occuper d'un petit vieux. C'est très amusant. » fit-elle simplement, à moitié moqueuse, à moitié blasée. Elle finit par lever les yeux au ciel avant d'avancer, à une allure relativement lente. Sans la moindre exagération. Ils étaient presque sur le point de ne pas avancer du tout. Mais semble-t-il que ça convenait à monsieur. Très bien. Elle ne comptait pas aller plus vite. Sauf, si... Hm, oui, peut-être que si, en fait. « Parfait, je vais donc pouvoir te torturer pour en apprendre plus sur toi. Ne me remercie pas, ça me fait plaisir. » Grand sourire. Oh, allez, elle était adorable, tout le monde le savait. « Donc tu t'appelles Mickey. Tu as un visiblement un truc avec la propreté. Et tu as les os fragiles. Oh et tu es absolument nul en patinage. Qu'est-ce que je devrais savoir de plus sur toi ? Des informations indispensables à savoir, bien sûr. Donc pas ton âge ou où tu vis, tu vois. Je suppose que tu n'as jamais songé à adopter un petit chien ou un chat, n'est-ce pas ? T'as déjà eu un poisson rouge ? » Pas facile de s'arrêter de parler, quand même hein. Et puis, oui, du coup, elle se demandait s'il avait déjà eu un poisson. C'est mignon, les poissons. Avec leurs grands yeux d'idiots et leur mémoire désastreuse, elle trouvait ça attachant. Pas autant que les ours polaires, c'est vrai. Elle n'avait jamais possédé aucun des deux, malheureusement. Et puis, un poisson, c'est quand même beaucoup d'investissements personnels. Alors qu'un ours polaire, il faut l'avouer, c'est déjà plus responsable et autonome, vous voyez.